Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Maternité d’Elne, château d’En Bardou

lundi 13 mai 2019

Elisabeth Eidenbenz, engagée du côté des Républicains pour le Secours suisse aux enfants victimes de la guerre, arrive d’Espagne dans le Roussillon.

Le château d’En Bardou, une maternité qui accueillait des mères réfugiées de la guerre d’Espagne, des Tsiganes et des mères juives.

La maternité, photo Monique Vidal

A Saint-Cyprien, Argelès ou Rivesaltes, des mères accouchent dans des conditions dramatiques, sur le sable, sans hygiène. Le taux de mortalité des mères et des enfants est effrayant. Tristan Castanier y Palau parle de 60%, entre six mois et quatre ans.

La « Maternité suisse d’Elne » 1939-1944
Elisabeth Eidenbenz [1], fille de pasteur, institutrice, protestante, a fait partie de l’aide aux enfants en Espagne ( Association d’aide aux enfants en guerre). Elle organise une maternité dans un vieux château en ruine pour les femmes des camps du sud de la France.
Les camps français d’internement de la zone sud

La maternité d’Elne dans les champs d’artichauds, mai 2019 Photo UH

Des femmes enceintes et des enfants espagnols sont accueillis, des mères juives et des enfants juifs, des Tsiganes. Friedel Bohny Reiter, l’infirmière suisse qui travaillait au camp de Rivesaltes, amène des enfants. Devenue « Croix-Rouge suisse-Secours aux enfants », la maternité doit se conformer à une certaine neutralité suisse. Elisabeth Eidenbenz donne des faux noms à des enfants, cache des mères. "Ici c’est la Suisse !" La Croix rouge veut faire fermer la maternité sous prétexte d’obéir aux lois de Vichy, mais Elisabeth continue à venir au secours des enfants jusqu’à la réquisition des locaux par les Allemands au printemps 1944.
Elisabeth Eidenben n’ a pu sauver Lucie prise par la Gestapo en 1943.

Environ 600 enfants de 23 nationalités différentes y sont nés.
Aujourd’hui de nombreux catalans visitent ce lieu de mémoire.

Le sauvetage des enfants cachés durant la dernière guerre
Le personnel médical est composé d’une à quatre jeunes infirmières suisses volontaires, appelées « sœurs » [2], qui se relaient tous les 3 mois. Elles sont aidées ponctuellement par une sage-femme locale qui est rémunérée pour les accouchements.
Perla, la mère de Wladimir Zandt, après le camp de Rivesaltes, est reprise à Lyon et déportée à Auschwitz convoi 77 du 31 juillet 1944.

Assumpta MONTELLA, La Maternitat d’Elna, AraLlibres, 2005
https://memoriadelexilio.wordpress.com/recursos/assumpta-montella/elisabeth-eidenbenz/
Hélène LEGRAIS, Les Enfants d’Elisabeth, Presses de la Cité, 2007
L’auteure s’inspire de faits réels pour raconter l’histoire de la maternité. Elle relate que Maurice Eckstein, au fort accent yiddish, est caché à Thuir dans un grenier par une famille de paysans, les Capdet, Juju et Sébastien. Sa femme Henia et son fils Guy sont cachés à la maison d’Elne.
Guy a retrouvé Elisabeth Eidenbenz, qui devient Juste parmi les nations en 2002.
Une réunion a eu lieu à Elne avec Elisabeth et des enfants.
Elle est décédée en 2011, dans le petit village de Retawinkel près de Vienne, en Autriche.

Friedel BOHNY REITER a écrit le très beau Journal de Rivesaltes, 1941-1942, Genève, Éditions Zoe, 1993.
Tristan CASTANIER I PALAU, Femmes en exil, Mères des camps, Elisabeth Eidenbenz et la Maternité Suisse d’Elne (1939-1944), éditions Trabucaire, 2008

La Maternité d’Elne, documentaire de Frédéric Goldbronn, 2002, 56 minutes
Frédéric Goldbronn a retrouvé une vingtaine d’enfants nés dans ce lieu, des mères et des membres du personnel :
http://f.rosolato.free.fr/elne.html

Association Dame : descendants et amis de la maternité d’Elne
http://www.maternitesuissedelne.com/association-dame.html

La maternité suisse d’Elne (Pyrénées-Orientales) 1939-1944

Association los Hijos e Hijas de Republicanos Españoles y Niños del Exilio (FFREEE)

http://memoriadeloshijosynietos.blogspot.com/

http://www.exiliadosrepublicanos.info/es/enlaces

Mantet, "dernier village de France" ; Mine de la Pinouse, P.O.

Rose Blanc résistante catalane -

Rose Blanc, dite Rosette Blanc, née à Elne (Pyrénées-Orientales) le 24 septembre 1919 et morte en déportation à Auschwitz (Pologne) le 15 mars 1943 du typhus, résistante, convoi des 31000. En 1940, elle entre dans l’organisation clandestine du Parti communiste, filée par les BS, brigades spéciales, elle est arrêtée, torturée, remise aux Allemands, enfermée à Romainville, déportée dans le convoi du 24 janvier, avec deux-cent-trente femmes. Atteinte par le typhus, Rose Blanc meurtà 23 ans, à Auschwitz, en avril 1943.
Son frère Jean Blanc, né le 19 avril 1916 à Elne, est peut-être arrêté avec deux autres personnes dans une affaire de passage clandestin de la frontière franco-espagnole dans les Pyrénées-Orientales. NN à Neue Bremm, puis Mauthausen. Survivant.
http://www.memoirevive.org/rose-blanc-31652/

Monument à la mémoire de Rosette Blanc, Perpignan (Pyrénées-Orientales), boulevard Frédéric-Mistral.

NM

[1Juste parmi les nations en 2002

[2Infirmière se dit Schwester (soeur) en allemand