Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Visite au Struthof

article de Martine Giboureau
samedi 7 août 2021

"Une cavité se situe au beau milieu d’une ancienne carrière de granit rose, sur des pentes escarpées en surplomb du village alsacien de Natzwiller (Bas-Rhin), c’est un tunnel qui n’a été creusé que durant la Seconde Guerre mondiale, en plein territoire du Reich." Libération, 6 août 2021

Visite au Struthof

I. Compte-rendu en images
Ce jour-là il y avait beaucoup de groupes d’adolescents, le plus grand nombre venant d’Allemagne (l’académie de Metz-Nancy était en vacances mais ni celle de Strasbourg ni celle de Reims). Malgré les recommandations indiquées sur les dépliants, le niveau sonore était élevé, que ce soit dans les espaces muséographiques ou en extérieur. La météo était lumineuse, quasiment estivale. Le lieu est très soigné, presque esthétisé : je n’ai pas ressenti une profonde émotion mais ai été très intéressée par l’ensemble des informations fournies.
Un petit guide de 64 pages est vendu à l’entrée à un prix très accessible (2 euros). Les cartels [1] sont très explicites. Pour des personnes déjà informées, une visite guidée n’est pas nécessaire.
Le panorama s’étend sur les collines vosgiennes et une lointaine carrière qui n’est pas celle où les déportés ont travaillé.

La plupart des baraques a été détruite (sauf quatre) : il ne reste que les terrasses, les escaliers visualisant leur emplacement.

Ce jour-là le Block des cuisines et le crématoire était en restauration et donc inaccessible aux visiteurs. Seule la cheminée permettait de restituer un des aspects si violents du camp.

Les expositions sont installées dans deux lieux symboliques :
1. une longue frise chronologique illustrée de documents divers s’étire autour du Kartoffelkeller, construction assurée par les déportés à partir de juin 1943 dont la destination reste une énigme,
2. l’histoire du camp de Natzweiler et de ses camps annexes est présentée dans une baraque, seul Block-dortoir subsistant.
Par ailleurs, dans le hall d’accueil, s’étend un espace présentant le système concentrationnaire nazi. L’ensemble de ces expositions est riche. J’ai particulièrement été attentive aux maquettes et à certains objets.

Cet entonnoir de la chambre à gaz permettait de diffuser les gaz asphyxiants ainsi qu’il est indiqué sur le cartel.

Les lieux de recueillement sont nombreux. Par exemple :

la place principale d’appel sur laquelle ont été disposés les lourds objets que les déportés devaient utiliser lors de leurs corvées de travail ainsi que la potence évoquant les exécutions. Au sol une plaque est dédiée à tous les déportés étrangers morts dans ce camp.

La nécropole nationale est dominée par le Mémorial de la déportation.

Moins « mis en scène » et donc plus évocateurs du quotidien subi par les déportés sont les miradors et les barbelés :

Cette visite peut être complétée par des marches vers la chambre à gaz [2] et la gare de Rothau où arrivaient tous les déportés, vers la sablière où eurent lieu de nombreuses exécutions ou vers la carrière (granite rose) qui est à l’origine du choix par les nazis du site de ce camp. Cela signifie qu’il faut prévoir une journée complète avec des élèves si on veut approfondir tous les espaces de ce lieu.

Sur le chemin qui mène vers la chambre à gaz, se trouve la villa qui fut réquisitionnée pour loger le commandant Kramer et sa famille, étonnante maison cossue avec sa piscine utilisée avant guerre pour la villégiature d’un couple strasbourgeois.

II. données factuelles
Ce camp fait partie des camps de concentration du Reich. A partir de la mi-1942, chaque camp de concentration était rattaché au « Reichfürhrer SS » Himmler par l’intermédiaire du « Service D » de l’Office central SS de gestion économique : la structure hiérarchique est la même d’un camp à un autre. Les panneaux permettent de comprendre comment le camp du Struthof était organisé. La plus grande partie des baraques a été construite entre mai 1941 et octobre 1943, au flanc d’un sommet vosgien : cela obligeait à monter sans arrêt des marches particulièrement hautes. L’épuisement progressif des détenus leur imposait de prendre leur élan devant chaque marche, placer les mains sous un genou et le soulever pour poser pied sur la marche suivante.
Superficie : 4,5 hectares
Altitude : 800 mètres
17 Blocks en 1944, 8 miradors
5 commandants entre 1941 et 1945 ; 1 garnison de SS « Totenkopf » soit environ 150 hommes (officiers, sous-officiers, hommes de troupes). La garnison loge dans des baraques construites à l’extérieur du camp, tandis que les officiers supérieurs habitent dans des maisons des villages environnants, réquisitionnées.
Déportés appartenant à 31 nationalités ; le plus jeune avait 11 ans, le plus âgé, 78 ans ; l’âge moyen était de 20 ans
Camp central + 70 camps annexes = 52 000 déportés ; 22 000 morts (taux de mortalité de 40%)
Evacuation en septembre 1944 Chronologie des évacuations et libération des camps à l’arrivée des Américains, le camp était vide mais les camps annexes continuaient de fonctionner
L’ensemble du site appartient au ministère de la Défense et est classé « monument historique » depuis 2011. Environ 170 000 visiteurs se rendent sur ce site chaque année
Les panneaux du musée indiquent par le froid constat statistique combien ce camp fut important :

On ne peut qu’encourager les enseignants à emmener leurs élèves sur ce site mais il est indispensable de les préparer intellectuellement et psychologiquement.

En complément des précédents articles : Struthof, camp de concentration nazi en France

Martine Giboureau (23 avril 2015), mis en ligne le 7 août 2021

Au camp du Struthof, "des fouilles archéologiques sont menées afin de clarifier une mémoire collective emmêlée." Libération du 6 août 2021, Source DL.
https://www.liberation.fr/idees-et-debats/au-camp-du-struthof-les-mains-dans-le-nazisme
L’entrée d’une grotte." C’était un atelier de l’entreprise Junkers, qui répara ici de fin 1942 à septembre 1944 des moteurs d’avion pour l’armée allemande."

[2« Dans cette chambre à gaz, entre juin 43 et août 44, 40 déportés du camp de concentration de Natzweiler-Struthof furent soumis par un médecin nazi à des expérimentations sur un gaz de combat [1]. Il s’agissait de Roms, de détenus de droit commun et d’un déporté homosexuel. Quatre victimes, toutes Roms, décédèrent des suites de ces expériences. Adalbert Eckstein, Andreas Hodosy, Zirko Rebstock, Josef Reinhardt » Plaque dévoilée dimanche 26 avril 2015 par M. Hollande


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