Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Représentations de l’Allemagne et des Allemands par Henning Fauser

chez d’anciens concentrationnaires en France (1945-1975)
jeudi 15 décembre 2016

Jusqu’à nos jours, où les tout derniers rescapés témoignent de leur expérience, l’auditoire continue à leur poser l’éternelle question : Avez-vous pardonné aux Allemands ?

Représentations de l’Allemagne et des Allemands chez d’anciens concentrationnaires en France (1945-1975)

Par le biais de l’étude des perceptions (Perzeptionsforschung) et de l’analyse du discours, cette thèse se propose de cartographier l’imaginaire lié à l’Allemagne et aux Allemands chez les anciens déportés en France entre 1945 et 1975. Elle entend démontrer que ce ne sont pas l’expérience concentrationnaire et ses séquelles, mais les appartenances de ces survivants à différents groupes sociaux ainsi que les valeurs et orientations de ceux-ci qui ont déterminé leurs représentations des voisins d’outre-Rhin.

Ainsi, cette expérience particulière n’aura pas généré chez les rescapés des camps de concentration de représentations inédites de l’Allemagne et des Allemands, ni du nazisme et des nazis. Néanmoins, les transformations sociales et politiques en France et en Allemagne au cours des deux décennies d’après-guerre ainsi que l’évolution des relations entre ces deux nations ont contribué à la création de plusieurs schémas qui leur sont propres.

Il s’agit d’une part d’un modèle d’interprétation distinguant Allemands et nazis et d’autre part de deux topoi mettant en lien la mémoire des crimes nazis et l’attitude vis-à-vis des Allemands.
Ainsi, cette thèse permet de réfléchir non seulement à l’impact des discours circulant au sein d’un groupe social et de la société, mais aussi au contexte de la création, de la modification et de la disparition d’images d’autrui. En outre, ces interrogations éclaircissent les liens entre l’expérience du passé, la perception du présent et les attentes pour l’avenir.

Enfin, ce travail se propose de montrer que l’analyse de perceptions et représentations ne doit pas être une fin en soi, mais qu’elle est indissociable de l’étude des groupes et des individus qui les portent et les expriment.

Comme l’a constaté Marc Bloch, il serait peut-être un bienfait « de savoir plus facilement oublier : car le souvenir brouille parfois l’image du présent et l’homme, avant tout, a besoin de s’adapter au neuf ».
Marc BLOCH, L’étrange défaite, Paris, Gallimard 1990, p. 100.

Mots-clés : déportation, système concentrationnaire, Shoah, guerre froide, représentations ; mémoires, patriotisme, antifascisme, antitotalitarisme, relations franco-allemandes.

Résumé de la thèse de Henning Fauser, docteur en histoire et Dr. Phil. (philologie romane), 15 décembre 2016

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Martin-Luther-Universität Halle-Wittenberg, Institut für Romanistik

De nombreux témoignages et parmi les associations de déportés consultées :
ADIR, Amicales d’Auschwitz, Buchenwald-Dora, Langenstein, Ravensbrück, Mauthausen, FNDIRP, FNDIR, UNADIF ...

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