Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Suzanne Citron, résistante, internée à Drancy

lundi 4 septembre 2017

Invention d’un peuple aux origines de la France : les Gaulois. "Les détenteurs du pouvoir et les médias, imprégnés de mythes nationaux, les répercutent sans distanciation critique."



Suzanne Citron-Grumbach 1922-2018
le Mythe national

« Suzanne Citron [1]
a publié, en 2003, un livre de mémoire intitulé Mes lignes de démarcation – Croyances, utopies, engagements. Ce texte est celui d’une professeure d’histoire qui, adolescente, a tenu un journal dont elle reprend des extraits, et la mémoire d’une femme qui n’a jamais cessé d’analyser le contexte historique et politique. Dans les deux premières parties, elle écrit son histoire jusqu’à la Libération, et l’histoire de Suzanne Grumbach est d’abord celle d’une jeune fille de la bourgeoisie israélite, française depuis au moins cinq générations, qui vit son adolescence dans un milieu privilégié, mais aussi laïque et patriote : ses parents devenant, comme elle-même, gaullistes et anglophiles.[...] bien que partageant la volonté exprimée par le grand historien Marc Bloch, dans une lettre écrite en mars 1942 Nous sommes français, nous n’imaginons pas que nous puissions cesser de l’être , elle réalise que les ordonnances allemandes et les lois antisémites de Vichy démontrent que son identité est à la fois précaire et double : judéité et francité. »

Résistante, puis arrêtée, elle réussit à se faire passer pour demi-juive, restant ainsi internée à Drancy sans être déportée.

« Résistante civile, Suzanne Grumbach-Citron l’a été d’abord à Paris, le 7 juin 1942 quand, « [le] premier jour du port de l’étoile, une bande de copains se donnèrent rendez vous à l’angle de la rue de l’École de médecine et du boulevard Saint-Michel. Juifs et non Juifs, bras dessus, bras dessous, les uns porteurs d’une « vraie » étoile, les autres affublés d’étoile en carton « Breton », « Zoulou », etc. Avec Anise Girard [Postel-Vinay, future résistante déportée à Ravensbrück], Claudie Collin, Paul Chaslin, les jumelles Lévy – Micheline et Geneviève – [déportées en 1943], Claude Stamm, Jeannine Touchon et quelques autres, nous réussîmes pendant un moment à perturber la circulation, jusqu’à ce que des "verts-de-gris" nous dispersent, sans violence ce jour-là ». Puis à Lyon où, après l’occupation de la zone dite « libre », l’appartement hébergea des réfugiés, des clandestins, du matériel de fabrication de faux papiers. Avec sa sœur, elles furent mises en relation avec le réseau Périclès, le mouvement Franc-Tireur, et plus encore avec la Résistance intellectuelle, protestante et catholique des Cahiers du Témoignage Chrétien [2]. »
Marie Paule Hervieu, cf. Suzanne Citron, Mes lignes de démarcation : croyances, utopies, engagements.

Suzanne Citron est décédée le 22 janvier 2018.

Suzanne Citron, depuis le camp de Drancy, a été témoin de la déportation des enfants le 31 juillet 1944 pour laquelle Brunner, le commandant du camp, fit amener à Drancy trois cents enfants raflés dans des centres de l’UGIF (Union générale des israélites de France).
Yvette Lévy et les 32 autres adolescentes de la rue Vauquelin sont emmenées à Drancy. Le 31 juillet, elles sont déportées dans des wagons à bestiaux, à Auschwitz-Birkenau par le convoi 77 parti de la gare de Bobigny.
Sur les trente trois adolescentes, vingt-trois sont envoyées directement à la chambre à gaz avec 976 personnes dont 300 enfants de moins de 18 ans."
Yvette Lévy, une biographie, convoi 77

"La découverte du colonialisme est essentielle dans ma distanciation critique de l’histoire de France et la révélation d’occultations dans le récit républicain traditionnel." cf Huma

Nos ancêtres les Gaulois
Le Roman national a occulté France de Vichy, la guerre d’Algérie. L’école républicaine a fait de tous les enfants, qu’ils soient bretons, corses, basques, occitans, antillais, juifs, africains, colonisés… des Français ayant pour ancêtres, une origine commune, des Gaulois.

Suzanne Citron "Une France des diversités et des multiples racines reste à inventer "
https://www.humanite.fr/article-sans-titre-16

CITRON Suzanne, Mes lignes de démarcation : croyances, utopies, engagements, Paris, Syllepse, 2003, 374 p.
CITRON Suzanne, Le mythe national : l’histoire de France revisitée, Paris, les Éd. de l’Atelier/les Éd. ouvrières, 2008 (1ère éd. 1987), rééd. Éditions de l’Atelier, 2017, 351 p.
https://twitter.com/twitter/statuses/956068306946998272

Amis des Juifs. Ces Français non-juifs qui ont porté l’étoile jaune

Dans le Maitron :
http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article20032

Calomnies et injures, ce n’est pas de l’Histoire.

[1Naissance de Suzanne Grumbach 
en 1922, à Ars-sur-Moselle.

[2"Henri Marrou, mon professeur d’histoire ancienne, est l’un des animateurs des Cahiers du Témoignage chrétien."
"Chrétiens, nous avons le devoir urgent de témoigner devant tous nos frères, suivant les principes imprescriptibles de notre foi, que l’antisémitisme est incompatible avec le Christianisme. En témoignant contre l’antisémitisme pour la vérité et la justice, nous témoignons pour le Christ." (Cahiers Clandestins du Témoignage Chrétien,
N°67, avril-mai 1942).