Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Dibbouks, Irène Kaufer, éd. de l’Antilope

mercredi 9 juin 2021

Un rabbin traversait toujours un village pour aller dans une forêt et là, au pied d’un arbre...

Le dibbouk est l’esprit d’un mort errant qui habite le corps d’un vivant dans la mythologie juive.

Dans un témoignage pour Spielberg, le père de la narratrice, fait état d’une femme et son bébé disparus en 1942, dans le ghetto de Nowy Sącz (Neu Sandez). Les Juifs ont été rassemblés devant la rivière Dunajec, entre deux ponts, sous l’applaudissement des Polonais, et déportés au camp d’extermination de Belzec.
Serait-ce sa demi-soeur disparue, secret de famille, qui la hante ? Une psychorabbine qui croit à la transmission des traumatismes, l’oriente vers une détective privée pour résoudre ses problèmes.

Une certaine Mariette est localisée à Montréal. Elles se rencontrent. Un père Sam, qui se dédouble l’un en Belgique, l’autre à Montréal ? Des coïncidences troublantes. Elles ont des points communs, mais le père de Mariette a envoyé sa fille à Londres.
Elles visitent le Mémorial de Montréal : « Les Juifs ne sont pas désirés ici », sur une inscription de 1930. En 1938 « L’admission de réfugiés constitue une plus grande menace pour le Canada qu’Hitler. » Mackenzie King

La narratrice chemine à travers des poèmes de Julian Tuwim [1] qui se demande si de l’autre côté de la terre, les gens marchent sur la tête, des récits de survivants, des études.

Des croisements de lettres, des méprises sont dues aux doubles identités : Erna-Maria, Zofja-Mariette, Shumuel-Stefan.
Erna, sa mère, de Lwów-Lemberg-Lviv, avec ses faux papiers de Polonaise a travaillé dans en Allemagne à l’hôtel-restaurant d’Esslingen, au bord du Neckar, le Goldener Ochse, sous le nom de Maria Galata. Maria et Sam ont renoncé à la Pologne et sont devenus les parents de la narratrice.

L’autrice menant l’enquête nous embrouille, nous raconte des faits terribles avec humour, on n’a pas envie de laisser le livre, on veut connaitre la fin de l’histoire.

« Mes parents ont quitté la Pologne pour m’assurer un avenir ou un espoir d’avenir, me sauvant des discriminations et des jets de pierre dont eux-mêmes avaient parfois été victimes ou témoins dans leur jeunesse. Je note que choisir le pays des Intifadas pour échapper aux jets de pierre est en soi une blague juive. »

Irène Kaufer, Dibbouks, éd. de l’Antilope, 2021

Erna Briefel et Stefan Kaufer, témoignages pour la fondation Sielberg.
https://sfiaccess.usc.edu/

Philippe Sands, Retour à Lemberg, traduit de l’anglais par Astrid Von Busekist, Albin Michel, 2017
Retour à Lemberg de Philippe Sands

NM

[1Quant au W, c’est tout un problème : Il s’est mis la tête en bas Et fait semblant d’être le M.