Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Dans le labyrinthe du silence, Im Labyrinth des Schweigen

film de Giulio Ricciarelli sur le premier procès allemand d’Auschwitz, à Francfort
mercredi 17 septembre 2014

1958. C’est l’époque du miracle économique en RFA.
Fin des années cinquante, à Francfort, un jeune avocat, Johann Radmann a un dossier explosif sur les criminels d’Auschwitz.
Avec ce procès de Francfort, contrairement à celui de Nuremberg, l’Allemagne poursuit elle-même ses assassins.

Im Labyrinth des Schweigen, de Giulio Ricciarelli, 2014, 123 min. avec Alexander Fehling, Gert Voss, Friederike Becht.

Thomas Gnielka [1], un ami journaliste, révèle à Johann Radmann qu’un de ses amis connait un ancien garde du camp de concentration d’Auschwitz qui est maintenant un professeur, tranquille, dans un lycée de Francfort et personne ne s’intéresse à ce cas. À cette époque, soit on ignore le nom d’Auschwitz, soit on veut oublier.
Johann Radmann cherche la vérité, rencontre des témoins. Avec son ami journaliste, ils accumulent des documents. Mais beaucoup de personnes s’opposent à ces recherches.
Des amnisties ont été décrétées. Seul le procureur général Fritz Bauer (Gert Voss) soutient sa curiosité, lui- même ne peut poursuivre des criminels par manque de preuves, seuls des assassins peuvent être jugés. Johann Radmann et Thomas Gnielka découvrent chez leur ami Simon Kirsch, une liste de SS ayant servi à Auschwitz. Fritz Bauer va l’aider dans sa démarche pour ouvrir le procès d’Auschwitz, il le nomme procureur, le mettant en garde devant le labyrinthe qui l’attend.
Johann Radmann cherche des preuves. Hermann Langbein, secrétaire général du Comité international d’Auschwitz l’aide à rencontrer des témoins. Il faut prouver que les suspects avaient l’intention de tuer. Il essaie de coincer Josef Mengele. Fritz Bauer lui explique que les assassins étaient aussi des hommes ordinaires. Radmann a confirmation dans les dossiers des Américains [2] que son père était nazi.
Son monde s’écroule, il va quitter sa charge, mais il a changé la face de l’Allemagne.

Sur un fond historique et une histoire vraie, Johann Radmann, un personnage fictif, permet de saisir la réalité du silence après guerre, en Allemagne.

Werner Renz du Fritz Bauer Institute est conseiller historique du film.
Histoire de la mise en place du procès avec Thomas Gnielka et Fritz Bauer :
"Die Grenzen des Strafrechts in einer Gesellschaft der Mitläufer und Täter" (les limites de la loi entre suivistes et criminels) :
http://www.zeit.de/2013/48/auschwitz-prozess/komplettansicht

Thomas Gnielka war als Kindersoldat in Auschwitz :
http://www.zeit.de/kultur/literatur/2015-01/thomas-gnielka-auschwitz

"Un combat pour la justice"
http://upig.de/micro/im-labyrinth-des-schweigens.html
Présentation du film :
http://betafilm.swhosting12.de/media/files/proddata/a6/156158.pdf

L’enquête sur la justice allemande non épurée des nazis après guerre :
http://www.bmjv.de/SharedDocs/Publikationen/DE/Akte_Rosenburg.pdf?__blob=publicationFile&v=7

le film est sorti en France sous le titre Le Labyrinthe du silence en avril 2015.

Fritz Bauer

Fritz Bauer est né en 1903, à Stuttgart en Souabe. Après 1933, Il est interné un temps à Heuberg avant de fuir en 1936 au Danemark, puis en Suède. Il revient en Allemagne en 1949.
Après avoir contribué à faire arrêter Eichmann, Fritz Bauer fut l’initiateur des procès de Francfort, dits procès d’Auschwitz Auschwitzprozesse) de 1963 à 1965, qui eurent lieu à Francfort-sur-le-Main, où comparurent des gardiens du camp d’Auschwitz.

Les témoins au procès d’Auschwitz dont Paul Schaffer de l’UDA :
http://www.auschwitz-prozess.de

Il a aussi défendu les résistants du 20 juillet 1944, dans le procès Remer en 1952. Otto-Ernst Remer avait accusé les auteurs de l’attentat contre Hitler, de haute trahison. Bauer a montré la légitimité de la résistance contre un État de non-droit. Alors que l’obéissance est mise en avant au sein de la Wehrmacht, Fritz Bauer doit légitimer la rupture du serment à Hitler par les conjurés.

http://www.fritz-bauer-institut.de/

STEINKE Ronen, Fritz Bauer : oder Auschwitz vor Gericht, Mit einem Vorwort von Andreas Voßkuhle, Präsident des Bundesverfassungsgerichts, München, Piper Verlag, 2013, 352 p.
Fritz Bauer—Tod auf Raten, film de Ilona Ziok, 2010, 97 Min.
http://www.fritz-bauer-film.de/

Der Staat gegen Fritz Bauer, Fritz Bauer, un héros allemand, Lars Kraume, 2015, 106 min. Scénario : Lars Kraume et Olivier Guez.
En 1957, Eichmann ayant été localisé à Buenos Aires, avec l’aide du jeune juge Karl Angermann, Fritz Bauer n’étant pas soutenu en Allemagne, décide de faire appel au Mossad, les services secrets israéliens.

De nombreux responsables nazis ont été réintégrés en RFA dans la justice, l’administration, l’industrie.

Le travail de mémoire Vergangenheitsbewältigung, s’est fait lentement en RFA pour reconnaitre la nature du régime criminel nazi. L’Allemagne ne voulait rien savoir. La justice a laissé mourir les criminels en paix dans leur lit.

Mitläufer : suiviste, sympathisant

Das Dreher-Gesetz

De son côté, dans son roman l’Affaire Collini, Ferdinand von Schirach démontre que la justice allemande après 1945, reste imprégnée par le nazisme. Il dénonce la loi EGOWiG (Einführungsgesetz zum Gesetz über Ordnungswidrigkeiten),Cette loi introductive au Code des infractions administratives, passée en douce en 1968, qui permet de jouer sur les termes pour absoudre ceux qui ne sont que complices.
L’Affaire Collini de Ferdinand von Schirach
Enquête du Ministère de la justice, octobre 2016
http://www.bmjv.de/SharedDocs/Publikationen/DE/Akte_Rosenburg.pdf?__blob=publicationFile&v=7

Mediagraphie

WAHL Alfred, La seconde histoire du nazisme : Dans l’Allemagne fédérale depuis 1945, Armand colin, 2006, 336 p.

HARLAN Thomas, Jean-Pierre Stephan, Une vie après le nazisme, éd. Caprici, 2015, 300 p.( Das Gesicht deines Feindes. Ein deutsches Leben, Eichborn, Frankfurt, 2005.)

JASCH Hans-Christian, KAISER Wolf, Der Holocaust vor deutschen Gerichten : Amnestieren, Verdrängen, Bestrafen, Allemagne, Reclam, 2017, 263 p.
Hans-Christian Jasch, directeur de la Maison de la conférence de Wannsee.
Wolf Kaiser, responsable du service formation de la Maison de la conférence de Wannsee.

Les Assassins sont parmi nous ( Die Mörder sind unter uns), film de Wolfgang Staudte avec Hildegard Knef, DEFA, 1946, 91 min

Une jeunesse allemande, film de Jean-Gabriel Périot, 1h33, 2015
La révolte de la jeunesse a pour origine la réintégration dans la magistrature, l’appareil d’état, l’industrie, de dignitaires nazis qui seront absouts de leurs crimes et qui finiront leurs jours dans leur lit.

L’Allemagne en automne, collectif dont Rainer Fassbinder, 1978

La Constitution allemande et les lois, actuelles et historiques dont les lois nazies : gegenwärtige und historische nationale und internationale Verfassungstexte
http://www.verfassungen.de/

Sur le Frankfurter Auschwitzprozesse (1963–1981) :
LANGBEIN Hermann, Der Auschwitz-Prozess.Eine Dokumentation. 2 vols, Europa Verlag, Vienna, Frankfurt, Zurich, 1965

http://www.zeit.de/kultur/film/2014-11/labyrinth-des-schweigens-alexander-fehling
http://www.welt.de/kultur/kino/article134100378/Netzwerke-alter-Nazis-im-Kartell-des-Verdraengens.html
http://www.wukali.com/Le-Labyrinthe-du-silence-contre-l-ignominie-et-l-amnesie-2045

Am 20. Dezember 1963 begann in Frankfurt am Main der Auschwitz-Prozess - 50 Jahre später erinnert hr-online an das Verfahren :
Das Ende des Schweigens

Et puis les touristes, film de Robert Thalheim
Am Ende kommen Touristen (Et puis les touristes)

Mémoire demain, un DVD-ROM de l’Union des déportés d’Auschwitz, sur Auschwitz, Auschwitz-Birkenau

N.M. septembre 2014

[1Kerstin Gnielka, Werner Renz (Hrsg.), Als Kindersoldat in Auschwitz. Die Geschichte einer Klasse. Romanfragment und Dokumentation ; Mit einem Nachwort von Norbert Frei, Europäische Verlagsanstalt, Hamburg 2014, 184 p.

[2À Ludwigsburg se trouve le Service central d’enquêtes sur les crimes nationaux-socialistes : http://www.zentrale-stelle.de/pb/,Lde/Startseite