Die Blumen von gestern : jeu de mots sur Blumen, nom de famille, qui marche en allemand, allusion aux générations précédentes, fleurs d’hier, fleurs fanées ? en français.
Le film
Totila Blumen, est un chercheur sur l’Holocauste au Bureau central d’enquêtes sur les crimes nationaux-socialistes à Ludwigsburg.
Il fait des études sur l’holocauste. Il est fâché avec sa famille. Déprimé à la mort de son patron Manfred Norkus, un survivant, il doute de l’intégrité de Balthazar, le nouveau patron un carriériste, qui veut financer un congrès en accueillant un « évènement ». Totila est à la fois comique et sérieux, avec un sentiment de culpabilité.
Balthazar lui confie comme stagiaire une jeune Française, Zazie Lindeau qui a une forte aversion pour les Allemands. Comme son collègue, elle est instable et a un brin de folie. Elle a un plan concernant le secret de famille de Totila qu’elle défie tout le temps.
Ils doivent préparer un congrès et faire intervenir une témoin-caution. Mais la survivante qui devait témoigner au Congrès ne veut plus parler de ses souffrances et alors qu’ils vont à Vienne rencontrer une autre témoin, cette dernière décède.
Au lieu de rentrer, les deux se rapprochent. Zazie avait une grand-mère juive qui a été assassinée par les nazis à Riga. Totila s’est spécialisé dans les recherches sur l’holocauste après avoir découvert que son grand-père, officier de la SS, était impliqué dans le massacre de nombreux Juifs à Riga.
Ils partent à Riga, pour découvrir les charniers de la forêt de Bikernieki https://www.cercleshoah.org/spip.php?article1002, où la grand-mère de Zazie a été assassinée, peut être par le grand-père de Totila.
Mais ce n’est pas une histoire d’amour. Le couple formé d’un descendant d’un criminel et d’une victime ne peut fonctionner. Ils ont eu une fille ensemble qui elle, pourra parler de réconciliation, à la troisième génération.
Trailer
http://www.die-blumen-von-gestern.de/
« Une comédie romantique » pour le Zeit
https://www.zeit.de/kultur/film/2017-01/die-blumen-von-gestern-film-lars-eidinger-holocaustbewaeltigung
Des thèmes à exploiter
Le film peut servir d’introduction à un cours sur la Shoah, loin des schémas habituels.
- Vergangenheitsbewältigung (La « maîtrise » du passé)
Ce film aborde le sujet de l’Holocauste par l’humour, avec la rencontre entre le petit-fils d’un meurtrier nazi et la petite-fille d’une victime de l’Holocauste.
Antisémitisme et persécutions dans l’Allemagne nazie
- Kollektivschuld (Faute collective), comment traiter l’héritage du passé nazi (NS-Vergangenheit) entre mémoire officielle et mémoire familiale.
– Les secrets de famille
Le film permet de parler du passé dans les familles.
Le réalisateur lui-même s’est penché sur son histoire familiale en consultant les archives dans de nombreuses villes, dont le Bureau Central de Ludwigsburg.
– Faire savoir aux jeunes générations. Quelle culpabilité ? Les générations suivantes sont affectées par le passé.
Quelle responsabilité de la 3e génération, des petits enfants pour les crimes des grands-parents ?
78% des plus de 45 ans estiment que leur famille n’a rien fait de mal sous les nazis.
68% des 20-44 ans
56% chez les 14-19 ans.
Les petits-enfants supposent que leurs grands-parents étaient opposés au nazisme.
Paroles de soldats allemands, « Soldats. Combattre, tuer, mourir » de Sönke Neitzel, Harald Welzer
WELZER Harald, « Opa war kein Nazi » Nationalsozialismus und Holocaust im Familiengedächnis, 2002, (Grand-Père n’était pas un nazi ». National-socialisme et Shoah dans la mémoire familiale), Gallimard, 2013
– Enfants et petits enfants de survivants :
À l’écoute des enfants de déportés
- Mémoire et histoire Erinnerungskultur
On peut se poser la question Histoire et mémoire, des chercheurs utilisant les survivants comme « garants » de leurs recherches.
« L’histoire s’écrit désormais sous la pression des mémoires collectives. » Pierre Nora
« En un mot, aux côté des historiens, cinéastes, journalistes, les rescapés apportent une contribution essentielle à une action de mémoire. Mais celle-ci ne saurait être orientée que sur le passé. Des relents de xénophobie, racisme, antisémitisme, nous interpellent. »
Henry Bulawko Le témoignage, le rôle du témoin
WIEVIORKA Annette, L’ère du témoin, Plon, 1998
- Humour et Shoah
un ton ironique, adopté par des survivants :
Jurek Becker
Hilsenrath un humour d’une noirceur incroyable :
Les Aventures de Ruben Jablonski d’Edgar Hilsenrath (2017)
- Lieux de mémoire
Über die Gedenkstätte der Naziopfer im Wald von Bikernieki Lettland unter deutscher Besatzung 1941-1944.
Le mémorial de l’holocauste de la forêt de Bikernieki indique que des juifs allemands ont été déportés dans le ghetto de Riga, puis abattus dans la forêt.
Juifs déportés de Berlin : Transporte nach Riga
Berlin-Grunewald, quai 17
« Ô terre, ne couvre point mon sang, Et que mes cris prennent librement leur essor ! ».
- culpabilité et réconciliation (Schuld und Versöhnung) :
Représentations de l’Allemagne et des Allemands chez d’anciens concentrationnaires en France (1945-1975) Avez vous pardonné aux Allemands ?
Représentations de l’Allemagne et des Allemands par Henning Fauser
- La langue allemande
Adèle Haenel, perfectionniste n’a pas voulu se faire doubler dans le film. Elle a fait le pari d’apprendre l’allemand en trois mois, cours privés, Institut Goethe.
Cahier pédagogique en allemand
Extermination des juifs des pays baltes
Lettonie
« Aller en forêt » [1]
Des massacres de masse, systématiques, furent entrepris, en particulier par les Volksdeutsche, les « Allemands » baltes, qui se montrèrent des auxiliaires efficaces et zélés de la Sipo-SD et de la Schutzpolizei. Parmi les Juifs de Riga, certains sont brûlés dans les synagogues, d’autres sont amenés dans la forêt de Bikernieki, un des principaux lieux de massacre. Les Juifs raflés étaient conduits à la préfecture, puis à la forêt de Bikernieki, où un millier d’entre eux furent fusillés le 15 juillet, puis 2 000 le 23 juillet 1941.
Un autre lieu de massacre est la forêt de Rumbula. Le 30 novembre 1941, des Juifs de Riga sont assassinés avec l’aide du commando letton de 300 hommes de Viktors Arājs.
Des prisonniers de guerre soviétiques, des communistes lettons, des Tsiganes ont été également abattus. Dans la forêt de Bikernieki, 20 000 Juifs, 10 000 prisonniers de guerre et 5000 résistants massacrés.
Effacer les traces des crimes : le Sonderkommando 1 005, commence en juillet 1943 dans les pays baltes où les 100 000 cadavres des fosses de la forêt de Rumbula près de Riga, sont exhumés et incinérés par des détenus juifs avant d’être eux-mêmes exécutés.
Holocaustforschung
– En Allemagne
Fritz-Bauer-Institut Francfort
Institut für Zeitgeschichte Munich
Das Zentrum für Holocaust-Studien am Institut für Zeitgeschichte
Zentralen Stelle der Landesjustizverwaltungen zur Aufklärung nationalsozialistischer Verbrechen Service central d’enquêtes sur les crimes nationaux-socialistes à Ludwigsburg
Commission allemande des tombes de guerre Retrouver des tombes, des lieux :
https://kriegsgraeberstaetten.volksbund.de/
– En Autriche
[Haus der Geschichte Österreich (hdgö)
https://www.hdgoe.at/category/Lexikon+der+Zeitgeschichte]
Médiagraphie
ANGRICK Andrej, Aktion 1005. Spurenbeseitigung von NS-Massenverbrechen 1942–1945, Wallstein Verlag, Göttingen 2019, 1.381 Seiten
EHRENBOURG Ilya et GROSSMAN Vassili, (sous la dir.), Le Livre noir, trad. du russe par Yves Gauthier, Luba Jurgenson, Michèle Khan, Paul Lequesne et Carole Moroz, sous la dir. de Michel Parfenov, Paris-Arles, éd. Solin-Actes sud, 1999.
LAUTERWEIN Andréa, Trois passeurs de témoin : Jurek Becker, Edgar Hilsenrath, Ruth Klüger, Paradigmes pour une éthique de la fiction sur la Shoah, Rire, Mémoire, Shoah, Paris, Éditions de l’Éclat, « Bibliothèque des fondations », 2009, 400 p.
Petit Cahier N°23 Guerre et génocide des Juifs à l’Est de l’Europe, Conférence-débat du Cercle d’étude du 18 mai 2012 : conférence de P.-P. Preux, témoignages de M. Kahn, de L. Cain, I. Choko, É. Gricman, poèmes d’A. Cytrin, textes de M. Braunschweig, M.-P. Hervieu, J.-L. Landier, C. Monjanel, N. Mullier, A. Pasques, B. Vinatier. |
Films
Jakob le menteur, « Jakob der Lügner », Frank Beyer, RDA, 1975
Le ghetto de Lodz, « Jakob le menteur » et Jurek Becker
Et puis les touristes (Am Ende kommen Touristen), de Robert Thalheim, 2007
Et puis les touristes, film de Robert Thalheim
Les deux ou trois choses que je sais de lui, Malte Ludin, 2005, 85 min.
Alexandra Senfft, « Schweigen tut weh » (littéralement « Taire fait mal »), sur son grand-père, lecriminel de guerre nazi Hanns Ludin
https://www.freitag.de/autoren/der-freitag/falsche-mythen
Allemagne, Mère blafarde (« Deutschland, bleiche Mutter »), Helma Sanders-Brahms, 1980, 130 min.
Fusillades, massacres de masse dans les territoires annexés et en URSS :
La « Shoah par balles » à l’Est : massacres de masse
Bibliographie sur la Wehrmacht ; A l’est de la guerre
Paroles de soldats allemands, « Soldats. Combattre, tuer, mourir » de Sönke Neitzel, Harald Welzer
Vocabulaire de la conquête à l’Est de l’Europe et de l’idéologie nazie
N.M.
[1] Lire Le livre noir, compte rendu dans le Petit Cahier n° 23