Les Enfants du Romanestan, Moris Farhi, Éditions Bleu autour, 2016, (Children of the Rainbow, Londres, Saqi Books, 2001), traduit par Martine Chard-Hutchinson et Agnès Chevallier, 2016, 448 p.
Benedict Füssli, adopté par un couple de Suisses aimants, recherche, après leur mort, ses vrais parents. Il découvre qu’il est Branko, un Tsigane [1], celui qui doit accomplir une prophétie.
Né dans le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau dans la section B-IIe, le camp des Tsiganes, Branko est un rescapé du Porajnos, le génocide des Tsiganes. Todor et Zara, ses parents, l’ont caché, il n’a pas été tatoué du Z - Zigeuner, puis ils arrivent à le faire sortir du camp d’extermination en soudoyant un ingénieur avant de subir le sort réservé aux juifs [2] lors de la liquidation du camp des Tsiganes, le 2 août 1944. 21 000 tsiganes dont 6 000 enfants ont été assassinés à Auschwitz-Birkenau.
Branko part à la recherche de l’histoire des Roms d’Europe centrale, à travers les Balkans, Macédoine, Bosnie passant par Sarajevo (La Jérusalem des Balkans), Roumanie et la Securitate de Ceaușescu et les Saintes-Maries-de-la-Mer. Il lui faut aller à Birkenau, pour saisir le sens de la prophétie. Il doit retrouver la Bible des Roms, gravée dans les cendres de Birkenau, perdue au fond de la Vistule et fonder une nation Rom.
Tel Moïse, Branko conduit son peuple vers la terre promise, un pays mythique, le Romanestan car des politiciens fascistes, des racistes, des fondamentalistes religieux, des enragés, des sans-terre, des sans-emploi, des affamés, des dérangés, s’attaquent aux Roms avec des barres de fer, des couteaux et des fusils. Les Roms, confrontés à la violence et la cruauté, arrivent de partout en flottille, descendant le Danube jusqu’au delta où se trouve une île mythique...
L’histoire se déroule comme un conte. Des personnages aux pouvoirs magiques, un ours qui parle, accompagnent Branko dans cette quête initiatique.
Un livre contre la bêtise, l’ignorance, la cruauté.
Un roman de Musa-Moris Farhi, frère de sang d’un chef d’une tribu tsigane, né en Turquie, émigré en Angleterre.
Pour en savoir plus
‘Diasporas, Migration and Identity’
Por la creacion de un Romanestan - Los Gitanos, ¿ Un problema Hindu-Europeo ?
Romani Dialects :
http://romani.uni-graz.at/romlex/dialects.xml
Histoire du complexe d’Auschwitz :
Jusqu’en 1990, il y avait à Birkenau des plaques établies par les Soviétiques indiquant que 4 millions de personnes étaient mortes à Auschwitz-Birkenau. Selon Franciszek Piper, historien du musée d’Auschwitz, 1,1 million de personnes ont été assassinées à Auschwitz, dont 960 000 juifs, 75 000 Polonais, 21 000 Tsiganes et 15 000 prisonniers de guerre soviétiques.
Auschwitz, des supports pour mieux comprendre
Mémoires tsiganes, l’autre génocide
Les Tsiganes dans l’Europe occupée : entre persécutions et génocide
ASSÉO Henriette, Les Tsiganes. Une destinée européenne, « Découvertes », Gallimard, rééd. 1994, 160 p.
BOGDAL Klaus-Michael, Europa erfindet die Zigeuner. Eine Geschichte von Faszination und Verachtung (L’Europe invente les Tsiganes. Une histoire entre fascination et mépris), Berlin, Suhrkamp Verlag, 2011, 592 p.
LEWY Guenter, La Persécution des Tsiganes par les nazis, Les Belles Lettres, 2003 (traduit de l’anglais des États-Unis par Bernard Frumer, préface d’Henriette Asséo).
N.M.