Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Femmes en résistance, exposition

au Mémorial de la Shoah, par Catherine Monjanel
mardi 28 juin 2016

Berty Albrecht, Lucie Aubrac, Germaine Tillion, Marie-Claude Vaillant-Couturier, France Bloch-Sérazin, Mila Racine, « Femmes en résistance », exposition de photos, objets (de Ravensbrück) et BD, au Mémorial de la Shoah, jusqu’au 30 septembre 2016.

Cette exposition se divise en deux parties. La première nous apprend qu’entre 1940 et 1944, 6700 femmes ont été déportées depuis la France occupée et 2200 depuis les territoires annexés d’Alsace et de Moselle.

L’immense majorité de ces femmes étaient résistantes, un grand nombre d’entre elles juives. On découvre également dans cet espace les photos et biographies de résistantes étrangères : anglaises, russes, italiennes, allemandes.

Femmes en résistance, Mémorial

Cette partie d’exposition est parsemée de planches de bandes dessinées censées illustrer le parcours de ces combattantes mais j’avoue être restée perplexe devant ce moyen de présenter l’histoire et surtout les histoires si particulières et souvent, pour ne pas dire toujours, tragiques de ces héroïnes.

Si le but est pédagogique, à destination des enfants par exemple, pourquoi pas ? Mais je trouve que ces illustrations empêchent ou freinent l’empathie spontanée qui naît ou devrait naître devant leur courage et les souffrances qu’elles ont endurées. Je ne sais si les ados et les petits y seront sensibles mais comme disent précisément ces derniers : « on-dirait-que-c’est-pas-pour-de-vrai ».

Ces BD, pour louable qu’ait été l’intention de leurs auteurs, censées toucher un public jeune, n’ont pas et ne peuvent avoir l’impact émotionnel, donc quelque part compassionnel, d’une photo représentant une femme souriante (photo d’avant-guerre souvent) mais dont on sait que la tête a roulée sous la guillotine du bourreau nazi, quelque part en Allemagne. Comme ce fut le sort de beaucoup de résistantes classées NN (Nach und Nebel) [1].

Or, sans compassion ou sans empathie, pas de compréhension possible et le but de ce genre d’exposition est, me semble t-il, de rendre hommage au courage de ces femmes certes, mais aussi de démontrer la barbarie, nazie en l’occurrence, afin que plus jamais cette horreur ne recommence.

L’exposition se termine au niveau de la crypte par une soixantaine de portraits et autant de petites biographies. Citer toutes ces femmes n’est pas possible ici mais regardez-les, lisez le récit de leurs actions et de leur vie (très courte pour certaines) et l’émotion, le respect et la gratitude vous saisiront.

À la fin du parcours un panneau expose de belles photos de dames âgées, qui furent actrices de cette résistance à l’occupant et qui sont les derniers témoins de cette époque et, parmi elles, notre chère amie Yvette Lévy. Merci à elles, aux disparues comme aux vivantes.

Catherine Monjanel.

"La vie ne vaut pas cher, mourir n’est pas grave. Le tout, c’est de vivre conformément à l’honneur et à l’idéal qu’on se fait." Berty Albrecht, née Wild à Marseille.

Berty accueille en 1933 des réfugiés allemands dans sa maison de Sainte-Maxime, villa La Farigoulette.

Marseille, plaque Berthie Albrecht

Berty Albrecht se suicide le 31 mai 1943 dans la prison de Fresnes.
MISSIKA Dominique, Berty Albrecht, Féministe et résistante, Tempus, édition Perrin, 2014
RAMEAU Marie, Des Femmes en résistance, 1939-1945, Éditions Autrement, 2008.

  • Femmes en résistance, BD chez Casterman
    Scénario : Francis Laboutique, Régis Hautière, Emmanuelle Polack
    Dessin : Marc Veber, Olivier Frasier, Ullcer, Pierre Wachs
    Amy Johnson, pilote britannique,
    Sophie Scholl,
    Berty Albrecht,
    Mila Racine

Des résistantes, quelques biographies

Germaine Tillion,
Marie-Claude Vaillant-Couturier,
Marianne Cohn Si tu parles Marianne (Cohn), Bruno Doucey
Martha Desrumaux
Lucie Aubrac,

France Bloch-Sérazin guillotinée à Hambourg,
Madame Madeleine Roland, déportée à Auschwitz-Birkenau

Résistantes, Marie-Jo Chombart de Lauwe, Madeleine Riffaud, Cécile Rol-Tanguy, de Pierre Hurel, 2015, 60 min. Jeudi 4 mai 2017, FR3, 23h45.

Buttes Chaumont. Mur au croisement de la rue de Crimée et la rue Manin
Photo Henning Fauser

Madeleine Riffaud avec son groupe, prend d’assaut et bloque un train blindé allemand au tunnel des Buttes-Chaumont. Une plaque à l’entrée du parc des Buttes Chaumont précise qu’un train de soldats allemands a été capturé à cet endroit le 23 août 1944.
Des résistantes, quelques biographies

  • Femmes et genre
    Les femmes résistantes ne comptent que six compagnons de la Libération sur les 1038 distingués :
    Marie Hackin, "France libre", Berty Albrecht : Berty Albrecht est inhumée dans la crypte du Mémorial de la France combattante au Mont Valérien à Suresnes.
    http://www.ordredelaliberation.fr/fr/les-compagnons/8/berty-albrecht, mouvement "Combat", Laure Diebold, à la Délégation générale, Émilienne Moreau-Évrard, réseau « Brutus », Marcelle Henry, "Forces françaises combattantes", (évasion), Simone Michel-Lévy, résistante PTT.
    https://www.ordredelaliberation.fr/fr/compagnons/simone-michel-levy
    Vladimir Trouplin, Dans l’honneur et par la victoire, les femmes compagnons de la Libération, Tallandier, 2009

Marguerite Gonon
Nadia Boucharenc, engagée dans les combats de la résistance
Marie-Hélène Lefaucheux
Des résistantes, quelques biographies

Marcelle Pardé et Simone Plessis, au lycée de Dijon, mortes à Ravensbruck, réseau Brutus :
https://maitron.fr/spip.php?article147473

[1Nuit et Brouillard, Nacht und Nebel ou NN : décret du 7 décembre 1941 de l’État-Major de la Wehrmacht, signé par le maréchal Keitel et ordonnant la déportation sans jugement et dans le plus grand secret, en Allemagne, de tous les ennemis (saboteurs, résistants) ou opposants du Troisième Reich, représentant « un danger pour la sécurité de l’armée allemande » et la disparition de tout adversaire de l’État national-socialiste dans le secret absolu, sans laisser filtrer aucune nouvelle.