Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

La Maison de Nina, avec Agnès Jaoui

Film de Richard Dembo
lundi 15 septembre 2014

D’après la vie de Niny Cohen directrice d’ « une maison de l’espoir ».

Film de Richard DEMBO, scénario R. Dembo, France, 2005, 110 min, ADR production, avec Agnès Jaoui, Sarah Adler, Katia Lewkowicz, Charles Berling.

La Maison de Nina, entre septembre 1944 et janvier 1945, accueille des enfants juifs cachés, qui attendent le retour de leurs parents partis en déportation. Les éducateurs et les enfants vivent dans une atmosphère de colonie de vacances, bientôt assombrie par la découverte de l’existence des camps et du génocide.
Les enfants cachés, qui ont appris à se taire, issus de milieux plutôt laïques, attendent l’arrivée d’enfants, rescapés de Buchenwald. Mais ce sont des adolescents, déshumanisés par le système concentrationnaire nazi, jeunes révoltés conduits par Gustave (ridicule dans le film), sans aucun respect, voleurs, violents, agressifs qui arrivent. Ils sont issus de familles traditionalistes et religieuses de l’Est, (de Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie, Ruthénie) et veulent retrouver certaines coutumes qu’ils ont connues avant leur déportation.
Les enfants de Buchenwald, du shtetl à l’OSE

Après le choc, ces jeunes vont peu à peu se reconstruire grâce au dévouement des monitrices qui n’étaient pas préparées à accueillir des adolescents parlant yiddish et « qui ont appris à devenir des loups », selon Stanislas Tomkievicz. Comment donner des repères à ces jeunes rescapés privés de leurs racines ? Ensemble, ils vont se stabiliser, réapprendre la vie d’antan à travers le rituel juif, trouver un sens à la vie autour de la religion ou de la politique.

Richard Dembo s’est inspiré de la vie de Niny Cohen (Gaby Cohen) [1] et du livre de Katy Hazan, Les Orphelins de la Shoah, pour rendre hommage à ces monitrices qui ont dirigé des maisons d’enfants après la guerre. Il recrée l’atmosphère d’ « une maison de l’espoir » en imaginant la confrontation entre deux groupes d’enfants, enfants cachés, enfants déportés, en pensant à Georges Perec et à Elie Wiesel.

Liselott Walz, qui a accueilli en Suisse des enfants de Buchenwald, écrit dans un rapport de stage à propos de ces enfants victimes de guerre, qu’ils ne doivent pas être mélangés à d’autres enfants, qu’il ne faut pas les enfermer. « Ce sont des enfants qui ont dû refouler leur enfance. […] Ils mentent, ils volent, et pourtant ils sont honnêtes, seulement ils ont été mis dans des situations de survie où ils ne peuvent pas comprendre du jour au lendemain que, ce qui était bon hier, ne l’est plus aujourd’hui. »

Dans ce film, les divers thèmes qui sont évoqués peuvent être utilisés en classe de collège ou de lycée : les enfants cachés, le retour des déportés avec l’arrivée au Lutetia, la résistance, l’OSE, (Organisation de Secours aux Enfants), le sionisme et le départ en Palestine, le changement de nom, la pédagogie, la reconstruction, les parents rêvés, l’attente de leur retour contre toute logique.

Par ailleurs, l’allusion à Thomas Mann, "le Clair de lune" de Beethoven joué par un des jeunes, rappellent que la culture ne préserve pas de la barbarie.

Richard Dembo, assistant, réalisateur, scénariste, dialoguiste, metteur en scène de théâtre et d’opéra, un des fondateurs de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, était également enseignant à l’Institut international du multimédia. Il est mort pendant le montage du film en 2004. L’équipe du film a terminé le montage d’après les indications de Richard Dembo.
Dans une interview, Niny Cohen relate que « parmi les enfants rescapés de Buchenwald, il y en avait un groupe de 80 qui était vraiment très religieux et c’est celui-ci qu’on nous a donné en charge à Judith et à moi parce que nous étions assez religieuses et aussi parce que nous comprenions le yiddish…Mais que ce soit la religion ou la politique, il s’agit de la même démarche, qui consiste à se dépasser pour un idéal. C’est là qu’on se rend compte à quel point ce ne sont pas tant les armes que l’esprit qui rend combatif. »

http://www.tfmdistribution.com/lamaisondenina/main6.html

Sources :
BRAUNSCHWEIG MARYVONNE, Les Déportés d’Avon, enquête autour du film de Louis Malle, Au revoir les enfants, 1988, rééd. La Découverte, 1989
BURINOVICI-HERBOMEL Claudine, Une enfance traquée, préface de Serge Klarsfeld, éditions L’improviste, 2001
COLLECTIF, Paroles d’étoiles, Mémoire d’enfants cachés (1939-1945), Librio, 2002
HAZAN Katy, Les Orphelins de la Shoah. Les maisons de l’espoir (1944-1960), Les Belles lettres, 2000, 418 p.
HAZAN Katy et GHOZLAN Eric, À la vie ! Les enfants de Buchenwald, du shtetl à l’OSE, Paris, Éditions Le Manuscrit, 2005
Le sauvetage des enfants cachés durant la dernière guerre
Les Justes : Chambon sur Lignon, Dieulefit, St Christophe des bois
HEMMENDINGER Judith, Les enfants de Buchenwald, Editions Pierre- Marcel Favre, 1984, rééd. L’Harmattan, coll. Mémoires du XXe siècle, 2001, 203 p.
HEMMENDINGER Judith, Revenus du néant - Cinquante ans après l’impossible oubli, 23 témoignages, Editions L’Harmattan coll. Mémoires du XXe siècle, mars 2002, 169 p.
PEREC Georges, W ou le souvenir d’enfance, Paris, Gallimard, coll. L’Imaginaire, 2002.
TOMKIEWICZ Stanislas, L’adolescence volée, Hachette Littératures, 2001, 252 p.
Stanislas Tomkiewicz, du ghetto de Varsovie à Bergen-Belsen
WIESEL Elie, [2], La Nuit, Les Éditions de Minuit, 1958
Paroles d’étoiles de Thomas Gilou, Jean-Pierre Gueno, Béatrice Mizrahi, Ahmet Sel et Laurent Schwartz, 2002, 52 min 48, Dreamway Productions.

Le site de Radio France sur les enfants cachés :
http://www.parolesetoiles.com/index.php

Ressources pédagogiques du CRDP de Paris sur le film La maison de Nina :
http://www.aep.cef.fr/IMG/pdf/maison_nina.pdf

N.M.

[1Les Enfants de Buchenwald furent accueillis au château d’Ambloy

[2Prix Nobel de la paix, Elie Wiesel, écrivain américain, est à la tête d’Elad


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