Après la Shoah.
« rescapés, réfugiés, survivants » 1944-1947.
Survivants s’applique lui aux 60.000 rescapés des camps en général sachant que 5,7 à 6 millions de personnes dont 1,4 millions d’enfants de moins de 14 ans sont morts sur une population de 10 millions de juifs avant-guerre.
Tous ces rescapés et survivants sont à la Libération de l’Europe noyés dans la masse des 40 millions de personnes dites déplacées ( DPS) : prisonniers de guerre, détenus des divers camps, civils et soldats allemands fuyant les Russes. Rien n’a été prévu par les armées alliées pour venir en aide aux DPS et beaucoup de détenus libérés meurent en masse lors des semaines suivants leur libération.
Quant à ceux qui se débrouillent par leurs propres moyens, comme les Français par exemple, pour retourner dans leur pays, il leur faut compter sur l’aide des prisonniers de guerre qui les prennent en charge comme le raconte dans une vidéo notre amie Marceline Loridan Marceline Loridan-Ivens, Ma vie Balagan.
http://www.cercleshoah.org/spip.php?article338
Beaucoup de Juifs réfugiés en URSS dès 1941 ou en 1939 pour les Juifs Polonais, fuient vers l’ouest car ils sont maltraités par les antisémites locaux, de véritables pogroms ont lieu ( En 1946, à Kielce, en Pologne). Des Juifs disent, avec cet humour si particulier et qui aide à mettre le désespoir à distance : « Il nous faut partir car jamais ils ne nous pardonneront le mal qu’ils nous ont fait ».
A l’Ouest, dans un premier temps, tous les réfugiés sont mélangés dans des camps provisoires mais là également les Juifs sont rudoyés et les Alliés décident de créer des camps regroupant des seuls juifs dès la fin de l’été 1945 et ce avec l’aide financière des organisations juives d’aide et assistance comme le JOINT (Joint Distribution Committee), l’OSE, l’ORT (Organisation, Reconstruction, Travail), les sociétés de secours mutuel. La vie reprend dans ces camps réservés ; on y trouve des écoles, des centres d’apprentissage, on s’y marie, des enfants y naissent, des rabbins y officient.
Si la majorité des Français juifs décident de rester en France, notre pays sert aussi de centre de transit pour une émigration vers les Amériques, l’Australie, la Palestine.
L’exposition se termine sur la justice rendue, depuis les premiers procès en URSS au fur et à mesure de l’avancée de l’Armée rouge, avec pendaisons publiques pour les génocidaires, jusqu’aux grands procès de Nuremberg. Il y eut aussi une justice intracommunautaire qui vit des Juifs en juger d’autres comme des membres de la police juive qui sévit dans les ghettos ou des Kapos qui croyaient échapper à la justice en se mêlant aux milliers de réfugiés mais qui furent reconnus et arrêtés.
Les camps se vidèrent peu à peu, le retour à la vie normale se fit, le quotidien reprit ses droits, pourtant la blessure resta profonde chez les rares survivants des camps qui s’estimèrent toujours comme des morts parmi les vivants.
Catherine Monjanel.
Jusqu’au 30 octobre 2016 au Mémorial de la Shoah.
La génération d’après, Robert Bober, documentaire, 50 min, INA collection « Les femmes aussi » d’Eliane Victor, 1971
Vienne avant la nuit, Robert Bober, 2017, 1h20 min.
Hôtel Lutetia, le souvenir du retour, Guillaume Diamant -Berger, 52 min, Happy House Films, 2016
http://www.memorialdelashoah.org/wp-content/uploads/2016/05/dossier_de_presse_apres_la_shoah.pdf
Mémorial des 3943 rescapés juifs de France, A. Doulut, S. Klarsfeld et S. Labeau, éditions Après l’oubli / FFDJF, 2018
Ni Héros ni salauds. La population a-t-elle protégé les Juifs en France occupée ?, Alexandre Doulut & Lucien Lazare, Lormont, éd. Le Bord de l’eau, 2019. ( Quels facteurs ont contribué à sauver les 3/4 des juifs de France.)