Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Gunzenhausen, antisémitisme et « Révolution nationale » brune

l’histoire vue par les photos
lundi 20 novembre 2017

A travers la collection de photos Biella, on peut observer les prémices du national-socialisme, la destruction de la synagogue, le pogrom de 1934 pour les rameaux (Palmsonntag), la vie courante, les manifestations nazies à Gunzenhausen, une petite ville de Franconie, région natale de Streicher.

Curt et Wilhelmina Biella se sont installés comme photographes à Gunzenhausen, pas loin de Nuremberg. En 1938, Curt Biella meurt d’un arrêt cardiaque. Wilhelmina Biella et ses filles Olga et Vera, continuent à tenir l’atelier de photos. En 1988, l’atelier ferme. Les photos restent dans des cartons jusqu’à leur découverte en 2003.
Thomas Medicus et son équipe d’auteurs ont réalisé un livre nous montrant un aperçu de la vie dans la province de Franconie, de 1933 à 1949, à partir de 2500 photos.

 Une collection de photos

Des photos de nazis (völkisch) et les mêmes après la guerre, anciens nazis ayant perdu de leur superbe et ne pouvant nier leur appartenance au NSDAP.
Des photos de juifs.
Des photos de travailleurs forcés, car ils avaient besoin de papiers d’identité.
Des photos de reportages, de cérémonies nationales mises en scène par les nazis pour fasciner les gens : exemple, le baptême de deux planeurs.
École, église, mairie (les photos du Führer affichées en mairie coûtaient très cher), lieux de mémoire, réunions du parti.
Des photos de famille, baptêmes, mariages, des soldats avant le départ à la guerre.
Puis les photos d’après guerre, il fallait refaire les cartes d’identité. Des milliers de photos ont été réalisées entre juillet et août 1946, les habitants étaient convoqués rue par rue.

 La base du NSDAP, c’est la province

Cette région de Franconie est protestante. Très vite les protestants ont adhéré aux Deutsche Christen antisémites (Une émanation des nazis).

Julius Streicher adhère avec un grand nombre de sympathisants en 1922 au Parti nazi. Il va permettre aux nazis de sortir de Munich en organisant des échauffourées et des cérémonies. Dès avril 1933, il inaugure le Monument du Soulèvement National, surnommé Hitler Denkmal (Mémorial d’Hitler) par le Volksmund (la voix du peuple).
Der Stürmer 1923-1945 [1], le journal de Streicher a beaucoup influencé l’opinion locale.

Les menées anti-juives éclatent très tôt

Les juifs sont dans cette commune relativement plus nombreux par rapport au reste du Reich, 3%. Ils sont commerçants, marchands de bétail. Les concurrents sont contents de se débarrasser d’eux.

Le premier pogrom du printemps 1934 Blutpalmsonntag, comprend entre 700 et 1500 personnes qui ont cassé du mobilier et violenté des juifs. 29 hommes et 6 femmes, sont enfermés dans la prison locale. Il y a deux morts. Il y a un procès,mais les SA réussissent à imposer au tribunal que c’était des suicides. Les coupables ont été condamnés à des peines avec sursis.
La synagogue et le cimetière sont mis à sac lors de la Reichspogromnacht dite la « nuit de cristal » du 9 novembre 1938.

En janvier 1939, la ville est déclarée judenfreien Stadt (libre de juifs).

Des évènements officiels sont organisés par les nazis pour mobiliser les foules :
article d’Ulrike Jureit en allemand, avec de nombreuses photos :
http://www.his-online.de//fileadmin/verlag/leseproben/Leseprobe_Medicus_ES.pdf

Pour les auteurs, c’est aussi une leçon pour aujourd’hui.

Gunzenhausen

Thomas Medicus (Hg.), Verhängnisvoller Wandel. Ansichten aus der Provinz 1933–1949, Die Fotosammlung Biella, Hamburger Institut für Sozialforschung(HIS), Hamburg, 2016, 312 Seiten, 276 Abbildungen, et BpB 2017
.
Thomas Medicus, In den Augen meines Großvaters, Deutsche Verlags-Anstalt, München, 2004
http://www.zeit.de/kultur/literatur/2014-07/thomas-medicus-heimat

[1« une publication pornographique antisémite »