Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Suzanne Spaak, résistante antinazie, Juste parmi les Nations

exécutée dans la prison de Fresnes, le 12 août 1944.
lundi 21 août 2023

une femme humaniste, une résistante antifasciste.

  • Suzanne Spaak

Suzanne Spaak née Lorge, le 6 juillet 1905 à Bruxelles, est morte le 12 août 1944 à la prison de Fresnes.

Suzanne Spaak est la fille d’un banquier belge. Elle a épousé Claude Spaak, auteur de pièces de théâtre, d’une famille de politiciens, un beau-frère Paul-Henri Spaak, est futur ministre des Affaires étrangères. Elle a deux enfants.

La famille a déménagé en France, en 1936. Suzanne Spaak aide des réfugiés républicains espagnols, des réfugiés juifs allemands après le pogrom nazi du 9 novembre 1938. Elle est liée à Miriam Sokol de Vilnius, qu’elle a connue à Bruxelles au Comité mondial de lutte des femmes contre la guerre et le fascisme, qu’elle a rejoint en 1932. Miriam et son époux Harry Sokol (de Bialystok), se réfugient en France en 1938.
Suzanne fait la connaissance de la journaliste Julia Pirotte à laquelle elle offre un Leica.

"Que puis-je faire ? Je voudrais faire quelque chose."

Elle prend contact avec le groupe de résistance Solidarité, (Charles Lederman, Adam Rayski), puis Suzanne Spaak est affectée au réseau de renseignements appelé l’Orchestre rouge par les nazis. Ce réseau qui fit passer des informations aux Soviétiques, dont l’annonce de l’invasion de l’URSS par la Wehrrmacht, a été créé par Léopold Trepper, un communiste juif polonais.
Plus de 150 opposants au régime, d’origines sociales et de conceptions idéologiques différentes, faisaient partie du réseau de résistance berlinois Rote Kapelle [1] avec les couples Libertas et Harro Schulze-Boysen et Mildred et Arvid Harnack.

Suzanne rejoint le MNCR (Mouvement national contre le racisme) [2] lié au parti communiste, en lien avec l’Union des juifs pour la résistance et l’entraide (UJRE).
Suzanne lutte pour sauver les enfants juifs risquant la déportation, avec le pasteur assistante sociale. Suzanne profite de ses relations pour trouver des familles d’accueil et des fonds pour sauver les enfants.

Sophie Schwartz et Suzanne Spaak, deux résistantes antifascistes du MNCR (Mouvement national contre le racisme) lié au parti communiste, cachent 63 enfants juifs, menacés, qu’elles ont "enlevé" au Centre UGIF ‒ orphelinat au 16 de la rue Lamarck, le 15 février 1943, et placé dans des familles d’accueil, avec l’aide du pasteur Paul Vergara.

En 1943, Léopold Trepper, est arrêté. Suzanne, qui l’a aidé à se cacher, et qui appartient à l’orchestre rouge, est menacée. Elle se réfugie avec ses enfants en Belgique. Mais toute la famille est interrogée, dans le cadre du Sippenhaft [3].
Le 9 novembre 1943, Suzanne est arrêtée en Belgique, transférée à Fresnes.

Suzanne Spaak est condamnée à mort en janvier 1944 par un tribunal militaire.
Elle a été torturée par Heinz Pannwitz SS-Hauptsturmfiihrer (Capitaine) (surnommé le « bourreau de Prague » suite à la répression de l’attentat contre Heydrrich). Il la fait exécuter dans sa cellule, le 12 août 1944, treize jours avant la Libération de Paris. Avait-il envisagé de s’en servir comme otage ?

Quelques livres :
Leopold TREPPER, Die Wahrheit : Autobiographie des "Grand Chef" der Roten Kapelle, Ahriman-Verlag GmbH, 1995, rééd 2020.

Voir le CR très complet par Marie Paule Hervieu du livre d’Anne Nelson :
PC 28. Le sauvetage des enfants juifs pendant l’Occupation. Une forme de résistance civile
Anne NELSON, La vie héroïque de Suzanne Spaak, Paris 1940-1944, l’audace d’une femme face à la barbarie, Robert Laffont, 2018

https://www.ifz-muenchen.de/heftarchiv/1985_4_5_berton.pdf

Spirou : le sauvetage des enfants

Julia Pirotte, photographe et résistante :

NM

[2Le 22 mai 1949, au Cirque d’Hiver, lors de la « journée internationale contre le racisme, l’antisémitisme, et pour la paix » se déroule le congrès fondateur du MRAP, avec les membres du comité des jeunes de la LICA. Charles Palant devient secrétaire général du MRAP

[3les familles femmes, enfants, hommes sont enfermés dans des camps (détention pour compromission familiale)