Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Le langage des camps de concentration

vocabulaire des camps : Lagersprache en allemand, jargon des camps en français
samedi 29 août 2009

Langue des camps utilisée par les témoins de l’UDA, Union des déportés d’Auschwitz et d’autres déportés. Chaque camp a son propre langage.
La langue est ce que l’on appelle le "Lagerdeutsch", "Lagersprache" un parler de camp qui emprunte aux diverses langues des détenus, avec une pointe de Galgenhumor, sorte d’humour noir.
Des définitions actualisées au fil des rencontres et des lectures.

Älteste : sens premier en allemand, doyen. Un détenu est désigné "doyen"par le commandant du camp.

Antreten : zum Appell antreten se présenter pour l’appel

Appellplatz : place de l’appel qui a lieu matin et soir

Arbeitsfähig : apte au travail

Arbeitsscheu : réfractaire au travail, tire au flanc

Arbeitsdienst : service du travail

Arbeiteinsatz  : bureau du travail

Arbeitsdienstführer : chef SS responsable des travaux

Arbeitskommando : Kommando de travail d’un groupe de détenus, commandés par un SS secondé par des Kapos

Arbeitserziehungslager : camp de rééducation par le travail

Arbeitslager : camp de travail

Arbeitsstatistik : bureau des statistiques du travail

Arbeitsstück : instrument de travail (désigne le déporté)

Asoziale : vagabonds, voleurs, ivrognes, braconniers, paresseux et tsiganes

Aufnahme : accueil, enregistrement

Aufstehen : Debout ! vers 3 heures du matin, au sifflet

Aufseherin : surveillante, gardienne de camp, employée par la SS, des KZ-Aufseherin. Contrairement à une idée reçue, il n’y a pas de femmes dans la SS, elles sont toujours des auxiliaires SS-Gefolge : « forces auxiliaires féminines » de la SS. Les déportés parlent de "surveillantes SS". pluriel Aufseherinnen.

Auβenkommando : Kommandos extérieurs de travail ou petits camps qui dépendent d’un camp central.

Auβenlager : sous-camp d’un grand camp central, camp satellite, nommé souvent en France Kommando.

Ausrotten  : exterminer (pour les êtres vivants).

Austausch : échange

Berufsverbrecher : criminels "professionnels", une catégorie juridique créée par les nazis pour les récidivistes ayant expié plusieurs peines. Les triangles verts sont des Berufsverbrecher qui sont recherchés comme collaborateurs par les nazis. (cf. aussi Bv)

Betrieb  : usine

Block  : dans le langage du camp, baraque de détenus (Häftlingsbaracke). En langue officielle, un Block est une section d’un camp comprenant plusieurs baraques. L’effectif d’une baraque à Birkenau est de 400 à 500 détenus et peut passer à mille et plus.

Blockälteste : détenue femme chef de Block

Blockältester : doyen, pour un homme, chef de Block, chef de baraque.

Blockowa : à Auschwitz/Birkenau, femme chef de Block (en allemand Blockälteste)

Blockführer : chef de Block SS

Blockführerstube : bureau du chef de Block SS

Blocksperre  : couvre-feu, bouclage, défense de sortir de la baraque

Blockschreiber : détenu secrétaire d’un Block

bouteillon : récipient contenant de la soupe ou de l’Ersatz de café, cf. Suppenkessel, marmites

Brausebad  : salle de douches

Buna  : caoutchouc synthétique produit par I.G. Farbenindustrie AG.
Le caoutchouc synthétique obtenu par polymérisation du Butadien (butadiène ou vinyle éthylène) et du Natrium, (sodium) est appelé par contraction Buna.
Les usines de la Buna-Werke ont été construites par les détenus à Auschwitz III-Monowitz

Bunker : cache, prison, lieu d’exécution, cave. Dans le "Bunker aquatique" on reste pendant des heures dans l’eau.

Buxe : cf. coya, châlit

Canada  : dans la langue des camps, désigne l’endroit où sont déposés, dans une trentaine de baraques à Birkenau, les bagages confisqués aux arrivants. Ces bagages sont triés avant d’être récupérés et servent à toutes sortes de trafics (organisieren). Nom d’origine à Birkenau : Effektenlager, nommé aussi Kanada et Effektenkammer.

Coya, coja ou coïa : châlit, lits à trois étages, avec grabats pour 2 ou 3 personnes, sur des paillasses remplies de copeaux de bois et 2 couvertures usées jusqu’à la corde et jamais désinfectées. [De l’allemand Koje ou du polonais Koja, Schlafkoje – couchette dans un navire, lits superposés (en allemand standard Barackenpritsche.)]

Dolmetscher : interprète

Drill : exercices de dressage inconditionnel comme à l’armée

Durchfall : entre typhus et dysenterie, l’organisme n’accepte rien. Maladie qui survient souvent après le typhus exanthématique.

Effektenkammer : pièce où sont rassemblés les vêtements et les objets confisqués aux détenus qui arrivent dans le camp. Ex. mot utilisé à Buchenwald.

EK : Einsatzkommando : Kommando spécial

Einsatzgruppen : unités chargées de la mise à mort des Juifs et des Soviétiques à l’arrière des lignes de combat. Procès d’Ulm, 1956.

Entlausung : épouillage

Endlösung : solution finale

Entfernung : éloignement, élimination

Ermorden : assassiner

Ersatz : produit de substitution

Erschiessen : abattre

Erschiessung : fusillade

ESKA : « baraque du bagne », SK-Häftlinge, détenus d’un Sonderkommando, cf. S.K.

Essenkommando  : Kommando de la nourriture (essen et fressen).

Evakuierung  : évacuation des camps, ou Räumung, appelée aussi Todesmärsche, marches, trains et bateaux de la mort : janvier-mai 1945, vers une gare ou autre camp, nommées Marches de la mort à cause du nombre élevé de victimes

Fremdrassig  : de "race" étrangère, mot utilisé pour les Juifs et les Tsiganes

Funktionshäftling : détenu "fonctionnaire", cadre qui occupe un rang, dans la hiérarchie d’un camp, de Lagerältester, Blockältester, Kapo, Vorarbeiter, Stubendienst, Lagerschutz. Ce sont le plus souvent des Allemands, des Reichsdeutsche, qui occupent des postes élevés. Ces privilégiés, Prominent ont des avantages.

Geheime Staatspolizei : Gestapo Schutzhaftlagerführung responsable des détenus par mesure de "sécurité" ( Schutzhaft) du camp, des politiques.

Genickschuss : tir derrière le crâne de la victime devant le mur du Block 11 à Auschwitz I

Grubenbaukommando : Kommando chargé de creuser des fosses près des crématoires

Gummi : matraque en caoutchouc (Goumi)

Häftling  : détenu dans un camp. (Ehrenhäftling, détenu d’honneur, FunktionsHäftling, détenu fonctionnaire à responsabilités, "prominenter KZ-Häftling", détenu privilégié de camp de concentration, les "éminences")

Häftlingskrankenbau  : (HKB) "infirmerie" de détenus ; à Buna-Monowitz, les médecins réussissent à sauver des détenus à "l’hôpital" avec le professeur Waitz. (Hôpital en allemand c’est Krankenhaus).

Häftlingszwangsarbeit : Travail forcé pour détenu.

Hau ab : Va au diable ! dégage ! (abhauen)

Heizer : Chauffeur, préposé aux fours dans un Crématoire

Herbata  : mot polonais pour un breuvage préparé avec de l’eau bouillie et des herbes, amer et imbuvable, qui désigne le "thé", boisson servie aux déportés, autrement dit thé ou tisane

Himmelfahrt : dans le camp de Birkenau, ceux qui vont "monter au ciel". En allemand, c’est le nom de la fête chrétienne de l’Ascension. Dans l’armée allemande Himmelfahrtkommando désigne un Kommando punitif.

HJ : Hitlerjugend, jeunesse hitlérienne

Holzspantinen : "chaussures" de bois, sabots

Holzschuhe : "chaussures", de grossières semelles de bois garnies d’une tige en tissu. (La tige est la partie supérieure de la chaussure.)

Hundeführer(in) : maîtres chiens

"Hurra, hurra, wir sind wieder da" : pancarte accrochée autour du cou de prisonniers pendus pour avoir tenté de s’évader.

I.K.L. : Inspektion der Konzentrationslager, inspection des camps de concentration

Invalidentransport : en NS-Tarnsprache langage camouflé nazi, transport d’invalides, en fait transport assassin (Mordtransport)

Jude : juif en allemand courant. Contrairement à de nombreuses traductions en français, c’est un autre mot qui est utilisé pour les injures.

Judenrat  : conseil juif, composé des chefs des communautés juives nommés par les SS servant d’intermédiaires avec les Allemands et bien sûr, dépendant des ordres des chefs SS

Jugendlager : camp de jeunes, par exemple en Allemagne les camps de concentration de Moringen pour les garçons et d’Uckermark pour les jeunes filles, (devenu plus tard une annexe de Ravensbrück)

Judentum : judéité, monde juif, judaïsme. (Heidegger utilise un terme péjoratif Judenschaft )

Jupo : Judenpolizei

Kalfaktor : garçon à tout faire (à l’origine, le chauffagiste)

Kaninchen : lapin à Ravensbrück ; plus correct Versuchskanichen, le cobaye ; (littéralement, lapin d’expérience)

Kapo : détenu responsable (Funktionshäftlinge) d’un Kommando de travail, le plus souvent un droit commun (Berufsverbrecher) à triangle vert ou parfois un politique à triangle rouge, rarement un Juif à triangle jaune, ayant droit de vie et de mort sur les détenus. Il bénéficie de privilèges. Mot utilisé avant les nazis. En allemand courant désigne un chef d’équipe de travail.

Kartoffelbunker : cave à pommes de terre

Kartoffelschäler : équipe des pluches de patates

Kennnummer : matricule

Klinkerwerke : briquetterie

Kolbassa : saucisson, mot d’origine polonaise, kiełbasa, saucisse fumée

Kommando : détachement de détenus répartis dans des Kommandos de travail. (S’écrit avec un K pour distinguer du terme commando en langage militaire.)

Konzentrationslager : KL abréviation officielle ou plus tard KZ, camp de concentration. Cf. Lager

Krankenbau, KB : en langage du camp, "infirmerie", difficilement traduisible par hôpital dans les camps. (En allemand Krankenhaus, hôpital). Voir aussi Häftlingskrankenbau.

Krätzeblock : Block de la gale. La gale est très fréquente et pénible, le corps se couvre de plaies purulentes et d’abcès.

Krematorium : four crématoire. Désigne souvent l’ensemble chambre à gaz et four crématoire.

Kriminelle : droits communs

Kübel, Kibble : récipient, chaudron, seau, tinette

Lager  : camp
Cf. Arbeitslager (camp de travail) ; Arbeitserziehungslager (camp de rééducation par le travail (AEL) ; Auβenlager (camp extérieur) ; Jugendschutzlager (camp de protection = internement administratif pour la jeunesse) ; Konzentrationslager KL ou KZ (camp de concentration), Zigeunerlager (camp pour Tsiganes) ; Sonderlager für ungarische Juden (camp spécial pour juifs hongrois) ; Zwangslager (camp de travail) ; Zwangsarbeitslager für Juden (camp de travail forcé pour juifs)
Les différents types de camps (Lager)

Lagerältester  : détenu « doyen » du camp, (Lagerälteste pour une femme), responsable de la gestion interne du camp

Lagerarzt  : médecin chef SS du camp

Lagerkommandant : commandant du camp SS

Lagerführer(in) : chef de camp SS, femme surveillante-chef

Lagergestapo : section de la Politische Abteilung pour maintenir la terreur dans les camps afin de briser toute résistance.

Lagerpolizei : police du camp

Lagerruhe : extinction des lumières, silence obligatoire

Lagersprache : langue de camp

Lagerstraße : rue du camp, allée principale du camp

Lagerschreiber : secrétaire (détenu) du camp

Lagerschutz : gardiens de protection

Lagerunfähig  : inapte au camp

Lappen : Fußlappen morceaux de tissus ou chaussettes russes, utilisées avec des chaussures de sécurité aujourd’hui dans les usines.

Latrinen  : latrines, salle dans un Block où les déportés étaient obligés de faire leurs besoins naturels collectivement.

Latrinenparolen : Rumeurs, "radio chiottes".

Läufer : garçon de course

Lausappell : appel des poux. Il faut torse nu, présenter sa chemise, même par des températures négatives

Lazarett  : hôpital militaire

Lederfabrik  : atelier où on travaille le cuir

Leichenkeller : la "cave" à cadavres

Leichenträgerkommando : Kommando de porteurs de cadavres ramassés dans le camp

Liquidation  : "éradication" du camp des Tsiganes ou camp des familles de Theresientsatdt à Birkenau.

Los, Los : Allez ! Allez !

LTI  : Lingua tertii imperii, langue du IIIe empire = IIIe Reich, comme BluBo= Blut und Boden (sang et sol), tous les mots avec Volk (peuple), Weltanschauung (vision du monde)

Malaria : maladie attrapée dans la boue et les marais d’Oswiecim

Marschunfähig : inapte à la marche (détenu affaibli)

Massenerschiessungen : fusillades de masse

Maurerschule  : école des maçons pour jeunes détenus

Meister : contremaître dans une usine (un non-détenu, civil)

Mensch : homme „Zwei Jahre lang war ich kein Mensch, nur eine Nummer“ erzählt Finkelstein

Mittwerda : mot de code pour "gaz" dans la correspondance nazie. Des « transports noirs » de femmes inaptes au travail de Ravensbrück, sont envoyés au (Schonungslager Mittwerda camp de "convalescence" Mittwerda) qui n’existe pas.

Muselmann : langage du camp, par dérision, désigne le juif fataliste, à bout de force, épuisé par le travail et qui a consommé toutes ses réserves (graisse et muscles). C’est un mot ancien pour musulman qui s’écrit avec un e en allemand. Le mot Muslim aujourd’hui désigne le croyant. [1] .

Mütze : béret, calot

Mützen ab : Ôtez vos calots !

Nachschlag  : rabiot

Nacht und Nebel ou NN  : Nuit et Brouillard. Décret du 7 décembre 1941 de l’État-Major de la Wehrmacht, signé par le maréchal Keitel et ordonnant la déportation sans jugement et dans le plus grand secret, en Allemagne, de tous les ennemis (saboteurs, résistants) ou opposants du Troisième Reich, représentant « un danger pour la sécurité de l’armée allemande » et la disparition de tout adversaire de l’État national-socialiste dans le secret absolu, sans laisser filtrer aucune nouvelle.

Noma : ulcère de la bouche dû à la malnutrition ; tumeur.

Nummer : dans chaque camp de concentration, les détenus ont un numéro qui remplace leur nom. Il est cousu sur le vêtement ou tatoué à Auschwitz. Il est précédé de A-1 ou B-1 à Auschwitz, de Z-1 pour les Tsiganes et de RKG-1 pour les prisonniers de guerre soviétiques.
Zwei Jahre lang war ich kein Mensch, nur eine Nummer“ erzählt Finkelstein

Organisieren : organiser, en langage de camp, voler, trafiquer pour se procurer quelque chose, chaparder.
"Organiser c’est voler légalement." Haïm Vidal Sephiha.

Pfleger : infirmier

Pikolo : jeune détenu préposé au service personnel d’un Kapo

Politische Abteilung : service politique du camp (Lagergestapo). La Politische Abteilung exerce la terreur pour empêcher toute résistance dans le camp.

Polizeirevier  : Revier commissariat.

Pomalo : moins vite, en russe

Posten : garde, sentinelle. Des soldats de la Wehrmacht sont aussi chargés de la garde du camp et des chantiers extérieurs.

Prominent : privilégié, personnage important, doyen, chef de Block, chef de chambrée, Kapo et sous-Kapo ; personnalité.

Quarantaine : (Quarantäne) isolement ; dans les camps, signifie une période d’« apprentissage » imposée aux détenus à leur arrivée dans le Quarantänelager, camp de mise en quarantaine, afin de les briser psychologiquement. À Birkenau, le Quarantänelager d’août 1943 à octobre 1944 est dans la section BIIa.

Rampe  : lieu où s’effectue la « sélection » des nouveaux venus. Alte Rampe ou Judenrampe, le long des voies du chemin de fer, du printemps 1942 à mai 1944, le lieu de sélection des Juifs déportés de toute l’Europe.
La Neue Rampe est une plate-forme dans le camp de Birkenau. Des médecins SS sélectionnent les Juifs à l’arrivée, au pied des crématoires.

Rapportführer SS : responsable de l’exactitude des effectifs

Raus, raus : Dehors, dehors

Revier : en langage du camp, infirmerie, "hôpital". Les détenus parlent de "quartier" qu’il vaut mieux éviter par crainte d’une sélection. (en allemand courant, un lieu clos ex. Polizeirevier : commissariat, un espace défini, une réserve de chasse. Ce mot s’écrit avec un v et non avec un W).

RSHA : Reichssicherheitshauptamt, Office central de sécurité du Reich, dirigé par Heydrich puis, en mai 1942, par Kaltenbrünner, sous le contrôle de Himmler.
RU  : Rückkehr unerwünscht, retour non souhaité (à Mauthausen)

Sauna : salle de désinfection et d’enregistrement

Scheißkommando : Kommando de nettoyage des "latrines"

Scheißmeister : le "préposé" aux latrines

Schlepper : le tireur de cadavres (avec des pinces) dans le Sonderkommando

Schlosserei : serrurerie

Schmatten  : terme désignant ceux qui travaillent dans la confection (en yiddish, chiffon)

Schmuckstücke : bijoux, objets précieux. Mot utilisé pour désigner les femmes à Ravensbrück. Jeu de mots avec Schmutzstücke ( “ordures”).

Schnell  : vite !

Schonung  : bon de repos

Schnorrer : mendiant

Schreiber(in) : détenu(e) secrétaire

Schreibstube : bureau des secrétaires, bureau d’enregistrement.

Schutzhaft : internement administratif, détention « de protection » contre la colère du peuple ( Volkszorn),

Schutzhaftlagerführer : chef de camp de détention de protection

Schutzhäftling : détenu de "protection"

Schwarze Wand  : Todeswand, le mur noir ou "mur de la mort" entre le Block 10 et 11 à Auschwitz I

Selektion : Aussonderung, envoyer à la mort. Action de sélectionner (Selekcja) du point de vue des nazis, les prisonniers inaptes, faibles, inutiles, malades, vieux, ceux qui vont être tués ou dirigés vers les chambres à gaz. (Aussortierung, Ausmusterung)

shtetl  : en yiddish « petite ville » au sein d’une bourgade qui n’est pas peuplée que de juifs, désigne un espace peuplé de juifs, une communauté juive d’Europe centrale et orientale, en Galicie, Ukraine, Biélorussie et Lituanie, avant la deuxième guerre mondiale.

Sicherungsverwahrte  : internés par mesure de sécurité (SV)

Sklavenarbeit : travail d’esclave

S.K., Strafkommando  : Kommando disciplinaire d’où on sort mort le plus souvent. Cf. ESKA

Sonderbehandlung : SB, "traitement spécial" c’est à dire mise à mort, extermination

Sonderkommando  : Kommando spécial. Désigne ceux qui sont chargés par les SS d’enlever les corps des chambres à gaz et de les incinérer dans les fours crématoires, les “corbeaux de crématoire”.

Sonderlager : camp spécial

Sport : tout un Kommando peut être condamné à deux heures de "sport" ce qui entraine une mortalité importante.

SS : Schutzstaffel : à l’origine escadron de protection du NSDAP (Parti nazi). Les SS devenus État dans l’État, dirigent l’administration des camps et mettent en œuvre l’extermination des Juifs et des Tsiganes. Ils exploitent économiquement la main d’oeuvre juive.

SS-Gefolge  : auxiliaires SS, « forces auxiliaires féminines » par exemple, infirmières SS, surveillantes SS, femmes SS

SS-Totenkopf  : (« tête de mort »), gardien de camp

Stalag : camp souche, camps de prisonniers de guerre, sous-officiers et soldats. Les Stalags sont répartis sur le territoire allemand divisé en régions militaires, en Stalag I, II, III, affectés d’une lettre, A, B. (Oflag pour les officiers

Stammlager : camp souche, camp central, désigne aussi Auschwitz I et tous les grands camps.

Stehbunker : cellules (Stehzelle) très étroites de 90 cm sur 90, sans air et sans lumière, dans la prison du Block 11 d’Auschwitz I, où les détenus, debout, ne pouvant remuer, périssent de faim.

Sterbelager : mouroirs. Sterbezonen, Sterbeorte, Bergen-Belsen (Zeltlager ou Kleine Frauenlager camp des tentes), Ravensbrück (Zelt), Buchenwald (Kleine Lager), Boelke-Kaserne pour Mittelbau-Dora.

Strafarbeit : punition par le travail.

Strafblock  : Block disciplinaire

Strafkolonne : colonne punitive soumise à un travail très dur, des coups et une alimentation réduite.

Stube  : pièce d’un Block, chambrée

Stubenältester : détenu chef de chambrée d’un Block

Stubendienst : responsable de l’ordre dans la chambrée d’un Block, aide, préposé au chef de Block

Stubowa : à Auschwitz/Birkenau, détenue chef de chambrée, équivalent à Stubenälteste

Stück  : morceau, pièce, pièce comptable, unité, terme comptable utilisé dans les camps pour compter les détenus lorsqu’ils arrivent dans un camp (Zugange nouveau). Les Stücke deviennent des Häftlinge, leur nom est remplacé par un numéro (tatoué uniquement à Auschwitz).
(Le mot Stück s’utilise en allemand courant de nos jours et peut désigner des personnes comme le nombre d’ enfants, de soldats... Les premiers témoins détenus disaient qu’ils étaient des "numéros".

Suppenkessel : bouteillon (de soupe).

Tarnsprache  : (NS-Tarnsprache) langue codée nazie ( de camouflage) ex. Endlösung.

Todesmärsche  : Evakuierungsmarsch, Räumung, Rückführung, Umquartierung, Transport : marches de la mort. Le détenu qui est Marschunfähig qui n’est plus capable d’avancer, est abattu par les gardes souvent des Volksdeutsche (descendants d’Allemands vivant hors du Reich) qui encadrent la marche.

Tor : portail d’entrée d’un camp.

Trage  : en allemand, civière. Trague : caisse en bois avec des poignées pour transporter toutes sortes de choses lourdes.

Transport : transport ou transfèrement de détenus, déportation.

Typhoïde : infection intestinale qui se manifeste par de la fièvre et des diarrhées.

Typhus épidémique  : maladie contagieuse très grave transmise aux humains par des poux de corps. On distingue le Flecktyphus des boutons et tâches rougeâtres, Bauchtyphus la dysenterie, Kopftyphus qui se manifeste par une très forte fièvre.

Überstellung : Transfert.

Umschlagplatz : place du triage (ghetto de Varsovie).

Unmensch  : barbare, non-parlant

Verfolgung : persécution.

Verfügbar : disponible. En langage de camp, un nom commun, désignant quelqu’un non affecté à un Kommando de travail, mais disponible pour les pires corvées.

Vergiften : empoisonner

Verhungern  : affamer

Verlegung ou Überstellung : détenu déplacé ou transféré ce qui signifie souvent la mort

Vernichtung : destruction ou anéantissement

Vernichtung durch Arbeit : extermination par le travail

Vernichtungslager : camp d’extermination

Versuchskaninchen : cobayes, lapins de laboratoire

Verschwinden : disparition

Volksdeutsche : descendants d’Allemands, nés et vivant en dehors du Reich, pas des vrais Allemands du Reich. Terme nationaliste utilisé par les nazis.
( "Volksdeutsche sind alle Deutschen, die nicht Reichsdeutsch sind, die sich deutsch national fühlen, bekennen, aber nicht reichsdeutsch.")

Völkermord : génocide, holocauste, Shoah.

Volksgemeinschaft  : communauté (nationale) du peuple

Volksgenossen : impossible à traduire, camarades de la communauté du peuple, terme utilisé par les nazis dans le sens de concitoyens (nazis). ( Genossen camarades, est un mot connoté communiste, récupéré par les nazis).

Volkssturm  : milice composée souvent de vieux, sous l’autorité des Gauleiter, sorte de sous-préfet. (Levée des hommes valides de 16 à 60 ans dans le Grand Reich pour épauler l’armée).

Volljude : un "vrai "juif qui a 3 grands parents juifs.

Vorarbeiter  : détenu chef d’équipe.

Waschraum : les lavabos. Salle commune pour se laver avec évier central et robinets.

Weberei  : atelier de tissage, de couture.

Werkschutz : agent de sécurité.

Winkel : triangle de couleur pour hiérarchiser les détenus.
(gelber Winkel triangle jaune pour les juifs ; triangle vert pour les droits communs Berufsverbrecher condamnés par la justice ; triangle rouge pour les politiques Politische Häftlinge ; Schwarzer Winkel triangle noir pour les asociaux Asoziale ; triangle violet pour les Bibelforscher témoins de Jehova).

Wstawac : debout (polonais).

WVHA  : Wirtschafts- und Verwaltungshauptamt der SS, Office central d’administration et de gestion économique de la SS. Créé en 1942, situé à Oranienburg, il est dirigé par Oswald Pohl.

yiddish  : langue germanique parlée par les communautés juives d’Europe centrale et orientale. Le yiddish s’écrit en caractères hébreux et n’a pas de majuscule. Les textes sont translittérés en lettres latines de façon aléatoire.

Z. A. L. : Cf. infra Zwangsarbeitslager.

Zellenbau : Bunker ou prison avec un petit nombre de cellules.

Zerstörung : destruction [2].

Zigeunerlager : Familienlager au Block B II e, camp des familles de Tsiganes. Le premier convoi arrive le 26 février 1943. Certains sont arrivés en uniformes de la Wehrmacht. 20 000 Sinti und Roma (nom des Tsiganes en allemand), ont été déportés à Auschwitz-Birkenau et 3 000 d’entre eux ont péri le 2 août 1944 dans les chambres à gaz.

Zu fünft : par cinq

Zugänge  : les nouveaux venus, (les renforts). Ils ont isolés des autres et mis dans le Block de la quarantaine.

Zulage : supplément de nourriture

Zwangsarbeiter : travailleur forcé

Zwangsarbeitslager Z. A. L. : Camp de travail forcé (plus de 1000 à Berlin, 30 000 dans le Reich, cela peut être une seule baraque qui sert de camp KZ-Baracke.)

Zwangsarbeitslager für Juden Z. A. L. für Juden : camp de travail forcé pour juifs de l’Organisation Schmelt qui a le droit de prélever de la main d’œuvre dans les trains de déportation en 1942, à Cosel (Haute-Silésie), jusqu’en 1943-1944.

"ZW" (Zwilling)  : tatouage des jumeaux destinés aux "expériences" médicales du docteur Josef Mengele

Zyklon B : un désinfectant de la firme Degesch, puis de l’IG-Farben. Des cristaux dégageant un gaz mortel sont utilisés pour tuer les hommes

Sources

Nicole Mullier, Cf." Petit cahier" n°4, juin 2008, complété au fil des lectures.
Merci aux déportés et à Henning Fauser, Ulrich Hermann, Uli Schmoll pour leurs contributions.

Cf. glossaire du Bundeszentrale für politische Bildung (Centre fédéral pour la formation politique)
http://www.bpb.de/themen/B1F7QQ,0,0,Glossar.html
Cf. glossaire en allemand sur le site du procès de Francfort :
http://saalbau.com/auschwitz-prozess/footer/glossar/
Cf. Lagerszpracha :
http://www.zukunft-braucht-erinnerung.de/sprache-in-nationalsozialistischen-konzentrationslager/
Decknamen ’Noms de couverture’ :
https://de.wikipedia.org/wiki/Decknamen_nationalsozialistischer_Geheimobjekte
Cf. Les récits des déportés :
STERN Anne-Lise, Le Savoir-Déporté. Camps, histoire, psychanalyse, Seuil, « La Librairie du XXIe siècle », 2004, 335 p. [Née à Berlin. 16 juillet 1921-6 mai 2013. Anne-Lise Stern s’interroge sur le langage.]
LEWINSKA Pelagia, Vingt mois à Auschwitz, éditions Nagel, 47 rue Blanche, Paris 9ème, 1945, 197 p.

Pour en savoir plus :
WARMBOLD Nicole, Lagersprache. Zur Sprache der Opfer in den Konzentrationslagern Sachsenhausen, Dachau, Buchenwald, Verlag Hempen, 2009, 348 p.
Primo Levi et la traduction radicale :
http://chroniquesitaliennes.univ-paris3.fr/PDF/69-70/69-Vegliante.pdf

Trübners Deutsches Wörterbuch (Dictionnaire de Trübner). Les quatre premiers volumes concernent la langue sous le nazisme, ils ont été publiés entre 1939 et 1943 et 4 après, entre 1954 et 1957.
Trübners Deutsches Wörterbuch, GÖTZE Alfred, éd. Mitzka Walther, GOTTSCHALD Max / HAHN Günther, 1939-1957. 8 volumes, en écriture "gothique". Réédition De Gruyter.
ARON Jacques, La langue allemande sous la croix gammée. Le singulier dictionnaire de Trübner, Préface de François Rastier, Presses universitaires de Liège, 2016.
http://www.presses.ulg.ac.be/jcms/c_17049/la-langue-allemande-sous-la-croix-gammee

Dictionnaire des communautés juives :
http://www.jüdische-gemeinden.de/index.php/glossar

Langue nazie
https://www.deutschlandfunkkultur.de/neues-buch-ueber-ns-vokabeln-wann-wir-wie-die-nazis-sprechen.1008.de.html?dram%3Aarticle_id=443904

Nicole Mullier

Mise à jour permanente N.M.

[1Cf. les déportés circulent avec des "couvertures en djellabas" (Anne-Lise Stern) ou les "engloutis" de Primo Levi qui emploie le mot Muselmänner. Un aspect de la déshumanisation dans les camps nazis .

[2Les nazis utilisent les mots Vernichtung, Zerstörung, Endlösung


Accueil | Contact | Plan du site | | Statistiques du site | Visiteurs : 92382 / 2831155

Suivre la vie du site fr  Suivre la vie du site Ressources pédagogiques  Suivre la vie du site Lexiques, chronologie, procès   ?

Site réalisé avec SPIP 3.2.19 + AHUNTSIC

Creative Commons License