Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Famille BACRY

dimanche 11 avril 2021

BACRY Amram et ses deux fils, Elie, 18 ans et Sylvain, 20 ans

Il s’agit d’une famille originaire d’Algérie. Le père, Amram était né le 20 septembre 1892 à Alger. Il était marié avec Messaouda Tordjmann. Ils avaient 5 enfants. L’aîné, Sylvain était né à Alger le 19 février 1924. Elie, le cadet est né le 5 juillet 1926 à Paris. Les autres enfants sont également nés à Paris. On peut donc penser que cette famille est arrivée en France en 1925, un peu avant la naissance d’Elie. Ils habitent au 1, rue Ferdinand Laborie, dans le 18ème arrondissement de Paris. Ils ont la nationalité française. Amram est peintre en bâtiment, Sylvain est ajusteur.

Elie et Sylvain sont arrêtés le 14 juin 1944 par les inspecteurs de police de la SEC. Cette section d’enquête et de contrôle, créée par le gouvernement de Vichy, est la police du Commissariat général aux questions juives chargée d’appliquer la politique antisémite de l’Etat Français. Elle est constituée de collaborateurs notoires qui travaillent en liaison avec la Gestapo. Ils arrêtent en particulier sur la voie publique ou dans les lieux publics dans les quartiers juifs parisiens. Ce jour-là, ils arrêtent 9 personnes habitant toutes rue Ferdinand Laborie et rue Ferdinand Flocon, une rue voisine. Ils les arrêtent, alors qu’elles sont dans la rue, à proximité de leur domicile. Ils font des contrôles après l’heure du couvre-feu, vers 20h 30.

Jugés en infraction à la 6ème ordonnance sur les heures de sortie et ne portant pas l’étoile jaune, Sylvain et Elie sont emmenés au commissariat central du 18ème arrondissement et conduits le lendemain au camp de Drancy. Amram est arrêté à son tour le lendemain. Les inspecteurs se présentent à son domicile, rue F. Laborie et disent venir contrôler l’identité de leurs enfants arrêtés la veille. Amram est conduit au commissariat et, à son tour, arrêté. Le 30 juin, ils sont conduits à la gare de Bobigny avec 1153 internés destinés à être déportés vers le centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau. C’est le 76ème convoi de déportés juifs parti de Drancy

Le voyage qui dure quatre jours est insupportable du fait de la chaleur de l’été. Le 4 juillet, le convoi entre à l’intérieur du camp de Birkenau sur la "rampe d’Auschwitz"où a lieu la sélection. Les travaux de Serge Klarsfeld ont permis d’apprendre que 223 femmes sur 495 et 398 hommes sur 654 sont déclarés"aptes" (expression des nazis) pour le travail forcé. Ce sont généralement les plus jeunes. Le nombre de déportés choisis pour ce travail d’esclave, plus de la moitié, est beaucoup plus élevé que celui des transports précédents car les camps deviennent, la dernière année de la guerre, un vivier de travailleurs pour l’industrie de guerre.

Amram et Elie Bacry entrent donc au camp d’Auschwitz III situé à une dizaine de kilomètres d’Auschwitz près du village de Monowitz. Y était installée l’usine surnommée « Buna », d’IG Farben-Industrie destinée à fabriquer du caoutchouc synthétique. Ils ont pour numéros matricule le A-16556 et A-16557. Je n’ai pas trouvé trace du passage de Sylvain dans ce camp. Il est pourtant probable qu’il y soit rentré, compte tenu de son âge.

Amram Bacry est transféré du HKB (Häftlingkrankenbau, c’est-à-dire l’ « infirmerie » des détenus) de Monowitz au HKB de Birkenau, le 14 octobre 1944 (voir document ci-dessous). Donc 2 mois et demi après l’arrivée du convoi. Il fait partie d’un groupe de déportés de Monowitz âgés. Ils sont dits "Korperschwäche " ou affaiblis. Aucun d’eux n’est retourné au camp de Monowitz. Ils sont donc probablement décédés au HKB de Birkenau ou bien ont été gazés.

Le 18 janvier 1945, lorsque les nazis évacuent le camp de Monowitz, Elie Bacry reste au camp ainsi qu’une soixantaine de déportés du convoi 76, malades ou n’étant pas en état de marcher ; donc restés à l’infirmerie de Monowitz. Libérés par l’Armée rouge le 27 janvier 1944, les déportés du camp de Monowitz sont installés dans les blocs du camp d’Auschwitz où ils vont être soignés par des médecins et infirmiers de la Croix Rouge polonaise. Malgré ces soins, Elie Bacry est décédé le 29 mars 1945. Ainsi aucun des membres de cette famille n’a survécu.

Extrait de la liste des malades transférés du HKB de Monowitz à Birkenau le14 octobre 1944

Sources : DAVCC Caen 21P420 305 et 420311-Archives du Musée d’Auschwitz, actes KL Auschwitz III-Monowitz HKB Buna t8-636

Chantal Dossin

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