Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Irène Rossel-Chiot, résistante et franc-maçon

par Catherine Monjanel
jeudi 15 avril 2021

"Héroïne française qui sera un exemple pour les générations futures, Irène Chiot a été pendant la clandestinité une femme vraiment exceptionnelle qui aurait pu servir de modèle à beaucoup d’hommes."

Irène Rossel née Chiot, à Perreux (Yonne) en 1898 – décédée à Bergen-Belsen en 1945

Irène Rossel-Chiot (C. privée d’Alain Vincent)

Irène Chiot est née le 21 juin 1898 à Perreux dans l’Yonne, fille de François Chiot et d’Anne Joséphine Rouard. Son père est employé de commerce, sa mère sans profession. Irène accomplit sa scolarité dans l’Yonne puisqu’un certificat daté du 26 août 1926 nous apprend qu’elle a été pendant quatre ans élève à l’école primaire supérieure de Joigny (1912-1916). Au terme de ses études elle obtient le brevet élémentaire. Elle suivra plus tard des cours pour devenir infirmière. Cours dispensés par l’Union des femmes de France [1].

Le 19 août 1922 elle épouse à Joigny (Yonne) Léonide, Marcel Rossel, sujet russe né en 1889 à Vilna, ville de Pologne sous domination russe à l’époque. Il est donné comme journaliste. D’après des rapports de police, il serait arrivé en France en 1909. En 1914 il souscrit un engagement à la Légion étrangère pour la durée de la guerre (comme des milliers d’immigrés et notamment ceux d’Europe centrale).

En 1921, Léonide Rossel est connu comme membre fondateur du Zemgor [2] de Prague et comme activiste au parti socialiste révolutionnaire (Le PSR a échoué face aux bolcheviques.)
Léonide et Irène se trouvent à Prague en 1921 ou 1922. Ce séjour pragois permet à Irène de vivre un évènement exceptionnel et historique. En effet, suite à la chute du tsarisme, de nombreux réfugiés arrivent à Prague fuyant le nouveau régime bolchévique [3]. Le gouvernement du nouvel État tchécoslovaque et le Comité du Zemgor organisent un vaste système d’assistance de soins et surtout d’éducation en langue russe. Irène dispense des cours de français à l’université populaire du Comité Zemgor.

Outre cette assistance culturelle, le gouvernement tchèque et la Croix-Rouge locale fournissent une aide matérielle en nourriture et logement aux, toujours nombreux, réfugiés russes. Irène, selon un document en notre possession, participe activement à cette aide caritative et culturelle. Ses activités diverses et variées à Prague lui permettent de cultiver ses qualités d’organisatrice et son esprit d’initiative, talents qui lui serviront de retour en France, tant dans sa vie professionnelle, de militante syndicaliste que de résistante, mais nous y reviendrons…

Elle y parfait également sa culture politique ; son mari, ses amis, sont des dirigeants historiques du socialisme révolutionnaire russe. Beaucoup sont journalistes et travaillent notamment au journal en langue russe Volya Rossi . Elle fréquente très régulièrement la Légation française à Prague et son légat M. Joubert, elle sert d’intermédiaire entre ce dernier et les émigrés désireux de venir en France, qu’elle aide pour l’obtention de visas. En 1925 ou 1926 les époux Rossel rentrent en France.

Irène bifurque vers une voie, a priori, éloignée de l’enseignement, elle demande à intégrer l’école des surintendantes d’usines [4]. On peut se poser la question de savoir si cela est si différent car, enseigner, c’est transmettre, c’est aider. Vouloir informer, conseiller, aider une population ouvrière vivant souvent dans une grande misère morale et matérielle, est-ce vraiment si différent ? Ici se dessine le caractère principal d’Irène Rossel ; une grande empathie envers les faibles et un désir de lutter contre l’injustice. Ces dispositions se retrouveront tout au long de son existence, y compris dans l’enfer concentrationnaire du camp de Bergen-Belsen.

Le 3 novembre 1926 elle intègre la 17e session de l’école des surintendantes d’usines et de services sociaux, 43 rue Pernety, à Paris. Au cours de ses deux années de formation elle effectue divers stages et visites sociales. Nous la retrouvons en novembre 1927 munie de son diplôme de surintendante, travaillant pour « le service social de l’enfance en danger » dont le siège se trouve à la préfecture de Police de Paris, 36 quai des orfèvres.

En 1931, selon un rapport de police [5] elle entre aux établissements Braustein, fabricant du papier à cigarettes ZIG-ZAG, boulevard Exelmans à Paris (16e), toujours en qualité de surintendante.

Les documents manquent cruellement pour reconstituer la carrière professionnelle d’Irène Rossel et notamment les années 1929-1933-1934, néanmoins nous savons qu’en 1932 elle est toujours employée par la maison Braustein, qu’elle quitte en juin de la même année, révoltée et impuissante face aux méthodes du directeur envers son personnel. Selon la version qu’en donne Irène, il préfère distribuer des dividendes à ses actionnaires plutôt que d’allouer des fonds pour l’installation d’une crèche qu’elle a, en vain, réclamée à de nombreuses reprises. Elle lui reproche également de mauvaises manières envers ses employés. Depuis 1935 Irène Rossel est salariée de l’Entraide sociale des ouvriers et ouvrières des manufactures de tabacs de France, elle est directrice du centre qui reçoit les enfants des ouvriers et qui comporte également une maison de retraite ainsi qu’une colonie de vacances, au château de Charny, en Seine-et-Marne. Ses fonctions l’amènent à être également responsable d’une maison de vacances à Cap-Breton dans les Landes. Elle cesse d’être salariée de l’Entraide sociale de la manufacture des tabacs en 1938.

Là s’arrête le parcours professionnel, par nous connu, (au moins jusqu’en 1940) d’Irène Rossel, mais il est vrai qu’elle avait d’autres activités dont nous ne savons pas si elles étaient rémunérées ou non.
Son mari, Léonide Rossel, est journaliste et imprimeur. Il est directeur de « La société nouvelle d’éditions franco-slaves » sise au 32 de la rue de Ménilmontant, à Paris (20e). Toujours d’après un rapport de police, Irène est signalée comme publiciste, correctrice et gérante de nombreux journaux et revues, tous politiques et / ou syndicaux, destinés aux immigrés slaves ou autres, publications qui paraissent entre 1925 et 1940. Les titres sont éloquents :

Drapeau rouge (organe de défense des paysans bulgares) – Paroles ouvrières - Annales sociales démocrates - Le socialisme révolutionnaire - La reconstruction juive - La volonté de la Russie - L’avenir (en langue bulgare)- Narodna volia - et DNI (les jours, en russe). Le bulletin del partito del lavorati italiani et L’Italie del popolo.

Nous ne connaissons pas le tirage de ces publications, nous pensons qu’ils restèrent modestes. Ce sont des organes militants, de gauche voire d’extrême-gauche, ce qui cadre bien avec l’option politique du couple Rossel qui est socialiste-révolutionnaire.

Conférence éducative

Irène Rossel est une femme active et très engagée. Outre son travail d’assistante sociale et son activité de gérante, elle est militante SFIO [6], elle écrit dans le journal femmes socialistes et ses conférences sont annoncées dans le journal du parti le Populaire comme celle du 30 janvier 1929 sur la protection de l’enfance. Également en février 1928 sur les conditions de travail dans l’industrie [7], plus loin dans le temps, en octobre 1937 sa conférence s’intitule Chanterons-nous le chant du départ ?

L’engagement militant est familial puisque Léonide lui, est secrétaire du syndicat des travailleurs russes, affilié à la CGT et le restera au moins jusqu’en 1938.

Elle est aussi signalée [8], en novembre 1936 comme membre du bureau de la fédération CGT des services publics et de santé et lors du congrès fédéral de cette même année elle y représente le syndicat des assistantes sociales de la région parisienne.

Beaucoup de militants politiques et syndicaux, hommes et femmes, de l’entre-deux-guerres appartiennent à la franc-maçonnerie. Irène en côtoie certainement et sans doute est-ce par ce biais qu’elle sollicite fin 1932 son entrée au Droit Humain, seule obédience mixte dans le paysage maçonnique français de cette époque.

Elle est initiée à la loge parisienne Espérance le 7 février 1933, élevée compagnon le 28 février 1934 puis maître le 29 octobre de la même année.

Parallèlement elle semble avoir pris des responsabilités au sein de l’association des surintendantes d’usines puisqu’elle est chargée, à l’assemblée générale de 1932, de présenter un rapport sur les causes et les remèdes du chômage. Elle est membre du comité technique de l’association de 1933 à 1940 [9].

Dans ces années 1930 la vie d’Irène Rossel semble être une mosaïque d’activités diverses dans lesquelles elle s’engage pleinement ; surintendante d’usine, militante politique et syndicale, journaliste et membre de la Maçonnerie.

Cette vie est entrecoupée de séjours dans son Yonne natale. Elle y retrouve sa mère et ses amis d’enfance. De par ses courriers nous savons qu’elle y avoue son amour de la campagne, du jardinage et de la vie au grand air.

La vie s’écoule, dense, active, mais nous supposons, heureuse, jusqu’en mai 1940, date de l’invasion allemande. Elle est, à ce moment, assistante sociale aux ateliers de chargement de Saint-Florentin, dans l’Yonne. Un rapport de police du 17 février 1940 en fait mention.

Irène est une femme de gauche, antinazie, elle ne peut rester les bras croisés. D’après le témoignage d’un camarade de résistance [10], elle se rend dès le début de l’Occupation à Toulouse où elle aurait pris contact avec des résistants et aurait participé à la création d’un réseau de résistance appelé Trait d’union  [11] et composé d’anciens militaires. Malheureusement et malgré nos nombreuses investigations nous n’avons trouvé aucun document venant étayer cette affirmation.

Ce qui est certain c’est que, revenue dans son département, elle ne reste pas passive. D’après une source [12] son premier groupe est familial, avec sa cousine Paula Buchillot, son cousin Roger Rouard et des voisins. Comme souvent la résistance est d’abord de proximité. Leurs premières actions consistent en l’organisation de passages vers la zone dite libre de prisonniers de guerre évadés mais Irène et son groupe indépendant ne veulent se contenter d’actions limitées. Irène, toute sa vie le prouve, a une très forte personnalité, elle est soucieuse de l’indépendance de son groupe, mais elle est intelligente et se rend compte, qu’isolée, son équipe ne peut mener d’action d’envergure.

Elle intègre les Forces françaises de l’intérieur (FFI). En effet un certificat d’appartenance, signé du Commandant Herbin chef de ce réseau, nous apprend [13] : que le lieutenant Irène Chiot a appartenu au groupement Bayard Libération-Nord à compter du 1er mai 1941.

Certificat de combattant FFI

Parallèlement à cet engagement, elle intègre le Front national (PCF), proche des Francs-tireurs et partisans, ce qui l’amènera à faire la connaissance de Jorge Semprun, en juillet 1943, selon le témoignage de M. Maurice Mulot [14] elle est une des responsables du Front national et commande un effectif d’une trentaine d’hommes, elle est nommée par M. Mulot « capitaine Irène Chiot ». C’est elle qui, le 1er juillet 1943, recueille son adhésion, l’accepte dans son groupe et lui assigne la fonction de saboteur.

À l’instar d’autres combattants de la Résistance, Irène appartient à plusieurs réseaux en même temps. Elle s’engage dans un mouvement plus important, le réseau "Jean-Marie" Buckmaster, de Maurice Buckmaster début 1943 et elle est nommée agent P1 début février 1943 puis P2 le 1er septembre de la même année.

Irène, de par sa formation professionnelle et ses activités politiques et syndicales a un grand sens de l’organisation doublé d’une grande énergie. Elle devient chef de son groupe, lequel se spécialise dans les actions de sabotage. Le réseau Buckmaster sous le commandement du SOE britannique [15], est chapeauté par les Anglais ce qui permet de recevoir des armes et des explosifs, armement qui manque cruellement aux mouvements locaux, sans contact avec Londres.

Irène et son équipe participent donc aux réceptions de parachutages d’armes et d’explosifs au cours de l’été 1943, matériel qui est entreposé chez sa mère à Épisy (Seine et Marne). Ces armes sont ensuite réparties, par ses soins, aux différents maquis de la région.

C’est ainsi qu’une très grosse opération de sabotage a lieu dans la nuit du 6 au 7 octobre 1943. Un train de 14 wagons de munitions stationne en gare de Pontigny (il devait avec son chargement repartir le lendemain), exceptionnellement il n’est pas gardé par les troupes d’occupation et cela se sait. A 4h30, quelques personnes du groupe d’Irène, dont sa cousine Paula Buchillot, font sauter 7 wagons dont certains contenaient des bombes explosives de 500 kg. La déflagration est effroyable et s’entend des kilomètres à la ronde.

Il semble qu’après l’explosion du train de munitions, les allées et venues à proximité de la maison d’Irène aient attirée l’attention d’un voisin qui l’aurait dénoncée, elle et ses camarades. Et de fait, le 8 octobre au matin la Gestapo l’arrête en compagnie de Jorge Semprun, alias « Gérard », jeune résistant communiste qui, s’il ne fait pas partie de son groupe, est en contact étroit avec elle, car elle lui fournit des armes. Simplement, le 7 au soir, épuisé, il lui avait demandé l’hospitalité pour une nuit afin de se reposer avant de repartir vers la région parisienne.

Ils sont emmenés à la prison d’Auxerre alors sous contrôle allemand. Une souricière reste tendue au domicile toute la journée et plusieurs membres du groupe sont arrêtés également [16].Quant à Irène et Jorge, ils sont incarcérés et torturés. Personne ne parle malgré les sévices et pourtant Irène est brutalisée au-delà du possible. Jorge assurera l’avoir vue traînée à sa cellule le visage ensanglanté, après un interrogatoire. Irène le confirmera à M. Mautherot, à Bergen-Belsen « en prison, à Auxerre, Georges et moi avons été martyrisés, mais j’ai bien tenu. »

Jorge Semprun dans son livre Le Grand voyage [17] évoque le souvenir d’Irène à plusieurs reprises et narre l’anecdote suivante : « au cours de leur détention Irène lui aurait fait passer un message, comme quoi, Londres lui proposait, par l’intermédiaire d’un certain Alain, et pour éviter de nouvelles tortures, de se mettre au service des Allemands tout en continuant à travailler pour le réseau Buckmaster, ce qu’elle a refusé, car elle ne voyait vraiment pas en agent double ! ».

Irène est transférée le 21 janvier 1944 à Compiègne, puis part le 31 pour le camp de concentration de Ravensbrück par le convoi dit « des 27 000 » qui parvient à destination le 3 février. Elle reçoit le n° matricule 27 814. Nous ne connaissons les conditions de sa survie à Ravensbrück. Elle y reste jusqu’au 22 juin, date à laquelle elle est transférée dans un Kommando, à Hanovre-Limmer. Camp dépendant de celui de Neuengamme. Elle y reçoit le matricule 5563 [18] et y est détenue jusqu’au 6 avril 1945.
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Dans ce camp, les prisonnières y assemblent des masques à gaz, pour le compte de l’usine Continental Gummi, dans des conditions très pénibles. Une détenue, Mme Suzanne Pouvreau, a laissé un témoignage édifiant [19], à la fois sur les conditions de travail et sur la Marche de la mort Petit Cahier -2e série- N°24 : « Les Marches et trains de la mort. Transferts, évacuations et libérations des camps nazis-juillet 1944-mai 1945, 2015, Les Marches de la mort. Les Évasions janvier-avril 1945 qui, le 6 avril 1945, les a menées jusqu’à Bergen-Belsen : « …Travail à la chaîne, avec de lourdes pièces en fonte à soulever. Nourriture notoirement insuffisante ; deux soupes d’eau claire avec un peu de rutabagas et une ration de pain par jour. » Un fait révélateur : le directeur de l’usine souhaitant améliorer le rendement a proposé des primes pour améliorer l’ordinaire ou acheter des produits d’hygiène genre savon, pâte dentifrice, etc. À sa grande stupéfaction les Françaises, Belges, Russes et Polonaises ont catégoriquement refusé ses primes… et de travailler davantage ! d’où des punitions collectives et des appels prolongés mais rien n’y fit, elles ne cédèrent pas.

Mais le pire reste à venir raconte Suzanne Pouvreau. « …Comme les troupes alliées se rapprochent de Ravensbrück, les Allemands décident d’évacuer le camp et d’envoyer toutes les détenues vers le camp-mouroir de Bergen-Belsen ». Le 6 avril 1945 1011 femmes dont Irène sont mises sur les routes, trois jours plus tard seules 850 parviennent à Bergen-Belsen. Les autres sont mortes, d’épuisement ou liquidées par arme à feu parce qu’elles ne pouvaient plus avancer.

Bergen-Belsen : camp-mouroir, le terme n’est pas exagéré puisqu’en plus de son effectif ordinaire, ce camp se retrouve submergé d’une foule de déportés venus des divers camps de concentration d’Allemagne et même d’Auschwitz, arrivés à pied ou par des transports dantesques, en wagons découverts. Ces convois furent appelés, à juste titre, les Marches de la mort. Rien n’était prévu pour les accueillir et très vite la nourriture puis l’eau ont commencé à manquer. Le typhus et la dysenterie, sans compter la sous-alimentation ont fait des ravages parmi les détenus qui tenaient encore debout.

Irène a survécu et a eu la joie de voir arriver ses libérateurs. Néanmoins, elle contracte elle aussi le typhus, s’en sort et quoi que guère vaillante et à peine rétablie porte secours et réconfort à ses codétenues plus mal en point. « c’était notre chef dira l’une d’elles, un modèle d’énergie et de dévouement. » [20] Hélas, une attaque foudroyante de dysenterie aura raison de ses forces physiques et elle meurt, à 7 heures du matin le 6 juin 1945, dans les bras de M. Martherot qui comptait la ramener en France [21]. Ses dernières paroles, car elle est morte lucide, furent pour ne rien regretter de son action de résistante « tant qu’on n’a pas tout donné, on n’a rien donné. » Ainsi était Irène Rossel, entière, intransigeante quant à son éthique et ses engagements mais laissons le commandant Herbin, fondateur et chef du groupe Bayard lui rendre un bel hommage :

« Héroïne française qui sera un exemple pour les générations futures, Irène Chiot a été pendant la clandestinité une femme vraiment exceptionnelle qui aurait pu servir de modèle à beaucoup d’hommes. Elle a été, avant son arrestation, une des plus actives propagandiste de la Résistance. » [22]

Outre cet hommage, Irène Rossel a reçu la Légion d’honneur (JO du 30/12/1948), la Croix de guerre, avec palmes, la Médaille de la Résistance (JO du 17/05/1946) et la Médaille Freedom des USA. Et le titre de déportée-résistante lui a été décerné.

Le grade de capitaine obtenu dans la Résistance a été homologué. Ses concitoyens ne l’ont pas oubliée non plus puisque une rue de Joigny porte son nom et qu’une plaque commémorant sa mémoire a été apposée sur la maison de sa mère.

Irène a rejoint dans la mort son époux Léonide. Il s’était réfugié dans le Sud de la France, sans que nous ayons pu reconstituer son parcours. Il est indiqué dans un dossier [23] qu’il s’est caché chez sa belle-mère et ensuite qu’il s’est réfugié à Marseille. Il est arrêté à Saint-Maximin fin janvier 1944 par les Allemands et détenu à la prison de Nîmes.
Léonide Rossel est juif, il est donc envoyé à Drancy d’où il part par le convoi n° 69 du 7 mars 1944. Il avait 55 ans, il a été assassiné dès son arrivée.

Catherine Monjanel.

[1UFF : Union des femmes de France, société humanitaire et philanthropique, créée en 1881.

[2Zemgor : abréviation du russe «  Zemsko-gorodsko komitet », Association ou Comité d’aide humanitaire aux réfugiés russes (hôpitaux, écoles, dispensaires, aide à la recherche d’emploi).

[3Le SR « de gauche » est favorable aux bolcheviks. Après la victoire des bolcheviks, le secrétariat du parti « SR de droite » en exil s’établit à Prague.

[4Les surintendantes d’usines étaient les devancières des assistantes sociales d’aujourd’hui. Nous devons la connaissance du dossier d’étudiante d’Irène Rossel à Mme Tischauer, directrice de l’ ETSUP : centre de formation préparant aux métiers du travail social.

[5Ces derniers sont à prendre avec réserves, faute d’avoir pu les confronter avec des contrats de travail.

[6Section française de l’internationale ouvrière.

[7Journal le populaire BNF.

[8Le Maitron. Notice Rossel Irène. 2016.

[9Sources trouvées dans les comptes-rendus d’assemblée générales de l’association des surintendantes. BNF/Gallica.

[10M. Rouard : Service historique de la Défense-Vincennes GR 16 P 521 677.

[12ARORY, déjà citée.

[13Service historique de la Défense-Caen 21 P 532-952.

[14SHD-Vincennes, GR 16 P437371. M. Mulot sera lui-même déporté à Dachau.

[16Témoignage de M. Marchal. Archives nationales 72 AJ / 208.

[17Jorge Semprun, Le Grand voyage, Folio 1972. pp. 187 – 207 – 234 – 264 – et 268.

[18Archives de Bad-Arolsen. Dossier Irène Rossel, orthographié Irina Rosselt.

[19Témoignages fournis par Mme Cossu, présidente de l’Amicale de Neuengamme et Mme Marchelidon, secrétaire de l’Amicale de Ravensbrück.

[20Témoignage de M. Marthelot. SHD-Caen 21 P 532 952, p. 22.

[21Les détails des derniers instants d’Irène Rossel se trouvent dans le témoignage précité.

[22SHD-Caen 21 P 532 952.

[23SHD-Caen. 21 P 535 953.