I. la « libération » et le retour
Les dates et conditions des libérations, les trajets, aspects matériels et moments des retours sont extrêmement divers selon les déportés. Il n’en demeure pas moins que pour chacun ce fut LA libération, LE retour, pour chaque déporté sa libération, son retour.
Les camps [1] pendant la Seconde guerre mondiale sont très nombreux dans toute l’Europe (y compris en France : « camps d’internement »). Nous n’étudierons ici que les camps nazis (essentiellement de concentration ou mixtes c’est-à-dire concentration et extermination) dont la surveillance est assurée par des SS secondés par les Kapos, eux-mêmes détenus.
– La libération, c’est-à-dire la fin de la soumission à la terreur nazie, a pu se produire de quatre façons :
1 - le camp peut connaître un soulèvement de déportés assurant la libération collective du camp au moment où les Alliés sont tout proches comme à Buchenwald.
2 - à leur arrivée aux portes du camp, les troupes alliées (soviétiques venues de l’est, britanniques ou états-uniennes venues de l’ouest) imposent leur autorité sur le camp qu’ils viennent de libérer.
Jean-Louis Steinberg raconte pour Dora une scène qui s’est répétée dans de nombreux camps :
Le camp a été libéré en avril par une unité de la 9ème Armée américaine dont les soldats ont parcouru nos blocs avec une indignation croissante. […] L’armée américaine a envoyé des camions à la ville voisine de Nordhausen d’où ils ont ramené des adultes allemands arrêtés dans les rues ; ils leur ont fait visiter le camp dans tous ses détails puis ils leur ont enjoint de nettoyer les cours, de ramasser et d’entasser les cadavres avant qu’on les enterre ou qu’on les brûle. Jean-Louis Steinberg, Des quatre, un seul est rentré : la destruction d’une famille en 1940-1945
Le camp peut être libéré sans que les déportés soient toutefois totalement libres de leurs mouvements.
Robert Antelme raconte la journée du 30 avril à Dachau :
Les soldats [américains] gardent la mitraillette ou le fusil. Ils sont postés aux coins du camp, dans les allées, un peu partout. La guerre continue et, quand même, c’est un camp. Il y a des milliers de types là-dedans, et il faut des soldats pour les garder. Les types sortent des Blocks, ils vont renifler un peu la Libération. Ceux de notre Block ne peuvent pas aller sur la grande place du camp, parce qu’ils ont encore leurs poux […]. Les hommes ont déjà repris contact avec la gentillesse. Ils croisent de très près les soldats américains, ils regardent leur uniforme. Les avions qui passent très bas leur font plaisir à voir. Ils peuvent faire le tour du camp s’ils le désirent, mais s’ils voulaient sortir on leur dirait – pour l’instant – simplement : “C’est interdit, veuillez rentrer.” […] Plus tard même, lorsque Dachau sera en quarantaine à cause du typhus, il arrivera que l’on mette en prison des détenus qui veulent à tout prix sortir du camp [2].
Quelques pages plus loin, il décrit une scène très violente. On veut les obliger à sortir des baraquements pour toucher la soupe. Cela promet d’être long et il fait froid ; ils ne veulent pas sortir. Hurlements des fonctionnaires chargés de distribuer la soupe qui tentent de les tirer. Bousculade.
On s’époumone à crier – comme des enfants furieux que l’on ne voudrait pas reconnaître – qu’on est libres, libres de rester au chaud, de manger dedans ... On ne comprend pas, mais eux non plus ne comprennent pas. Nous ne pouvons plus supporter qu’on nous touche, nous nous sentons sacrés. Libres, c’est-à-dire avoir reconquis tous nos droits, pouvoir dire “non” à tout ou “oui” à tout, mais comme on le veut. C’est-à-dire avoir reconquis d’un coup un pouvoir que personne n’a le droit de limiter.
Quelques déportés ont pu se mettre alors au service des Alliés :
Jules Fainzang raconte :
Le capitaine Braden et le lieutenant Roberts, qui commandaient nos libérateurs américains […nous proposèrent] de nous joindre à la compagnie en tant que soldats et de partir avec elle. Le capitaine nous précisa :“ Puisque vous parlez tous les deux anglais et allemand, vous serez interprètes”. Nous avons passé une visite médicale. Je ne pesais plus que 37 kilos, mais pour le reste j’étais “bon pour le service”. Walter, qui n’avait que 17 ans, pesait encore moins. Nous avons été tous les deux habillés de pied en cap, depuis les chaussures jusqu’au casque, en militaires américains. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés enrôlés dans la 3256th Signal Service Company, sous le commandement du capitaine Braden. […] Notre premier travail fut d’assurer la garde des prisonniers allemands avant que les Rangers ne viennent les chercher. J’éprouvais une satisfaction indicible à tenir ces prisonniers allemands au bout de mon fusil. [...] L’abondance de la nourriture que nous recevions, le caractère amical de nos nouveaux camarades qui nous inspiraient confiance, toutes les qualités de ce nouvel univers dont nous faisions dorénavant partie nous permettaient justement de commencer à « revivre ». Sur la route de Munich, la pluie avait enfin cessé et les G.M.C. se sont arrêtés pour que nous puissions retirer les bâches. Un beau soleil printanier apparut. En un rien de temps, des dizaines d’enfants accoururent et, comme des mendiants, les mains tendues ouvertes vers nous, ils suppliaient : “Donnez-nous du chocolat” ou bien encore : “Des cigarettes pour papa”. Ma colère était grande en me souvenant qu’à peine une semaine auparavant sur la route, nous avions essuyé des insultes et reçu des jets de pierres de la part d’autres enfants allemands sur la route de Weimar ! Bien sûr ce n’étaient pas les mêmes enfants, mais tous avaient reçu la même éducation chargée de haine, surtout pour les Juifs ! Début mai 1945, le capitaine Braden me fit venir dans son bureau. Il m’annonça que huit soldats de la Compagnie avaient été choisis pour une permission de trois jours à Paris. Sachant que je n’avais aucune nouvelle de mes frères et de ma sœur, il m’autorisait à partir avec eux dans un avion de l’Armée américaine [3] Mémoires de déportation, Jules Fainzang.
Des déportés ont vécu une errance quand le camp est libéré.
Esther Sénot [4] déportée à Mauthausen, est en contrebas du « camp-forteresse » des hommes, dans un petit camp de typhiques. Le samedi 5 mai 1945, il y a le matin un appel, mais Esther est épuisée ; son amie Marie la fait sortir de force. À 13 heures, un drapeau blanc flotte sur la citadelle ; les portes s’ouvrent ; les déportés se sauvent et leur proposent de les suivre. Esther et Marie se mettent à courir, perdent les hommes, marchent jusqu’à la nuit (il faisait très beau). Elles restent toute la nuit dans la forêt ; le lendemain elles voient des chars : un Noir en sort ; ce sont des Américains ! Esther et Marie marchent le long du Danube, sortent de la ville, s’écroulent, repartent, arrivent dans une sorte de couvent (devenu hôpital militaire pour les Allemands blessés sur le front russe) et présentement occupé par des prisonniers français. Ceux-ci les font entrer, leur donnent du porc avec des pois cassés. Les Américains arrivent, les soignent ; elles sont rapatriées fin mai en forteresse volante et atterrissent à Villacoublay.
3- Les déportés sont abandonnés par leurs surveillants.
Henry Bulawko [5] arrive au camp de Blechhammer après le calvaire de la marche d’évacuation. Les SS continuent leur avancée mais Henry, trop faible, reste dans le camp. (Cinq cents déportés qui avaient suivi les SS sont tués quand le groupe a atteint l’Oder). Le camp est dans le chaos du départ, les déportés sont abandonnés mais les SS
montaient la garde aux portes et attendaient l’occasion d’organiser des rafles. Quelques jours passèrent. [… Puis vint] la peur de rester là et d’attendre, alors que l’essentiel était de trouver un abri, de sauver sa peau. Je me levai, me traînai péniblement jusqu’à la grande porte du camp. Le mirador semblait vide. Nous étions là, quatre ou cinq, guettant et avançant prudemment vers la sortie. Rien ne gêna notre marche. Nous atteignîmes la porte et déjà nous étions dehors. Sur la route neigeuse des soldats allemands avançaient par petits groupes en désordre. Un char d’assaut survint. […] Je m’assis sur un tronc d’arbre en attendant sans bouger. Allaient-ils me tuer ? Le char s’approcha. Ses occupants me dévisagèrent. Ils passèrent silencieux. [Un soldat allemand qui arrive à son tour lui demanda s’il avait quelque chose à manger.] À présent j’étais seul. Je me relevai et me dirigeai vers le camp civil [STO et travailleurs volontaires] dont l’entrée était proche. D’autres déportés, cachés, surgirent à mes côtés. [Ils s’installent dans ce camp]. Il y avait à manger et à boire à profusion. Les occupants s’étaient enfuis, abandonnant tout au milieu du repas. [En fin d’après-midi] je découvrais un soldat arborant l’étoile rouge sur le bonnet. C’était un Mongol tout jeune. Il s’avançait, le fusil-mitrailleur braqué. Je m’élançai vers lui et lui sautai littéralement au cou. Les jeux de la mort et de l’espoir : Auschwitz-Jaworno-Auschwitz, 50 ans après, Henry Bulawko
Joseph Huppert [6] est abandonné par les SS au moment de l’avance de l’armée américaine lors de l’évacuation de son Kommando de Buchenwald – Kommando de Sonneberg West (il était évacué par divers véhicules réquisitionnés par les SS au fur et à mesure de leur traversée de villages, étant incapable de marcher).
Liliane Lévy-Osbert [7] qui est dans le camp de Neustadt raconte :
Le 1er Mai, à quelques-unes, nous nous réunissons avec les détenues soviétiques logées dans des bâtiments voisins. A notre manière, nous célébrons la fête du travail. Aucune réaction des SS actuellement dépassés par leurs propres préoccupations. Dans la nuit, quelques filles ont perçu des bruits de mouvements, d’ordres, de commandements, des pas, des voitures, des moteurs. Bruits insolites.
Le lendemain, 2 mai, au réveil, le ciel est bleu, l’atmosphère légère, ô combien légère. Rien ne bouge dans le camp. Pas de corvée de boisson chaude. Ce matin-là, un silence inusité.
Puis, tout d’un coup, un vacarme. Dans les salles, nos regards s’interrogent instinctivement, intuitivement. Le pressentiment d’une situation inhabituelle nous enveloppe, nous cerne. Nos yeux expriment tout à la fois la crainte, le doute, la joie. Nous avons commencé à comprendre, à réaliser, mais n’osons dire, n’osons croire.
Est-ce possible, est-ce une hallucination, est-ce une mystification ? Est-ce vrai, si vrai que nous ne pouvons y croire ? Est-ce la fin, la vraie ? Sommes-nous libres, enfin libres, totalement libres ?
Dans ce tohu-bohu, soudain apparaissent des prisonniers de guerre qui ouvrent les portes.
Et c’est LA LIBERTÉ.
Liliane Lévy-Osbert, « Jeunesse vers l’abîme »
Yvette Lévy a participé à de nombreux témoignages dans les classes et au Cercle d’étude était affectée dans l’usine d’armement de Kratzau (camp de Weisskirchen en Tchécoslovaquie). Le 7 mai, pas de travail mais l’ordre est donné de rassembler toutes les filles (équipes de jour et équipes de nuit) d’où les questions et l’inquiétude des déportées. Le directeur de l’usine, amené en voiture avec chauffeur, vient leur annoncer que la fin de la guerre est proche et leur souhaite de pouvoir toutes rentrer dans leurs pays respectifs ! La « commandante », surnommée Napoléon, car elle avait toujours une main dans son corsage et l’autre dans le dos, est furieuse. Dans la nuit du 8 au 9 mai 1945, les SS ont disparu en laissant leurs uniformes sur place, mais le camp est miné. Les partisans tchèques puis les soviétiques entrent dans le camp : c’est la « libération ». Yvette et une amie passent dans une ou deux fermes mais ne trouvent rien à manger sauf des oeufs à gober, ce qu’elles refusent. Elles obtiennent du bourgmestre un papier officiel déclarant qu’elles sont des « juives prisonnières devant être aidées pour retourner en France ». Yvette Lévy, une biographie, convoi 77
Edith Davidovici [8] raconte (elle est à Neuschtadt, un enfer ; « Auschwitz en comparaison, c’était le paradis ») :
Un matin, plus de SS, plus de kapos, ils s’étaient tous enfuis pendant la nuit, nous laissant là. Ils nous auraient tués s’ils en avaient eu le temps mais les Russes sont arrivés par surprise dans la ville d’à côté. Nous ne pouvions y croire et j’errais, ahurie, pendant quelques heures. [Elle voit la baraque de ravitaillement et tente d’y parvenir ; elle trébuche et tombe à terre]. Il n’y a pas de mot pour décrire le spectacle de ces squelettes vivants se ruant dans l’espoir de trouver de la nourriture, affamés depuis leur arrivée au camp. Tout le monde me marchait dessus sans même s’en rendre compte. Une horde me labourait le corps. Pas un geste pour me relever. [Elle réussit toutefois à se mettre debout] je me mis moi aussi à courir. Tout ce qui restait dans ce bloc, c’était des boites de pâté, rien d’autre. Ni pain, ni sucre, ni confiture. Les Allemands avaient tout emporté. J’ai pris plusieurs de ces boites, il y en avait en grande quantité. […] Au début mai, ce fût la libération du camp par les Russes, et c’est avec une explosion de joie que nous accueillons la nouvelle. Cependant, on n’en vit pas un seul ce jour là, pas plus que de la nourriture. Un jour, deux jours passèrent, sans qu’on ait vu qui que ce soit. […Une fois les soldats rencontrés] nous nous sommes habillées de l’uniforme des soldats. C’était tout ce que nous avions trouvé pour nous vêtir. Munies de fusils pour nous protéger, du moins pour impressionner […] nous sommes parties ainsi dans la ville de Neuschtadt. Avec comme serment d’abattre le premier “boche” que nous apercevrons. […] Toutes les maisons étaient désertes … Tout le monde s’était sauvé.
4. Quelques cas de libérations individuelles sont aussi à prendre en compte : des déportés ont pu s’évader – en particulier lors des évacuations collectives de camps (Marches de la Mort ») et rejoindre des Alliés, se libérant ainsi eux-mêmes de l’oppression nazie.
Henri Borlant [9] s’est évadé du camp d’Ohrdruf où il était affecté à la cantine des SS à l’extérieur du camp. Il a été « libéré » par les Américains le 4 avril 1945 et est parti vers la France où il arrive le 16 avril avec 7 prisonniers de guerre.
« merci d’avoir survécu » Henri Borlant
Charles Baron [10] s’est évadé le 27 avril lors de l’évacuation de Landsberg (près de Dachau) alors que les Américains se battent dans le secteur.
Le retour des camps de Charles Baron
Adèle Mijoin ( Le jour d’après) s’est évadée lors de l’évacuation du camp de Leipzig :
Une nuit, en traversant une ville, nous avons quitté la colonne toutes les cinq et nous nous sommes engouffrées dans une rue […] Le matin, nous avons été réveillées par un groupe de prisonniers français qui étaient encore gardés par les Allemands. Ils nous ont recueillies et donné à manger … Nous avons alors continué à marcher, déguisées en prisonniers français ! [...] Un vieux soldat allemand m’a dit en allemand : ‘’J’ai bien vu que vous êtes une femme, Madame […] J’ai aussi vu que vous êtes cinq femmes.’’ Et il n’a rien dit […] Puis, les Américains sont arrivés et ont désarmé les vieux soldats allemands qui nous gardaient encore, dans une cour de ferme.
Quand les déportés retrouvent cette liberté, leurs sentiments sont contrastés. La joie, l’exaltation voire l’euphorie, le soulagement de savoir le cauchemar terminé, côtoient (chez les mêmes personnes et/ou d’un déporté à un autre) une sidération, l’inertie et l’immense chagrin pour les déportés juifs d’être certains d’avoir perdu tout ou partie de leurs proches. Certains considèrent qu’ils n’avaient pas la force d’être heureux.
Ainsi, dans l’ambulance américaine le conduisant à un hôpital militaire, Joseph Huppert a réalisé qu’il avait « le poids de millions de morts sur les épaules » ; il se sentait libre mais avait l’impression d’être le seul survivant.
Henry Bulawko explique ce qu’il ressent à l’arrivée des Soviétiques en janvier 1945 :
Cette fois, c’était bien sûr, nous étions libres. Ni les Russes, ni nous ne pensions à organiser une fête. Et pourtant, n’était-ce pas un jour miraculeux pour nous ! Mais nous n’eûmes que la force de nous étendre après avoir ingurgité toute la nourriture trouvée alentour. […] Je suis libre. Allongé sur ma couche, repu d’interminables séances de bouffe, j’essaie de réaliser. Ce n’était pas ainsi que je m’imaginais ce jour tant rêvé. Je voyais des manifestations de joie délirante, des arcs de triomphe, des carnavals et des feux de joie, des rondes et des chants. Je voyais aussi les bandits SS se traîner à nos genoux, apeurés et suppliants. […] Je ne vécus ni les unes ni les autres de ces visions. […] J’essayai d’exprimer mes sentiments de bonheur lorsque je vis le premier soldat soviétique, mais lui n’avait pas encore le cœur à la fête. Il avançait en se battant. […] Et pendant que l’Armée Rouge poursuivait sa marche en avant, les rescapés d’Auschwitz reprenaient goût à la vie.Les jeux de la mort et de l’espoir : Auschwitz-Jaworno-Auschwitz, 50 ans après, Henry Bulawko
Liliane Lévy-Osbert est plus expansive :
J’ai mal de bonheur, des larmes spontanées inondent mon visage, des larmes de félicité, des larmes d’exultation, et je me dis : “C’est ça, pleurer de joie”. […] Nous nous plongeons dans cette atmosphère délirante d’allégresse, d’ardeur intense, d’espoir comblé. Nous goûtons très fort ce moment d’ivresse. Incroyable, inespéré, vertigineux. Nous sommes libres.
Dora Goland-Blaufoux explique : « Après tout ce que nous avions vécu, la liberté devrait être quelques chose comme une espèce de feu d’artifice … pas du tout … parce que je crois d’abord – comment expliquer cela ? – [bien sûr] on n’a plus de bourreaux [mais] on a laissé ceux qu’on aime … on est triste, on est très triste … Cette liberté était difficile à supporter. »
Quand Ginette Kolinka est arrivée à Theresienstadt après un transfert en train dont elle ne sait pas la durée car elle était dans un état physique trop délabré (elle pesait alors 26 ou 27 kg), elle a perçu un accueil tout à fait différent de celui des autres camps. Elle a ressenti de la douceur, elle a croisé des regards humains … En fait, le camp venait d’être libéré par les Soviétiques. Mais Ginette, trop épuisée, n’a pas eu la force d’être joyeuse.
L’attitude face aux Kapos et aux Allemands est souvent beaucoup plus mesurée que les déportés eux-mêmes ne l’avaient pensé.
Edith Davidovici trouve une famille allemande dans une villa,
des personnes âgées, entassées dans l’encoignure d’une pièce, et
malgré notre promesse [de tuer le premier “boche” rencontré] nous n’avons pas été capables de tuer. Tout juste avons-nous réussi à les effrayer par nos hurlements “Sales boches, vous avez tué nos familles, nos enfants, et nous allons vous abattre à notre tour !” Cela a suffi à calmer notre si grande frustration, nous avons eu l’impression de nous être vengées un peu.
Liliane Lévy-Osbert raconte une anecdote :
Sur la route, l’exode des autres commence. Des familles entières sur des chars à bancs, biens accumulés, s’enfuient vers l’ouest. A notre tour d’être féroces. Nous prenons d’assaut l’équipage de ces gens qui fuient les troupes victorieuses.
Je me souviens d’une perquisition en bonne et due forme d’un attelage d’une famille allemande. Une petite ukrainienne, agile comme une chèvre, grimpe sur la voiture et procède à l’inventaire des affaires. Elle trouve dans le linge une brassière d’enfant brodée d’une croix gammée. La rage nous prend et déchaîne nos ardeurs revanchardes. Pas de chance, ils repartent complètement spoliés.
Retour de bâton. C’est leur tour. La spoliation change de camp, car le besoin de vengeance, de détenir, de posséder, de jouir des biens usuels devient frénésie.
Ginette Kolinka pense qu’elle n’aurait pas pu se venger en tuant. Mais elle aurait volontiers fait travailler très dur les Allemands bien sûr, mais aussi les kapos et les blockowas, même si celles-ci étaient aussi des déportées.
De plus ils sont dans un état physique très faible : la sous-nutrition et les épidémies n’ont épargné personne, même si certains se sentent plus en forme que d’autres. Pour éviter l’extension des épidémies à l’extérieur (typhus à Bergen-Belsen par exemple) les autorités alliées ont dû imposer aux déportés de rester « enfermés » dans le camp « libéré ».
Isabelle Choko [11], libérée de Bergen-Belsen, bénéficie de l’aide de Sœur Suzanne Spender :
Elle me nettoyait, me faisait manger. C’est avec son aide que j’ai fait mes premiers pas. Je vacillais comme un nouveau-né. Soutenue par des bras solides, il a fallu que je réapprenne à marcher. Après plusieurs jours d’efforts, l’objectif a été d’atteindre la balance car il fallait me peser. Une fois immobilisée sur le plateau, je vois l’aiguille s’arrêter : vingt-cinq kilos. Je regarde à nouveau, mais elle ne bouge pas. Je me rappelle alors que la dernière fois que je me suis pesée, tout au début de la guerre, mon poids était de quarante kilos […] Un jour, je demande un miroir, car je ne me suis pas vue depuis des mois. Je ne me reconnais pas du tout. Ce qui apparaît ne peut être moi. Un visage au teint blafard, des joues creuses, je suis plus proche d’un squelette que d’un être vivant. De plus, j’avais complètement oublié un point ; mes cheveux, à peine repoussés, sont retombés suite au typhus.Mes deux vies et La jeune fille aux yeux bleus, Isabelle Choko, 2004
Suzanne Birnbaum est hospitalisée à Theresienstadt et soignée après un coma du 20 avril au 4 mai
par des jeunes filles et jeunes femmes tchèques de la meilleure société, [qui] étaient d’une douceur, d’une patience et d’un dévouement magnifiques, et toutes francophiles. Comme j’avais toujours la dysenterie, dix fois le jour et la nuit, elles me donnaient le bassin. Combien de fois par jour, trop faible pour garder l’équilibre, j’inondais, je tachais mon lit. Et chaque fois, sans un mot de reproche, elles nettoyaient et changeaient draps et chemise. […] Les premiers jours, nous ne devions presque rien manger. Notre estomac était complètement fermé, et la moindre cuillerée d’orge ou de purée avalée était pour nous un supplice. Nous restions une heure, deux heures étendues, sur le dos, avec la sensation d’avoir un poids de dix kilos sur l’estomac. Mais, petit à petit, cela s’est calmé, on a augmenté le nombre de cuillerées et, lentement, l’estomac se dilatait, redevenait normal. […] Ce n’est que petit à petit, jour après jour, que les forces nous sont revenues. Nous avons dû réapprendre à marcher, tout doucement, soutenues par “nos petites sœurs” [c’est-à-dire les infirmières tchèques]. Un pas d’abord, puis deux le lendemain. Je pesais quarante kilos. J’étais un squelette vivant avec la peau vidée de sa chair et froncée, qui pendait partout, sur le ventre et derrière. Ce n’était pas joli !
La réalimentation est en effet cruciale : de nombreux déportés sont morts de n’avoir pas pu bénéficier d’un retour progressif à une nourriture équilibrée (méconnaissance à l’époque des contraintes médicales indispensables pour guérir les pathologies dues à la famine) [12] Une Française juive est revenue, Suzanne Birnbaum .
Liliane Lévy-Osbert constate :
Malgré les précautions prises pour protéger l’accès de la cuisine et des réserves, un déferlement impétueux rase toutes les interdictions, les filles se précipitent dans les cuisines et plongent dans les réserves. Les recommandations, les impératifs, les menaces, rien n’est entendu, rien n’y fait.
C’était à prévoir. Elles ont trop faim, ces femmes, pour être raisonnables et raisonnées. La faim n’a pas d’oreilles, la tentation est forte, le besoin sans limite. Elles mangent, avalent, engloutissent, dévorent dans le désordre et l’affolement, la manne que recèlent les cuisines SS. Quelle quantité de nourriture et de liquide ont-elles ainsi mangé, bu, remangé, rebu ?
Jusqu’à saturation. Non, il n’y a pas de saturation. Tant le besoin de se nourrir est immense. Point de saturation. Et ce, jusqu’à l’outrance, jusqu’à la mort.
En effet, en ces moments heureux de notre libération, nous avons connu la plus grande hécatombe parmi nous. Ces pauvres femmes n’ont pu résister à la faim. Elles en sont mortes, mortes d’indigestion.
Jean-Louis Steinberg explique ce qu’il s’est passé à Dora après l’arrivée des Américains :
[Des] camions ont amené des produits alimentaires aux cuisines du camp qui devaient nourrir les survivants. Les cuisines ont commencé à travailler et à fournir une nourriture essentiellement composée de lard et de légumes secs probablement saisis dans les magasins de l’armée allemande. Les cuillères tenaient debout dans ces soupes. Les déportés ont allumé des feux pour réchauffer cette nourriture, à laquelle ils ont ajouté du pain, des pommes de terre et tout ce qu’ils pouvaient trouver et ils s’en sont goinfrés. Mais l’estomac de beaucoup d’entre eux ne pouvait pas supporter un tel changement de régime alimentaire ; beaucoup en sont morts. Personne n’a pu leur apprendre comment se réalimenter. Malgré ma faim, j’ai pour ma part compris que cette nourriture était trop riche et trop lourde pour nous et j’en ai très peu mangé. [… Jean-Louis fut choisi par les Américains] pour garder les stocks de nourriture de la cuisine. Parmi ces stocks, je trouvai des centaines de tubes de lait condensé sucré dont je suçai quelques uns avec délice : cette nourriture adéquate m’a probablement sauvé la vie.
Une fois les portes du camp ouvertes, il faut rentrer « chez soi ». Les trajets de retour ont été très complexes dans une Europe ravagée par les bombardements, dont les lignes ferroviaires ont été largement endommagées par de nombreux sabotages.
Une hiérarchie entre prisonniers de guerre, déportés résistants, STO, déportés juifs se retrouve dans les priorités données pour assurer le rapatriement. Beaucoup de déportés juifs reviennent par wagons à bestiaux ; certes ils étaient moins nombreux par wagons et les wagons n’étaient pas verrouillés, mais le symbole est saisissant. Le parcours de retour est parfois très long et compliqué. C’est le cas pour Paul Schaffer [13] : Il s’est évadé du train (marche de la mort) lors de l’évacuation de Bobreck ; il rencontre les « Russes » le 25 janvier 1945 et marche jusqu’à Cracovie. Il a prétendu être Français en prenant le nom d’une personne de Revel (où il avait été assigné à résidence avec sa famille jusqu’au 26 août 1942, date de son arrestation) et a pu ainsi rejoindre des STO et des prisonniers de guerre français dans une caserne gardée par des Soviétiques à Cracovie. Ce n’est toutefois pas tout à fait la liberté et il doit faire le mur pour sortir. Il part de la caserne et occupe (avec un ami) un appartement vide pendant quelques semaines ; pour subsister, il fait quelques petits boulots. Le 15 avril 1945, l’organisation de rapatriement l’escorte jusqu’à Odessa en wagons militaires : c’est alors la séparation avec son ami. Puis il embarque sur un bateau anglais : il est de retour en France le 30 avril 1945. Le Soleil voilé, Paul Schaffer
Henry Bulawko reste environ trois semaines à Blechhammer libéré. Puis avec quelques amis, ils décident de s’éloigner du front en sautant dans un train de marchandises qui s’arrête à un point d’eau gardé par un soldat russe et un employé des chemins de fer polonais. Première halte à Wroclaw (Breslau en allemand).
À Wroclaw fonctionnait déjà un centre de rapatriement français. Il nous achemina vers Katowice […où] nous retrouvâmes d’autres camarades libérés à Auschwitz ou évadés en cours d’évacuation. [Après plusieurs jours à Katowice] nous traversâmes l’Ukraine pour atteindre Odessa. Nous fîmes halte à Kiev, Kharkov, Voronej. Parfois, le train s’arrêtait soudain en pleine campagne, restait quelques temps, et repartait sans crier gare. […Nous ne restâmes que quelques jours à Odessa qui] venait de recevoir la visite de Mme Winston Churchill. […] Ce fut un transporteur de troupes anglais, le Monoway, qui nous accueillit. Nous traversâmes de nuit les Dardanelles et Istanbul nous apparut féerique avec ses millions de lumières. Au bout de cinq ou six jours de traversée, nous atteignons Marseille. C’était le 10 mai 1945.
Henry prend immédiatement le train pour Paris (il n’y a pas de place et il s’allonge dans un couloir, par terre) et trouve son frère à la gare de Lyon.
Marceline Loridan [14] » a bénéficié de la solidarité de prisonniers de guerre : elles étaient cinq six déportées juives avec une dizaine de prisonniers de guerre. Ils ont été pris en charge par des jeeps américaines et déposés dans un bureau de rapatriés à Pilsen. Mais les responsables de ce bureau ne voulaient prendre en charge que les prisonniers de guerre. Ceux-ci ont menacé de ne pas partir, ont fait une sorte de grève et ont obtenu que les déportées juives rentrent avec eux.
Liliane Lévy-Osbert transcrit avec sa vivacité coutumière le retour : Elles étaient sur l’Oder et passent tour à tour sous contrôle soviétique puis américain. Mais les jours d’attente se suivent. « Dans l’expectative et l’espoir, nous attendons l’organisation de notre rapatriement ». Une d’entre elles s’efforce d’obtenir une décision, s’adressant à toutes les autorités américaines qu’elle peut rencontrer.
Vraiment, nous sommes interloquées, abasourdies, indignées. Complètement déphasées, ne comprenant rien à tant de scrupules à l’égard des Allemands [car il n’y a pas eu de réquisitions pour loger leur amie malade]. […] Le temps s’étire, l’attente s’allonge, l’espoir se désespère, notre retour est sans cesse différé.
Cependant, un jour se déclenche l’organisation de notre départ. Nous subissons, car rien ne nous est proposé. Nous ferons le voyage en camions militaires. […] Nous voici juchées sur les camions, et hop ! A nous le vagabondage à travers l’Allemagne du Nord. [Elles traversent des campagnes vidées de leurs habitants, Hambourg dévastée par les bombardements, arrivent à Lunebourg.] Nous sommes chez les Tommies, sérieux, gentils et aimables au possible. Méfiants aussi. En guise d’accueil, nous sommes aspergées de DDT, arrosées, saupoudrées, blanchies, réduites à l’état de gaufres. Chasse aux parasites qui nous humilie un tant soit peu. […] Ensuite, nous repartons vers d’autres abris, d’autres cantonnements. Nous reprenons la route vers les Pays-Bas. Là, nous quittons l’armée de Sa Gracieuse Majesté, ses camions aussi. En train, nous allons direction la France via la Belgique. Nous faisons une halte en Belgique. Nous sommes hébergées dans un vieux château. […] Les châtelains sont des recrues de la première armée française. Émotion. Les AFATS sont à notre égard pleines de sollicitude et de fermeté. Elles exigent de la discipline. Va pour la sollicitude, mais point de discipline. Nous sortons d’en prendre. [Le ton monte à propos de l’ordre de rejoindre les chambrées à l’heure réglementaire.] Décision unilatérale : nous nous couchons lorsque nous en avons envie.
Voyage en chemin de fer. […] Arrivée à Lille. Lille, en France. […] Sorties en ville. Autre monde. Rien ne nous est plus coutumier, rien n’est plus comme avant. […] Encore quelques kilomètres et nous voici au lieu d’accueil parisien. Lutétia.
De même, le train parti de Leipzig et ramenant entre autres Francine Christophe et ses parents
devra faire un grand détour pour rejoindre la France, passer par le Limbourg, au sud de la Hollande, ce qui rallongera beaucoup notre voyage. […] Notre train passe par la Hollande ; il s’arrête à Maastricht pour déposer des rescapés hollandais. Puis en Belgique à Liège pour les survivants de ce pays. On approche de la France et mon cœur bat. […] Jeumont. Jeumont-la-France ! La gare est pavoisée de drapeaux, la foule sur les quais nous applaudit, nous envoie des baisers, et puis les hauts parleurs diffusent la Marseillaise. […] Nous approchons de Paris. […] Nous entrons presque en Gare du Nord. Puis nous faisons une manœuvre et repartons en direction de … Reims, dit le chef de train. […] Papa s’explique avec le chef de train : tant pis pour les ordres, il faut débarquer les déportés à Paris ; de la capitale, il sera plus facile de les rapatrier dans les divers coins de France d’où ils viennent. […] Le chef de train se laisse persuader, et le train repart en direction de la Gare de l’Est, cette fois. [C’est le 11 juin 1945] [15] Juillet 1942 - Mai 1944, Une enfant dans les camps de Pétain par Francine Christophe
Albert Bigielman, qui rentre lui aussi de Bergen-Belsen raconte les multiples étapes de son rapatriement :
Nous sommes partis un matin en GMC. Nous avons roulé à une dizaine par camion bâché ; à l’aise, assis de chaque côté du véhicule. Les camions avançaient sous la conduite d’un officier en Jeep. [Ils passent la ligne soviétique au nord de Leipzig ; il y a de nombreuses étapes en zone américaine. Ils arrivent en zone française, à Trèves.] Nous avons passé quelques jours dans la zone française. Dans le secteur où nous stationnions, Trèves semblait complètement démolie, à part des endroits tels que celui où nous dormions. Nous, certains enfants, nous avons eu pour mission par des soldats de surveiller des civils qui procédaient au déblaiement des ruines des environs. Nous avons pris ça comme un jeu. […] Au bout de quelques jours, nous avons été conduits en camion jusqu’à Strasbourg. Nous rentrions chez nous, et j’étais serein, calme. Les ponts ferroviaires sur le Rhin étaient impraticables. Je n’ai rien vu de la ville. Nous avons été mis de suite dans le train pour Paris. [Ils y arrivent le 25 juin 1945.] Albert Bigielman, J’ai eu douze ans à Bergen-Belsen
La question du « chez soi » est parfois complexe : pas question de retourner en Pologne pour certains juifs polonais.
Frania Haverland [16]
est née Eisenbach en 1926 à Tarnow, en Pologne et toute sa famille proche (dont ses parents et ses deux frères) y a disparu, victime des pogroms ou de la déportation. Elle ne veut pas retourner « chez elle » et affirme avoir des cousins en France ; mais elle n’y connaît personne et ne parle pas le français. Elle arrive en France le 10 juin 1945.
Stanislas Tomkiewicz [17], après la libération de Bergen-Belsen, s’est réveillé de dix jours de coma dû au typhus exanthématique à l’hôpital de Hillersleben.
Après une bonne semaine remplie des comprimés multicolores généreusement distribués par les médecins et les infirmières de l’US Army, ma soeur est entrée dans ma chambre et m’a dit : ‘’Tu veux aller en France ? Dépêche-toi ! On organise un premier transport d’enfants de moins de quatorze ans de Buchenwald à Paris ; avec la tête que tu as, tu peux passer.’’ J’ai accepté sans hésiter une seule seconde : aller en France était mon rêve depuis toujours [grâce à la littérature française traduite par le poète polonais Boy, parce que la France était le pays où on boit du champagne et où on est libre, parce que] j’étais profondément convaincu que le mode de vie des Français était le ménage à trois. […] J’ai donc suivi les conseils de ma soeur : j’ai dit que j’étais né en 1930 (je trichais de cinq ans) ; c’est passé comme une lettre à la poste.
Isabelle Choko, vivant à Lodz avant la guerre, connaît un passage par la Suède avant de pouvoir rejoindre Paris. Elle quitte Bergen-Belsen, part en bateau depuis Lübeck, arrive à l’hôpital de Norköping, puis rejoint Lövsta-Bruk pour continuer sa convalescence. Elle apprend alors qu’un oncle et sa famille sont vivants, sont en France et elle accepte leur invitation :
J’avais bien réfléchi aux possibilités qui s’offraient à moi. Retourner en Pologne ne m’enchantait guère, car je craignais que la plupart des catholiques polonais ne voient pas d’un bon œil le retour des Juifs. […] Me rendre en Israël ? Là, j’eus peur de retrouver un grand ghetto dans un petit pays. […] Enfin, rester en Suède ne m’excitait pas outre mesure. Dans ce merveilleux pays, en paix depuis si longtemps, les gens s’ennuyaient beaucoup. […] Alors, sans hésitation aucune, je pris la route pour la France.
Martine Giboureau, mai 2014
Nicole Abravanel, Martine Benoit-Roubinowitz, Danielle Delmaire, Histoire et conscience. Il y a soixante ans, l’ouverture des camps d’extermination, Villeneuve d’ascq, éditions du Conseil scientifique de l’université Charles-de-Gaulle – Lille 3, 2007.
Éric Monnier, Brigitte Exchaquet-Monnier, Retour à la vie. L’accueil en Suisse romande d’anciennes déportées françaises de la Résistance (1945-1947), Neuchâtel, Alphil, 2013.
La suite II. Les premiers moments à l’arrivée, CNRD 2015
À Słońsk, dans la nuit du 30 au 31 janvier 1945, étaient exécutés d’une balle dans la nuque par un détachement SS 819 détenus de la prison nazie de Sonnenburg, des 800 prisonniers originaires de différents pays
Pamiętamy je me souviens :
http://tinyurl.com/t3o986v
Macha Ravine
https://www.editionsdurocher.fr/product/128874/tout-voir-et-ne-rien-oublier/
[1] Le mot Lager en allemand peut avoir plus d’une trentaine de significations (dont le terrain de camping) et dans la tête des Allemands, il désigne le KZ. Une liste de vocabulaire désignant les diverses sortes de camps est consultable sur http://www.cercleshoah.org/spip.php?article303. Pour « libération des camps » il n’y a qu’un mot en allemand : Befreiung ; le mot ouverture Öffnung est utilisé pour les heures d’ouverture des visites.
[2] L’espèce humaine, collection Tel, Gallimard,1957
[3] Mémoire de Déportation, L’Harmattan, 2003, p. 161 à 165
[4] Enregistrement d’un entretien pour l’UDA du 7 février 2012
[5] Les jeux de la mort et de l’espoir ; Auschwitz 50 ans après, éditions Montorgueil, 1993
[6] Le jour d’après, douze témoins de la libération des camps, Karine Habif, éditions Patrick Banon, avril 1995
[7] Jeunesse vers l’abîme
[8] Vivre après la Shoah à compte d’auteur, nld
[9] Nombreux témoignages écrits et oraux dont livre « Le jour d’après »
[10] idem
[11] Mes deux vies , éditions Caractères, 2002
[12] Une Française juive est revenue, document écrit en 1945, première édition en 1946, éditions du livre français, 15 rue Linné, Paris
[13] Le jour d’après
[14] Témoignage dans le film de Virginie Linhart Après les camps, la vie … http://www.cercleshoah.org/spip.php?article71
[15] Une petite fille privilégiée, une enfant dans le monde des camps, 1942-1945, L’Harmattan, 1996
[16] Témoignage présenté dans « Le jour d’après »
et
http://clioweb.canalblog.com/archives/2016/04/20/33693591.html
auteure avec Dany Boimare, d’un ouvrage dont le titre est en partie la promesse de Fiszek Eisenbach, son frère ainé :
« Tant que je vivrai, elle vivra » (Tant que je vivrai : Tarnow, Plaszow, Birkenau et autres lieux, éd. E-dite, 2007, réd. 2011, 236 p.)
[17] L’adolescence volée, Calmann-Lévy, 1999