Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Mémoires de déportation, Jules Fainzang

Jules FAINZANG, Paris, L’Harmattan, 2002, 169 p.
vendredi 1er octobre 2010

Une lecture par Françoise Bottois, professeure d’histoire et une courte biographie.

Jules Fainzang, Mémoires de déportation

Jules Fainzang est né à Varsovie en 1922. En 1925, ses parents fuient les pogroms et émigrent à Haïfa où les trois enfants attrapent le typhus ; après le décès de la petite Esther victime de cette maladie, la famille revient en Europe et s’installe à Anvers où Jules a surtout grandi. Mais en mai 1940, avec l’invasion de la Belgique et de la Hollande, la famille Fainzang est évacuée vers le sud ouest de la France, à Lizac, près de Moissac dans le Tarn et Garonne et est hébergée chez des habitants du village.
Puis en juillet 1942, l’État français accepte la déportation des 10 000 juifs étrangers de la zone non occupée. Jules est arrêté, ainsi que son père et l’un de ses frères, par la gendarmerie française parce que juif pendant une rafle de l’été 1942. Interné d’abord au camp de Septfonds puis de Drancy, il est déporté par le convoi n° 25 du 28/08/42 à destination d’Auschwitz.

Jules Fainzang à Birkenau, photo Dominique Dufourmantelle

Le témoignage
Il est rédigé en 2002 et publié chez l’Harmattan. On y retrouve :

I - Les étapes habituelles aux déportés à Auschwitz :
Le camp de Drancy où Jules perd sa montre, cadeau de sa bar-mitsva, volée par un gendarme, p. 7.
Le départ vers l’inconnu dans des wagons à bestiaux, le voyage avec un arrêt à Metz où Jules prend vraiment peur et s’inquiète pour la suite du trajet car il remarque la non intervention de la Croix Rouge allemande face aux plaintes qui s’élèvent des wagons, p. 8 -10.
L’arrêt à Cosel, la descente d’une cinquantaine d’hommes de 18 à 50 ans dont Jules, dans les hurlements, sous les coups de matraque et l’arrivée au camp de Sacrau, p. l3-14.

II - Les différents camps de Haute-Silésie où Jules est affecté
Sacrau, un camp de 200 hommes en pleine forêt, Laurahütte, un camp de 300 hommes en pleine ville, et Blechhammer, une annexe mixte d’Auschwitz avec 5000 détenus où Jules survit de la fin avril1943 à janvier 1945.

La description des camps : p. 15, p. 23- 24, p. 49-52, p. 85- 87.
La description d’une journée : p. 17 -20, p. 24-25, p. 52- 54, p. 85-88.
Les changements au camp de Blechhammer en 1944 : le fonctionnement du crématoire : p. 92, les bombardements aériens américains : p. 94-96, la destruction du complexe industriel : p. 102-103.
Un dimanche à Blechhammer en juillet 1944 : p 111-113.
Les différents Kommandos de travail où Jules est envoyé et leur organisation ; Kommandos extérieurs et intérieurs : p. 18- 20, p. 30-31, p. 35, p. 54, p. 59-61.
Le mode de transport aux chantiers de travail : p.18, p. 77, p. 87.
Les différentes catégories de travailleurs : travailleurs civils polonais et allemands antisémites, les prisonniers de guerre et les détenus juifs. Sur les chantiers extérieurs Jules travaille avec un Meister - contremaître allemand - et deux civils polonais qui le traitent en esclave, en sous-homme. Dans l’atelier de mécanique, il est sous le contrôle d’un prisonnier de guerre français humain et protecteur.
Malgré l’interdiction, le troc entre civils polonais et prisonniers de guerre : Jules sert d’intermédiaire pour récupérer de la nourriture et les pourparlers ont lieu dans les latrines : p. 65-66, p. 89-90 ; il est pris à la fouille du retour avec une cartouche de cigarettes anglaises et reçoit 25 coups de Schlague sur les fesses en public : p. 99-100.
Les accidents de travail sur les chantiers : p. 26-27, p. 29-30, p. 41.

III - Les différentes infirmeries des trois camps
Le local : description : p. 27, p. 58.
Le personnel : les médecins de Laurahütte p. 27-29 ; les médecins de Blechhammer : p. 58 et l’arrivée du docteur Hyrsz, déporté depuis1938 : p. 83.
Le matériel médical : inexistant p. 43.
Les malades :
. Les accidentés du travail : p. 26- 27, p. 29 -30, p. 41, p. 109-110.
. Les cachexiques : p. 57.
. Les malades du typhus : p. 116-117 et les problèmes digestifs graves avec diarrhées, liés à l’absorption de saucisson qui est le résultat d’une synthèse chimique dérivée du charbon, expérimentée sur les juifs.

Jules devient auxiliaire de l’infirmerie grâce au docteur Max Heidler :
. Description de sa fonction avec ses inconvénients, un travail supplémentaire que, très affaibli, il accomplit avec peine à Blechhammer.
. Mais aussi avec beaucoup d’avantages : un supplément alimentaire à la cuisine, la paillasse à l’infirmerie, le robinet pour se laver dans la buanderie et donc rester propre, les conseils du docteur Max Heider p. 27, p. 29, p. 36-37, p. 75 et
le soir des réunions sympathiques et enrichissantes avec les médecins, ce qui est réconfortant mais aussi l’apprentissage de nouvelles effrayantes comme les chambres à gaz de Birkenau p. 80.

Les sélections
. A Laurahütte : la première sélection emporte tous les malades de l’infirmerie vers Birkenau et les camarades de Jules, surtout Ringel avec lequel il avait sympathisé à l’arrivée, qui lui avait donné un de ses manteaux et se remettait de son accident p. 38 ; la seconde épargne juste un convalescent qui marchait dehors et qui a survécu. Puis en mars 1943 une autre sélection emporte tous les malades et le docteur Max.
. A Blechhammer, une sélection dure plusieurs heures et les détenus sélectionnés, dont une femme enceinte, sont emmenés dans trois camions ; scènes effrayantes qui hantent encore Jules ; il aurait été sélectionné ce jour-là mais grâce à la protection des médecins et sa cachette, il a été sauvé : p. 73-74.

IV - L’évacuation du camp et la marche de la mort
Le 21/01/45, départ du camp par -25°C dans la neige épaisse : p. 121-122.
Description de la marche de la mort : p. 123-132.
« les chiens bien nourris ne résistent pas au rythme de la marche, au froid et meurent alors que des hommes affamés, affaiblis, épuisés résistent par leur volonté de vivre. »

V - Les camps de Gross-Rosen et de Buchenwald, camps de concentration
- Gross-Rosen :
Carte d’évacuation de Blechhammer, (carte d’Evelyne Py, avec son aimable autorisation).
carte Blechammer-Gross-Rosen
. Après quatorze jours de marche et trois cent kilomètres de marche à pied, arrivée au camp de Gross-Rosen, sous les huées des Kapos et même des détenus qui sont d’une grande diversité : p. 133.
. Le témoignage de Marcel Dolmaire : p. l34-p. 137.
. La description du camp : p. 138.
. Un exemple d’amitié et de solidarité entre Walter et Jules, leur amitié les aide à résister et à survivre et la disparition provisoire de Walter affecte Jules qui se sent perdu : p. 139.
.Départ du camp et transport entre Gross-Rosen et Buchenwald dans des wagons à charbon en forme de cônes ; arrivée à la gare de Weimar sous les bombardements : p. l41-143.

- Buchenwald :
. La montée au camp, véritable tour de Babel : p. 145-146.
. Les différents travaux et la rencontre de Peter, un Kapo allemand différent des autres, « la pluie de pommes de terre » : p. 147-149.
. L’arrivée prochaine des alliés, la sortie du camp avec des détenus allemands organisée par Peter qui, en cours de route, ordonne à Walter et Jules de fuir dans les bois : p. l51-156.
Le 13 avril 45, libération des deux hommes qui sont incorporés dans l’armée américaine qu’ils ont rencontrée en sortant des bois : p. 159-161.
Retour à Paris où Jules apprend que ses trois frères et sa sœur sont vivants. Mais ses parents, ses grands-parents, ses cousins, ses cousines, ses beaux-parents, sont « tous morts dans les chambres à gaz de la Shoah ».

→ Le témoignage de Jules Fainzang, clair, précis, sobre avec une émotion contenue, est d’une lecture aisée. Il offre différents thèmes à aborder avec les élèves ou à faire étudier selon un plan de lecture ou par équipes.

Quelques suggestions de travail
Une étude comparative entre les différents camps décrits de 1942 à 1944.
Une étude des différents Kommandos de travail, la répartition et le temps de travail, les plus dangereux.
Une réflexion sur la solidarité entre les différentes catégories de travailleurs, existe-elle ?
Le fonctionnement d’une infirmerie, le personnel, les malades.
L’étude d’une journée de Jules à Blechhammer : affecté à un Kommando de travail extérieur, puis affecté à un Kommando intérieur, conclusion.
Faire la liste des différents métiers exercés par Jules dans les camps.
Faire la liste des souffrances physiques et morales qu’il a endurées. Pourquoi et comment Jules réussit-il à survivre moralement et physiquement ?
La marche de la mort : définition et principaux caractères à étudier à l’aide d’une carte des différents camps...

Carte Marches de la mort, Evelyne Py :
http://www.memoire-net.org/article.php3?id_article=100

FAINZANG Jules, Mémoires de déportation, Paris, L’Harmattan, 2002, 169 p.

Jules Fainzang
Jules Fainzang est né à Varsovie en 1922. Il est âgé de trois ans lorsque ses parents décident de quitter la Pologne pour émigrer en Palestine, alors sous mandat britannique. Sa sœur Esther meurt du typhus, et sur le conseil des médecins, la famille repart en Europe et s’installe à Anvers, en Belgique. Lors de l’offensive allemande de mai 1940, les Fainzang trouvent refuge dans le village de Lizac, dans le Tarn-et-Garonne.
Alors que le département se trouve en zone non-occupée, Jules, son père et son petit-frère Joseph sont arrêtés par des gendarmes français en mars 1942, et internés au camp de Sept-Fonds. Joseph parvient à s’évader, mais Jules est transféré à Drancy et déporté à Auschwitz le 28 août 1942.
Son père et sa mère, arrêtée à son tour, sont déportés deux semaines plus tard, le 9 septembre 1942. Plusieurs dizaines de kilomètres avant d’atteindre Auschwitz, le convoi de Jules marque un arrêt dans la gare de Cosel, et les hommes entre 18 et 45 ans reçoivent l’ordre de descendre des wagons.
Pendant un mois, Jules travaille dans une forge avant d’être transféré au camp de Laurahutte, puis en avril 1943, à Blechhammer, où il est affecté au chantier de construction d’une usine d’armement. Le 21 janvier 1945, à l’approche des troupes soviétiques, les détenus de Blechhammer sont jetés sur les routes par un froid glacial pour rejoindre à pied le camp de Gross Rosen, d’où ils sont transportés en train vers Buchenwald.
Jules est libéré par l’Armée américaine le 13 avril 1945. Il est l’un des huit survivants du convoi n° 25, parti de Drancy 32 mois auparavant avec 1000 personnes. Son témoignage, Mémoire de déportation, est paru aux éditions L’Harmattan en 2002.

Jules Fainzang est décédé le 21 décembre 2015.

Pages du site où il est question de Jules Fainzang :
http://www.cercleshoah.org/spip.php?page=recherche&recherche=+Fainzang

N.M.


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