Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Les Annexes de Drancy dans Paris, Camps d’Austerlitz-Lévitan-Bassano, Conférence par Sarah Gensburger

Spoliation, internement, et déportation

Camps annexes de Drancy : Austerlitz, Lévitan, Bassano, juillet 1943-août 1944
Témoignage de Jacques Altmann, interné à Austerlitz et à Lévitan, déporté à Auschwitz

Conférence par Sarah Gensburger (EHESS) , projection de photos d’époque et témoignages

Mercredi 22 Juin 2005 de 14 h 30 à 18 h
au lycée Edgar Quinet - 63 rue des Martyrs - Paris

Sarah Gensburger est auteur avec J M Dreyfus du livre :
Des camps dans Paris, Austerlitz, Lévitan, Bassano, juillet 1943-août 1944, Fayard, Paris, 2003.

"Un après la sortie de l’ouvrage Des Camps dans Paris en 2003, nous avons retrouvé, presque par hasard, dans les archives fédérales allemandes, une série de 85 photographies qui étaient restées jusque là dans leur très grande majorité désindexées. Les archivistes allemands ne voyaient pas ce qu’elles décrivaient.
Quelle ne fut pas notre surprise de voir mis en images l’histoire que, avec Jean-Marc Dreyfus, nous avions retracé à partir d’archives et de témoignages."

Sarah Gensburger

Compte rendu du livre :
http://www.cercleshoah.org/spip.php?article150

Témoignage de Jacques Altmann

interné à Austerlitz et Lévitan, déporté à Auschwitz

Je suis né le 3 mars 1923, à Elberfeld (Allemagne), de nationalité française.
J’ai été arrêté une première fois, en décembre 1941 à Romainville, chez mes parents, artisans-commerçants en confection.
Une deuxième fois, à Nantes, j’ai été arrêté au cours d’une rafle ; j’ai été emprisonné pendant deux mois et demi en mars 1943.
J’ai été transféré à Drancy, où je suis resté trois mois environ (j’ai travaillé aux douches). Durant mon internement, j’ai fait la connaissance d’un ingénieur nommé Berg que les Allemands avaient désigné pour fabriquer un monte-charge au camp d’Austerlitz.
Albert Jacob, interné de 16 ans et moi, âgé de 20 ans, mécanicien, devions l’aider à faire cette installation.
Je suis resté à Austerlitz de novembre 1943 à février 1944.
Dans ce camp arrivaient des camions chargés de caisses de vêtements, de photos de famille, de vaisselle, d’argenterie, de bibelots, de tableaux de maître et d’instruments de musique, et même de pianos...venant de familles juives déportées. Tout cela était trié avant d’être chargé dans des wagons, pour être expédié en Allemagne. Ce travail pénible était fait manuellement par les internés.
Je me rappelle, chez Lévitan, en novembre 1943, lors d’un arrivage de caisses spoliées, quelqu’un a remarqué des lettres et des photos appartenant à ma famille.

Mon père Sucher Altmann, 42 ans, ma mère Dina Schwartz, 40 ans, ainsi que mes quatre frères Max, Joseph, Salomon et Jacques, âgé de 6 ans ont été arrêtés le 15 octobre 1942 et déportés. Mon père, d’origine polonaise, avait été engagé volontaire en 1939, ma mère était d’origine allemande et ses parents ont eux aussi été déportés. J’ai donc pris une valise et récupé photos et lettres, malheureusement, à mon arrivée à Birkenau, j’ai dû tout abandonner à la descente du wagon.
Dans les annexes de Drancy, nous étions encadrés par des soldats de type "Mongol", en uniformes allemands, peut être des hommes de l’armée Vlassov. Nous logions sur place et dormions dans des lits pris aux familles juives, la nourriture était passable, certains recevaient des colis, mais je n’avais pas cette chance. Question hygiène, nous avions des lavabos mais il y avait des douches à Lévitan.
Suite à une tentative d’évasion, victime d’une mesure de représailles, alors que son identité juive venait d’être découverte (il avait, sur le conseil de Robert Manuel, déclaré à son entrée à Drancy qu’il était "demi-juif"), Jacques Altmann a été déporté à Auschwitz-Birkenau, le 2 février 1944, puis, en octobre, à Sachsenhausen, Ohrdruf, Buchenwald. Pesant 29 kgs, atteint du typhus, il a été libéré par les Américains, le 11 avril 1945, hospitalisé dans un hôpital militaire près de Weimar, puis rapatrié. II est le seul rescapé de sa famille...

Petit Cahier n°23. Conférence-débat du 22 juin 2005 :
« Les camps annexes de Drancy dans Paris : Austerlitz, Lévitan, Bassano (juillet 43 – août 44) » : Documents présentés par S. Gensburger et D. Weill. Témoignage de J. Altmann. Hommage à F. Ségal.

commander le PC [1]

Les pianos :

https://www.franceculture.fr/emissions/une-histoire-particuliere-un-recit-documentaire-en-deux-parties/les-pianos-orphelins-12-le-piano-du-juif-inconnu
https://www.franceculture.fr/emissions/une-histoire-particuliere-un-recit-documentaire-en-deux-parties/les-pianos-orphelins-22-la-melodie-du-retour

de Vries, Sonderstab Musik, 1996, Amsterdam University Press

Zalman Feler

Zalman Feler posant sur l’échelle chez Lévitan

Zalman Feler (Lituanie 1910 - France 1997).
Après son internement chez Lévitan où il a participé au tri des affaires volées par les Allemands aux juifs, il est allé à Drancy où il est resté jusqu’à la Libération.
Photo communiquée par Alain Feler. Qui connait les autres personnes sur la photo ?

Sur le camp de Drancy :
BETSCH William, Drancy ou le travail d’oubli, Thames & Hudson, 2010, 235 p.
http://www.nonfiction.fr/article-3430-paroles_et_images_de_la_cite_de_la_muette.htm

"La mémoire n’est pas qu’un phénomène cognitif, linguistique et social. Elle est aussi une catégorie d’action publique qui fait l’objet de vives controverses politiques. Il est donc impératif de se demander à quoi et à qui servent les différentes commémorations du passé". entretien :

Sarah Gensburger : Pour traiter de la mémoire en sciences humaines et sociales, les questions méthodologiques sont effectivement fondamentales. Dans le débat public, en revanche, ces enjeux de méthode sont absents, ce qui conduit à un appauvrissement des échanges et une forme de tautologie entre mémoire et politique. Pourtant, l’omniprésence des discours sur le passé dans le champ politique aujourd’hui devrait, au contraire et d’autant plus, conduire celles et ceux qui prétendent en être les experts à expliciter ce qu’ils et elles entendent par mémoire et à clarifier les manières dont ils entendent la saisir comme objet d’investigation scientifique...

https://laviedesidees.fr/Les-lecons-de-l-histoire-n-existent-pas.html

adresse
Cercle d’étude de la déportation et de la Shoah, des professeurs, professeurs-documentalistes et bibliothécaires
MVAC, Maison des Associations du 11e arrondissement,
8, Rue du Général Renault, 75011 Paris

NM

[1Cercle d’étude, Maison des Associations du 11e arrondissement,
8, Rue du Général Renault, 75011 Paris


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