Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Inauguration de la salle Lucien Weil au lycée international François Ier de Fontainebleau

Il donnait aussi des cours au collège des carmes à Avon.
samedi 2 mars 2024

Lucien Weil, professeur de botanique au collège Carnot (devenu lycée François Ier aujourd’hui), à Fontainebleau, est chassé de l’Éducation nationale par le Statut des Juifs.

Inauguration de la salle Lucien Weil au lycée international François Ier de Fontainebleau

Le mercredi 17 janvier dernier, au lycée François Ier a été inaugurée en présence d’élèves et du proviseur une salle «  Lucien Weil » à la mémoire d’un professeur de l’établissement, chassé de l’Éducation nationale par le Statut des Juifs du gouvernement de Vichy, assassiné à Auschwitz. Le nom de Lucien Weil figurait déjà sur une plaque du lycée dans le hall d’honneur ‒ sans aucune autre précision ‒ parmi les noms des anciens élèves et professeurs morts pour la France durant la Seconde Guerre mondiale, hall d’honneur aujourd’hui déserté en raison du réaménagement des locaux avec un nouvel accès à l’établissement.

Plaque qui se trouve dans le hall d’honneur du lycée, où personne ne passe plus

Juste avant le dévoilement de la plaque par M. Christophe Carton, proviseur, et Maryvonne Braunschweig

L’inauguration proprement dite a été précédée d’une conférence-diaporama par Maryvonne Braunschweig suivie par une quarantaine d’élèves et leurs professeurs d’histoire.

Conférence-diaporama « Lucien Weil 1902-1944 » par Maryvonne Braunschweig




Lucien Weil, professeur de botanique au collège Carnot (devenu lycée François Ier aujourd’hui), dans sa ville natale, Fontainebleau, est chassé de l’Éducation nationale par le Statut des Juifs du gouvernement de Vichy (3 octobre 1940). Grand spécialiste de la forêt, des champignons, des lichens… et de toute l’histoire locale, il présidait avant-guerre l’association (locale) des naturalistes de la vallée du Loing (ANVL) et était une personnalité bien connue.

À Avon, la ville jumelle, le Père Jacques cachait des enfants juifs dans son Petit-Collège des carmes (c’est l’histoire devenue célèbre grâce au film de fiction de Louis Malle, d’inspiration autobiographique, Au revoir les enfants). Il faisait venir également Lucien Weil, avec son étoile jaune, pour donner quelques cours. Lucien Weil était également agent de renseignement du réseau de résistance Vélites-Thermopyles, comme plusieurs résistants locaux dont trois Avonnais (le Père Jacques, le secrétaire de mairie Paul Mathéry et le maire Rémy Dumoncel).


Le samedi 15 janvier 1944, sont arrêtés d’abord à la mairie, Paul Mathéry, puis au collège, dans leurs classes, en plein cours, le Père Jacques et les trois adolescents qu’il cachait sous de fausses identités, « authentifiées » par les cartes d’alimentation délivrées par la mairie, Jacques Halpern (Jacques Dupré), Maurice Schlosser (Maurice Sabatier), Hans-Helmut Michel (Jean Bonnet). En fin de matinée, au 79 rue de France à Fontainebleau, c’est au tour de Lucien Weil, de sa mère Irma et de sa sœur Fernande, d’être arrêtés par les Allemands, pendant leur déjeuner.

Le Père Jacques et Paul Mathéry sont incarcérés à la prison de Fontainebleau, puis à Compiègne d’où ils sont déportés fin mars 1944 à Mauthausen puis dans des camps annexes. Paul Mathéry est mort le 2 août 1944 et le Père Jacques le 2 juin 1945. Tous deux ont été reconnus Justes parmi les nations ainsi que le maire Rémy Dumoncel (arrêté puis déporté en mai 1944 et également mort en déportation).

Les trois jeunes juifs et la famille Weil sont d’abord conduits au siège de la Gestapo de Melun, puis transférés à Drancy, en train, de la gare de Melun à celle du Bourget, sous la garde de gendarmes français. Tous les six sont déportés par le convoi n° 67 du 3 février 1944, à Auschwitz où ils arrivent le 6 février. Ils sont assassinés dès leur arrivée.

Après la conférence, le dévoilement de la plaque a eu lieu en présence du proviseur, de professeurs et d’élèves.

Avant le dévoilement…




Devant la plaque, après dévoilement, trois élèves, anciens lauréats départementaux du CNRD,
De gauche à droite François Daubard, Clémence Thénard-Duvivier et Lysandre Popot.



La dénomination d’une salle Lucien Weil (salle vidéo qui sert aussi pour des conseils de classe et des conseils d’établissement) avec une inscription explicative va permettre de « redonner vie » à cet homme remarquable, oublié depuis longtemps, de faire connaître, à travers un exemple concret, la réalité de l’antisémitisme du gouvernement collaborateur de Vichy, et celle de la Shoah, aux générations d’élèves, actuelles et à venir.

Le père Jacques, 1900-1945, carme à Avon
80e anniversaire des arrestations au collège des carmes à Avon, 15 janvier 1944

Maryvonne Braunschweig