Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Isabelle Choko, témoignage et réflexions d’élèves

élèves de Seconde du lycée Notre-Dame des Missions (Charenton-le-Pont)
jeudi 24 août 2023

Transmettre le "témoin"aux jeunes générations, faire entendre inlassablement la voix des déportés pour que l’on sache et que jamais un tel crime ne se reproduise, c’était la mission qu’Isabelle et tous ses camarades de déportation s’était donnée...

Rencontre au Mémorial de la Shoah avec Isabelle Choko

Isabelle Choko

Le témoignage d’Isabelle Choko

Le 20 novembre 2017, lors de notre visite au Mémorial de la Shoah, nous avons eu la chance de rencontrer une survivante du camp d’Auschwitz-Birkenau. Pendant deux heures, Madame Choko nous a conté l’histoire de sa vie : son enfance, puis la rupture avec le début de la guerre, sa vie dans le ghetto de Lodz, sa déportation à Auschwitz et à Bergen-Belsen, sa libération, sa reconstruction après les camps. Son témoignage est rempli d’émotion, et malgré quelques tremblements dans la voix à certains instants, Isabelle Choko impose le respect par sa force d’esprit et son courage.

Présentation :
Isabelle Choko, née Sztrauch, a vu le jour le 18 septembre 1928, dans la ville de Lodz, en Pologne. Isabelle décrit la ville de son enfance comme une ville textile, semblable à la ville de Lyon, en France. Avant la tragédie, Isabelle mène une enfance privilégiée : elle est fille unique, choyée et gâtée par ses parents. Ces derniers possèdent leur propre pharmacie. Ils l’emmènent au ski ou à la mer pendant les vacances scolaires, et font venir une couturière chez eux pour s’assurer qu’Isabelle soit toujours habillée à la dernière mode. Ses parents n’étant pas de fervents pratiquants, ils décident de l’envoyer dans la seule école laïque et mixte de la ville, « Notre Ecole ». Cette école privée, très avant-gardiste, lui apprend les principes humanistes : elle y apprend la religion par l’histoire, et elle a des leçons d’éducation civique et de sexualité. Sa mère projette pour elle un bel avenir et voudrait qu’elle aille en France finir ses études. Isabelle souhaite alors devenir chercheuse-chimiste. Elle développe une passion pour la lecture, la danse et le piano. Elle fait également de la natation et prend des cours de français à la demande de sa mère : cette dernière considère qu’il n’existe aucune langue aussi belle que celle du « pays des Droits de l’Homme ».

La déclaration de guerre  :
En septembre 1939, alors qu’elle n’a que 11 ans, la guerre éclate en Pologne : l’invasion des troupes allemandes marque la fin de son enfance. Une nuit, les haut-parleurs de la ville diffusent le message suivant : « les Allemands arrivent, ils vont expédier tous les hommes valides aux travaux forcés en Allemagne ». Des familles entières se hâtent pour fuir le plus rapidement possible la ville, empruntant les petites routes pour rejoindre la frontière. C’était en fait une stratégie machiavélique des Allemands : ils bombardèrent les routes afin de vider les grandes villes. Isabelle et sa famille survivent car son père étant souffrant, la mère d’Isabelle avait décidé de rester chez eux.

Immédiatement après cette attaque, les Allemands envahissent Lodz, et des mesures antijuives sont mises en place. Aucune formalité d’enregistrement n’est nécessaire : en Pologne, tous les Juifs avaient déjà la mention « religion juive » tamponnée sur leurs papiers d’identité. Rapidement, le port de l’étoile jaune devient obligatoire : une dans le dos, ainsi qu’une sur la poitrine. Les Juifs n’ont plus le droit de traverser la rue principale de la ville, les empêchant de se promener à leur guise. À l’instar du reste de la population juive de la ville, les biens de la famille d’Isabelle sont spoliés, et peu de temps après, deux soldats Allemands viennent réquisitionner la pharmacie si chère aux yeux de ses parents.

Enfermés dans le ghetto  :
Au début du mois de septembre 1939, peu avant l’anniversaire d’Isabelle, tous les Juifs de la ville reçoivent l’ordre de quitter leur logis pour aller vivre dans un ghetto. Le ghetto de Lodz se trouvait dans le quartier le plus délabré et insalubre de la ville, le quartier de Baluty. Ainsi commencèrent cinq années de privation : Isabelle restera enfermée dans le ghetto de ses 11 ans à ses 16 ans. Chaque personne a droit à 5m² pour se loger. La mère d’Isabelle tire profit de ses relations : elle arrive à trouver une maison pour loger toute la famille et même quelques amis, 22 rue Zawisza. La maison comporte même un petit jardin.

Les Juifs du ghetto sont coupés du monde extérieur, le ghetto étant bouclé hermétiquement, entouré de barbelés et surveillé en permanence par les soldats allemands. Des jeunes ont réussi à fabriquer une radio clandestine, grâce à laquelle ils apprendront l’insurrection du ghetto de Varsovie en 1943. La faim – imposée par le maigre nombre de tickets de rationnement distribué – le froid, les coups des soldats, les maladies, le dénuement, le travail forcé dès 12 ans, tel est le quotidien de la population juive enfermée. Elle tente d’organiser un semblant de vie dans ce quartier et Chaïm Rumkowski, « le doyen des Juifs », met en place une petite école. Une bibliothèque et une petite salle de concert voient aussi le jour de façon clandestine. Isabelle peut ainsi poursuivre ses études, si importantes au regard de ses parents, et elle y apprendra l’allemand, ce qui lui servira grandement quand elle sera déportée. Malheureusement, un an plus tard, les nazis gérant le camp découvrent l’existence de l’école, et la font fermer, supprimant par la même occasion toute vie intellectuelle. Les nazis commencent à organiser des rafles régulières afin d’éliminer chaque personne se trouvant dans l’incapacité de travailler. Des milliers d’enfants, de malades et de personnes âgées seront ainsi emmenées. Toute forme d’opposition est aussitôt réprimée.

La mère d’Isabelle travaille dans un magasin d’alimentation. La famille d’Isabelle a donc l’opportunité de manger un peu mieux que bien des personnes du ghetto car sa mère a le droit de s’alimenter sur place et parfois de ramener un pot de confiture, un peu de farine, des pommes de terre… Isabelle, quant à elle, travaille dans un atelier de fabrication de chapeaux. Elle doit tisser la paille et elle est payée au mètre linéaire. Très rapidement, elle revient du travail les mains en sang et pleines de plaies : elle ne peut pas le cacher bien longtemps à sa mère. Cette dernière se charge de lui trouver un autre travail. Elle tissera des rubans, puis elle sera chargée de mettre en forme les chapeaux, et enfin, elle assurera la distribution de matériel dans un magasin de fournitures pour les ateliers.

Les maladies courent dans le ghetto et la majorité des Juifs souffrent du typhus. Isabelle attrape la diphtérie et la jaunisse, mais sa mère la guérit rapidement. Son père, usé par les privations et l’épuisement, mourra en février 1942.

La liquidation du ghetto  :
Au mois d’août 1944, le ghetto de Lodz est liquidé. La population du ghetto reçoit l’ordre de se rendre à la gare. Isabelle et sa mère tentent de se cacher. Sa mère trouve d’abord une petite cave : il y fait bien trop froid et humide, alors elles y renoncent. Elles se cachent ensuite dans des tas de charbon, situés près de leur ancienne maison. Leur dernière cachette se situe sous le plancher de la maison d’une voisine. Malheureusement, les Allemands ont appris à reconnaître le son creux des cachettes et les retrouvent rapidement. Elles sont expédiées à la gare, comme les autres habitants du ghetto. Les Juifs sont entassés de façon inhumaine dans des wagons à bestiaux à destination d’Auschwitz-Birkenau. Leur wagon comprend une soixantaine de déportés, et par chance personne n’est malade. Les déportés instaurent un système de roulement : ils s’assoient et se lèvent à tour de rôle pour pouvoir respirer un peu d’air frais par une petite ouverture à usage de fenêtre. Il est inutile de préciser que les wagons ne comportent aucune forme de commodité et qu’il ne sera donné aux déportés ni eau ni nourriture pendant ce voyage de 2 jours et 2 nuits.

Auschwitz-Birkenau et autres camps
 :
La foule immense massée sur les quais à l’arrivée d’Isabelle restera sa plus grande peur toute sa vie durant. Aucun visage ne lui est familier. Les déportés arrivent en masse et sont confrontés aux hurlements, aux insultes des soldats, aux chiens… Le rythme de marche est très lent et personne n’est autorisé à parler, sous peine de se faire frapper. D’autres déportées, habillées de robes rayées, les regardent passer : on chuchote à Isabelle que ce sont des malades mentales. Par un immense concours de circonstances, un prisonnier, sûrement un travailleur du bloc du Canada, lui souffle d’aller à gauche. Il lui dit ces mots : « Au bout du quai : à gauche, c’est la vie, à droite, c’est la mort ! ». Isabelle commence à paniquer : comment pourrait-elle prévenir tout le monde ? Elle attrape sa mère par la main, et commence à doubler la foule en chuchotant la tête baissée « allez à gauche, allez à gauche ! ». Les femmes sont séparées des hommes, et Isabelle réussit à entraîner sa mère vers la gauche.
Dès qu’elles entrent dans le camp, on leur rase le corps intégralement, on les désinfecte de force et on leur distribue un peu de linge, des robes rayées et des chaussures en toile. Isabelle et sa mère ne seront pas tatouées ce jour-là : elle ne sait pas vraiment pourquoi, mais suppose que c’est dû à un trop-plein de monde.
À Auschwitz, les conditions sont encore pires que dans le ghetto de Lodz. Elles passent leur première nuit dehors, et sont contraintes de se serrer les unes contre les autres afin de se tenir chaud. Les femmes sont réparties dès le lendemain dans des baraques. Isabelle et sa mère restent une huitaine de jours à Auschwitz-Birkenau. Elles sont transférées ensuite dans un camp de travail, à Celle, près de Hanovre. Leur nouvelle baraque se situe au milieu d’une clairière et est très sommaire : elles dorment dans des lits en bois, et la literie se limite à de la paille. La baraque ne dispose que d’un petit poêle pour se chauffer. Elles ont droit à un peu d’eau brune le matin, deux soupes par jour et éventuellement une pomme de terre. Elles sont rapidement assignées à un kommando de travail. Elles travaillent dans l’entreprise de travaux publics Hochtief. Elles doivent construire un abri, et pour cela on leur ordonne de creuser un immense trou. Un jour, Isabelle, épuisée, arrête de creuser quelques minutes. Le SS, furieux, l’oblige à se dénoncer sous peine que la punition soit générale. Elle sera fouettée.

Plus tard, elle devra porter des rails de chemin de fer. Grâce à la solidarité des détenues, elles arrivent à être en rythme et se rapprochent rapidement. Cela l’aide à supporter le rude hiver de 1944-1945. Isabelle a la chance de ne jamais être séparée de sa mère : cette dernière restera son plus grand soutien affectif.
En février 1945, Isabelle, sa mère et le reste de son kommando sont transférées au camp de Bergen-Belsen. Là-bas, il y a une pénurie d’eau et de nourriture, ainsi qu’une épidémie de typhus : le camp est infesté par les poux. Isabelle travaille à l’infirmerie, et à force de nettoyer les draps des malades, elle attrapera le typhus également. Sa mère reste à ses côtés durant toute sa maladie. Elle a 40 de fièvre et est victime d’hallucinations. Dans les rares instants où elle a l’esprit clair, elle aperçoit le visage de sa mère, penché sur elle. Un jour, elle voit que le visage et le corps de sa mère sont horriblement gonflés. Isabelle guérit du typhus, mais malheureusement, sa mère y succombe peu de temps après, en mars 1945. Isabelle ne le supporte pas : elle renonce à la vie et se laisse dépérir. Un jour, ses amies lui disent : « toi, tu peux encore te lever, vas nous chercher à manger, sauve-nous ». Isabelle se lève donc, et titube jusqu’à une place. Comme dans un rêve, elle voit une femme qui distribue de la soupe. Elle prend immédiatement une portion de soupe, et ramène le reste à ses amies.

La libération  :
Le 15 avril 1945, elle entend les haut-parleurs crier : « Vous êtes libérés, nous sommes l’armée britannique, vous êtes libres ». Ce sont les troupes britanniques qui viennent de pénétrer dans Bergen-Belsen, ce « camp mouroir ». Les soldats fondent en larmes quand ils découvrent les baraques. Isabelle ne pèse plus que 23 kilos. Un médecin opère Isabelle sans anesthésie : son corps, brisé par l’épuisement, semble ne plus faire fonctionner son système nerveux. Elle ne sentira rien. Elle est soignée par sœur Suzanne Spender.

Isabelle se reconstruit lentement en Suède. Elle y restera pendant 9 mois. En février 1946, elle quittera la Suède pour aller vivre chez son oncle à Paris. Elle apprend que lui et sa cousine sont les seuls survivants de sa famille.

Impressions d’élèves

Ce que j’ai ressenti et appris de ce témoignage :

Isabelle Choko témoigne devant les lycéens au Mémorial de la Shoah le 20 novembre 2017

Margot M.
Il m’a fallu un certain temps pour identifier totalement mes sentiments suite à la rencontre avec Isabelle Choko, ce lundi 20 novembre. Je pense qu’encore aujourd’hui, je ne suis pas complètement capable de mettre le doigt sur tout ce que j’ai ressenti pendant son témoignage. J’ai évidemment éprouvé énormément de compassion et de peine face au récit de cette grande dame qu’est Isabelle Choko. Je suis restée assez choquée et perplexe face à certains traitements dégradants qu’elle dû endurer. J’ai également ressenti de la colère et de l’incompréhension quand elle nous a raconté les souffrances que sa famille et elle, ainsi que des millions de Juifs, ont dû traverser. J’ai été admirative de voir la force et la détermination qu’elle a conservée, même après avoir été contrainte d’emprunter un chemin semé d’embûches. Madame Choko est restée humble, droite et a des valeurs qui m’ont beaucoup touchée. Ses conseils de vie m’ont particulièrement parlé, car je suis totalement en accord avec et j’essaye de les suivre au quotidien depuis toujours. Ma mère et moi avons eu l’opportunité de lui toucher quelques mots après la conférence : j’ai été bouleversée en voyant ses yeux embués après que ma mère l’ait remerciée du témoignage qu’elle venait de nous léguer. Bien que ce ne soit qu’un détail, le fait que Madame Choko utilise les mots justes et nous livre un message plein d’authenticité dans une autre langue que sa langue maternelle m’inspire encore plus de respect pour cette femme. Aussi, le fait qu’elle prenne le temps d’essayer de nous instruire sur le passé me donne envie de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour transmettre au mieux la gravité de son histoire. Je suis très reconnaissante d’avoir eu l’opportunité de la rencontrer.

Augustin
Isabelle Choko est impressionnante. Elle a vécu des événements atroces mais elle arrive quand même à témoigner. Son témoignage nous a montré que notre vie est vraiment confortable et facile et que les petits problèmes que nous avons ne sont vraiment rien à côté de ce qu’elle a vécu. Elle nous a appris qu’il ne fallait jamais se décourager et toujours garder espoir. Elle témoigne pour rappeler aux gens ce qui s’est passé et pour montrer l’atrocité de la Shoah. Elle veut aussi témoigner pour qu’une telle catastrophe ne se reproduise pas. Elle nous a souhaité de faire toujours ce que l’on voudrait faire dans la vie et de se donner les moyens pour réussir. Isabelle Choko nous a aussi dit qu’elle n’avait pas de haine contre les Allemands d’aujourd’hui car ils ne sont pas responsables de ce qu’ont fait leurs grand-parents. J’ai trouvé ce témoignage très intéressant car nous prenons conscience de ce qui s’est vraiment passé. J’étais assez ému à la fin de ce témoignage.

Clémence
J’ai été très émue par ce témoignage qui m’a beaucoup éclairée sur les questions que je me posais sur la déportation. Elle nous a souhaité de profiter pleinement de notre vie : étudier, travailler, aimer et transmettre de l’amour et de la paix autour de nous. J’ai été particulièrement touchée par une phrase : « dans la vie, il y a deux solutions : vivre ou mourir. » J’ai compris que par respect et en hommage au grand combat qu’elle a vécu, nous devions vivre pleinement chaque jour de notre existence.

Côme G.
Isabelle Choko est une femme avec une histoire incroyable, elle nous a transmis sa volonté et sa force. Elle nous a également démontré à quel point la vie pouvait être difficile et la chance que nous avons de vivre dans une Europe en paix. Elle a témoigné pour que de telles atrocités ne soient plus jamais commises et pour nous sensibiliser aux dangers du racisme. J’ai éprouvé une profonde admiration pour elle et une grande tristesse de savoir à quel point son enfance et son adolescence ont été volées. Isabelle Choko n’a gardé aucune rancœur envers les Allemands et nous a montré l’importance de savoir faire la part des choses et de ne pas incriminer les Allemands aujourd’hui car ils ne sont pas responsables du crime qu’ont commis les nazis. Elle nous a souhaité de faire un travail qui nous plaît, et plus globalement, d’être heureux dans notre vie maintenant et demain.

Margot V.
J’ai trouvé que le témoignage d’isabelle Choko était très intéressant. Le témoignage d’une personne rescapée des camps aura toujours plus de poids que n’importe quel documentaire. Le fait qu’elle soit devant moi, elle a réussi à me transmettre plus d’émotions qu’en lisant des témoignages. Elle m’a beaucoup impressionnée par son courage et sa ténacité à vouloir s’en sortir à tout prix. Cela m’a appris que rien n’est impossible. Malgré toute l’horreur qu’elle a vécue elle a choisi de vivre. Sa sincérité m’a beaucoup émue.

Côme M.
Jamais un jour je n’aurai imaginé avoir le grand privilège de rencontrer une personne aussi noble et aussi touchante. Nous lui devons une infinie reconnaissance pour son témoignage qui nous a permis de nous enrichir et d’avoir un exemple concret des atrocités perpétrées par le régime nazi et dans les camps de concentration et d’extermination. Avoir sous mes yeux une personne avec une histoire aussi bouleversante que celle d’Isabelle Choko m’a abasourdi, j’avais vraiment du mal à y croire. J’avais du mal à réaliser que j’avais devant moi une personne aussi forte psychologiquement, et cela m’a beaucoup touché. Lors de son témoignage, j’ai éprouvé une multitude de sentiments en même temps, mon cœur s’accélérait quand elle nous parlait de son vécu, notamment dans les camps de concentration, lorsqu’elle a failli mourir à cause d’un officier nazi, le gardien du camp. J’ai été très ému lorsqu’elle nous a parlé de sa « nouvelle vie », de sa reconstruction après la guerre. Cela m’a permis de comprendre qu’il est toujours possible de s’en sortir, quoi qu’il arrive, si l’on se bat suffisamment. Elle nous a communiqué un vrai message d’espoir. Chaque jour, elle s’est battue, elle a résisté et gardé espoir, au péril de sa vie, et je pense que cette hargne, ainsi que l’amour et la protection de ses parents, est en partie ce qui lui a permis d’être ici, parmi nous.
Après son témoignage nous avons pu lui poser des questions : avoir la possibilité de rencontrer une personne aussi forte, d’écouter son témoignage et de pouvoir lui poser des questions est une aubaine incroyable.

Marine V.
Isabelle Choko a décidé de témoigner pour ses petits-enfants. Elle n’en parlait pas vraiment à ses enfants, par peur de les faire souffrir, ou de souffrir elle-même, mais ses petits-fils, eux, au contraire, l’ont poussée à témoigner, ainsi qu’à écrire. Elle s’est aussi rendue compte à quel point le devoir de mémoire était important. Les valeurs qu’elle nous a transmises au cours de son témoignage sont très fortes. Il s’agit tout d’abord de l’amour : l’amour que lui portait sa mère, et l’amour qu’elle portait à sa mère les aura sauvées plus d’une fois. Il y a aussi la solidarité qui a été primordiale. Sans elle, la vie au camp aurait été beaucoup plus dure qu’elle ne l’a été. Ce témoignage nous a aussi démontré à quel point le racisme peut engendrer des catastrophes. Cela nous incite à lutter activement contre la discrimination et le racisme, afin que de telles choses ne se reproduisent plus.
Isabelle Choko nous souhaite de vivre une vie heureuse, d’exercer le métier de notre choix, et de partager beaucoup d’amour autour de nous. Cette conférence m’a fait ressentir pleins d’émotions. Quand Isabelle nous a raconté son témoignage, j’ai ressenti de l’épouvante quand je réalisais ce que les nazis avaient fait subir aux Juifs. J’ai également été impressionnée quand j’ai vu que les déportés s’entraidaient réellement entre eux : même si les conditions de vie étaient très dures, elles étaient prêtes à se soutenir, à partager le pain pour aider une camarade à survivre. J’ai trouvé cela vraiment admirable. J’ai finalement ressenti un sentiment d’apaisement quand Isabelle nous racontait la libération du camp et comment elle avait reconstruit sa vie.

Marie
L’histoire d’Isabelle Choko provoque de nombreuses émotions. J’ai ressenti beaucoup d’empathie pour cette personne. En effet, elle était adolescente lorsqu’elle a vécu la déportation et je me suis demandée comment j’aurais pu survivre si moi-même j’avais vécu cela et que l’on m’avait séparée de ma famille. Ce qu’elle nous racontait était tellement horrible qu’il était parfois difficile de se dire que la personne devant nous avait vécu ces atrocités, d’autant plus qu’elle était souriante. Elle doit faire preuve de beaucoup de courage pour raconter encore et encore sa vie alors qu’à sa place j’aurais voulu oublier. J’ai ressenti à la fois de la tristesse et de la colère car dans notre monde « civilisé » et au XXI siècle, il est difficile d’envisager que des êtres humains puissent infliger des choses pareilles à d’autres êtres humains. Il y a eu beaucoup de morts et d’atrocités pour rien. Ce témoignage invite les gens à profiter de la vie et à ne pas ruminer le passé mais plutôt d’en tirer des leçons.

Noémie F.
Si Isabelle témoigne aujourd’hui, c’est pour dénoncer les propos négationnistes qui resurgissent régulièrement. Elle souhaite également montrer les horreurs vécues au nom d’idéologies monstrueuses et inacceptables, du mépris et de la haine de l’autre. C’est aussi un devoir de mémoire pour tous ceux qui ont disparu dans des conditions inhumaines. Raconter ces actes doit servir à ce qu’ils ne se reproduisent jamais. Malgré ma connaissance de cette période et de la manière dont ont été traités les juifs par mes lectures ou des films, rencontrer une personne qui a vraiment vécu ces horreurs matérialise la réalité de ces faits. Ce témoignage m’a beaucoup marquée car Isabelle avait mon âge pendant la guerre. Sa vie a été bouleversée et elle a dû se battre pour survivre au moment où la jeunesse se veut insouciante. Isabelle a souhaité rapidement tourner la page sur son passé de déportée et sa force pour se reconstruire et avancer m’a impressionnée. J’ai été choquée des violences qu’Isabelle a subies et touchée par la tristesse de son histoire, avec autant de malheurs et de morts dans son entourage.

Titouan
Isabelle m’a appris beaucoup de chose notamment la valeur de la famille et de la solidarité (dans le ghetto de Lodz puis à Auschwitz et à Bergen-Belsen). Ça doit être très dur de témoigner après avoir vécu cela donc j’éprouve une grande reconnaissance envers elle. Moi-même je ne sais pas si après avoir survécu à ce génocide j’aurais su avoir une vie normale et témoigner. J’éprouve beaucoup de sentiments mais les sentiments qui dominent sont surtout ceux de la peine, pour elle et les autres déportés, ainsi que de la colère envers les auteurs de ces crimes.

Martial
Pour moi, Isabelle Choko est une personne forte et courageuse. Le fait qu’elle continue à témoigner pour la paix dans le monde la rend exemplaire. Je me demande, après toutes ces années, ou peut-elle encore trouver la force de raconter le passé si douloureux. Aussi, lorsqu’elle nous souhaite amour, liberté et entraide je ne peux être qu’admiratif de la façon dont elle perçoit la vie.

Ilan
Ce témoignage a provoqué beaucoup de sentiments en moi. J’ai visualisé, au fil du récit, chaque rebondissement, chaque désillusion bien que je pense être loin d’imaginer l’horreur vécue par Isabelle. J’ai été submergé par la tristesse, celle du ghetto, des camps, de la mort de ses parents… Par la peur aussi. Mais j’ai aussi été admiratif, admiratif de cette femme qui a su se reconstruire, se relever admirablement pour commencer une deuxième vie avec une force nouvelle. Nous pouvons nous demander pourquoi il est si important de témoigner sur la Shoah. Je pense que la Shoah n’a pas « vacciné » le monde et que les déportés doivent transmettre la mémoire pour que jamais on n’oublie les horreurs perpétuées lors de cette guerre. Dans le cas d’Isabelle Choko c’est avec ses petits-enfants que la parole s’est libérée et qu’elle a commencé à témoigner.

Dans son témoignage, cette admirable femme nous a appris l’importance du courage et de la détermination qui lui ont permis de survivre, l’entraide et la solidarité qui l’ont sauvée lors du rude hiver 44-45 mais surtout la capacité à se relever. En outre, elle dit ne pas en vouloir aux Allemands, car ils ne sont pas responsables des crimes de leurs pères. Elle souligne également l’importance de se rappeler bien sûr mais aussi d’aller de l’avant.
Pour finir, Isabelle nous souhaite le bonheur, l’épanouissement, la liberté, et cite finalement Confucius : « Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie ».

Ilona
A travers ce témoignage poignant, Isabelle Choko raconte les horreurs des ghettos et des camps de concentration. D’une enfance chaleureuse et paisible sa vie a basculé vers l’impensable. Elle s’attache depuis des années à honorer la mémoire de ces milliers d’hommes, de femmes et d’enfants dont les souffrances et le courage ont marqué l’histoire.
Mais surtout cette histoire prouve qu’une seconde vie est possible grâce au soutien et à l’amour.
A l’instar de Simone Veil, Marceline Loridan Ivens et tant d’autres, Isabelle Choko a réussi à faire de son passé une force qui l’a aidée à se reconstruire.
J’en retiendrai son courage, sa persévérance ainsi que sa capacité à pardonner qui m’ont profondément touchée. Elle a su réussir là où beaucoup auraient échoué. Pour moi ses témoignages restent des messages importants à communiquer au monde entier pour que jamais on ne puisse oublier. Les vœux de travail, d’amour et de liberté qu’Isabelle nous a souhaités m’inspirent un profond respect.

Gabriel
Isabelle Choko a témoigné pour nous faire partager l’horreur de ce qu’elle a vécu, même si elle n’a pu nous transmettre qu’une infime partie des souffrances qu’elle a réellement endurées. Il faut sensibiliser autant de monde que possible aux faits atroces qui ont été commis par le passé, il n’y a pas si longtemps, afin d’éviter que se reproduisent de tels crimes contre l’Humanité. Isabelle a souhaité explicitement nous transmettre des valeurs telles que l’amour, le bonheur, la joie de vivre, le goût de savoir et de partager. Elle nous a recommandé de faire ce qu’on aimerait faire plus tard. Je pense qu’il y aurait une moindre probabilité que se reproduise un crime contre l’Humanité comme la Shoah si chacun de nous respectait profondément ces valeurs ; en cela Isabelle Choko a souhaité nous protéger. Elle a dit n’avoir aucune rancune contre les Allemands d’aujourd’hui, car ce serait selon elle injuste de leur faire payer le prix des meurtres commis par leurs grands-parents et arrières grands-parents.
Je pense, à titre personnel, que les seuls qui auraient le droit de pardonner à ceux qui ont participé au génocide seraient ceux qui ont été tués ; comme ils sont justement morts, personne ne peut leur accorder le pardon. Cette idée est partagée par beaucoup d’anciens déportés, dont Henri Borlant dans son témoignage (Merci d’avoir survécu) : « De toute façon, seules les victimes, les hommes qu’ils ont tués, seraient habilitées à pardonner. Elles ne peuvent plus le faire. Il ne faut ni pardon, ni oubli ; les sociétés n’ont pas besoin de pardon, elles ont besoin de justice, et de protection. »

Le récit d’Isabelle Choko m’a passionné, j’avais l’impression de vivre ce qu’elle racontait ; j’étais triste quand elle était triste, j’avais peur quand elle avait peur. J’en conclus que les déportés étaient des enfants, des adolescents, des adultes comme nous. En écoutant un tel récit, on s’identifie aux personnes qui l’ont vécu.

- Cette rencontre a été précédée par des lectures.

« Là-bas, dans les plaines allemandes et polonaises, s’étendent désormais des espaces dénudés sur lesquels règnent le silence ; c’est le poids effrayant du vide que l’oubli n’a pas le droit de combler, et que la mémoire des vivants habitera toujours »

Simone Veil

- Ce témoignage a été suivi d’un voyage d’études à Auschwitz-Birkenau et d’un travail sur le racisme, avec visite de l’Exposition au Musée de l’Homme « Nous et les autres, des préjugés au racisme ».

Les élèves de seconde du lycée Notre-Dame-des-Missions (Charenton-le Pont) et leur professeure, Laurence Krongelb.

En hommage à Iza 1928-2023

Isabelle Choko, ghetto de Lodz, Auschwitz, Bergen-Belsen
Cérémonie en hommage à Isabelle Choko