
16 juin 1944
Marc Bloch, résistant, fusillé dans le champ des Roussilles, sur la commune de Saint-Didier-de-Formans.
Marc Bloch, fusillé, par Lucien Febvre, Annales, Année 1944
https://www.persee.fr/doc/ahess_1243-2571_1944_num_6_1_3122
Trente résistants détenus dans la prison de Montluc de Lyon, « ouvrier, artisan, militaire, mineur, avocat, fonctionnaire, professeur, universitaire » sont fusillés aux Roussilles, 16 juin 1944. Deux d’entre eux survécurent et ont raconté.
https://fusilles-40-44.maitron.fr/spip.php?article179387
Monument aux martyrs de la Résistance à Saint-Didier-de-Formans, près de Lyon :
https://mairie-stdidierdeformans.fr/fr/rb/601564/monument-de-roussille
Marc Bloch,
« Dilexit veritatem », « il aimait la vérité ».
fondateur en 1929 avec Lucien Febvre de la revue Annales d’histoire économique et sociale, est un historien qui aurait pu fuir la barbarie nazie en s’exilant aux États-Unis, mais il a pris la décision de ne pas éviter le combat, de le poursuivre dans la résistance. « En 1939, Bloch est mobilisé et s’ensuit une odyssée militaire de deux ans.Il était en contact avec la résistance à Clermont -Ferrand, puis à Montpellier. Démocrate convaincu, Bloch rejoint la Résistance française en 1943, avec les noms de guerre « Blanchard » son faux nom, « Chevreuse » ou « Narbonne » dans la vie clandestine, dans le mouvement « Franc-Tireur », à Lyon. » Il est arrêté place du Pont, à Lyon le 8 mars 1944 par la Gestapo, interné à la prison Montluc et « torturé pendant des jours, soumis à des coups et à des bains glacés, mais il n’a jamais donné aucune information ». Le 16 juin 1944, on le fait monter dans un camion avec d’autres détenus.
Marc Bloch (1886-1944), un choix de liens [1] :
http://clioweb.canalblog.com/tag/marcbloch
Pas de récupération, demande Marc Bloch :
« Étranger à tout formalisme confessionnel comme à toute solidarité prétendument raciale, je me suis senti, durant ma vie entière, avant tout et très simplement français. »
« Attaché à ma patrie par une tradition familiale déjà longue, nourri de son héritage spirituel et de son histoire, incapable, en vérité, d’en concevoir une autre où je puisse respirer à l’aise, je l’ai beaucoup aimée et servie de toutes mes forces. »
Clermont-Ferrand, le 18 mars 1941 (L’étrange défaite, Folio, 1990, p. 212)
“Je suis Juif, sinon par la religion, que je ne pratique point, non plus que nulle autre, du moins par la naissance. Je n’en tire ni orgueil ni honte, étant, je l’espère, assez bon historien pour n’ignorer point que les prédispositions raciales sont un mythe et la notion même de race pure une absurdité particulièrement flagrante, lorsqu’elle prétend s’appliquer, comme ici, à ce qui fut, en réalité, un groupe de croyants, recrutés, jadis, dans tout le monde méditerranéen, turco-khazar et slave. Je ne revendique jamais mon origine que dans un cas : en face d’un antisémite”.
L’étrange défaite
« Il est un de ces tableaux auquel je sens bien que je ne m’habituerai jamais : celui de la terreur sur des visages d’enfants fuyant la chute des bombes, dans un village survolé. Cette vision-là, je prie le ciel de ne jamais me la remettre sous les yeux, dans la réalité, et le moins souvent possible dans mes rêves. Il est atroce que les guerres puissent ne pas épargner l’enfance, non seulement parce qu’elle est l’avenir mais surtout parce que sa tendre faiblesse et son irresponsabilité adressent à notre protection un si confiant appel. » Marc Bloch, L’étrange défaite.
« Jusqu’au bout, notre guerre aura été une guerre de vieilles gens ou de forts en thèmes, engoncés dans les erreurs d’une histoire comprise à rebours : une guerre toute pénétrée par l’odeur de moisi qu’exhalent l’École, le bureau d’état-major du temps de paix ou la caserne. Le monde appartient à ceux qui aiment le neuf. C’est pourquoi, l’ayant rencontré devant lui, ce neuf, et incapable d’y parer, notre commandement n’a pas seulement subi la défaite ; pareil à ces boxeurs, alourdis par la graisse, que déconcerte le premier coup imprévu, il l’a acceptée. » (L’étrange défaite, Folio, 1990, p. 158)
https://blogthucydide.wordpress.com/2012/04/25/letrange-defaite-de-marc-bloch/
Le Front populaire, « des enthousiasmes collectifs », un « élan des masses vers l’espoir d’un monde plus juste ». Patrick Boucheron
https://entre-temps.net/dans-le-front-populaire-le-vrai-celui-des-foules/
Association Marc Bloch
Cf. Daniel Letouzey, ce qui a été mis en ligne depuis 2004 :
https://web.archive.org/web/20181205060555/http://clioweb.canalblog.com/tag/assoMarcBloch
Sur la réforme de l’enseignement
Marc Bloch rêvait d’une vaste réforme de l’enseignement.
Marc Bloch, critique les insuffisances de la formation donnée aux jeunes, il appelle à une réforme de l’enseignement. « Un enseignement secondaire très largement ouvert. Son rôle est de former des élites, sans acception d’origine ou de fortune...
un test d’intelligence plutôt qu’une épreuve de connaissances... ou de perroquetage...
Nous demandons une très souple liberté d’option dans les matières d’enseignement...
Nous voudrions que, surtout jusqu’à quatorze ou quinze ans, une place fût faite aux disciplines d’observation, parmi lesquelles la botanique, pratiquée sur le terrain, semble appelée à tenir un rôle prééminent. ». (L’étrange défaite, Folio, 1990, p. 268)
cf. Les Cahiers politiques, n° 3, juillet 1943.
Liens par sources et par thèmes :
http://clioweb.free.fr/debats/marcbloch-enst-1943-prisme.pdf
Peter Schöttler (éd.), Marc Bloch. Historiker und Widerstandskämpfer (Marc Bloch - historien et résistant), Éditions Campus, 1999.
(Etienne Bloch, Peter Schöttler, Bertrand Müller, Ludolf Kuchenbuch, Otto Gerhard Oexle, Michael Borgolte et Ulrich Raulff)
« L’œuvre de Marc Bloch dévoyée » par Suzette Bloch, journaliste, petite-fille de Marc Bloch. Le 12 novembre 2012 :
https://www.citoyens-resistants.fr/spip.php?article258
Marc Bloch au Panthéon, les conditions de la famille :
« Monsieur le Président de la République,
Monsieur Bruno Roger-Petit,
La famille de Marc Bloch se réjouit de votre intérêt pour sa vie et son œuvre. La Panthéonisation, comme acte de reconnaissance de la France de l’apport intellectuel et de l’héroïsme de Marc Bloch, est pour nous un grand honneur.
Fidèle à une tradition familiale de grande vigilance et exigence sur l’usage de la mémoire de notre aïeul, il nous apparaît nécessaire de vous exposer nos souhaits sur le processus de Panthéonisation.
La vie de Marc Bloch, exemplaire, a été l’objet de nombreuses récupérations politiques auxquelles nous nous sommes toujours opposés. La Panthéonisation est l’occasion de mettre fin à cette évidente incompréhension ou méconnaissance, et de faire diffuser au plus grand nombre sa pensée et son courage. Nos demandes sont les suivantes :
– Nous souhaitons que Marc Bloch entre au Panthéon avec sa femme, Simone Bloch, née Vidal. Leurs corps devront toutefois rester au cimetière du Bourg d’Hem, en Creuse. La famille envisage un cénotaphe, avec des objets symboliques (décorations militaires, ouvrages, testament…).
– La vie de Marc Bloch s’est structurée autour d’une œuvre d’historien, aujourd’hui mondialement célèbre. Une place égale doit être faite à l’historien et au professeur, au résistant et au combattant. L’association avec l’Université et l’Education nationale doit être la colonne vertébrale du projet de Panthéonisation. L’intégration de la jeunesse nous semble essentielle.
– Nous rappelons également que l’œuvre de ce patriote convaincu est profondément anti-nationaliste, construite contre le roman national et la réduction de l’histoire française aux frontières nationales. Cet engagement se concrétisa jusque dans la mort. En ce sens, il nous paraît essentiel que l’extrême droite, dans toutes ses formes, soit exclue de toute participation à la cérémonie.
– La famille tient à ce que l’hommage soit purement civil, comme Marc Bloch le demandait dans son testament. En ce sens, aucune récupération ou présence religieuse et communautaire ne nous semble acceptable. Marc Bloch, athée, n’avait foi qu’en une seule idée, la République.
– Nous souhaitons que la famille soit pleinement associée au processus de Panthéonisation, ainsi que des historiens dont nous connaissons l’expertise sur Marc Bloch.
En nous réjouissant de cet honneur fait à Marc Bloch, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de nos sentiments respectueux. »
Suzette Bloch et Matis Bloch, les mandataires des ayants-droits. Source, Médiapart
NM
[1] le tag marcbloch, c’est le suivi des liens trouvés dans la durée. D.L.