Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Le père Jacques, 1900-1945, carme à Avon

de Barentin au camp de déportation de Mauthausen...
dimanche 20 octobre 2013

Le père Jacques (Lucien Bunel, 1900-1945), le 15 janvier 1944, est arrêté par la Gestapo au couvent d’Avon, avec les 3 enfants juifs qu’il cachait dans le petit collège. " Au revoir les enfants".
Aux trois Justes d’Avon : la vidéo du spectacle des enfants de la classe de CE2 de l’École Paul Mathery à Avon

Le 15 janvier 1944 la Gestapo arrête trois enfants juifs Jacques Halpern (17ans),
Maurice Schlosser (15 ans), Hans Helmut Michel (13 ans) cachés au petit collège des carmes à Avon ainsi que le directeur, le Père Jacques et le secrétaire de mairie Paul Mathéry. Le maire Rémy Dumoncel a été arrêté peu après. Tous ont été déportés et sont morts en déportation.
Louis Malle, élève de ce collège, raconte l’arrestation dont il a été témoin, en 1987, dans son film "Au revoir les enfants."

Le père Jacques, professeur au collège Saint Joseph du Havre, entré chez les carmes en 1931 est le fondateur et le directeur du petit collège d’Avon en 1934. Le 15 janvier 1944, trois enfants juifs, accueillis au Collège, sont arrêtés par la Gestapo avec le Père Jacques.
Après la prison de Fontainebleau et le camp de Royallieu à Compiègne, il fut déporté d’abord dans un petit camp de transit à Neue Breme, près de Sarrebruck, puis en Autriche à Mauthausen- à l’usine Steyr à Gusen, retour à Mauthausen en avril 1945. Il meurt, peu après la libération du camp le 5 mai, par les Américains, à Linz le 2 juin 1945.
Lucien Bunel, le Père Jacques, carme, Résistant, Juste parmi les Nations, une biographie par Maryvonne Braunschweig :

Mémorial du Père Jacques

Mardi 2 juin 2020 est prévue l’inauguration du Mémorial Père Jacques (résistant, déporté, Juste) dans la cour de l’ancien collège des Carmes à Avon, projet porté par les Carmes encore présents en ce lieu (alors que le collège religieux, lui, a disparu). Programme : messe en fin de matinée, pique-nique, puis à 14h30 film documentaire d’Armand Isnard (en cours de réalisation actuellement) sur le Père Jacques ; 15h30 : inauguration officielle ; 16h30 concert « Notes Solidaires », vin d’honneur.
À 20h30, dans la salle des fêtes municipale (Maison dans la Vallée), représentation d’Une petite fille privilégiée (mise en scène Philippe Hottier, jouée par Magali Hélias) tirée du témoignage deFrancine Christophe, spectacle proposé par la municipalité d’Avon et l’AFMD-77.
inauguration du Mémorial

Intervention de Maryvonne Braunschweig

Janvier 1944 : La Guerre, depuis plus d’un an, a changé de cours et les Allemands reculent au Sud et à l’Est de l’Europe. Au Sud…, les Alliés ont débarqué en Afrique du Nord, en Sicile, dans le sud de la botte italienne ; la Corse a été libérée. À l’Est…, les Russes ont reconquis la plus grande partie de leur territoire. Les Allemands s’attendent à un débarquement anglo-américain à l’Ouest, et le redoutent. Les problèmes militaires devraient donc être prioritaires pour les Allemands.
Et pourtant…, pour Himmler, Eichmann et les dignitaires nazis, la nécessité d’achever la destruction des Juifs d’Europe demeure la priorité. C’est pour cela qu’Alois Brunner, envoyé à Paris par Eichmann depuis quelques mois afin d’intensifier la chasse aux Juifs, les recherche par tous les moyens et dans les moindres recoins du territoire.
Et voilà Avon…, le 15 janvier 1944, il y a 70 ans. Des soldats allemands investissent le petit-Collège des carmes. Ils arrêtent trois enfants juifs qui y étaient cachés, ainsi que le directeur, le Père Jacques. Louis Malle, élève de ce collège est témoin de cet événement qui devait le marquer profondément et lui inspirer 43 ans plus tard le film Au revoir les enfants.
Les trois adolescents juifs s’appellent Hans-Helmut Michel, 13 ans, Maurice Schlosser, 15 ans, et Jacques Halpern, 17 ans. Ils sont arrivés à Avon en mars 1943, après de nombreuses épreuves, pourchassés depuis des mois, voire des années.
La mère de Hans-Helmut Michel a été arrêtée par la police française lors de la rafle du Vél d’Hiv du 16 juillet 1942, puis déportée ; en décembre le beau-père est arrêté chez eux, par des collaborationnistes français, arrestation durant laquelle Hans-Helmut et sa sœur réussissent à s’enfuir par la porte de service. Ils se réfugient chez une amie qui prend contact avec le Père Devaux de la congrégation de Notre-Dame-de-Sion.
La mère de Maurice Schlosser a été arrêtée fin 1942, sans doute dans la rue, puis déportée ; ses grands-parents arrêtés à la même époque en Belgique ont été déportés ; seul son père aura la vie sauve grâce au Père Jacques qui, juste avant son arrestation, lui trouve un refuge comme ouvrier agricole dans la ferme familiale d’un de ses élèves originaire de la Côte d’Or. Pour l’histoire personnelle de Maurice Schlosser, on n’en sait guère plus.
Jacques Halpern, à la veille de la rafle du Vél d’Hiv devient pensionnaire à l’ORT, une école professionnelle juive de la rue des Rosiers où les enfants sont en principe à l’abri d’une arrestation, ce qui ne va pas durer ; il est apprenti chapelier, le métier de son père. Ses parents ont-ils eu vent de la rafle en préparation et voulu lui trouver un refuge ? On ne sait. Avec leur 2nd fils, Claude, qui n’a pas encore 12 ans, ils sont arrêtés lors de la rafle du Vél d’Hiv, internés à Beaune-la-Rolande ; les parents sont déportés début août ; le jeune Claude, laissé seul trois semaines sans parents, comme 3000 autres enfants de 2 à 12 ans, est transféré à Drancy, et déporté fin août 1942. Jacques reste à l’école de l’ORT du 7 juillet 1942 au 5 mars 1943, date à laquelle la direction de l’école le fait partir discrètement, après plusieurs arrestations d’adolescents dans ses locaux. Des responsables de l’école, nous le savons aujourd’hui, sont en contact avec la congrégation de Notre-Dame-de-Sion.
Début mars 1943, le Père Jacques ramène de Paris ces trois enfants que lui confient les sœurs de Notre-Dame-de-Sion ou le Père Devaux. Arrivés à Avon, une nouvelle identité leur est donnée grâce au concours du maire, Rémy Dumoncel, du secrétaire de mairie, Paul Mathéry, du responsable du ravitaillement, Lucien Canus, à une époque où les cartes de ravitaillement individuelles sont indispensables.
Ils deviennent respectivement Jean Bonnet, Maurice Sabatier, Jacques Dupré.

Ce même 15 janvier 1944 : vers midi-midi et demi, rue de France à Fontainebleau, Lucien Weil, professeur de sciences naturelles au lycée de Fontainebleau, chassé de l’Éducation nationale par le gouvernement de Vichy parce que juif, est arrêté chez lui avec sa famille, sa mère, Irma, et sa sœur, Fernande. Sans emploi, il venait ici donner quelques cours à la demande du Père Jacques ; tous les élèves de l’époque ont témoigné de sa présence, avec son étoile jaune.
Après trois jours au siège de la Gestapo à Melun, la famille Weil et les trois enfants juifs sont transférés par des gendarmes français au camp de Drancy, puis déportés à Auschwitz le 3 février 1944, dans un wagon à bestiaux, pour être assassinés à l’arrivée, le 6 février, dans une chambre à gaz. Leur « crime » ? Être nés juifs.

À travers leur histoire s’incarne le génocide de six millions de Juifs.
Ce même jour du 15 janvier, deux frères Bas, Maurice et Simon, sont présents en 1943, Maurice Bas, autre jeune juif de 19 ans, employé dans ce collège sous une fausse identité, réussit à se cacher puis à s’échapper par le jardin. Son fils Xavier, né plus tard après la guerre, est ici la preuve vivante de la survie de son père.

Le 15 janvier 1944 : le secrétaire de mairie d’Avon, Paul Mathéry et le Père Jacques, directeur du collège des carmes, sont également arrêtés, incarcérés à la prison de Fontainebleau puis, début mars, transférés dans le camp d’internement de Compiègne, enfin déportés dans le camp de Mauthausen d’où ils ne sont pas revenus. Ils étaient membres d’un réseau de résistance, le réseau Vélites-Thermopyles, comme aussi Lucien Weil ; ils ont par ailleurs aidé des Juifs pourchassés. Pour cela, ils ont été reconnus Justes des Nations. En février et en mai 1944, d’autres arrestations allaient suivre dans la municipalité d’Avon [1] dont celle du maire, Rémy Dumoncel [2], lui aussi reconnu Juste des Nations. Leur « crime » ? Avoir résisté à la barbarie, être restés des hommes.

Le 15 janvier 2014 est une journée d’histoire et de mémoire pour les Avonnais. L’association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation a souhaité qu’une commémoration ait lieu pour le 70e anniversaire de cet événement, emblématique à la fois de l’inhumanité absolue de l’idéologie nazie, raciste et antisémite, et de l’humanité absolue de personnes qui risquèrent leur vie pour tenter d’en sauver d’autres. L’émotion qui peut nous étreindre en étant présents ici en ce jour ne serait qu’une réaction éphémère si on en restait là, mais elle peut favoriser la volonté d’en savoir plus et devenir féconde, en conduisant à la réflexion. Il existe des faits dont on peut tirer des enseignements. Et cet événement est exemplaire : on y côtoie le pire et le plus admirable dans les comportements humains, et chacun d’entre nous est libre de choisir entre ce qui est juste et ce qui est ignoble.
Le génocide des juifs, appelé aussi Shoah, aboutissement d’une idéologie qui avait décidé qui avait ou non le droit de vivre, et avait mis au point toute une organisation perfectionnée pour y parvenir, n’est pas une question qui concerne seulement les juifs, mais l’humanité toute entière. Avoir fait le choix de s’y opposer, au risque de sa propre vie est une leçon qui redonne confiance dans la nature humaine.

Maryvonne Braunschweig, Intervention au couvent des carmes pour le 70e anniversaire des arrestations du 15 janvier 1944

Fête des Justes à Avon

70 ans après, Avon se souvient et célèbre les trois Justes d’Avon, Paul Mathéry, Rémy Dumoncel, le Père Jacques, sous le nom de "Fête des Justes" à Avon entre le 17 avril et le 2 juin 2015.

Paul Mathéry, Rémy Dumoncel, le Père Jacques

Voici le lien pour avoir le programme détaillé :
http://www.avon77.com/spip.php?article3296

- Le 17 avril dernier, l’école d’Avon centre a été dénommée "école Paul Mathéry" du nom du secrétaire de mairie arrêté le 15 janvier 1944, déporté à Mauthausen et décédé au camp annexe de Melk en août 1944. Il avait fait les faux papiers des enfants juifs cachés au collège des carmes d’Avon. Il a été reconnu Juste parmi les nations en 2003.

Les protagonistes : "les enfants juifs", "le père Jacques", Le clap de "Louis Malle"

La classe de CE2 (8-9 ans) a été remarquable. Les 30 élèves de la classe ont joué l’histoire qui s’est déroulée à Avon.
"L’histoire des trois Justes d’Avon, Rémy Dumoncel, le Père Jacques de Jesus et Paul Mathéry, racontée par les enfants de la classe de Marie-Christine Hagopian de l’école élémentaire Paul Mathéry à Avon." : "Ils ont sauvé des étoiles à Avon" :
http://youtu.be/25Ni9dDkpg0

Ils ont sauvé des étoiles à Avon ! film des élèves de CE2 à Avon

Marie-Thérèse Natta, fille de Paul Mathéry

Marie-Thérèse Natta, fille de Paul Mathéry, vendredi 17 avril, jour de l’inauguration du nom de l’école, avec l’affiche qui est partout dans la ville et la plaque qui sera apposée sur le mur de l’école.

- Vendredi 8 mai 2015 :
11h30 : cérémonie au monument aux morts d’Avon
12h15 : lever des couleurs et lecture de l’ordre du jour n° 9 du Général de Lattre de Tassigny devant le Manoir de Bel Ebat
12h30 : inauguration de l’exposition "De l’ombre à la lumière" au manoir de Bel Ebat (Entrée libre), Exposition ouverte jusqu’au 2 juin les week-ends (samedi et dimanche après-midi de 14 à 18h), en semaine sur rendez-vous pour les groupes et les scolaires.

sur le site de la ville d’Avon :
http://www.avon77.com/
- Le 26 mai sera diffusé le film Au revoir les enfants à la Maison dans la Vallée à Avon suivi d’un débat.
Le week-end des 29, 30 et 31 mai 2015, les carmes organisent un colloque à la mémoire du Père Jacques

- Week-end à la mémoire du Père Jacques, les 29, 30 et 31 mai 2015
* Colloque "Père Jacques" chez les carmes (vendredi soir 29, samedi 30 et dimanche 31 mai jusqu’à 16h),
s’inscrire auprès d’eux ; pour le programme détaillé et le bulletin d’inscription : lien : http://jacquesdejesus.com/?p=1427
* Samedi 30 mai 20 h 30. Concert à l’Église St-Pierre d’Avon (entrée libre)
avec la chorale Saint-Louis, l’Ensemble instrumental NoteSolidaires et l’Ensemble vocal de Milly-la-Forêt ;
programme multi-culturel, et multi-confessionnel.
*Dimanche 31 mai 18 h 30. Théâtre à la Maison dans la Vallée (entrée libre)
Spectacle théâtral et chorégraphique "Continuez sans nous" par la Compagnie EPHATA
http://www.carmes-paris.org/wp-content/uploads/2015/04/PJ70-Programme-verso.pdf

- Le 2 juin 2015 jour du 70e anniversaire de la mort du Père Jacques, quelques jours après avoir été libéré au camp de Mauthausen (Autriche), une commémoration aura lieu. La journée se terminera par la dénomination d’une "Rue des Justes".

Mauthausen 5 mai 1945 : http://clioweb.canalblog.com/archives/2015/05/04/31999855.html

le site de la ville d’Avon :http://www.avon77.com/spip.php?article3296
le site des carmes  : http://jacquesdejesus.com/?p=1427

70ème anniversaire de l’arrestation du Père Jacques

70ème anniversaire de l’arrestation du Père Jacques, 15 janvier 1944 - 15 janvier 2014, ainsi que celui des 3 enfants juifs cachés, du secrétaire de mairie d’Avon, Paul Mathéry, de Lucien Weil et de sa famille.
L’AFMD-77 se souvient et commémore avec les carmes d’Avon, le mercredi 15 janvier 2014 à partir de 11h30, Couvent des carmes – 1 rue Père Jacques – 77210 Avon
Contact : 01.60.72.28.45 ou perejacques@carmes-paris.org
Programme :
http://www.carmes-paris.org/15janvier2014/
Le CR de la journée du 15 janvier 2014 à Avon Lettre du Comité Père Jacques, N°32 - 2014,
Des photos de la cérémonie

Les trois enfants juifs

Jacques Halpern (17ans) caché sous le nom de Jacques Dupré
Maurice Schlosser (15 ans) caché sous le nom de Maurice Sabatier
Hans Helmut Michel (13 ans) caché sous le nom de Jean Bonnet
Ils sont déportés par le convoi 67.
Un autre jeune juif, également caché au collège, employé comme aide à la cantine, réussit à s’enfuir, il se nommait Maurice Bas (caché sous le nom de Maurice Lefèvre)
Film : Les enfants du Père Jacques, vidéo disponible au Couvent d’Avon - 1 rue du Père Jacques - 77210 Avon)

Au revoir les enfants
PAE au Collège d’Avon autour du film de Louis Malle, Au revoir les enfants
Enquête pluridisciplinaire autour d’un film, Au revoir les enfants de Louis Malle et du procès Barbie, 1988-1989.

Les enfants d’Avon

BRAUNSCHWEIG Maryvonne et GIDEL Bernard (dir.), Les déportés d’Avon. Enquête autour du film de Louis Malle, "Au revoir les enfants" , Paris, La Découverte, 1989 (1ère éd. Foyer des élèves du Collège d’Avon, 1988), 174 p.

Des poèmes :
http://www.cercleshoah.org/spip.php?article482

Le film
Au revoir les enfants, film de Louis Malle, 1987, 103 min.
Louis Malle se souvient du Collège d’Avon. Julien est fasciné par Jean, son nouveau voisin de dortoir qui semble cacher un secret...
Le film "Au revoir les enfants" vient de ressortir fin septembre, une nouvelle version DVD (Gaumont), avec un suppléments d’une demi-heure durant laquelle Maryvonne Braunschweig intervient aux côtés de François Berléand, Candice Bergen (épouse de Louis Malle), Jean-Claude Carrière co-scénariste, François Négret (acteur jouant le rôle de Joseph, le garçon de cuisine) et plusieurs techniciens.


  • Les Victimes de la déportation de la mairie d’Avon :
    DUMONCEL Rémy, Maire d’Avon 1934 - 1945
    CHALUT-NATAL Étienne, Adjoint
    ROUX Aristide, Adjoint
    MATHÉRY Paul, Secrétaire Général
    COMT GUÉNEAU Léon René, Secrétaire Adjoint
    CANUS Lucien, Chef de Service
    ZIEGLER Charles, Interprète
    Brassard de Charles Ziegler, interprète.(arch. municipales Avon)

Photos Maryvonne Braunschweig

Janvier 2014- 2015 actualisé mars 2020

[1Rémy Dumoncel, Aristide Roux, Etienne Chalut-Natal et Charles Ziegler, interprète, qui, de la prison de Fontainebleau, sont transférés à Compiègne, puis déportés. Ils ne sont pas revenus des camps.

[2En 14-18 il fut 5 fois blessé. Il mourra à Neuengamme.


Documents joints

Le père Jacques, biographie

5 juin 2017
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