Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Olga Bancic (1912-1944)

FTP-MOI du groupe Manouchian, condamnée à mort
dimanche 18 février 2024

« elle participa à une centaine d’attaques contre l’armée allemande menées par le groupe Manouchian. » Arsène Tchakarian

Olga Bancic, une jeune résistante FTP-MOI (Franc-tireur partisan-Main d’œuvre immigrée) engagée dans la lutte armée.

Olga (Golda) Bancic

Olga Bancic dite Pierrette
source Wiki-Roumanie

Olga Bancic, une jeune résistante FTP-MOI engagée dans la lutte armée.

Olga (ou Golda) Bancic est une jeune juive récemment immigrée à Paris, née en mai 1912, à Chișinău en Bessarabie, région de l’empire russe, devenue roumaine, à la suite de la guerre de 1914-1918. Sa famille, nombreuse, était pauvre et son père, petit fonctionnaire, victime de persécutions antisémites. Elle-même, jeune ouvrière matelassière, militante communiste, fut emprisonnée à la suite d’une grève.

Arrivée en France, elle épouse un ancien des Brigades internationales, Alexandre Jar (Jacob Salomon) et devient mère d’une petite fille, Dolorès, née en 1939, à laquelle elle écrira une très belle lettre d’adieu, avant son exécution. Ce couple de résistants clandestins a plusieurs adresses dans Paris, à usage de planques (dans le 14e au 114 rue du Château, dans le 11e 14 rue de la Folie Méricourt, 60 rue St Sabin (quartier St Ambroise) et une chambre, louée au nom de Marie Lebon, dans le 8e, rue Andrieux, entrepôt d’armes. Elle est engagée dans les FTP-MOI, mouvement de résistance armée du Parti communiste, créé en mai-juin 1942, à la suite de l’Organisation spéciale-MOI regroupant par langue (le yiddish pour les juifs émigrés d’Europe centrale et orientale) et nationalité, des étrangers volontaires.

Présentée par Marcel Rajman (jeune résistant du 2e détachement dit juif (polonais) puis de l’équipe spéciale) à Boris Holban puis à Missak Manouchian, dirigeants militaires des FTP-MOI de la région parisienne, elle a la responsabilité du transport d’armes et d’explosifs qu’elle apporte aux tirailleurs et qu’elle récupère, participant à de multiples sabotages et attentats, entre mars et octobre 1943, faisant preuve d’un sang froid et d’un courage hors du commun, par exemple dans la maîtrise des suites de l’exécution de Julius Ritter, colonel SS, représentant Fritz Sauckel, en charge de la déportation de main d’œuvre pour le travail forcé (STO), le 28 septembre 1943, rue Pétrarque (16e). Elle est prise dans la série d’arrestations de novembre 1943, suite à une trahison, celle de Joseph Dawidowicz, et interpellée par la BS2 (Préfecture de police de Paris), le 16, en même temps que Marcel Rajman. Elle est torturée puis jugée et condamnée à mort, par le tribunal militaire allemand dépendant du commandant du Grand Paris, siégeant à l’hôtel Continental, à Paris, le 17 février 1944.

Elle est la seule femme du groupe des 23 condamnés à mort à ne pas être immédiatement fusillée, le 21 février 1944, au Mont Valérien ; de même elle ne fait pas partie des 10 résistants représentés sur l’Affiche rouge, support de propagande éditée à 15 000 exemplaires, par les autorités militaires allemandes, assimilant des résistants étrangers, majoritairement d’origine juive et polonaise, à une « armée du crime ». Les nazis recherchent alors, selon les mots du poète Aragon, à produire « un effet de peur sur les passants ». En inversant la charge de la preuve : ce sont eux, les officiers supérieurs de l’armée d’occupation militaire, menacée de défaite par l’évolution de la guerre, qui tentent de terroriser toute volonté de résistance, en la qualifiant comme étant dominée par des judéo-bolchevicks, en fait leur ennemi principal.

Pour autant cette jeune femme, combattante infatigable, héroïque par son abnégation, n’est pas épargnée : elle est transférée en Allemagne à la prison de Stuttgart, de nouveau jugée et condamnée à mort, guillotinée le 10 mai 1944. Elle vient d’avoir 32 ans.

Dans la lettre à sa fille datée de la veille de son exécution, elle écrit : « Je meurs avec la conscience tranquille et avec toute la conviction que demain tu auras une vie et un avenir plus heureux que ta mère. ».
Elle est reconnue « Morte pour la France » en 2011.

MP Hervieu -Mars 2018- février 2024.

- Arsène TCHAKARIAN et Hélène KOSSEIAN, Les commandos de l’affiche rouge, éditions du Rocher, 2013 ; en poche : Litos-histoire, 2024.
- Dimitri MANESSIS et Jean VIGREUX, Avec tous tes frères étrangers-de la MOE aux FTP-MOI, Libertalia, 2024.
- Annette WIEVIORKA, Anatomie de l’Affiche rouge, Seuil, Libelle, 2024.

Affiche Rouge

Les vingt et trois : Missak Manouchian, Joseph Boczov, Marcel Rayman, Celestino Alfonso, Georges Cloarec, Roger Rouxe, Robert Witchitz, Rino Della Negra, Spartaco Fontano, Césare Luccarini, Antoine Salvadori, Amédéo Usséglio, Thomas Elek, Emeric Glasz, Maurice Fingercwajg, Jonas Geduldig, Léon Goldberg, Szlama Grzywacz, Stanislas Kubacki, Willy Szapiro, Wolf Wajsbrot, Arpen Lavitian. Olga Bancic est rejugée à Stuttgart et guillotinée le 10 mai 1944.
Affiche rouge

L’affiche rouge, Missak Manouchian

Olga Bancic, résistante, guillotinée à Stuttgart