WOOG Armand

Convoi 76

lundi 19 décembre 2022

WOOG Armand, 69 ans

Armand Woog est né le 1er novembre 1873 à Paris, dans le 6ème arrondissement. Il était fils de Louis Woog et d’Adèle Leval. Il s’était marié avec Mathilde May à Montpellier le 8 février 1915. Il était représentant de commerce ("voyageur", est-il noté sur sa fiche de Drancy). Il était Français d’origine.

Ils ont eu deux filles, Adèle, née le 13 janvier 1916 à Boulogne-Billancourt, et Suzanne. Leur dernier domicile connu était au 19 rue Jean Roques à Marseille, où ils s’étaient probablement réfugiés dans un premier temps.

Dans un deuxième temps, Armand Woog a quitté Marseille, peut-être seul, puisque sa famille n’a pas été arrêtée, et s’est réfugié à Buis-les-Baronnies. Il est en pension chez Monsieur André, hôtelier à Buis. Le rapport de gendarmerie dit qu’il est arrêté au lieu-dit "Les Tilleuls", à proximité du village.

Ce jour-là, vers midi, une dizaine de policiers en civil accompagnés d’autant de soldats allemands transportés dans un camion effectuent une opération de police à Buis-les-Baronnies. Ils cernent tous les hôtels de la localité et y contrôlent tous leurs occupants. Ils effectuent quatorze arrestations de personnes « de race juive », dit le rapport de police. Incarcérées dans un premier temps à la prison Sainte-Anne d’Avignon, elles sont ensuite internées au camp de Drancy le 13 juin 1944 ainsi que 227 Juifs arrêtés dans cette la région autour de Marseille.

La fiche du carnet de fouille d’Armand Woog dit qu’il remet au chef de la police du camp la somme de 566 francs, ainsi qu’une chaîne et une montre en or puisque chaque interné devait remettre argent et objets de valeur à son arrivée au camp. Son numéro matricule est le 23911.Le 30 juin, il est conduit à la gare de Bobigny avec 1153 internés destinés à être déportés vers le centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau. C’est le 76ème convoi de déportés juifs parti de Drancy.

Le voyage qui dure quatre jours, par une chaleur torride, est particulièrement épuisant pour ces familles entassées dans des wagons à bestiaux plombés. Le 4 juillet, le convoi entre à l’intérieur du camp de Birkenau sur la "rampe d’Auschwitz" où a lieu la sélection. Les travaux de Serge Klarsfeld ont permis d’apprendre que 223 femmes sur 495 et 398 hommes sur 654 sont déclarés " aptes " pour le travail. Ce sont généralement les plus jeunes. Le nombre de déportés désignés pour ce travail d’esclave, plus de la moitié, est beaucoup plus élevé que celui des transports précédents car les camps deviennent, en 1944, un vivier de travailleurs pour l’industrie de guerre. L’autre moitié du convoi, les malades et les enfants, dits "inaptes" au travail, sont gazés dès l’arrivée. Compte tenu de son âge, il est probable qu’il ait été sélectionné pour la chambre à gaz sur la rampe de Birkenau. Il fait donc partie des innombrables victimes assassinées par les nazis.