Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

MENIACK Samuel, convoi 76

mardi 21 mars 2023

Samuel Meniack, 33 ans en 1944

Samuel Meniack est le fils de Hersch Meniouk, né en 1870 à Lousk anciennement dans l’empire Russe. Sa mère Neszka Abelman est née en 1874 à Varsovie. Ils se sont mariés à Odessa le 2 mars 1892 . Six premiers enfants naissent de cette union. En octobre 1905 un pogrom ayant lieu à Odessa, le père, quitte la Russie pour la France et s’installe à Saint-Denis où il exerce la profession de cordonnier Quelques années plus tard, Neszka le rejoint avec ses six enfants. Samuel Meniack naît le 27 août 1913 1910 à Saint- Denis. Il est l’avant dernier d’une famille de 10 enfants.

Samuel Meniack grandit donc à Saint Denis où il obtient son certificat d’étude le 15 juillet 1922. Il est naturalisé par déclaration le 22 février 1927. En 1934, il s’installe à Paris dans le 17ème arrondissement où il exerce la profession de représentant de commerce. En1939 il est mobilisé au 43e régiment d’infanterie coloniale. Il se marie le 23 octobre 1941 avec Sarah Manchel, née le 10 janvier 1920.

Photographie de Samuel Meniack, quelques années avant sa déportation. Fonds privė (familial)

Ils rejoignent la zone sud le lendemain de leur mariage. Ils séjournent d’abord à Lyon pendant quelques semaines avant de partir à Marseille où ils sont hébergés chez une des nièces de Samuel, puis chez des amis. Ils quittent Marseille pour Lyon peu après la naissance de leur première fille, Laurence, le 30 août 1942, alors que les Allemands viennent d’envahir la zone Sud et que des menaces pèsent sur eux. Une deuxième fille, Françoise, naît de leur union le 1er avril 1944. Ils logent dans un appartement situé au rez-de-chaussée, au 15 rue de l’Oiselière. Un mois plus tard, le 24 mai 1944, Samuel Meniack est arrêté à Lyon par la Gestapo, suite à une dénonciation, selon sa famille. Plusieurs arrestations ont lieu ce jour-là à Lyon où la répression s’accentue. Il ne semble pas qu’il était chez lui lors de son arrestation, des témoignages disant qu’il n’était pas réapparu à son domicile. Il est interné à la prison de Montluc. Il y reste près d’un mois, probablement dans la " baraque aux Juifs" où étaient regroupés les hommes juifs, puis est envoyé au camp de Drancy où il entre le 21 juin avec 129 Juifs arrêtés à Lyon ou à proximité. Son numéro matricule est 24328. La fiche du carnet de fouille de Samuel Meniack dit qu’il remet au chef de la police du camp la somme de 330 francs, puisque chaque interné devait remettre argent et objets de valeur à son arrivée au camp. Le 30 juin, il est conduit à la gare de Bobigny avec 1153 internés destinés à être déportés vers le centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau. C’est le 76ème convoi de déportés juifs parti de Drancy.

Le voyage qui dure quatre jours, par une chaleur torride, est particulièrement épuisant pour ces familles entassées dans des wagons à bestiaux plombés. Le 4 juillet, le convoi entre à l’intérieur du camp de Birkenau sur la "rampe d’Auschwitz" où a lieu la sélection. Les travaux de Serge Klarsfeld ont permis d’apprendre que 223 femmes sur 495 et 398 hommes sur 654 sont déclarés " aptes " pour le travail. Ce sont généralement les plus jeunes. Le nombre de déportés désignés pour ce travail d’esclave, plus de la moitié, est beaucoup plus élevé que celui des transports précédents car Les camps deviennent, en 1944, un vivier de travailleurs pour l’industrie de guerre. L’autre moitié du convoi, les malades et les enfants, dits "inaptes" au travail, sont gazés dès l’arrivée.

Samuel Meniack, jeune, entre donc au camp d’Auschwitz, probablement au camp d’Auschwitz III, comme les hommes de ce convoi sélectionnés pour entrer au camp. Ce camp était situé à une dizaine de kilomètres d’Auschwitz près du village de Monowitz. Y était installée l’usine surnommée « Buna », d’IG Farben-Industrie destinée à fabriquer du caoutchouc synthétique. On ne connaît pas son numéro matricule, mais on sait qu’il survit jusqu’à l’évacuation du camp, le 18 janvier 1945. En effet, dans un courrier du Parquet de Lyon au Ministère des Anciens Combattants qui a pour but de déclarer la date du décès de Samuel Meniack, il est dit qu’il a été évacué du camp d’Auschwitz le 18 juin 1945 et a disparu au cours des marches de la mort qui ont eu lieu ensuite. Il est possible qu’il soit décédé au cours de la marche vers Gleiwitz ou bien dans les trains qui ont emmené les déportés vers d’autres camps, puisqu’il est dit dans ce même courrier qu’il est évacué vers le camp de Mauthausen, La mortalité fut effroyable dans ces "wagons découverts", comme les dénommaient les déportés, ouverts à tous les vents, à la neige et au froid, sans recevoir de nourriture.

Samuel Meniack fait donc partie de ces innombrables victimes disparues dans les marches de la mort.

Courrier du Procureur de Lyon au Ministère concernant le décès de Samuel Meniack

Cinq de ses frères et sœurs, ainsi que son père ont été également assassinés à Auschwitz.

DAVCC AC21P515321-Mémorial de la Shoah-Témoignages familiaux.

Chantal Dossin
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