Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

"Un Jour" (dans un camp de concentration), film d’Egon Monk, 1965

"Ein Tag, Bericht aus einem Konzentrationslager 1939"
jeudi 14 mars 2024

Le déroulé des évènements, un jour dans un camp de concentration.
Vocabulaire allemand sur les camps. Film disponible en streaming jusqu’au 26 janvier 2025 sur la chaîne 3 sat

Un jour. Un camp de concentration

Comme dans les films muets, des panneaux avec des intertitres, découpent le film.
  • ANKUNFT Arrivée à Altendorf

Altendorf [1], un Schutzhaftlager, un camp de détention de "protection" en travaux, avec miradors, des baraques, des barbelés électrifiés.

Janvier 1939. Arrivée d’un camion. Des hommes en descendent avec des valises. En haut d’un mirador, des gardiens armés. Un détenu est accroché dans les barbelés.
Entrés en courant dans le camp, les nouveaux arrivants agenouillés dans la boue, doivent lever les bras en tenant leur valise en l’air.

  • APPEL (du matin)

Waschraum salle avec des lavabos. Des hommes se lavent.

Un SS-Scharführer (sergent) sort de son cartable un registre. Appel. Ils comptent, recomptent et recomptent. Signatures, salutations entre divers grades de SS.
Des "rayés", 4 SS, le Rapportführer (responsable des registres du nombre de détenus). Salutations nazies. Au fond, la Lagerzaun des barbelés électrifiés. Contrôle par le Blockältester "doyen". Un vieux détenu doit sortir du rang. Il a des sacs vides de ciment autour de la taille pour se protéger du froid. "Exercices".

  • ALLTAG le quotidien

Les morts sont transportés au crématorium.
Cris. : Arbeitskommando antreten  : le Kommando du travail doit se rassembler, en courant, Zu fünf, par cinq. Mütze ab, Mütze auf, la brigade de travail sort du camp au pas.

* Exercices Drill de dressage. Les nouveaux doivent se jeter à terre avec leurs valises, dans la boue. Un nouveau est envoyé dépendre le suicidé dans les barbelés électrifiés.

* Informations. Des images. 1939. Hitler, des curés, un nonce, le corps diplomatique est reçu par Hitler à la Chancellerie Reichskanzlei, pour présenter ses voeux.
Une foule hystérique.

* Retour au camp de la brigade de travail. Mütze ab, Mütze auf en entrant.
Il neige.

*Le commandant du camp SS-Obersturmführer (lieutenant) Rüttig se fait raser par un détenu. Un SS aboie.

*Les nouveaux détenus sont tondus. Séance d’habillage. Ils reçoivent les Sträflingskleidung les tenues de déténus rayées, une chemise et une veste, un pantalon, des sabots de bois Holzpantinen.
Salle des douches Waschraum. [2]

*Les détenus creusent un fossé d’une profondeur de deux mètres. Ils portent la terre extraite dans leurs pans de chemise, pour la jeter plus loin.

  • APPEL (du soir)

*Le commandant du camp passe en revue les détenus, rangés pour l’appel. Mütze ab. Qu’a fait le pendu ? Il a prié. C’était le curé.
Mütze auf. Ils remettent leur calot.
Les détenus qui creusaient le fossé, maintenant, à quatre pattes, repoussent la terre derrière eux.

* La baraque des malades Krankenbaracke
Sélection des malades. certains sont renvoyés. Les SS demandent, nom, âge. Le Rapportführer responsable des effectifs note.
Un jeune auprès de son père malade. Baffes, coups. Le jeune souffrant d’une infection, sur son châlit, en dessous un tsigane chante.

*Les détenus, dans la neige, creusent la fosse. Un VA Vorarbeiter (détenu chef d’équipe). Coups de gourdins. Un vieux tombe. Un détenu agenouillé prie pour le mort. Le SS le met à l’écart.

  • SORGEN soucis

* Un SS dicte à un détenu, une lettre pour la société Topf [3].
Deux détenus entassent des cadavres dans la cave, trois VA Vorarbeiter arrivent. Tous sont gênés.
Un gosse de quinze ans surveille le camp en haut du mirador. Les gardiens parlent avec leurs accents locaux, nord contre sud. Les détenus sont épuisés dans la neige.

*Salle à manger des SS, choucroute, et des petits pois pour le SS-Obersturmführer, le commandant.

*Refermer la fosse. Travail absurde pour épuiser les déténus.
Un détenu apporte de la soupe à un jeune malade. Vue sur le registre avec des noms rayés. Encore un mort.

* Dans le bureau Schreibstube, le Lagerälteste L. A. se pose des questions.
Y a t-il un dénonciateur Spitzel parmi eux ? Celui qui était en Espagne dans les Brigades, est-ce lui le mouchard ? L’enjeu c’est, pour les politiques, de garder le pouvoir contre les criminels. Cf Les insignes (triangles) rouges, verts, noirs.

  • LA MORT DE L’AVOCAT KATZ

Des détenus aplatissent la terre en avançant sur leurs genoux. Puis ils tassent la terre en tapant sur le sol avec leurs sabots.
Un SS lance le calot de l’avocat dans les barbelés, puis lui ordonne d’aller le chercher.
Katz sort ses chaussures, marche vers les barbelés, le garde tire.

Un détenu doit rester debout, les mains sur la tête. Je suis un Schwein porc.
Un gibet est dressé, cet homme est pendu.
Appel, registres passent de main en main.Cris, les détenus se jettent à plat ventre.
Le Lagerkommandant s’en va en voiture.

  • DES HOMMES D’ORDRE

Au restaurant, lieu où des hommes et des femmes, boivent et ripaillent.
Les surveillants, le commandant mangent. Une vie normale.
En fond sonore, les SS hurlent.

Pour en savoir plus

  • Un jour dans un camp de concentration, des images en noir et blanc, des titres à la façon d’un film muet. Egon Monk a été l’assistant de Brecht au Berliner Ensemble, il a repris sa technique des panneaux pour annoncer les scènes.
    Gunther R. Lys, le scénariste, a été interné politique en camp de concentration de 1941 à 1944 à Sachsenhausen, puis a été transféré en passant par les camps de Lieberose, Jamlitz, et Oranienburg.

Le langage des camps de concentration
Les grades dans la SS, la Wehrmacht et les équivalences dans l’armée française
Les détenus à fonction (Funktionshäftlinge) "les Fonctionnaires"

Sur le site de la chaîne 3 sat : voir le film (en allemand)
https://www.3sat.de/film/fernsehfilm/ein-tag-bericht-aus-einem-konzentrationslager-1939-100.html

il sera disponible en streaming jusqu’au 26 janvier 2025.

LYS‚ Gunther R., Geheimes Leid – Geheimer Kampf – Ein Bericht über das Außenlager Lieberose des KZ Sachsenhausen, Metropol, 2008

NM, dans le train

[1le nom est imaginaire

[2Les détenus ont un numéro et un insigne, ils ne sont pas tatoués, comme à Auschwitz.

[3La société fournit des crématoires à Buchenwald, puis devenue Topf und Söhne (et fils), construit des fours spéciaux (Cf aussi le film Zone d’interêt) pour les crématoires d’Auschwitz