Sarah Lichtsztejn-Montard, est née le 16 mars 1928 à Danzig, ville libre, de parents polonais. Elle émigre avec ses parents pour venir en France, le pays des Droits de l’Homme, de la liberté, « Gliklekh vi got in frankraykh » (Heureux comme Dieu en France), en 1930. Ils vivent à Paris, dans le XXe arrondissement, un quartier très pauvre. La mère de Sarah est couturière à façon ; son père, journaliste et poète yiddish, anarchiste, fait des petits boulots, sans être déclaré, et est souvent expulsé de France où il revient clandestinement. Sarah entre à l’école communale puis au lycée Hélène Boucher. C’est une bonne élève.
« Le 15 juillet, une camarade juive m’avait prévenue : « Mes parents connaissent un commissaire de police, il les a avertis, il se prépare une arrestation massive pour ces jours-ci, on quitte l’appartement, tu devrais dire à ta mère d’en faire autant. »
Ma mère m’a déclaré : « En France arrêter des femmes et des enfants, c’est pas possible. » »...
Pendant la seconde guerre mondiale, Sarah est arrêtée avec sa mère, une première fois, le 16 juillet 1942. Elles sont emmenées au Vél’ d’Hiv’ d’où elles s’évadent.
« Un petit groupe s’étant formé devant l’entrée du Vél’ d’Hiv’, je suis partie à reculons vers eux. Un agent m’a demandé ce que je faisais : »Je ne suis pas juive, je cherche quelqu’un« . - »Foutez-moi le camp, vous reviendrez demain. « Je suis partie sans courir, terrorisée. Au bout de la rue, il y avait deux policiers qui réclamaient des papiers. Ils m’ont laissé passer. J’ai ensuite réalisé qu’ils avaient volontairement fermé les yeux. Sur ma robe d’été je n’avais pas d’étoile mais elle était cousue sur un manteau de lainage léger plié sur mon bras. Une fille avec un manteau sur le bras en plein mois de juillet… Le premier policier et les deux du bout de la rue m’ont sauvé la vie ! J’ai pris le métro pour retrouver, boulevard Saint Jacques, les amis non juifs chez lesquels ma mère m’avait dit d’aller. C’est là que ma mère, évadée 20 min. après moi, m’a rejointe. »
Elles se cachent dans Paris comme le père de Sarah, arrêté en juillet 1941 et évadé du camp de Pithiviers (Loiret).
Sarah et sa mère sont de nouveau arrêtées, sur dénonciation, le 24 mai 1944 et déportées à Birkenau le 30 mai. Elles restent ensemble six mois environ, travaillant très dur : construction de routes, de canaux de drainage, transport de rails... Puis Sarah est séparée de sa mère et envoyée au camp des hommes à Auschwitz, où elle restera jusqu’au 18 janvier 1945, date de l’évacuation du camp à l’approche de l’Armée Rouge. Commence « la Marche de la mort » pendant laquelle Sarah retrouve sa mère.
Après trois jours de marche et cinq jours dans des wagons à charbon découverts, elles arrivent au camp de Bergen-Belsen, où l’on vit dans des conditions inhumaines. Sarah a le typhus mais sa mère la sauve. Elles sont libérées le 15 avril 1945 par l’armée anglaise, un soldat lui dit en yiddish : « Red mamelouschen » (parle ta langue maternelle) et rapatriées à Paris le 24 mai 1945, un an jour pour jour après leur arrestation.
Le père de Sarah a survécu, mais ils n’ont plus rien, même plus de logement. La mère de Sarah n’a plus la force de travailler.
Sarah a repris ses études et a trouvé du travail, mais c’est seulement quand elle s’est mariée et a eu des enfants qu’elle a pu recommencer à mener une vie « normale ». Depuis 1985, Sarah témoigne dans les classes pour y diffuser un message de tolérance et de respect de tout être humain.
Sarah Montard a publié un livre intitulé : « Chassez les papillons noirs ».
Chassez les papillons noirs, Sarah Montard
anniversaire de la rafle :
https://laurentmontard.com/de-2009-a-2016/en-2009/juillet-2009/67eme-anniversaire-de-la-rafle-du-vel-dhiv/photos-du-67eme-anniversaire/
Sarah nous a quittés le 21 février 2022.
Participation de Sarah aux travaux du Cercle d’étude :
– En juin 2008, elle a témoigné pour le Cercle d’étude lors de la conférence de Gérard Noiriel sur « L’immigration juive en France de la fin du XIXe à la fin de la Seconde guerre mondiale ». Petit Cahier -2e série-N°6 .
L’immigration juive en France de la fin du XIX ème à la fin de la seconde guerre mondiale
– Elle a participé à la Commission de travail « Témoins-Déportés-Professeurs »,
Lettres à témoins", Petit Cahier N°13, 2011
– Lectures croisées , (Petit Cahier N°4- 2007/2008) sur les livres écrits par les déportés.
– Dans le DVD du Cercle d’étude Enfants et adolescents juifs dans le système concentrationnaire nazi. Témoignages d’adolescents déportés à Auschwitz, Sarah Montard chante un chant yiddish Oyfn Pripetshik qu’elle a traduit.
Sarah raconte son évasion du Vél’ d’Hiv’ dans le dvd : Des internés et déportés juifs témoignent pour les élèves : 9 Témoignages d’internés et de déportés juifs à voir ou à télécharger
– 9 Témoignages d’internés et de déportés juifs à voir ou à télécharger, DVD N°4. Sarah Montard, vidéo pour les élèves
– DVD-ROM interactif de l’UDA,Mémoire Demain, Hatier, 2009.
Sarah a beaucoup témoigné auprès des élèves, les a reçus chez elle pour être interviewée et filmée, ou pour créer une BD (Marine Martinelli).
A dérouler :
http://clioweb.canalblog.com/tag/sarahmontard
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2022/02/22/la-mort-de-sarah-montard-rescapee-d-auschwitz_6114768_3382.html
NM
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