Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Charlotte Delbo, résistante, écrivain de la déportation, par Ghislaine Dunant

conférence-débat Mercredi 17 mai 2017
dimanche 2 avril 2017

Charlotte Delbo, écrivaine, résistante, déportée, auteure de "Aucun de nous ne reviendra".

samedi 27 avril 2019 à 19h "Hommage à Charlotte Delbo" lecture-spectacle par la compagnie Les 3 coups l’œuvre, au Mémorial des Martyrs de la Déportation, Square de l’Île-de-France, 75004 Paris. Gratuit | Info & réservations : memorial.martyrs.deportation@gmail.com

Le Cercle d’étude de la déportation et de la Shoah –Amicale d’Auschwitz
Avec le soutien de l’Union des Déportés d’Auschwitz et de l’Association des Professeurs d’Histoire et Géographie a présenté :

Charlotte Delbo, résistante, écrivain de la déportation

Conférence-débat avec Ghislaine Dunant écrivain, auteur de Charlotte Delbo. La vie retrouvée (Grasset 2016)

Ghislaine Dunant, Ida Grinspan, MP Hervieu, M Braunschweig.

et Ida Grinspan Déportée à Auschwitz et à Ravensbrück, co-auteur de J’ai pas pleuré [1], Amie de Charlotte Delbo.

Ida Grinspan, conférence sur Charlotte Delbo
Mercredi 17 mai 2017
à 14 h 30, Lycée Buffon, Salle Michard, 16 boulevard Pasteur - 75015 PARIS (métro Pasteur ou Sèvres-Lecourbe) Entrée libre dans la limite des places disponibles


La vie retrouvée


« Charlotte Delbo, écrivain : faire entendre une autre voix
Aucun de nous ne reviendra
Pour Charlotte Delbo, il s’agissait d’écrire ce que fut Auschwitz, écrire ce que ses compagnes et elle avaient vécu. Ce qui est frappant et tout à fait étonnant dans son écriture, c’est le mélange d’une très grande lucidité – jusqu’à faire sentir l’épouvante, les conditions terribles ne sont pas épargnées aux lecteurs –, la lucidité de son regard et ce lien qu’elle garde avec les agonisantes. Il n’y n’a jamais de sa part un rejet de celles qui sont déjà en train de trépasser, qui vivent l’horreur, celles dont les corps sont déjà à moitié mangés par les rats. On sent dans ses phrases son amour pour leur humanité et son empathie pour ce qu’elles subissent. Et il y a ces images qu’elle crée pour rendre les sensations de ce qu’elles ont vécu. Par exemple, pour parler de l’appel, ces appels pendant lesquels le vent soufflait si fort sur la plaine de Silésie, que les côtes sont transpercées par le vent, elle écrit : « Les poumons claquent dans le vent de glace. Du linge sur une corde ». Une image, et on voit, on sent, on entend. Ou encore pour faire voir les quelques arbres glacés dans la lumière blanche d’Auschwitz, cette lumière « dissolvante », cette lumière du jour extrêmement pâle l’hiver : « des formes d’arbres dans leur suaire de givre ». Il y a chez Charlotte Delbo une façon de rendre le paysage et la présence de la mort dans des images qui nous donnent l’émotion que donne la littérature comme art, c’est-à-dire une émotion de beauté. Une émotion qui nous rend humains, en tant que lecteurs, face à ce qui s’est passé là. La catastrophe d’Auschwitz est ce qui nous dessoude de notre humanité, et c’est cela que j’ai trouvé dans la force de l’œuvre de Charlotte Delbo, cette qualité de nous rendre tellement humains dans l’expérience de lecture que l’on fait, alors que l’on entend parler de ce qui justement nous dessoude de notre humanité. » Ghislaine DUNANT

Biographie de Charlotte Delbo

Charlotte Delbo est née le 10 août 1913 à Vigneux-sur-Seine [2] (91), dans une famille ouvrière et a milité dans les Jeunesses communistes à 19 ans. Elle y a rencontré en 1934 puis a épousé Georges Dudach en 1936. Assistante de Louis Jouvet, elle est rentrée volontairement en France, le 15 novembre 1941 et s’est engagée dans la Résistance politique, aux côtés de Pierre Villon, qu’elle a caché et de Jacques Decour (Daniel Decourdemanche), rédacteur en chef des "Lettres Françaises". Les Dudach ont été arrêtés par les Brigades spéciales, le 2 mars 1942, Georges, cadre communiste, a été fusillé au Mont Valérien, le 23 mai 1942, Charlotte a été emprisonnée à La Santé, internée à Romainville puis Compiègne, et déportée à Auschwitz-Birkenau, par "Le Convoi du 24 janvier " [3] 1943. C’est aussi le titre d’un livre qu’elle a écrit et publié aux Éditions de Minuit en 1965. De son "transport", elle a reconstitué l’itinéraire et toute l’histoire des 230 déportées politiques, presque nom par nom. Elle a admirablement décrit et témoigné par ses poèmes de son expérience tragique de l’univers concentrationnaire, dans un livre Auschwitz et Après en trois tomes : Aucun de nous ne reviendra et Une connaissance inutile parus en 1970 et Mesure de nos jours édité en 1971 par les éditions de Minuit.

Charlotte Delbo, Auschwitz, photo D. Dufourmantelle

Elle et ses camarades femmes ont d’abord été mises en quarantaine dans le Block 14, transférées dans le Block 26, et pour partie, envoyées dans le Kommando de Raisko, ce qui outre leur solidarité de groupe, de résistantes, les a sauvées. Des travaux moins exténuants, moins de coups et d’appels, la possibité de recevoir à intervalles très irréguliers des lettres et des colis leur ont permis de survivre aux épidémies, à la faim et au froid, à l’extrême saleté. Elle a été évacuée vers le camp de Ravensbrück en janvier 1944, puis emmenée en Suède par la Croix-rouge, le 23 avril 1945 et rapatriée le 23 juin. Au terme de 27 mois de déportation, 49 déportées sur les 230 du convoi du 24 janvier sont revenues vivantes.
Charlotte Delbo est morte en 1985, en écrivain majeur de la Déportation.

Marie-Paule Hervieu
Rue Lacépède, Photo Henning Fauser

Médiagraphie

PC N°27 – Charlotte Delbo, résistante, écrivain de la déportation. Conférence de Ghislaine Dunant, témoignage d’Ida Grinspan. Articles de M. Braunschweig, D. Dufourmantelle, M-P. Hervieu. En hommage à Ida Grinspan, 2018, 91p.
Petit Cahier / 2e Série – N°21, Octobre 2014, Marie-Claude Vaillant-Couturier, Déportée à Auschwitz-Birkenau et à Ravensbrück, Témoin au procès de Nuremberg, Conférence-débat du 13 décembre 2012 : conférence de D. Durand ; témoignages oraux de M. Cling, R. Créange, M. Martin-Chauffier ; textes de M. Braunschweig, I. Danon, D. Dufourmantelle, M-P. Hervieu ; témoignages écrits de M-J. Chombart de Lauwe, S. Franck-Floersheim, G. de Gaulle-Anthonioz. (A commander au Cercle d’étude)

- DELBO Charlotte, Auschwitz et après. I, Aucun de nous ne reviendra, Paris, Éditions de Minuit, Coll. Documents, 1970, 182 p.
- DELBO Charlotte, Auschwitz et après. II, Une connaissance inutile, Paris, Éditions de Minuit, Coll. Documents, 1970,191 p.
- DELBO Charlotte, Auschwitz et après. III, Mesure de nos jours, Paris, Éditions de Minuit, Coll. Documents, 1971, 214 p.
- DELBO Charlotte, Le convoi du 24 janvier, Paris, Éditions de Minuit, Coll. Grands Documents, 1965, 303 p.
GELLY Violaine et GRADVOHL Paul, Charlotte Delbo, Editions Fayard, 2013, 324 p.prix de la Biographie et prix de la Critique Littéraire, publiée en 2013, à l’occasion du centenaire
"Charlotte Delbo" de Violaine Gelly, Paul Gradvohl
DUNANT Ghislaine, Charlotte Delbo. La vie retrouvée, Grasset, 2016, 608 p. prix Femina Essai-2016.
Film :
L’histoire du Convoi du 24 janvier 43-Auschwitz-Birkenau, de Claude-Alice Peyrottes et Alain Cheraft.

"Les Mots pour le dire" (Mémoires de Charlotte Delbo), documentaire d’Emil Weiss

Théâtre :
"Je reviens de la vérité", Charlotte Delbo

Charlotte Delbo, écrivaine, secrétaire de Louis Jouvet, Résistante, déportée à Auschwitz-Birkenau par le convoi du 24 janvier 1943, n°31661 :
http://delbo.gandi.ws/bibliographie

Journées Charlotte Delbo : Transmission et engagements, Du jeudi 24 au samedi 26 mai 2018, la bibliothèque Charlotte-Delbo à Vigneux-sur-Seine, Expositions : du 15 au 31 mai 2018 :
http://www.mairie-vigneux-sur-seine.fr/spip.php?article1296

Marie, “Mariette”, et Simone, “Poupette”, ALIZON – 31777 et 31776 :
http://www.memoirevive.org/marie-mariette-et-simone-poupette-alizon-31777-et-31776/

Les Mots pour le dire, documentaire de Emil Weiss, 2023, une adaptation des mémoires de Charlotte Delbo.

[1GRINSPAN Ida et POIROT-DELPECH Bertrand, J’ai pas pleuré, Paris, éd. Robert Laffont, 2002, 245 p.
http://www.cercleshoah.org/spip.php?article120

[2Journées Charlotte Delbo, les 18,19 et 20 mai 2017 http://www.mairie-vigneux-sur-seine.fr/spip.php?page=article_texte&id_article=1009

[3Ce transport, composé 230 femmes, dont Danielle Casanova, Marie-Claude Vaillant-Couturier, Marie Politzer, Hélène Solomon, est le seul convoi de résistantes à avoir été dirigé vers Auschwitz-Birkenau. Les autres femmes déportées par mesure de répression étaient envoyées à Ravensbrück.
http://www.memoirevive.org/presentation-du-convoi-du-24-janvier-1943-dit-convoi-des-31000/