Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Madeleine Steinberg née White

Juste parmi les nations
mardi 20 mai 2014

Madeleine Steinberg née White, a été internée à Vittel pendant la quasi-totalité de la durée de fonctionnement de ce camp, depuis « l’ouverture » en mai 1941 jusque fin juillet 1944. Elle a dans ce camp, agi comme une Juste parmi les nations. Madeleine est décédée en 2008.

La médaille des Justes remise à Madeleine Steinberg-White par Yad Vashem le 11 juin 2014 au Collège Sévigné, Paris 15 ème.

Madeleine White

Madeleine White, née à Londres, en 1921, d’un père anglais tôt disparu et d’une mère française et catholique, est devenue étudiante à l’Université de Paris, en 1939. De nationalité britannique, elle est arrêtée, avec sa mère, en février 1941. Elles sont internées à Besançon puis dans le camp de Vittel, en mai 1941. C’est là qu’elle rencontre Sofka qui deviendra son amie la plus proche, qui lui apprend l’anglais littéraire ainsi que la langue et la littérature russes.

Ensemble, à Vittel, elles ont aidé à l’apprentissage du français et de l’anglais de Juifs polonais, elles ont pris en charge des enfants, elles ont permis l’évasion de soldats britanniques puis de rescapés du ghetto de Varsovie, en attente de visas, elles ont hébergé des hommes traqués.

Je ne prendrai que brièvement la parole pour souhaiter la bienvenue en ces lieux à Monsieur Steinberg dont nous honorons aujourd’hui l’épouse Madeleine White Steinberg.
Je m’exprime au nom de tout le Collège Sévigné pour vous dire que nous sommes très honorés d’accueillir cette cérémonie qui reconnaît le rôle exemplaire de Madeleine White Steinberg durant la dernière guerre. Nous remercions Monsieur Steinberg et Madame Braunschweig pour la confiance qu’ils nous ont accordée.
Madeleine a été une élève du Collège Sévigné dans les années 1930 et elle a toujours été très attachée à son établissement : j’en veux pour preuve la plaque commémorative qu’elle a fait apposer dans le hall d’entrée du Collège.
C’est donc une des nôtres qui est honorée et nous en sommes tous très touchés. C’est la raison pour laquelle personnels et élèves de Sévigné se sont tous mobilisés : qu’ils en soient chaleureusement remerciés.
Il n’est pas anodin que cette cérémonie ait lieu dans un établissement scolaire. Les commémorations récentes nous ont rappelé l’urgence et l’importance du témoignage vis-à-vis des générations les plus jeunes. L’importance aussi de l’exemplarité de ces personnalités hors du commun dont Madeleine faisait partie et dont le modèle doit nous inspirer et inspirer nos élèves.
Il est essentiel aussi de préserver des moments comme celui que nous vivons aujourd’hui pour que les jeunes puissent exprimer en retour toute la reconnaissance, sincère, qu’ils éprouvent vis-à-vis de celles et de ceux qui se sont battus, ont résisté, pour que la liberté s’affirme et que la barbarie recule.
Merci donc à vous tous aujourd’hui de passer le flambeau.
Mme Le Maire, proviseure

Remise de la médaille des Justes
Jean Louis Steinberg reçoit la médaille des Justes au nom de Madeleine

Dans le film Passeports pour Vittel de Joelle Novic, Madeleine White décrit une société cosmopolite des Blue Bell Girls aux Juifs de l’Est, religieux qui vivent dans ce camp. Les Anglaises dont Madeleine, arrivent à avoir le contact avec des Juifs polonais venus de Varsovie avec de faux papiers, en attente d’un échange.
Madeleine donne des cours d’anglais aux enfants. À Noël 1943, au cours d’un spectacle, les enfants interprètent La Varsovienne, les Allemands partent, furieux.
Conférence et Passeports pour Vittel, film documentaire sur le camp de Vittel, de Joëlle Novic

Le 28 février 1944, les Juifs de Pologne sont isolés par les Allemands à l’hôtel Beau-site, à l’écart des autres internés. Les "Anglaises" dont Madeleine White essaient de les aider pour obtenir des papiers. Elles font passer à l’extérieur une liste de noms écrits en tout petit, sur du papier à cigarette, des deux cent cinquante Juifs polonais, classés par nationalités revendiquées, et ce avec l’aide de la résistance locale présente dans le personnel vittellois travaillant au camp. Sofka Skipwith, née Dolgorouky, a fait jouer toutes ses relations. Elles écrivent partout dont à Lord Balfour au Foreign Office.

« SOS Toutes ces personnes sont menacées de déportation immédiate si elles ne sont pas reconnues tout de suite par leurs États respectifs ou bien reconnues par la Grande-Bretagne comme bon pour échange en Palestine. »

Des interventions au plus haut niveau font pression auprès des États sud-américains et de leurs consulats en Suisse mais les confirmations des visas n’arrivent toujours pas.

Un bébé juif polonais nouveau-né, né dans l’hôpital Vittel Palace, l’hôpital du camp, entre les deux déportations d’avril et mai 1944, a été sorti par Sofka Skipwith et Madeleine White. Elles l’ont fait passer à une dame de la résistance. Madeleine White et Sofka Skipwith n’ont pas su quel enfant elles avaient aidé à sauver.

Le 24 juillet 1944, Madeleine White-Steinberg fait partie d’un échange avec 400 Britanniques par l’Espagne et le Portugal, contre des Allemands.

Revenue en France, elle a épousé, en 1946, Jean-Louis Steinberg, déporté avec ses parents et son frère Claude, le seul des quatre à être revenu de Buna-Monowitz (Auschwitz III) et de Dora-Buchenwald.

Madeleine Steinberg a écrit divers articles pour Le Monde juif, la revue du CDJC, et aussi dans la Revue d’histoire de la Shoah.

STEINBERG Madeleine, « Les camps de Besançon et Vittel (février 1941 à juillet 1944) –Témoignage d’une internée civile britannique », Le Monde juif, N°137, 1990.
STEINBERG Madeleine, « Témoignage sur une déportation de Vittel », Revue d’histoire de la Shoah, N°153, 1995.
STEINBERG Madeleine, « Paris, Besançon, Vittel 1941-1944, Une internée civile britannique témoin indirect de la fin du ghetto de Varsovie », Revue d’histoire de la Shoah, N°180, 2004.

STEINBERG Jean-Louis, PÉRIER Daniel, Des quatre, un seul est rentré. La destruction d’une famille en 1940-1945, Association des Anciens Élèves de l’École alsacienne, 2004, 100 p.
Jean-Louis Steinberg, Des quatre, un seul est rentré : la destruction d’une famille en 1940-1945

Famille Steinberg

Bibliographie
BERG Mary, Le Ghetto de Varsovie. Journal de Mary Berg, recueilli par S. L. Shneiderman, Albin Michel, 1947, 283 p. (1ère éd., Warsaw ghetto : a diary, New York, éd. LB Ficher, février 1945).
KATZENELSON Yitskhok, Le Chant du peuple juif assassiné, traduit du yiddish par Batia Baum, présenté par Rachel Ertel, Zulma, 2007, 158 p.
SKIPWITH Sofka, née Princess Sophy Dolgorouky, Sofka, The Autobiography of a princess [L’autobiographie d’une princesse], Hupert Hart-Davis, London, 1968, 284 p.

Petit Cahier N°16. Projection-débat du 9 juin 2010 : « Le camp de Vittel – 1941-1944. Camp allemand pour civils anglo-saxons “privilégiés” mais piège mortel pour Juifs polonais  » : projection-débat en présence de la réalisatrice J. Novic ; témoignages de D. Dubowsky-Haddad, R. et L. Novic, anciens internés ; articles de M. Braunschweig, É. Fulop, U. Hermann, M.-P. Hervieu et N. Mullier. À la mémoire de Madeleine Steinberg et Gaby Dubowsky. 2012, 110 p.

Bon de commande du Petit Cahier sur Vittel

Bon commande Vittel

N.M. avril 2014-juin 2014


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