Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Felix Fechenbach, antifasciste allemand assassiné en pleine forêt par des SA

journaliste homme politique, écrivain, poète.
lundi 16 janvier 2023

Juif, pacifiste, social-démocrate, antinazi, abattu lors d’un transfert en pleine forêt par des SA.
28 Janvier 1894 – 7 Août 1933

"Felix Fechenbach, 28 Janvier 1894 Mergentheim - – 7 Août 1933 Scherfede, assassiné dans la forêt de Kleinenberg

à Würzburg, wikipedia

Stolperstein pour Felix Fechenbach à Würzburg, Ursulinergasse 2

La famille Fechenbach s’installa à Würzburg. Felix fréquente une école élémentaire juive, puis une école communale, fait une formation commerciale, travaille dans un magasin de chaussures à Francfort. Il est licencié suite à une action revendicative pour le paiement d’heures supplémentaires.
Il fait partie d’une organisation de jeunesse social-démocrate, fonde en 1914 la "section jeunesse" de l’"Association sociale-démocrate de Munich".
Combattant dans la première guerre mondiale, il est médaillé, blessé. Il rencontre Kurt Eisner et devient pacifiste.

Il prend part à la révolution de novembre en Bavière, membre du Conseil des ouvriers et des soldats de Munich ainsi que du Conseil national provisoire de Bavière.
Avec le renversement de la monarchie des Wittelsbach et la proclamation de l’État libre de la République bavaroise, dont Kurt Eisner est Premier ministre, Fechenbach est secrétaire à la chancellerie et écrit pour des journaux allemands et étrangers. Il rencontre Bertolt Brecht, Albert Einstein et Kurt Tucholsky.

Après l’assassinat de Kurt Eisner, Fechenbach est arrêté en 1919, fait de la prison. Puis il épouse Martha Czernichowski, médecin, à Heidelberg. Ayant espéré une belle carrière pour son mari, elle divorce et lance une dénonciation contre lui, qui aboutit à une accusation de trahison. Les antisémites et les nationalistes se déchaînent, il est condamné à onze ans de réclusion et dix ans de perte d’honneur, mais il est grâcié en 1924. Il rejoint le mouvement social-démocrate sioniste Poale Zion et fait un reportage sur son voyage en Palestine.

Il travaille à Berlin pour la maison d’édition Dietz, et écrit pour un théâtre politique de marionnettes, rédige des articles pour le Volksblatt (SPD) jusqu’à son interdiction en 1933, signe ses articles avec le pseudo "Nazi-Jüsken" contre les nazis. Il est arrêté le 11 mars 1933, et placé en "détention de protection" (Schutzhaft). Les lettres émouvantes qu’il écrit à sa femme et ses enfants sont publiées en 1936 en Suisse. Le 7 août, il est assassiné par des SA près de Scherfede, dans la forêt de Kleinenberg, sur le trajet entre Detmold et le camp de concentration de Dachau. Irma Epstein, sa deuxième femme, fut informée par télégramme le 8 août que son mari avait été blessé lors d’une "tentative d’évasion".

"abattu par les fonctionnaires du gouvernement du Land de Lippe lors d’une tentative d’évasion" signé Heydrich.

Irma et leurs trois enfants sont passés en Suisse, et après la guerre émigrent aux États-Unis, avec l’aide d’Albert Einstein.

Felix FECHENBACH, Im Haus der Freudlosen, Dem Andenken Kurt Eisner’s der in den Tod ging für seine Überzeugung Bilder aus dem Zuchthaus (Dans la maison des sans joie, À la mémoire de Kurt Eisner qui est allé à la mort pour ses convictions, Images de la maison de détention), éditeur Dietz, 1925
le texte :
https://www.projekt-gutenberg.org/fechenba/freudlos/freudlos.html

Cf. wikipedia
Felix FECHENBACH, Mein Herz schlägt weiter. Briefe aus der Schutzhaft. Hrsg. Walther Victor, Vorwort Heinrich Mann. Kultur-Verlag, St. Gallen 1936.

Peter STEINBACH (Hrsg.), „Das Schicksal hat bestimmt, dass ich hierbleibe“. Zur Erinnerung an Felix Fechenbach (1894–1933). Mit der Zusammenstellung der Artikel von „Nazi-Jüsken“. Wissenschaftlicher Autoren-Verlag, Berlin 1983

Hermann SCHUELER, Auf der Flucht erschossen. Felix Fechenbach 1894–1933. Eine Biographie. Kiepenheuer & Witsch, Köln 1981

https://www.gdw-berlin.de/vertiefung/biografien/personenverzeichnis/biografie/view-bio/felix-fechenbach/?no_cache=1

NM,
sur une idée d’UH, et en pensant à l’assassinat de Georges Mandel en forêt de Fontainebleau lors d’un transfert ou celui de Jean Zay dans un bois au lieu-dit Les Malavaux.

A propos de Stolpersteine, 50 000 Stolpersteine en Europa, autour de 6 000 à Berlin
https://www.tagesspiegel.de/gesellschaft/geschichte/themen/stolpersteine?bezuggrd=LEU&utm_source=leute-charlottenburg-wilmersdorf
Das Stolpersteine-Feld  : Le champ de pierres d’achoppement.