Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Action des organisations juives auprès des enfants

Les EIF, la Sixième, la maison des enfants à Moissac, la Suisse
mardi 28 novembre 2017

Sauver les enfants
Différentes organisations clandestines de sauvetage d’enfants et de résistance se mettent en place.

Les EIF

À l’origine des EI (Éclaireurs israélites), les Wandervögel de Berlin 1896 et les Boys-scouts de Baden Powel, des mouvements de jeunesse.
1923 première patrouille de scouts juifs.
Robert Gamzon (Castor) est l’un des fondateurs avec le docteur Sigismond Hirsch, en 1927, du mouvement scout les E.I.F. (Éclaireurs israélites de France).

L’un des buts du scoutisme est de lutter contre l’empoisonnement de l’âme de l’enfant par les partis politiques de quelque opinion qu’ils soient.
Comité directeur de l’EIF, 28 octobre 1935.

Pluraliste, accepte des israélites français et des juifs immigrés. 1930 les EIF accueillent des jeunes juifs d’Allemagne
Les EI adoptent l’embrigadement, avec un uniforme, un chef, et accueillent des adolescents qui se rebellent et veulent transformer le monde. Le PCF attire les jeunes.
1938 Les EIF font partie du scoutisme français

déclaration de la guerre, le 3 septembre 1939.
que faire ?
- mobilisation militaire
- recherche de maisons refuges dans le sud ouest de la France
- 22 juin 1940, armistice

La Sixième

La Sixième-Éclaireurs israélites de France (EIF) est un mouvement de jeunesse mixte de jeunes juifs français et immigrés, autorisé jusqu’en septembre 1942, qui s’oriente vers le secours aux enfants. Les EIF se mobilisent après la grande rafle du « Vél’ d’hiv’ » des 16 et 17 juillet 1942 pour récupérer les enfants. Gamzon, Shatta et Bouli créent la Sixième après la "rafle" du Vél’ d’hiv’.

26 août 1942 rafle en zone dite "libre".

La lettre pastorale de Monseigneur Saliège, archevêque de Toulouse est lue dans les paroisses. A Bègles, Gironde elle est lue par les Capucins).
Septembre 1942, les EIF sont interdits.
11 novembre 1942. La zone non-occupée est envahie.

La Sixième Division est une façade derrière laquelle s’organise la clandestinité : collecte de renseignements, faux papiers, recherche de caches, passages clandestins en Suisse et en Espagne. Elle comprend trois sections : la Zone Nord, la Zone Sud et le maquis, la Résistance armée.

En mars 1942, les Éclaireurs israélites se regroupent au sein de la « Quatrième Direction Jeunesse » (Ils sont structurés en cinq divisions : Première division, administrative et financière ; Deuxième division, scoutisme et cercles d’études ; Troisième division, une couverture légale aux activités des jeunesses sionistes ; Quatrième division (deux branches) : « Travail artisanal » et ses maisons d’enfants/« Rurale » et ses groupes ruraux ; Cinquième division, « Éducation physique ». Une Sixième section est ajoutée au mouvement : c’est le Service Social des Jeunes dont le nom clandestin est la « Sixième Division ». Son objectif initial (orientation professionnelle, placement, distribution de bourses ou de prêts, contacts avec les camps de la zone non-occupée).

L’organisation de la Sixième en zone Nord revint à Fernand Musnik et à Emmanuel Lefschetz.

  • Parmi les membres de la Sixième,
    C’est un réseau d’assistantes sociales, de passeurs, d’agents de liaison, chargés de placer des enfants, chez des paysans, des institutions religieuses, en particulier après la dissolution des maisons d’enfants en 1943, et des jeunes sortis des camps d’internements.
    Esraïl, Raphaël (dit Raoul Paul Cabanel) faux papiers
    http://www.cercleshoah.org/spip.php?article159
    Lévy née Dreyfuss, Yvette, Henriette (dite Gypsy) enfants à sauver
    http://www.cercleshoah.org/spip.php?article155

Les membres de la Sixième :
https://www.cairn.info/organisation-juive-de-combat—9782746709027-p-271.htm

Pierre François
Témoignage d’ancienne enfant cachée par les responsables des Éclaireurs de France (mouvement laïque du scoutisme français) au "cœur du pouvoir" puisque c’était à Vichy même, dans le pavillon Sévigné (propriété de Pierre François), réquisitionné par Pétain pour y tenir le conseil des ministres. Un de ces Justes est donc un des responsables nationaux des Éclaireurs de France, Pierre François, frère de Louis François (ancien aide de camp du Général de Gaulle en 1940, résistant, déporté, inspecteur général d’histoire-géographie, premier président fondateur du Concours national de la résistance et de la déportation). MB 2015

Moissac

Entre 1939 et 1943, la « maison des enfants », 18, quai du Port, à Moissac, ville du chasselas, près de Montauban, dans le Tarn-et-Garonne, a abrité autour de 500 jeunes juifs. Des enfants évacués de l’Est, d’autres évacués des camps de Gurs et de Rivesaltes.

(Shatta) Charlotte Hirsch, née en 1910 à Sighisoara en Transylvanie, accueille les enfants à Moissac : « Ici, on parle français »
(Bouli) Édouard Simon, né en 1905, membre des scouts protestants unionistes, puis des Éclaireurs israélites.
http://godchaux.f.e.c.pagesperso-orange.fr/page_17.html

Simon (Shatta et Bouli) à Moissac, et mon père entre Saint-Michel et Auvillar, a permis d’éviter l’arrestation de ces centaines d’enfants et d’adolescents juifs :
http://www.ladepeche.fr/article/2016/09/13/2417772-jean-raphael-hirsch-alias-nano-plus-jeune-resistant-france-est.html
Fin novembre 1943, la maison est dissoute. Il faut organiser le «  planquing » : cacher les enfants, dans le Lot -et-Garonne et dans la Montagne Noire.

https://moissacjustes.wordpress.com/

J’avais oublié, la maison de Moissac, documentaire de Nicolas Ribowski (52 min),
http://www.filmsdocumentaires.com/films/667-justes-de-moissac-enfants-juifs
Albert Perelman à Moissac :
https://www.youtube.com/watch?v=8dlbFfJfFz0
Terre de détresse, Birkenau–Bergen-Belsen, Odette Abadi

Sauvetage, mais aussi lutte armée :
Ils envoient des résistants rejoindre la compagnie Marc-Haguenau dans les maquis du Tarn.
La résistance juive

Passage en Suisse

La Suisse fait mettre un J sur les passeports allemands. Des réfugiés se font expulser, d’autres parviennent à franchir la frontière clandestinement.
Berne : « la barque est pleine ».

Mila Racine Mila Racine, sœur d’Emmanuel Racine (né à Moscou, chargé d’une filière d’évasion vers la Suisse)

Mila Racine
Lycée Racine, Paris, photo UH

Mila Racine du Mouvement de Jeunesse Sioniste (MJS), organise le sauvetage des enfants avec l’aide de Roland Epstein, filière de Georges Loinger, pour permettre aux enfants des maisons EIF de partir vers la Suisse en passant par Annemasse. Un convoi d’enfants est arrêté le 21 octobre 1943.
Àgée de 20 ans, Mila Racine fut arrêtée par les Allemands et transférée à Drancy.
Jean Deffaugt, maire d’Annemasse, membre du groupe organisant les passages en Suisse, vint la voir en prison avant son départ pour Drancy. Elle lui demanda de la poudre de riz et du rouge à lèvres : « Je vous promets, quand je monterai dans le camion, je ne pleurerai pas, mais je veux être belle. »
Le maire parvient à faire libérer quelques enfants. Elle refuse de s’évader par peur de représailles sur les enfants. Elle est déportée à Ravensbrück et tuée lors d’un bombardement à Mauthausen.

Marianne Cohn, allemande, remplace Mila. Elle est responsable du passage clandestin d’enfants vers la Suisse. Elle est arrêtée avec les enfants près de la frontière, le 31 mai 1944. Le maire d’Annemasse Jean Deffaugt intervient encore une fois pour sauver les enfants. Torturée, elle ne parle pas. Elle refuse de s’évader. Elle est assassinée à Annemasse.
Si tu parles Marianne (Cohn), Bruno Doucey

Le sauvetage des enfants cachés durant la dernière guerre

  • Zysla Wajser fuit la Pologne pour la France au début des années trente. Au début de la guerre, elle intègre la Résistance, sous le nom de Macha Ravine. Membre du Mouvement national contre le racisme, elle s’investit dans le sauvetage des enfants juifs. Le 25 septembre 1942, elle est arrêtée sur dénonciation. Après avoir été internée à la prison de la Petite Roquette puis à Fresnes, elle est envoyée à Drancy et déportée le 11 février 1943

Témoignage Edmond Richemond

Opa, documentaire de Simon Maller, 2016, 40 min.

Projection-débat, Opa, Histoire d’un enfant caché, de la rafle du Vél d’Hiv à la Suisse…
(“Opa” : “Grand-père”), documentaire de Simon Maller, petit-fils d’Edmond Richemond, sur l’histoire de son grand-père. La projection se fera en présence de ce dernier. Mercredi 16 mai 2018 à 14h30, Mairie du XIe arrondissement, Salle des Fêtes, 12 Place Léon Blum – 75011 PARIS

"En 1942, Edmond Richemond, né Reichmann, a 13 ans lorsque sa mère est arrêtée pendant la rafle du Vél d’Hiv. Parvenu à s’échapper, il est recueilli par des voisins et confié plus tard à la Colonie scolaire et aux EEIF qui le font passer en Suisse.
Il y avait deux jeunes gens pour nous encadrer : Mila Racine et Roland Epstein.
Le passage clandestin de la frontière a lieu le 14 septembre 1943 avec un groupe d’enfants convoyés par le Mouvement de la jeunesse sioniste, un des réseaux de la Résistance juive [1]

Réfugié à Genève, Edmond est transféré au centre de triage des Cropettes puis aux camps des Charmilles, puis à Varembé et à Champel. Jusqu’à la fin de la guerre, il travaille dans un hôtel de luxe à Cran-Montana. Il retrouvera son frère et son père, tous deux survivants d’Auschwitz. "

Il est finalement installé à Champéry, dans un hôtel réquisitionné pour les réfugiés. Mais il craint d’être envoyé dans un camp de travail. « J’ai voulu me rendre utile pour qu’on me garde là où j’étais ! Alors j’ai proposé de créer une équipe chargée de gérer les arrivées et départs des réfugiés, de nettoyer les chambres.

L’un sauvé, l’autre pas
Des écoles genevoises servirent de camps de triage pour des réfugiés passés clandestinement en Suisse
http://www.fndirp.asso.fr/wp-content/uploads/2016/03/PR906-site-7.pdf
" Les Cropettes  : école primaire réquisitionnée en 1943 pour faire office de centre de triage des réfugiés passés clandestinement en Suisse. Vingt-cinq mille personnes ont été enregistrées à la frontière franco-genevoise durant la Seconde Guerre mondiale et l’école des Cropettes a vu transiter 2526 réfugiés ; 1622 étaient juifs, près de 80 ont été refoulés et 17 ont été déportés vers les camps de la mort."

Entre 1942 et 1945, près de 86% des réfugiés civils étrangers arrêtés à la frontière franco-genevoise ont été accueillis, selon un rapport de chercheurs genevois paru en 2000. 14% ont été rejetés, avec des destins souvent tragiques. C’est le cas de Rosette Wolczak, juive de 15 ans, a fui la France. Elle est refoulée arbitrairement pour avoir « outragé les mœurs » des Cropettes. Déportée, elle est décédée à Auschwitz…

Après le débarquement de Normandie, la Suisse laisse entrer des réfugiés.
https://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/Quand-des-ecoles-servaient-de-camps-pour-trier-les-refugies/story/24277782

25 000 réfugiés ont été accueillis dans la Confédération helvétique qui avait fermé ses frontières.

La résistance juive

Organisations

MJS (Mouvement de la jeunesse sioniste)
En mai 1942, le Mouvement de la jeunesse sioniste (MJS) est créé par Simon Levitte et Dika Jefroyki.
Créé en septembre 1942 à l’initiative des résistants membres des Francs-tireurs et partisans - Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI), le Mouvement national contre le racisme (MNCR) est un mouvement dont la vocation est de réunir des résistants juifs et non-juifs pour des actions à caractère humanitaire : cacher des enfants qui risquent la déportation, organiser des évasions et le passage des frontières, fabriquer des faux-papiers.

Comité rue Amelot  : colonie scolaire avec Henry Bulawko

OSE : Sauver les enfants http://www.ose-france.org/

Réseau Garel avec l’aide de l’abbé Alexandre Glasberg et Charles Lederman met en place un réseau de sauvetage d’enfants (ceux de l’OSE).
Les Justes : Chambon sur Lignon, Dieulefit, St Christophe des bois

- La reconstruction des enfants après la guerre :
Les colonies de la Commission Centrale de l’Enfance
http://www.cercleshoah.org/spip.php?article515

Bibliographie

ALAIN Michel, Les Éclaireurs israélites de France pendant la Seconde Guerre mondiale
BULAWKO Henry, Les jeux de la mort et de l’espoir : Auschwitz-Jaworzno - Auschwitz, 50 ans après, préf. de Vladimir Jankélévitch, 3e éd. revue et augmentée, Paris, Montorgueil, 1993, 255 p., 1ère éd. 1954.
FICHTENBERG Roger, Journal d’un résistant dans le sud ouest, préface de Serge Klarsfeld, annoté par Katy Hazan, Collection Témoignages de la Shoah, éditions Le Manuscrit / Fondation pour la Mémoire de la Shoah, 2015, 180 p.
http://www.fondationshoah.org/memoire/collection/journal-dun-resistant-juif-dans-le-sud-ouest-roger-fichtenberg
HAZAN Kathy, Rire le jour, pleurer la nuit : Les Enfants juifs cachés dans la Creuse pendant la guerre (1939-1944), Calmann-Levy, Collection Mémorial de La Shoah, 2014.
LEWERTOWSKI Catherine, Morts ou Juifs. La Maison de Moissac 1939-1945, Flammarion, Paris, 2003.
LEWERTOWSKI Catherine, Les enfants de Moissac 1939-1945, préface Boris Cyrulnik, Champs-Histoire, Flammarion, 286 p.
LOINGER Georges, avec ZELTOUN Sabine, Les Résistances juives en France pendant l’Occupation, Paris, Albin Michel,‎ 2010
POZNANSKI Renée, Les Juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale., Hachette, 1997

https://www.eeif.org/sites/default/files/mur-des-noms_def_0.pdf

La colonie scolaire : en anglais, avec des documents :
[https://blog.nli.org.il/en/colonie_scolaire/]

https://www.nonfiction.fr/article-11328-la-commission-centrale-de-lenfance-entre-education-et-propagande.htm

- Droits des enfantshttps://www.demarches.interieur.gouv.fr/

[1Le réseau Garel de l’OSE, la sixième des EIF, le Mouvement de la jeunesse sioniste ( MJS), le Comité de la rue Amelot, le réseau Marcel, le service André, les rabbins aûmoniers, le réseau Westerweel spécialisé dans le passage de la frontière espagnole, e celui de la Wiso (femmes sionistes) et enfin l’Armée juive (AJ), seule organisation habilitée à présenter des dossiers d’homologation pour le titre de résistant.