Un Kibboutz à Saint Domingue
Sous la dictature de Trujillo, dans les années quarante, des juifs se sont réfugiés aux Caraïbes.
De nombreux pays refusent d’accueillir des réfugiés juifs. « [Ces pays] affirment le plus froidement du monde qu’il n’y a pas de place chez eux » ironise Ernst von Weizsäcker, secrétaire d’État de Hitler.
Après la conférence d’Evian, 1938, le dictateur Trujillo propose d’accueillir 100 000 juifs pour faire oublier un massacre de Haïtiens qui étaient passés clandestinement à Saint Domingue.
Une association est créée avec l’aide des juifs américains du JOINT
(American Jewish Joint Distribution Committee, New York), la
DORSA (Dominican Republic Settlement Association) pour acheter des terres.
Sur 100 000 juifs pouvant avoir le droit d’asile en 1940 aux Caraïbes,
seulement 750 ont pu y entrer après de nombreux tracas, prêts à tout pour ne pas finir assassinés en Europe.
Le Kibboutz était implanté à Sosúa, sur la côte nord. Des professeurs, médecins, musiciens, commerçants de Berlin, Cologne et Vienne, se trouvent confrontés à la chaleur, au sol pauvre, au manque d’équipement et de savoir faire, à l’espionnage, aux maladies (la malaria). Ils organisent une vie culturelle et religieuse. Une synagogue est construite.
Quelques descendants de ces juifs vivent encore à Sosúa aujourd’hui. Des produits laitiers et du salami continuent d’être fabriqués selon les recettes allemandes, « Productos de Sosúa », synonymes de qualité dans
leur coopérative, Compania Industrial Lechera.
Des photos :
http://www.dw-world.de/dw/article/0,,5090075,00.html
Un journaliste qui vit dans l’île, et une historienne, ont mené l’enquête :
Hans-Ulrich Dillmann/Susanne Heim, Fluchtpunkt Karibik. Jüdische
Emigranten in der Dominikanischen Republik, Christoph-Links-Verlag, 2009, 192 p.
C. BIRKHAN Ina,Santo Sosua : Deutsche in der Karibik, Taschenbuch, 2003, 111 p.
http://archives.jdc.org/researchers/finding-aids/dorsa-collection/
‘Acapulco in the Atlantic’ : Revisiting Sosúa, a Jewish Refugee Colony in the Caribbean, Simone Gigliotti
- Martinique
Last Exit from Vichy France : The Martinique Escape Route and the Ambiguities of Emigration", Eric Jennings, The Journal of Modern History, 06/2002 ; 74(2) : 289-324.
Éric Jennings, Les bateaux de l’espoir : Vichy et les réfugiés de la filière martiniquaise, CNRS, 2020.
Franz Fanon, Peau noire, masques blancs
Aimé Césaire dans son Cahier d’un retour au pays natal :
Partir.
Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-panthères, je serais un homme-juif…
William F.S. Miles, « La créolité et les Juifs de la Martinique », Pouvoirs dans la Caraïbe :
https://journals.openedition.org/plc/823?=en#tocto1n4
- Parmi les réfugiés à Saint Domingue : Lore Krüger
KRÜGER Lore : Quer durch die Welt. Das Lebensbild einer verfolgen Jüdin, Schkeuditzer Buchverlag, 2012
Lore Krüger, photographe, résistante, exilée
Lore Krüger. Ein Koffer voller Bilder : Fotografien 1933 bis 1945. Katalog zur Ausstellung vom 23. Januar bis 10. April 2015. Edition Braus, Berlin 2015
http://www.mahj.org/fr/3_expositions/expo-Lore-Kruger-une-photographe-en-exil.php
- Haiti
Louis-Philippe Dalembert, Avant que les ombres s’effacent, Paris, Sabine Wespieser éditeur, 2017
un décret-loi de 1939, octroie la naturalisation immédiate aux Juifs qui le souhaitent.
Le retour en Allemagne
Ursula Krechel, Terminus Allemagne (Landgericht), traduit de l’allemand par Barbara Fontaine, Carnets nord, 2014, 448 p.
Un ancien juge à Berlin atteint par les lois raciales s’est réfugié à Cuba. Ses enfants ont pu se réfugier en Angleterre et sa femme n’a pu quitter l’Allemagne. A son retour, il ne peut faire reconnaître ses droits devant le Landgericht ( tribunal de grande instance).
(Dans Shanghai fern von wo, d’Ursula Krechel, il est question d’une communauté juive réfugiée à Shangaï.)
Ho Feng-Shan, “The Chinese Schindler,” Consul-General à Vienne, visas to Shanghai to 185,000 Austrian Jews for humanitarian reasons. Il est Juste.
https://www.algemeiner.com/2021/03/11/remembering-the-chinese-schindler-who-saved-many-more-lives/
– Edith Jungermann, une vie compliquée, guerre d’Espagne, Chine où elle rencontre de grosses difficultés, se remarie avec Friedrich Kisch frère d’Egon Kisch, (1885-1948), ancien reporter de guerre en Espagne. Edith Markus-Jungermann travaille pour l’UNRRA.
Gaby Ersler Sichon, « Les médecins des deux guerres : Espagne 1936-1939. Chine 1939-1945 », Matériaux pour l’histoire de notre temps, n°19, 1990, Nanterre, pp. 57-64.
Robert Mamlok, The International Medical Relief Corps in Wartime China, 1937-1945, Jefferson, McFarland and Co, 2018.
https://maitron.fr/spip.php?article221253
N.M.