- Une vieille interrogation
86 personnes juives ont été gazées en août 1943 dans la chambre à gaz du camp nazi du Struthof en Alsace. Les squelettes étaient destinés à la collection de l’Institut d’anatomie de l’Université de Strasbourg (Institut für Anatomie der Universität Straßburg), dirigé par le professeur nazi August Hirt, SS-Hauptsturmführer.
Les noms des 86 victimes de la chambre à gaz du camp de Natzweiler-Struthof
- Polémique de 2015
Des restes de victimes de l’anatomiste nazi August Hirt ont été découverts en 2015.
Une commission a été chargée d’analyser les activités de la Reichsuniversität Straßburg annexée au Reich. L’Université de Strasbourg était alors repliée à Clermont-Ferrand. Parmi ses membres, des résistants [1], dont Robert Waitz.
- Enquête sur l’origine des « collections » trouvées dans l’université actuelle
Crimes nazis du Struthof : « L’université de Strasbourg clamait depuis trente ans qu’elle ne détenait plus de restes des victimes, mais c’était faux »
https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/05/03/crimes-nazis-du-struthof-l-universite-de-strasbourg-clamait-depuis-trente-ans-qu-elle-ne-detenait-plus-de-restes-des-victimes-mais-c-etait-faux_6124589_3224.html
- Remarques de Georges Hauptmann, professeur de médecine honoraire en hématologie, à l’Université de Strasbourg, ancien élève et ami du professeur Robert Waitz, résistant, déporté.
"Florence Rosier rappelle dans l’article publié par Le Monde que Raphaël Toledano avait découvert dans les collections de l’Institut de médecine légale à Strasbourg des préparations réalisées sur la dépouille de Menachem Taffel, l’une des victimes de Hirt.
En fait, Raphaël Toledano a découvert au mois de juillet 2015 un bocal contenant des fragments de peau prélevés sur le cadavre n° 63 (correspondant à la victime Menachem Taffel) et deux éprouvettes renfermant le contenu de l’intestin et de l’estomac supposés provenant de la même victime (mais sans preuve).
Le rapport établi le 15 janvier 1946 par les professeurs Simonin, Piédelièvre et Fourcade pour le tribunal militaire de Metz précise la nature et l’origine des prélèvements réalisés en vue d’expertises.
Ces prélèvements ont été placés dans des bocaux comportant le numéro de la victime.
Quatre bocaux contenant des prélèvements en vue de recherches histologiques (dont l’un provenant du cadavre N° 63) ont été adressés au médecin-chef du Laboratoire de Bactériologie et d’Anatomo-pathologie de l’Hôpital militaire du Val de Grâce de Paris.
Quatorze bocaux contenant des prélèvements de plusieurs organes de 6 victimes et 8 bocaux contenant divers autres prélèvements (urine, sang, liquide péritonéal, échantillon du bain d’immersion des cadavres, produit de raclage du mur extérieur de la chambre à gaz, platras provenant de la cheminée extérieure de la chambre à gaz) ont été adressés à un expert toxicologue, le professeur Fabre, de la Faculté de Pharmacie de Paris. (Voir ci-dessus et ci-dessous les copies de deux documents à ce sujet)
Les experts ont fourni les résultats de leurs analyses ; le Commandant Bernier, chef du laboratoire de bactériologie et d’anatomo-pathologie de l’Hôpital du Val de Grâce indique avoir constaté l’existence de lésions d’oedème au niveau des poumons orientant « vers la possibilité d’une absorption massive par voie respiratoire d’un poison gazeux n’ayant pas lésé les viscères ».
Les recherches toxicologiques n’ont pas décelé de toxiques volatils et particulièrement d’acide cyanhydrique mais le professeur Fabre mentionne que ce toxique n’aurait pu être décelé que s’il avait été présent à une dose supérieure à six milligrammes dans la prise d’essai.
Rien n’est mentionné sur le devenir ultime des prélèvements : ont-ils été tous analysés puis éliminés ? ou restait-il quelques éléments de prélèvements ? Aucune recherche n’a été effectuée à ce sujet.
A noter que le bocal trouvé à Strasbourg, contenant des fragments de peau du cadavre N° 63 n’a pas été transmis à Paris, ni les éprouvettes ( pour quelle raison ? oubli ?). Ces prélèvements ne sont pas mentionnés dans le rapport et aucun résultat d’analyses de ces échantillons n’est fourni.
Il faut donc admettre que le professeur Simonin, responsable du Laboratoire d’anatomie pathologique à Strasbourg a simplement conservé ces prélèvements et qu’ils ont été oubliés dans l’un des locaux de l’Institut jusqu’à leur découverte en 2015.
Il s’agit donc d’une négligence et d’un oubli du professeur Simonin. La Faculté de Médecine et l’Université de Strasbourg peuvent-ils être considérés comme coupables de ces manquements ? "
Georges Hauptmann
- Médecine nazie
Robert WAITZ, médecin résistant dans les camps d’Auschwitz III (Buna-Monowitz) et Buchenwald :
Robert Waitz, résistant, déporté, témoin au procès de Nuremberg, par Georges Hauptmann
Expérimentations de stérilisation par rayons X :
Génia Oboeuf, survivante du Block 10
Eugénisme, euthanasie, Shoah ». (Aktion Gnadentod) mort miséricordieuse.
De l’eugénisme à la Shoah
[1] COLLECTIF, De l’Université aux Camps de Concentration : Témoignages Strasbourgeois, édition originale : Paris, Les Belles-lettres, 1947
livre numérisé, éd. Presses universitaires de Strasbourg, 1995 :
https://docnum.unistra.fr/digital/collection/coll17/id/1995