Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

La Rafle du Vél’ d’Hiv’, 16 juillet 1942

organisée par la France de Vichy
lundi 10 avril 2017

Le président de la République, Jacques Chirac reconnait officiellement la responsabilité de la France et du régime de Pétain dans la déportation des juifs dans un discours prononcé le 16 juillet 1995.

Des juifs français sont arrêtés et déportés.

Henry Bulawko, porteur de la mémoire du Vel’ d’Hiv
http://clioweb.free.fr/dossiers/39-45/ledoux-VeldHiv-bulawko.pdf

Commémoration de la rafle du Vél’ d’Hiv’ au jardin mémorial des enfants du Vél’ d’Hiv’, rue Nélaton, où sont gravés les noms des 4000 enfants déportés et assassinés. vendredi 16 juillet 2021
En présence de Serge Klarsfeld, Jacques Fredj et des Fils et Filles des Déportés Juifs de France

Quelques dates

Vote des Pleins pouvoirs à Pétain, chef de l’État français, dernier Président du Conseil de la IIIe République, le 10 juillet 1940, par l’Assemblée nationale.
Le Régime de Vichy ou l’État Français met en place un régime de collaboration.
Dénaturalisation : La loi sur les dénaturalisations a été mise en place par Vichy le 22 juillet 1940.
Premier Statut des Juifs : loi du 3 octobre 1940.
Deuxième statut des juifs  : Loi du 2 juin 1941.

Interdictions, aryanisation, spoliations, la machine à exclure se met en place.
"Rafle" du billet vert, 14 mai 1941, à Paris.
Camp de Drancy : 20 août 1941-17 août 1944 : la cité de la Muette, les premières HLM de France, où sont internés les juifs raflés en France, la rafle du 20 août 1941 ; Drancy, centre de rassemblement avant la déportation.
Rafle du Vél’ d’Hiv’ : Les 16-17 juillet 1942 : 4 500 policiers français arrêtent 3 118 hommes, 5 119 femmes et 4 115 enfants juifs.
"Des bus plein à craquer se rangent devant les portes..."
12 884 femmes, hommes et enfants, répartis entre Drancy (près de 4 900) et le Vel d’Hiv (8 000), ont été arrêtés par la police parisienne
Jamais Vichy ne livra plus de juifs français à l’occupant que le 16 juillet 1942 !

Laurent Joly

Jardin rue Nélaton 15e Photo D. Dufourmantelle

Le Vel d’hiv’ :
"Dehors, c’est la lumière de l’été. Mais une demi-pénombre stagne, créée par la peinture bleue dont il a fallu recouvrir la gigantesque verrière en raison de la défende passive."
in LÉVY Claude, TILLARD Paul, La Grande rafle du Vel’ d’hiv’, préf. de Joseph Kessel, "Ce jour là : 16 juillet 1942, Robert Laffont, 1967, réed. Tallandier, 2010, 332 p.

  • 27 janvier 2021, jardin des enfants du Vél’ d’hiv’
    L’ambassadeur d’Allemagne, Beate et Serge Klarsfeld
    Photo Marilou Tremil

Rafle du Vél’ d’Hiv’, Raphaël Esrail
Discours d’Yvette Lévy à l’occasion de la cérémonie du Vél’ d’Hiv’

Chassez les papillons noirs, Sarah Montard

Un fait d’histoire : la Rafle du Vél’ d’Hiv’ ( 16-17 juillet 1942)

Laval et Oberg

La responsabilité politique du gouvernement Pétain-Laval, des autorités de Vichy, dans la rafle de Juifs, hommes, femmes et enfants, à l’été 1942, de leur internement dans les camps du Loiret (Pithiviers, Beaune-la-Rolande) et de Drancy, et à terme de leur déportation dans les camps de concentration et d’extermination, est entière. C’est le chef du gouvernement, Pierre Laval, et le Secrétaire général à la police, René Bousquet qui sont aux postes de commandement dans l’organisation de la rafle. Elle fait suite aux accords de début juillet 42 entre le général SS, commandant la Sipo-SD (police allemande) Carl Oberg, représentant de Himmler en France à partir du printemps 42, et René Bousquet à la tête de toutes les polices françaises, plus Louis Darquier de Pellepoix, Commissaire général aux questions juives. Des ordres sont donnés au Préfet de police de Paris, Amédée Bussière, et au directeur de la police municipale, Emile Hennequin, de faire arrêter sur fiches, des familles juives, sans épargner les enfants à partir de 2 ans. 4 500 policiers français procèdent alors à l’arrestation de près de 13 000 Juifs, majoritairement étrangers et de leurs enfants, seraient-ils de nationalité française par droit du sol.

Jardin des enfants du Vél’ d’Hiv’ : rue Nélaton dans le 15e arrondissement de Paris.

Liste des enfants raflés Photo DD

 "on fait le bilan". 12 884 personnes (bilan au soir du 17 juillet) et ; finalement, en comptant les arrestations des jours suivants, 13 152 personnes ont été arrêtées, essentiellement des femmes et des enfants (plus de 8 000) ce qui correspond à la population d’une ville moyenne : un chiffre terrible. Mais, 13 000 arrestations sur 22 000 prévues c’est un demi-échec, un « fiasco », un camouflet : près de la moitié des gens prévus ont échappé aux arrestations. JM Berlière.
Les polices françaises sous l’occupation, Jean-Marc Berlière

On arrête partout en France.

Ce régime de l’État Français bafoue tous les principes républicains, livre les Juifs français et étrangers, dont certains, réfugiés politiques, à leurs bourreaux, y compris en zone non-occupée, comme il le fera avec la rafle du 26 août 1942 [1]. La politique de collaboration des polices françaises et allemandes [2], durera jusqu’au terme de l’occupation militaire allemande, c’est-à-dire août 1944. Cependant des familles juives ont été prévenues (il était prévu d’arrêter plus de 27 000 personnes). Des protestations publiques ont été émises à l’été 1942 par les Églises catholique et protestante ( pasteur Boegner, Mgr Saliège, Mgr Théas…) ainsi que de la part de mouvements de Résistance et du Comité national français, présidé par le général De Gaulle, devenu la France combattante. Il y eut aussi, très minoritairement, des actes individuels de résistance aux ordres donnés de la part de policiers français devenus, de par la volonté des personnes sauvées, Justes parmi les nations. L’antisémitisme d’État, caractéristique du régime de Vichy, est à terme condamné, et pas seulement par la force des armes.

La négation de l’implication française dans le projet nazi de génocide des Juifs, entre 1940 et 1944 est sans fondement.

Adam Rayski, Il y a soixante ans, la rafle du Vélodrome d’hiver : le peuple de Paris solidaire des Juifs, préface Bertrand Delanoë, éd. Mairie de Paris, 2002, 79 p.
http://itinerairesdecitoyennete.org/journees/27_jan/documents/veldiv_paris.pdf

Histoire et Mémoire du Vél’ d’Hiv’, à travers les cérémonies et Henry Bulawko :
https://blogs.mediapart.fr/sebastien-ledoux/blog/100417/la-memoire-du-vel-dhiv-quelques-jalons-chronologiques

Extraits du discours de Jacques Chirac

«  Ce jour-là, la France accomplissait l’irréparable.  »

"... Ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français. Il y a cinquante-trois ans, le 16 juillet 1942, 4500 hommes policiers et gendarmes français [3], sous l’autorité de leurs chefs, répondaient aux exigences des nazis. Ce jour-là, dans la Capitale et en région parisienne, près de dix mille hommes, femmes et enfants juifs, furent arrêtés à leur domicile, au petit matin, et rassemblés dans les commissariats de police.
On verra des scènes atroces : les familles déchirées, les mères séparées de leurs enfants, les vieillards - dont certains, anciens combattants de la Grande Guerre, avaient versé leur sang pour la France - jetés sans ménagement dans les bus parisiens et les fourgons de la Préfecture de Police.
On verra, aussi, des policiers fermer les yeux, permettant ainsi quelques évasions.
Pour toutes ces personnes arrêtées, commence alors le long et douloureux voyage vers l’enfer. Combien d’entre elles reverront jamais leur foyer ? Et combien, à cet instant, se sont senties trahies ? Quelle a été leur détresse ?
La France, patrie des Lumières et des Droits de l’Homme, terre d’accueil et d’asile, la France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux.
Conduites au Vélodrome d’hiver, les victimes devaient attendre plusieurs jours, dans les conditions terribles que l’on sait, d’être dirigées sur l’un des camps de transit - Pithiviers ou Beaune-la-Rolande - ouverts par les autorités de Vichy.
L’horreur, pourtant, ne faisait que commencer.
Suivront d’autres rafles, d’autres arrestations. A Paris et en province. Soixante-quatorze trains partiront vers Auschwitz. Soixante-seize mille déportés juifs de France n’en reviendront pas..."

Discours du 16 juillet 1995 :
http://www.ina.fr/video/CAB95040420
http://www.jacqueschirac-asso.fr/archives-elysee.fr/elysee/elysee.fr/francais/interventions/discours_et_declarations/1995/juillet/fi003812.html

Jacques Chirac est décédé le 26 septembre 2019.

https://blogs.mediapart.fr/sebastien-ledoux/blog/100417/la-rafle-du-vel-dhiv-un-crime-francais

http://clioweb.canalblog.com/tag/ledoux

Pendant longtemps des cérémonies commémoratives ont été organisées par les associations des déportés et familles. Pour le quarantième anniversaire, en 1982
Jean Laurain, ministre des anciens combattants a fait un discours.

« L’État français de Pétain et Laval ne fut pas une aberration imprévisible », car « ni le racisme ni l’antisémitisme n’étaient nés avec le régime de Vichy, ils étaient là, vivaces, présents sous la Troisième République », Emmanuel Macron, 2017.

Complicité de Laval, Bousquet et celle de Pétain dans la Solution finale.

« En persécutant dès 1940 les juifs nationaux, […] en ne tenant aucun compte de la nationalité française des enfants d’apatrides visés à l’été 1942, en tolérant d’emblée les violations des accords Bousquet-Oberg, puis en acceptant, à partir de janvier 1944, de rafler des juifs français, Vichy a été loin, en vérité, de mener une politique de sauvegarde ou de ‘’moindre mal’’. » "L’État contre les juifs" Laurent Joly
Le Cercle d’étude

Joseph Weismann

Joseph Weismann, en parlant du film La Rafle, regrette les transformations par rapport à son vécu, mais la réalisatrice, Rose Bosch, faisait un film qui obéit à certaines règles financières, dit-il. Il est né en 1931, à Paris, de parents originaires de Pologne. Il est juif français. Il est raflé le 16 juillet 1942, envoyé au Vél’ d’Hiv’, puis à Beaune-la-Rolande. Il est arraché à ses parents et ses deux soeurs, qui sont déportés à Auschwitz.
Il a 11 ans et il s’évade avec un copain, Joseph Kogan, en arrachant, pendant six heures, à mains nues et en rampant sous les barbelés.
Joseph WEISMANN (avec la contribution de Caroline Andrieu), Après la rafle, Neuilly-sur-Seine, Éditions Michel Lafon, 2011, 297 p.

La Grande librairie avec Joseph Weismann, Jacqueline Fleury ( Markkleeberg-Wolfswinkel, camp annexe de Buchenwald)
https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/

  • Laurent JOLY, La Rafle du Vél d’Hiv. Paris, juillet 1942, Grasset, 2022, 400 p.
    "les 16 et 17 juillet 1942, 12 884 femmes, hommes et enfants, répartis entre Drancy (près de 4 900) et le Vel d’Hiv (8 000), ont été arrêtés par la police parisienne à la suite d’un arrangement criminel entre les autorités allemandes et le gouvernement de Vichy."
  • Cabu, la rafle du Vél’ d’Hiv’ : Bande dessinée
    Cabu, dessins présentés par Laurent Joly, avant-propos de Véronique Cabut, Cabu, la rafle du Vel d’Hiv, 2022
    La Rafle du Vél d’Hiv’ par Cabu
  • 260 élèves de l’école des Hospitalières Saint-Gervais sont déportés

[1Les juifs étrangers qui sont livrés aux Allemands en août 1942, ont été internés dans des camps comme Gurs, Rivesaltes, les Milles, etc. sur décision du gouvernement de Vichy sans aucune demande des Allemands.

[2La rafle de Marseille des 22 au 24 janvier 1943 a utilisé les moyens de 12 000 policiers français (3 fois plus que la rafle du Vé’l d’Hiv’) en association avec les Allemands. La photo de Bousquet, représentant du gouvernement de Vichy et chef de la police française, souriant aux côtés d’Allemands à la mairie de Marseille à la veille de cette opération est parlante sur l’engagement du gouvernement français de l’époque dans ces opérations

[39000 hommes des forces de l’ordre du gouvernement de Vichy d’après Marrus et Paxton, divisés en 900 équipes d’arrestation