Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

HOULY Jacqueline

Convoi 76
samedi 10 avril 2021

Jacqueline Houly, 13 ans et demi et sa sœur Marcelle, 11 ans et demi, deux enfants dans les camps.

Seule Jacqueline a survécu

Jacqueline Houly est née à Boulogne-sur-Seine, le 5 octobre 1930, Marcelle est née à Versailles le 1er août 1932. Leur père, Marcel Houly, et leur mère, Lucie Curiel, étaient originaires de Smyrne ( aujourd’hui Izmir), dans l’ancien empire ottoman. La famille du père de Maurice Houly quitte la Turquie, suite à la guerre d’indépendance, lors de la création du jeune état turc, et arrive en France en 1925.Ils s’installent à Versailles où vivait déjà la sœur de Maurice Houly, Rachel, mariée avec Maurice Bensignor.

Lucie Curiel, la mère de Jacqueline et Marcelle, a perdu ses parents encore jeune et a été recueillie par un frère de son père qui vivait en France à Paris. Maurice Houly et Lucie Curiel se sont rencontré probablement à Paris et marié en 1929 .

Jacqueline et Marcelle sont instruites dans les écoles de la République, et se sentent parfaitement intégrées. La famille pense qu’elle ne risque rien en France jusqu’aux premières lois antisémites.

Le 17 mai 1944, la Gestapo de Maisons-Laffite organise une rafle dans le secteur de Versailles. Arrêtées au lycée de Versailles où elles sont scolarisées, Jacqueline et Marcelle sont emmenées au commissariat de police où elles retrouvent leur oncle, Maurice Bensignor, et leurs deux cousines, Reine et Janine (voir notice de la famille Bensignor). Ils sont tous internés au camp de Drancy le 29 mai. Jacqueline et sa sœur reçoivent les numéros matricule 23482 et 23483. La présence de leur oncle est rassurante pour Jacqueline et Marcelle. Un matin, il les réveille à l’aube, leur disant : « Les filles, les Américains ont débarqué, on va s’en tirer. » Mais les Américains ne sont pas arrivés assez vite.

Le 30 juin, ils sont tous conduits à la gare de Bobigny avec 1153 internés destinés à être déportés vers le centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau. C’est le 76ème convoi de déportés juifs parti de Drancy.

Le voyage qui dure quatre jours, en plein été, est particulièrement épuisant pour ces familles entassées dans un wagon à bestiaux plombé. Le 4 juillet, le convoi entre à l’intérieur du camp de Birkenau sur la « rampe d’Auschwitz » où a lieu la sélection. Les travaux de Serge Klarsfeld ont permis d’apprendre que, 223 femmes sur 495 sont déclarées ͧaptes ͧpour le travail. Ce sont généralement les plus jeunes. L’autre moitié du convoi, les malades et les enfants, dits « inaptes » au travail, sont gazés dès l’arrivée. Bien que très jeune, 13 ans et demi, Jacqueline entre au camp avec sa cousine Reine, alors que sa sœur Marcelle et sa cousine Janine sont ͧenvoyées vers la mort ͧ, dit Jacqueline. Internée au camp de femmes de Birkenau, elle reçoit le numéro matricule A-8596. Astreinte à des travaux durs, porter de lourdes pierres, des rails, elle va au Revier avec la gale ; puis elle fait une première ͧmarche de la mort « , avant d’être emmenée dans »des trains de marchandises à plate-forme, sans toit, par une température très basse avec gel et neige jusqu’au camp de Ravensbrück puis de Malchow, camp annexe de Ravensbrück".

Jacqueline Houly est rapatriée le 27 mai 1945 ; elle décrit ainsi son retour :
« Je me souviens peu de mes retrouvailles avec mes parents, car j’étais malade, atteinte d’une pleurite qui évolua en tuberculose pulmonaire. Lorsque mes parents m’ont demandé où était ma sœur, je n’ai pu leur dire la vérité et j’ai laissé entendre que nous avions été séparées et que je l’avais perdue de vue… Mes parents ont espéré en vain son retour, puis n’ont plus posé de questions. A la rentrée, je suis retournée au lycée ; aucune question, ni de la part des professeurs, ni des élèves, mais il valait mieux, car je n’avais pas envie de parler, cela me faisait mal . »

En 1950, Jacqueline Houly fait la connaissance de son futur mari, Pierre Brin. Ils auront deux enfants, Jean-Louis et Florence. Jean-Louis est devenu gynécologue obstétricien, Florence, cadre dans la publicité.

Elle a aujourd’hui 7 petits-enfants et 6 arrières-petits-enfants. Elle termine son témoignage livré en 2010 en disant « qu’elle continue à avoir de nombreux moments de « mal vivre ». »

Photo de famille 1940-1941
A gauche, Marcelle, à droite Jacqueline
Au centre, debout, leur cousine Janine
Fonds privé

Sources : Mémorial de la Shoah- Livre « L’avant-dernier convoi Drancy-Auschwitz » de Chantal Dossin et Jeanine Thomas, Petit Cahier n°12, Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah- Témoignage de Jacqueline Houly (2010-2021)

Chantal Dossin
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