Emile et Marthe Bauer, âgés de 65 et 51 ans
Emile Bauer est né le 10 juin 1878 à Romanswiller dans le Bas Rhin et Marthe Levy est née à Strasbourg le 13 février 1892. Ils habitaient à Strasbourg 13, boulevard Clémenceau. Emile Bauer était commerçant. Lorsque la ville est évacuée, en 1939, Ils se réfugient alors dans le Massif Central, à Artonne près d’Aigueperse dans le Puy de Dôme. Ils y sont arrêtés ainsi que leur neveu René Lob et d’autres membres de leur famille réfugiés également dans ce village. Ils sont transférés au camp de Drancy où ils arrivent le 2 juin avec 24 Juifs venant de Vichy et qui, pour beaucoup avaient été arrêtés dans des villages isolés du Massif Central où ils se pensaient en sécurité. La fiche du carnet de fouille d’Emile Bauer dit qu’il remet au chef de la police du camp la somme de 10719 francs et 2000 dollars papier ainsi qu’une montre en or puisque chaque interné devait remettre argent et objets de valeur à son arrivée au camp.
Extrait du cahier des entrées au camp de Drancy
Le 30 juin, ils sont conduits à la gare de Bobigny avec 1153 internés destinés à être déportés vers le centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau. C’est le 76ème convoi de déportés juifs parti de Drancy. Selon le témoignage de leur neveu qui a survécu, Martha Bauer, qui avait été opérée d’un cancer peu de temps avant, est emmenée sur une civière. Cela explique peut-être qu’elle n’est pas notée à l’arrivée au camp de Drancy ( voir document ci-dessus). Malgré son état, elle n’en sera pas moins déportée.
Le voyage qui dure quatre jours dût être particulièrement insupportable. On imagine le calvaire subi par Martha Bauer, déjà alitée. Le 4 juillet, le convoi entre à l’intérieur du camp de Birkenau sur la « rampe d’Auschwitz » où a lieu la sélection. Les travaux de Serge Klarsfeld ont permis d’apprendre que 272 femmes sur 495 et 278 hommes sur 654 n’entrent pas dans le camp et sont gazés dès l’arrivée du convoi. Selon le témoignage de son neveu, René Lob, Martha Bauer est descendue du wagon, toujours sur une civière, elle a été gazée ainsi que son mari le 4 juillet 1944.
DAVCC Caen21 P 422128 et 422143_ Mémorial de la Shoah. Témoignage.
Chantal Dossin