Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

ANGEL Elie

dimanche 11 avril 2021

ANGEL Elie, 32 ans en juin 1944, survivant

Elie Angel est né le 1er avril 1912 en Turquie, à Constantinople. Il est de nationalité turque. Orphelin très jeune, il est recueilli par son oncle maternel et sa tante qui l’élevèrent comme leur fils, avec leurs autres enfants. En 1917, ils émigrent vers la France. Ils habitent à Paris. A une date inconnue, ils s’installent à Avignon où ils habitent au 15, rue du Chapeau Rouge. Elie Angel s’y marie en 1940. Il a une première fille, Jacqueline. Il est alors marchand forain.

Il a été arrêté lors d’une rafle à Buis-les-Baronnies (Drôme) le 21 mai 1944. Il semble s’y être réfugié avec sa femme puisque l’hôtel du Lion d’Or de Buis-les-baronnies, les note comme pensionnaires tout au long du mois de mai jusqu’au 21, jour de l’arrestation. Vers midi, une dizaine de policiers en civil accompagnés d’autant de soldats allemands transportés dans un camion effectuent une opération de police à Buis-les-Baronnies. Ils cernent tous les hôtels de la localité et y contrôlent tous leurs occupants, volant au passage pour 800 000 francs de valeurs et d’objets, ainsi que des vêtements, du linge et un poste de TSF dans la maison d’un Juif en fuite. Ils effectuent quatorze arrestations de personnes « de race juive », dit le rapport de police. Pour la plupart, celles-ci sont prises dans l’hôtel du Lion d’Or où elles devaient venir prendre leur repas de midi. Toutes sont emmenées dans un camion à la prison Sainte-Anne à Avignon. Elles y restent 3 semaines, puis elles sont conduites, dans un transport de 68 personnes, de la région de Marseille au camp de Drancy où elles sont internées le 13 juin.

La fiche du carnet de fouille d’Elie Angel dit qu’il remet au chef de la police du camp la somme de 1106 francs, puisque chaque interné devait remettre argent et objets de valeur à son arrivée au camp. Le 30 juin, il est conduit à la gare de Bobigny avec 1153 internés destinés à être déportées vers le centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau dans le 76ème convoi de déportés juifs parti de Drancy.

Le voyage qui dure quatre jours est particulièrement insupportable du fait de la chaleur de l’été. Le convoi arrive à l’intérieur du camp, sur ce que l’on appelle la « rampe » d’Auschwitz où a lieu la sélection. Les travaux de Serge Klarsfeld ont permis de savoir que parmi les hommes de ce convoi, 256 sont immédiatement assassinés et 398 sont déclarés ͧaptes au travail. Le nombre d’hommes désignés pour ce travail d’esclave, plus de la moitié, est beaucoup plus élevé que celui des transports précédents. Un délai de survie leur est ainsi accordé car les camps deviennent, en 1944, un vivier de travailleurs pour l’industrie de guerre. L’autre moitié du convoi, les malades et les enfants, dits « inaptes » au travail, sont gazés dès l’arrivée.

Elie ANGEL entre au camp d’Auschwitz III situé à une dizaine de kilomètres d’Auschwitz près du village de Monowitz. Y était installée l’usine surnommée « Buna », d’IG Farben-Industrie destinée à fabriquer du caoutchouc synthétique. Il devient le déporté A-16546. Il se dit mécanicien.

Le 18 janvier 1945, Elie Angel fait partie des 250 à 300 déportés du convoi 76 évacués du camp de Monovitz. Il effectue la marche de la mort, une marche de 60 kilomètres sur des routes enneigées , en plein hiver, jusqu’à la ville de Gleiwitz, un Kommando du camp d’Auschwitz. Le 20 ou le 21 janvier, 2451 déportés sont entassés dans des wagons à charbon que les hommes rentrés dénommaient « wagons découverts », car sans toit, donc ouverts à tous les vents, à la neige et au froid, sans recevoir de nourriture. Cela pendant 10 à 13 jours, puisque ce convoi entre au camp de Dora entre le 1er et le 4 février.

Carte de travail d’Elie Angel au camp de Dora- Mittelbau, indiquant sa date de naissance et son numéro matricule

Elie Angel fait partie des survivants de ce transport. A son entrée au camp, il reçoit le matricule 107995. Le 1er mars 1945, il est dirigé vers la Boelcke Kaserne de Nordhausen où il est probablement affecté à un Kommando. Il est libéré le 11 avril par l’armée américaine et rapatrié en France le 20 avril 1945.
Il s’est remarié en 1948 et a eu trois autres enfants, Bernard, Nicole et Henri-Claude qui habitaient dans le Nord.

Sources : DAVCC Caen, 21P732571- Mémorial de la Shoah- Archives d’Arolsen
Mémoire Résistance des Hautes Baronnies

Chantal Dossin

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