Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Famille AUSIEFF

Yvonne, Marie, Geneviève et Ida, convoi 76
dimanche 11 avril 2021

AUSIEFF Israël et ses quatre filles, Yvonne, Marie, Geneviève et Ida.

Ida est la seule survivante de cette famille.

Il s’agit d’une famille de 4 personnes ; le père, Israël, est né à Siebeze (située en Russie ou en Pologne, selon les sources ?) le 8 août 1891 ; il a 53 ans.. Ses 4 filles sont nées à Paris : Yvonne, née le 18 septembre 1922, a 22 ans ; Marie, née le 19 janvier 1920, a 20 ans ; Geneviève, née le 15 août 1928, a 16 ans et Ida, la benjamine, née le 13 février 1931 a 13 ans. Israël Ausieff a été naturalisé le 25 décembre 1929, à cette époque où la IIIème République avait assoupli les conditions de naturalisation. Ses filles, nées en France, sont françaises. Israël Ausieef est maroquinier, et sa fille aînée travaille avec lui.
Toute la famille est arrêtée le 24 juin à son domicile, au 36 rue Olivier Metra, dans le 20ème arrondissement. L’arrestation est opérée par ce que l’on appelle le « Kommando de Drancy », On le repère sur le fichier de Drancy par les lettres KD. Ce Kommando est composé de trois internés viennois du camp de Drancy, Oskar Reich, et ses deux subordonnés, Vielfschtadt, dit Samson et Veschsler. Il réalise, sous la direction de deux SS des arrestations dans la capitale. Ils sont chargés de repérer tout Juif en liberté à Paris. Les personnes arrêtées sont conduites au camp le jour même, sans enregistrement de ces arrestations « sauvages ». Bien renseigné, le Kommando, arrête, ce jour-là une autre famille de 5 personnes , la famille Kammeney, habitant exactement à la même adresse que la famille Ausieff. Ida, seule survivante a dit que leurs familles avaient été dénoncées. Ils sont immédiatement conduits au camp de Drancy. La fiche du carnet de fouille d’Israel Ausieff note qu’il remet au chef de la police du camp la somme de 112 francs puisque chaque interné devait remettre argent et objets de valeur à son arrivée au camp. Quelques jours plus tard, le 30 juin, ils sont tous conduits à la gare de Bobigny avec 1153 internés destinés à être déportés vers le centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau. C’est le 76ème convoi de déportés juifs parti de Drancy.

Le voyage qui dure quatre jours est insupportable du fait de la chaleur de l’été. Le 4 juillet, le convoi entre à l’intérieur du camp de Birkenau sur la « rampe d’Auschwitz ». Les travaux de Serge Klarsfeld ont permis d’apprendre que 223 femmes sur 495 et 398 hommes sur 654 sont désignées pour le travail forcé. Ce sont généralement les plus jeunes. Le nombre de déportés choisis pour ce travail d’esclave, plus de la moitié du convoi, est beaucoup plus élevé que celui des transports précédents. En effet, les camps deviennent, à ce moment, un vivier de travailleurs pour l’industrie de guerre.

Israel Ausieff entre au camp d’Auschwitz III, situé à une dizaine de kilomètres d’Auschwitz près du village de Monowitz. Y était installée l’usine surnommée « Buna », d’IG Farben-Industrie destinée à fabriquer du caoutchouc synthétique. Il devient le déporté A-16552.
Un document du camp de Monowitz indique qu’il meurt à l’hôpital le 27 juillet 1944, à peine 1 mois après l’arrivée au camp. Le voyage et les premiers jours de la vie au camp ont eu raison de lui.

Ida et Geneviève sont entrées au camp de femmes de Birkenau. Leurs numéros matricules sont le A- 8508 et A- 8509 . Ida n’a pourtant que 13 ans mais n’a pas dû lâcher la main de sa sœur. Elles ont pourtant été séparées puisque le nom de Geneviève figure dans le rapport du bloc 22 du camp de femmes de Birkenau alors qu’Ida a dit à son retour qu’elle avait été affectée au block 30. Le rapport du block 22 est précieux car c’est le seul cahier de bloc retrouvé au camp de Birkenau et qui répertorie les femmes internées dans cette baraque par ordre alphabétique, en y indiquant leur nationalité, leurs noms et prénoms, leur âge et les remarques à leur sujet à la date du 18 octobre. Geneviève est donc vivante à cette date. Elle n’est cependant pas rentrée. De même qu’Yvonne et Marie dont je n’ai pas trouvé trace de leur passage au camp ?

Ida est la seule survivante de cette famille de cinq. Elle résume son parcours à son retour. Déplacée du camp de Birkenau au camp d’Auschwitz le 3 janvier, elle y reste jusqu’au 18 janvier où elle est évacuée à pied puis en train jusqu’au camp de Ravensbruck, situé à 80 kilomètres au nord de Berlin. Elle y est internée jusqu’à la libération du camp par les troupes soviétiques dans les derniers jours d’avril. Elle fait ensuite partie des 600 femmes évacuées du camp de Ravensbruck vers la Suède par la Croix Rouge le 23 avril 1945.Les survivantes ont témoigné de l’accueil chaleureux des services humanitaires suédois. Une légation française vient photographier chacune d’entre elles pour produire de nouvelles pièces d’identité. Après plusieurs semaines de convalescence en Suède ces déportées retrouvent ler pays dans de meilleures conditions que les autres rapatriées. Ida Ausieff est rapatriée à Paris le 7 juillet 1945.

Photographie prise par la légation Française en Suède en juillet 1945.

Source : DAVCC Caen
DVCC Caen AC 21P416273, 419997,628963 - Mémorial de la Shoah

Chantal Dossin

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