Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

MOUTAL Isaac, convoi 76

samedi 4 février 2023

Isaac Moutal, 44 ans en 1944

Isaac Moutal était né le 15 mars 1900 à Constantinople, l’actuelle Istanbul, en Turquie. Il était fils de feu Nissim Moutal et de Haligua Mercada. Il s’était marié, le 15 mars 1924 à Lyon avec Rebecca Eskenazy, fille de Samuel et de feu Babani Zamboul. Il était marchand forain. Le couple habitait au 34 rue Quivogne. Ils ont eu six enfants. Isaac Moutal avait été naturalisé en décembre 1929.

Photographie d’avant-guerre figurant dans le dossier de déporté d’Isaac Moutal

Après guerre, son épouse dit qu’il a été arrêté par la Milice le 7 juin 1944 à un arrêt de tram, Place Bellecour, lors d’une rafle. Des rafles fréquentes au lendemain du débarquement des Alliés en Normandie. Il est interné à la prison de Montluc le jour même. Il y reste jusqu’au 19 juin. Il est ensuite transféré au camp de Drancy où il entre le 21 juin avec 129 Juifs arrêtés dans la région lyonnaise. La fiche du carnet de fouille d’Isaac Moutal dit qu’il remet au chef de la police du camp la somme de 1250 francs, puisque chaque interné devait remettre argent et objets de valeur à son arrivée au camp. Son numéro est le 24260. Le 30 juin, il est conduit à la gare de Bobigny avec 1153 internés destinés à être déportés vers le centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau. C’est le 76 ème convoi de déportés juifs parti de Drancy.

Le voyage qui dure quatre jours, par une chaleur torride, est particulièrement épuisant pour ces familles entassées dans des wagons à bestiaux plombés. Le 4 juillet, le convoi entre à l’intérieur du camp de Birkenau sur la rampe d’Auschwitz où a lieu la sélection. Les travaux de Serge Klarsfeld ont permis d’apprendre que 223 femmes sur 495 et 398 hommes sur 654 sont déclarés aptes pour le travail. Ce sont généralement les plus jeunes. Le nombre de déportés désignés pour ce travail d’esclave, plus de la moitié, est beaucoup plus élevé que celui des transports précédents car les camps deviennent, en 1944, un vivier de travailleurs pour l’industrie de guerre. L’autre moitié du convoi, les malades et les enfants, dits inaptes au travail, sont gazés dès l’arrivée.

On sait qu’Isaac Moutal est entré au camp, la date de son décès étant donnée au Journal officiel au 23 janvier 1945. Son numéro matricule ne nous est pas connu, mais il pouvait être compris entre 16783 et 16787. Il est probable qu’il soit décédé au cours des marches de la mort. Compte tenu de la date donnée de son décès, il aurait pu se trouver parmi les nombreux déportés morts dans les« wagons découverts » qui les ont emmenés de Gleiwitz vers d’autres camps en Allemagne et qu’aucun document ne renseigne. Les déportés survivants témoignent tous d’une effroyable mortalité durant ces trajets. Ils donnent souvent cette évaluation approximative de la moitié des déportés morts à l’arrivée. Isaac Moutal peut figurer parmi eux. La feuille de témoignage déposée à Yad Vashem par Michel Moutal confirme que son père, Isaac Moutal, a effectué ces marches de la mort.

Acte de décès délivré à l’épouse d’Isaac Moutal par la mairie de Lyon, le 16 février 1948. Il Indique la date de son décès le 23 janvier 1945

Sources : DAVCC AC 21P 518952- Mémorial de la Shoah- Yad Vashem-

Chantal Dossin
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