Robert Franck, 40 ans en 1944
Survivant
Robert Franck est né le 18 décembre 1903 à Épernay, dans le département de la Marne. Il était le fils de Sylvain Frank, horloger-bijoutier et d’Adèle Hirsch, domiciliés à Épernay. Il s’est marié à Paris le 21 juin 1937 avec Germaine Louise Courtois. Il est dit agent technique et français d’origine à son entrée au camp de Drancy.
En 1944, Il semble qu’il a été hébergé avec sa femme à Buis-les Baronnies chez Madame Veux, une ménagère qui habitait la commune, selon la déclaration de celle-ci. Il est dit aussi que lors de son arrestation, à Buis-les-Baronnies , il venait rapporter un poste de radio qu’il avait réparé pour une personne. Il était probablement seul, ce jour-là à Buis, puisque sa femme n’a pas été arrêtée. Ce jour-là, vers midi, une dizaine de policiers en civil accompagnés d’autant de soldats allemands transportés dans un camion effectuent une opération de police à Buis-les-Baronnies. Ils cernent tous les hôtels de la localité et y contrôlent tous leurs occupants. Ils effectuent quatorze arrestations de personnes « de race juive », dit le rapport de police, pour la plupart déjeunant à l’hôtel du Lion d’Or de Buis. Incarcérées dans un premier temps à la prison Sainte-Anne-d’Avignon, puis elles sont internées au camp de Drancy le 13 juin 1944 ainsi que 227 Juifs arrêtés dans cette la région autour de Marseille.
Robert Franck reçoit le numéro matricule 23893. La fiche de son carnet de fouille dit qu’il remet au chef de la police du camp la somme de 719 francs, puisque chaque interné devait remettre argent et objets de valeur à son arrivée au camp. Selon un courrier conservé dans les archives, il connaît dès ce moment Charles Unik, arrêté à Buis-les Baronnies, avec lequel il vivra sa déportation. Le 30 juin, il est conduit à la gare de Bobigny avec 1153 internés destinés à être déportés vers le centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau. C’est le 76ème convoi de déportés juifs parti de Drancy. Le voyage qui dure quatre jours, par une chaleur torride, est particulièrement épuisant pour ces familles entassées dans des wagons à bestiaux plombés. Le 4 juillet, le convoi entre à l’intérieur du camp de Birkenau sur la « rampe d’Auschwitz » où a lieu la sélection. Les travaux de Serge Klarsfeld ont permis d’apprendre que 223 femmes sur 495 et 398 hommes sur 654 sont déclarés « aptes » pour le travail . Ce sont généralement les plus jeunes. Le nombre de déportés désignés pour ce travail d’esclave, plus de la moitié, est beaucoup plus élevé que celui des transports précédents car les camps deviennent, en 1944, un vivier de travailleurs pour l’industrie de guerre. L’autre moitié du convoi, les malades et les enfants, dits « inaptes » au travail, sont gazés dès l’arrivée.
Rober Franck, jeune et en bonne santé, entre au camp d’Auschwitz III situé à une dizaine de kilomètres d’Auschwitz près du village de Monowitz. Y était installée l’usine surnommée « Buna », d’IG Farben-Industrie destinée à fabriquer du caoutchouc synthétique. Il devient le déporté A-16649. Il survit jusqu’à l’évacuation du camp le 18 janvier. A ce moment, comme il le dit dans le courrier qu’il adresse en 1946 à la femme de Charles Unik, il est gravement malade, presque condamné et reste donc « hospitalisé » au camp, comme une soixantaine de déportés du convoi 76. Libérés par l’Armée rouge le 27 janvier 1944, les déportés du camp de Monowitz sont installés dans les blocs du camp d’Auschwitz. Ce qui permet à Robert Franck, soigné par les médecins et infirmières polonaises de survivre.
Il est revenu habiter en région parisienne après son retour en France. Il est décédé à Meudon, dans les Hauts-de-Seine, en juillet 1970.
DAVCC AC21P 545774- Mémorial de la Shoah-Mémoire Résistance des Hautes Baronnies
Extrait de la liste des déportés encore soignés au camp d’Auschwitz à la date du 16 juin 1945
Chantal Dossin