Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Famille Braunstein, convoi 76

mardi 21 juin 2022

Famille Braunstein, Lazare, 51 ans, Rachel, 44 ans, Marie, 25 ans, Berthe, 23 ans, Maurice, 16 ans

Seules Rachel, Marie et Berthe sont survivantes.

Lazare et Rachel Braunstein sont originaires de Roumanie. Rachel est née Zaccharia à Piatra le 7 mars 1900, Lazare est né à Bucarest le 26 novembre 1892. Ils s’y sont probablement connus. Ils sont venus en France avant 1919, puisque leur première fille, Marie, naît le 22 mai 1919 à Paris. Puis viennent Berthe, née le 31 mars 1921 et enfin Maurice, né le 15 mai 1928. Ils habitaient au 11 rue Lepic dans le 18ème arrondissement de Paris. Ils ont été naturalisés en 1928, Lazare est tapissier. Sa fille aînée Marie est dessinatrice.

Le 17 septembre 1943, la famille arrive à Aix-les-Bains en Savoie, pensant probablement être épargnée dans cette zone encore sous occupation italienne en 1943, et à proximité de la Suisse et de la montagne-refuge. Le père et le fils habitent dans un hôtel meublé, situé au 27, avenue de Tresserve, alors que la mère et les deux filles auraient habité au 5, avenue Marie de Solmon. Mais le 23 mai 1944, toute la famille, parents et enfants sont arrêtés, la logeuse les ayant dénoncés à la Kommandantur présente fin 1943 à Aix-les-Bains.

Ils sont internés à la prison Curial de Chambéry. Cette prison, installée dans la ville même, accueillait prisonniers politiques, résistants et « raciaux », entassés dans des cellules dont ils ne sortaient jamais, les portes n’étant ouvertes que trois fois par jour pour la distribution des repas.

Ils sont transférés 15 jours après à Drancy où ils entrent le 6 juin 1944. La fiche du carnet de fouille de Lazare Braunstein, matricule 23694, dit qu’il remet au chef de la police du camp la somme de 3245 francs, puisque chaque interné devait remettre argent et objets de valeur à son arrivée au camp. Trois semaines après, le 30 juin 1944, ils sont conduits à la gare de Bobigny avec 1153 internés destinés à être déportés vers le centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau. C’est le 76ème convoi de déportés juifs parti de Drancy.

Le voyage qui dure quatre jours, par une chaleur torride, est particulièrement épuisant pour ces familles entassées dans des wagons à bestiaux plombés. Le 4 juillet, le convoi entre à l’intérieur du camp de Birkenau sur la « rampe d’Auschwitz » où a lieu la sélection. Les travaux de Serge Klarsfeld ont permis d’apprendre que 223 femmes sur 495 et 398 hommes sur 654 sont déclarés « aptes » pour le travail. Ce sont généralement les plus jeunes. Le nombre de déportés désignés pour ce travail d’esclave, plus de la moitié, est beaucoup plus élevé que celui des transports précédents car les camps deviennent, en 1944, un vivier de travailleurs pour l’industrie de guerre. L’autre moitié du convoi, les malades et les enfants, dits « inaptes » au travail, sont gazés dès l’arrivée.

Maurice entre au camp d’Auschwitz III situé à une dizaine de kilomètres d’Auschwitz près du village de Monowitz. Y était installée l’usine surnommée « Buna », d’IG Farben-Industrie destinée à fabriquer du caoutchouc synthétique. Maurice devient le déporté A-16583. Nous ne connaissons pas le numéro matricule de Lazare, mais il est probable, s’il était en bonne santé, qu’il soit entré au camp avec son fils.

Rachel, Marie et Berthe, entrent au camp de femmes de Birkenau, avec les numéros A-8534, A-8533 etA-8532. Elles se retrouvent le soir dans la baraque 30 du camp. Comme beaucoup de femmes, la mère et ses deux filles sont transférées le 15 novembre 1944 au camp de Ravensbrück. Elles y arrivent le 17 novembre, y restent jusqu’au 30 novembre, puis sont encore déplacées vers le camp de Malchow, un « Kommando » de Ravensbrück. Elles y passent tout l’hiver. La situation dans ce camp semble s’aggraver au fur et à mesure qu’arrivent les déportés évacués d’autres camps. Celui-ci est alors surchargé, les déportées ont de moins en moins de nourriture.

Parcours de Marie Braunstein

Néanmoins, les trois femmes survivent, jusqu’à leur libération par l’Armée Rouge, à la fin du mois de mai 1945. Elle se sont probablement épaulées l’une l’autre tout au long de ce parcours, identique d’ailleurs pour chacune. Cependant, lors de leur rapatriement le 23 mai 1945, la fiche médicale de Marie indique un amaigrissement de 10 Kilos, et pour sa mère une tachycardie. Rachel Braunstein décèdera à Paris le 5 mars 1949, des suites de sa déportation.

Quant à Lazare et Maurice, aucun des deux n’est rentré. On sait que Maurice Braunstein est décédé au camp de Buchenwald où il avait été transféré le 26 janvier 1945, lors de l’évacuation du camp d’Auschwitz. Mort de pneumonie, est-il dit sur les documents du camp de Buchenwald, le 23 février 1945. Quant à Lazare, s’il est entré au camp, il y est décédé d’épuisement ou assassiné au cours de son internement.

Fiche de Maurice à Buchenwald

Carte personnelle établie au nom de Maurice Braunstein au camp de Buchenwald

Sources : DAVCC AC21P 430212-430214 - Archives Arolsen - Mémorial de la Shoah.

Chantal Dossin

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