Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

L’enseignement de la Shoah par Dominique Borne

Mémoire et histoire de la Shoah, soixante ans après
dimanche 14 décembre 2008

Une réflexion sur la mémoire, un sujet brûlant, difficile, une mémoire vive, surtout qu’on touche aux enjeux politiques du présent. Penser ces événements et les enseigner.
Shoah, "mot de mémoire et de communauté".
"La mémoire brûle ceux qui la manient inconsidérément." Dominique Borne

L’enseignement de la Shoah, soixante ans après, par Dominique Borne, doyen de l’inspection générale. Conférence au Lycée Edgar Quinet du 2 octobre 2004.

Mémoire et histoire de la Shoah, soixante ans après

Conférence de M. Dominique BORNE


Je suis à la fois très heureux d’être ici et très inquiet devant la tâche qui m’incombe et que Raphaël Esrail m’a imprudemment proposée. Sur ce sujet, j’ai le sentiment que tout a été dit (il y a une littérature immense sur ce thème), et que, dans les temps que nous vivons, il est indispensable d’en reparler, de réfléchir en commun. Mémoire et histoire annonce le programme, je ne me limiterai pas à ce couple de mots complémentaires et opposés tout à la fois. A Mémoire et histoire j‘ajouterai l’enseignement, c’est ma pente naturelle, le cœur de mon expertise. Comment l’enseignement de la Shoah trouve-t-il sa place entre l’Histoire et la Mémoire ? Autrement dit, que transmet-on aux élèves ?

Si l’on replace le problème dans le temps du dernier demi-siècle on constate que nombreux sont les moments du passé autour desquels se croisent l’histoire et la mémoire, une mémoire envahissante qui apparaît comme une concurrente de l’histoire ; parmi tous ces moments, la Shoah est sans doute l’événement qui a provoqué la plus grande, la plus massive irruption de mémoire, jusqu’à l’obsession. Cela s’inscrit, depuis les années soixante-dix-quatre-vingts, dans un ensemble plus général ; c’est contemporain par exemple de l’entreprise éditoriale de Pierre Nora sur les "lieux de mémoire" ; il faudrait aussi resituer cette irruption de la mémoire dans le cadre plus général des revendications identitaires et des tentations communautaristes dont la mémoire est un des supports. Mais s’il appartient bien à ce contexte l’exemple de la Shoah est fortement spécifique.A ce sujet difficile je réfléchis sans doute plus en praticien plus qu’en théoricien. En praticien, longtemps enseignant, puis responsable de l’enseignement de l’Histoire et de la Géographie, participant à la rédaction des programmes, j’ai beaucoup réfléchi aux conseils qu’il fallait donner aux enseignants. Un récent voyage à Auschwitz avec mon ami Raphaël Esrail, des élèves et leurs professeurs, m’a permis de prolonger et d’approfondir ma réflexion.

Tout d’abord, pour montrer combien sur ces sujets brûlants il est nécessaire de marcher sur la pointe des pieds, je voudrais évoquer un exemple dont on a un peu parlé l’année dernière. Dans un collège, des professeurs tout à fait bien intentionnés, dans le cadre d’un "itinéraire de découverte", avaient eu l’idée de lier un voyage à Auschwitz et un voyage en Israël. Les problèmes ont commencé lorsqu’ils ont intitulé cette action "Une pierre pour la Paix" : le projet consistait à recueillir une pierre à Auschwitz et à la transporter en Israël, cette pierre devait être la première pierre d’une école où tous, Juifs et Musulmans, étudieraient dans la paix. Malheureusement il n’est pas certain que aujourd’hui, en Israël, la pierre soit le parfait synonyme de la paix. Je passe sur quelques épisodes de cette histoire complexe. La pierre a été remplacée par une urne, d’autres confusions sont nées, les associations nationales sont entrées dans le débat…. Le résultat a été dramatique : lettres ouvertes, communiqués, accusations réciproques ; les blessures ont été nombreuses, les plus touchés ont été sans doute les professeurs et les élèves, ils s’étaient engagés pleins de bonnes intentions… comment pourraient-ils comprendre tant de colères, tant de haines face à un projet qui se voulait porteur de paix ?
Que s’est-il passé ? Je crois que, en toute innocence, ont été mêlés sans discernement présent, mémoire et histoire ; personne n’a mesuré les enjeux. Or, dès qu’on touche à la mémoire (c’est sa caractéristique par rapport à l’histoire), on atteint le présent. S’il y a mémoire, c’est nécessairement la mémoire des vivants, une mémoire sensible et chaude, le geste de mémoire qui se voulait porteur de paix pour le présent devenait indécent parce qu’il en touchait imprudemment les enjeux politiques. La mémoire brûle ceux qui la manient inconsidérément.

Histoire et Mémoire

Je m’inspire ici du travail de Paul Ricœur "La Mémoire, l’Histoire, l’oubli1", livre difficile, livre de philosophe, grand livre. Ricœur évoque l’interminable compétition entre "le vœu de fidélité de la Mémoire », la formule définit parfaitement la mémoire, et "la recherche de la vérité de l’Histoire". Il n’y a pas meilleure manière de poser les problèmes : "vœu de fidélité de la Mémoire, recherche de la vérité de l’Histoire", c’est clairement opposer des finalités divergentes, c’est permettre d’étudier leurs rapports.

La mémoire d’Auschwitz

La mémoire de la Shoah, souvent symboliquement devenue la mémoire d’Auschwitz, a été singulièrement ravivée par ce qu’on a appelé, chez les historiens, "le retour de l’événement", l’expression titrait un article de Pierre Nora en 1973. Le monde des historiens était alors très influencé par une orientation épistémologique et méthodologique dominée par « l’École des Annales » avec à sa tête Fernand Braudel. De nombreuses équipes d’historiens travaillaient sur des analyses portant sur la longue durée : Emmanuel Le Roy Ladurie étudiait l’histoire du climat à partir des dates des vendanges, d’autres historiens construisaient les courbes d’évolution des prix, d’autres enfin travaillaient sur l’évolution des mentalités au XVIII ème siècle à partir de formules testamentaires. Dans cette perspective, les événements n’étaient, si je puis dire, qu’une écume, ils ne bouleversaient pas fondamentalement le cours des temps longs de l’histoire.

Le retour de l’événement a été contemporain du retour d’Auschwitz. Dire Auschwitz, c’est choisir un lieu et un moment singuliers, c’est choisir de regarder l’histoire non pas dans la série, la répétition mais dans l’événement, l’événement symbole. Ce retour de l’événement a coïncidé avec le retour du politique, il a rencontré la mémoire. Il a rencontré les mémoires individuelles et familiales mais aussi les mémoires collectives. L’événement est devenu alors objet de commémorations, le support de constructions identitaires. C’est vrai pour Auschwitz et la Shoah, c’est vrai aussi pour le génocide des Arméniens. La Mémoire donne sens à des identités. Nous existons parce que nos parents, notre communauté a vécu cela, parce que nous portons cela en nous. Le phénomène de Mémoire touche des personnes, des individus et des communautés. Il n’y aurait pas de mémoire sans support personnel, sans support affectif. Prenons un exemple dans les grands drames de l’humanité : l’esclavage de l’Antiquité, Spartacus [1]. Qui porte cette mémoire ? Faute de mémoire affective, il n’y a plus de mémoire de Spartacus. C’est fini ! Reste l’histoire. Voyons au contraire la forte présence, la mémoire chaude de la traite négrière ; elle est toujours dans le présent des Antilles ; voyons la mémoire des Indiens d’Amérique dans le présent de l’Amérique au Nord et du Sud. La Mémoire colore le présent, l’oriente, bien plus que l’Histoire, même si le rapport entre l’Histoire et le présent est évident, j’y reviendrai.

Je rappelle que cela n’a pas toujours été le cas. Le souvenir de la Shoah n’a pas toujours été au cœur des communautés juives, il n’y a pas de référence à la Shoah dans les premiers temps de la fondation d’Israël. À la grande époque du kibboutz, Israël s’est construit, rappelez-vous Ben Gourion, avec des pionniers, avec des résistants, avec des bâtisseurs, sans regarder le passé ; le premier État d’Israël regarde l’avenir résolument. L’évolution a été longue. C’est avec le procès Eichmann, dans les années soixante, qu’a eu lieu la prise de conscience et que s’est noué le lien entre Israël et la Shoah. Alors la Mémoire a joué tout son rôle, mais une mémoire bien tardive. D’ailleurs le mot même Shoah est lui aussi apparu tardivement parce qu’il est un mot de Mémoire, ce n’est pas un mot d’Histoire. Dans les programmes d’Histoire et Géographie, j’en étais alors responsable, nous avons écrit "L’extermination systématique des Juifs et des Tsiganes". Ce mot est désormais incontournable, l’œuvre de Claude Lanzmann y est pour quelque chose, il reste cependant un mot de mémoire et de communauté.

Pourquoi a-t-on considéré alors, que cet événement, qu’Auschwitz, était un événement pivot, central, capable à lui seul de faire basculer le XXème siècle ? Pourquoi la perception de cette dimension de l’événement n’a-t-elle pas été immédiate ? Pourquoi dans un premier temps, avoir donné plus d’importance à des épisodes comme celui de l’Exodus ? Et pourquoi à un moment la Shoah apparaît-elle comme une césure absolument fondamentale dans l’Histoire et la mémoire du monde ?
Tous les survivants des camps le savent bien, l’événement a d’abord été occulté. Au lendemain de la guerre, l’urgence ressentie c’est la volonté de reconstruire et la volonté de se projeter vers l’avenir. L’influence dominante dans les milieux intellectuels du communisme et du socialisme, et sans doute le refus de revivre l’horreur, expliquent ce refus de regarder en arrière.
Que se passe-t-il ensuite ? L’espérance portée par beaucoup d’Européens à l’Est comme à l’Ouest se dissipe peu à peu, les lendemains ne chantent ni aussi vite, ni aussi bien qu’on l’espérait ; puis la prise de conscience des réalités du totalitarisme soviétique et du Goulag renforcent les désillusions. L’analyse du passé redevient possible. Un autre phénomène renforce cette évolution : la Guerre froide occupait jusqu’alors l’essentiel des analyses consacrées à l’Europe ; l’opposition majeure était l’opposition Est-Ouest, principe majeur d’explication du monde, elle conditionnait les mentalités et envahissait les programmes d’Histoire. Progressivement, puis tout à fait nettement avec la chute du mur de Berlin, avec la fin d’une Europe de l’Est soumise à Moscou, on a vu revenir la Mémoire. Comme si cette mémoire était libérée…

Comprendre Auschwitz ?

Pourquoi un telle rupture ? Cette irruption de la mémoire laisse-t-elle encore une place à l’histoire ? Primo Levi [2] dit à peu près, que se lancer dans l’explication, dans la compréhension d’Auschwitz, c’est risquer de le justifier. Vous savez que c’est aussi la position de Claude Lanzmann [3] qui parle même de "l’obscénité absolue de comprendre". Je mesure les risques que peut faire courir l’empathie naturelle du chercheur pour l’objet de sa recherche. Mais si l’on suit ce que disent Primo Levi ou Claude Lanzmann (ce que dit Claude Lanzmann est d’ailleurs évolutif), est-il encore possible de faire de l’Histoire ? Faut-il renoncer à l’Histoire ? On est là au cœur du débat.
En tout je refuse l’affirmation d’un absolu exclusif de la Mémoire autour d’Auschwitz.
Primo Levi ne peut plus nous répondre, Claude Lanzmann n’est pas avec nous aujourd’hui, je me garderai donc d’interpréter leur pensée, il me semble cependant qu’un point de convergence peut être souligné. Je peux être d’accord s’il s’agit de dire qu’il ne faut pas trouver de sens à Auschwitz. Auschwitz n’a pas de sens parce qu’il impossible de l’insérer dans un processus historique intelligible. Insérer Auschwitz dans une analyse banale de causalité : il y a tel événement, telle situation, qui provoque telle conséquence… et en arriver ainsi à Auschwitz, puis dérouler ensuite quels sont les effets d’Auschwitz etc. serait insérer l’événement dans une chaîne de significations, et donc risquer de donner signification à la Shoah même.
Or, si Auschwitz a un sens, c’est de ne pas en avoir. En effet, quand on examine l’histoire de l’Europe, ou la mémoire de l’Europe, je mêle volontairement les deux termes, on voit comment les Européens se construisent une Mémoire en reconnaissant Rome, les barbares et leurs influences croisées, en construisant les cathédrales, en inventant l’imprimerie, la Renaissance et l’Humanisme, en offrant au monde les Lumières, les Droits de l’homme et la Révolution française ; cette mémoire répond à un intelligence de l’histoire. Même les moments difficiles ou sanglants peuvent trouver dialectiquement sens et intelligibilité : la Première guerre mondiale exacerbe les nationalismes du XIXème siècle, mais elle ne rompt pas le sens d’un mouvement – faut-il dire progrès ?– général. Ainsi évolue et se transforme l’Europe, ainsi se crée sa culture.
Mais, Auschwitz ? Là, on est dans un autre monde, l’événement ne rentre pas dans la chaîne de l’intelligibilité qui crée sens et culture partagée ; il y a donc une exceptionnalité d’Auschwitz et de la Shoah. La culture européenne nie Auschwitz ou, plus précisément sans doute, Auschwitz nie la culture européenne. Mais pourtant Auschwitz est là, Auschwitz est là au creux de l’histoire, impossible à nier, impossible à évacuer. Auschwitz n’a pas de sens mais Auschwitz est dans l’histoire, il faut en faire l’histoire. Ces contradictions sont au cœur des déchirures, il faut les assumer.

L’histoire donc. Je reprends ici des thèmes qui parcourent l’œuvre de Paul Ricoeur. En empruntant cette approche à Michel de Certeau, il distingue trois moments, trois temps (qui ne se succèdent pas toujours chronologiquement) dans le travail de l’historien : recherche, explication, écriture. Il n’y a pas d’Histoire sans discours historique, sans mise en ordre préalable, sans recherche des traces, approche critique de ces traces et enfin écriture du discours. La Mémoire c’est autre chose, la Mémoire surgit toute seule, d’elle-même ou plutôt elle vient des replis des souvenirs individuels ou collectifs, elle ressoude des communautés et cimente des clans, elle est imprévisible, elle tourmente. L’Histoire, au contraire c’est d’abord un travail, c’est le travail de l’historien. L’Histoire n’existe pas sans son travail. Avant Hérodote, il n’y a pas d’Histoire.
Recherche, explication, écriture, dans toutes ces opérations, la part critique est essentielle ; tout document doit être vérifié, confronté à d’autres. Dans la Mémoire tout se bouscule, tout coexiste, tout s’entrechoque parfois. On ne peut pas aboutir à une écriture de l’Histoire si on n’a pas rassemblé des archives. Les témoins font partie des documents que l’on confronte, un seul témoignage est toujours insuffisant, on vérifie avant de mettre en œuvre un discours historique et ce discours doit être raisonnable, intelligible. Ainsi l’historien établit d’abord des faits ; son travail s’il est rigoureux rend le fait incontestable : ainsi de l’existence, à Auschwitz, de fours crématoires. Des faits qu’on peut démontrer alors que la seule parole d’un témoin ne suffit pas à l’historien. Les faits établis ne sont plus soumis à la critique. La connaissance historique progresse ainsi. C’est d’abord une entreprise de vérité. La Bastille a bien été prise le 14 juillet 1789. C’est un fait que personne ne peut discuter parce qu’il est démontrable. Par contre, sur les origines de la prise de la Bastille, il y aura trente six discours d’historiens. L’historien organise les faits pour leur donner du sens dans son discours. En Histoire, il faut fondamentalement distinguer les faits du discours de l’historien. Si l’on revient à l’histoire de la Shoah, nous disposons de très nombreux travaux d’historiens [4] ; l’essentiel du travail a été accompli. Les faits ont été établis, et établis avec certitude. Les débats ne portent plus sur les faits mais sur la lecture qu’on peut en faire. Autrement dit la marge d’incertitude tourne autour du discours de l’historien.

La place de la Shoah dans l’histoire

Quand il écrit l’histoire de la Shoah un des problèmes les plus lourds de l’historien est la réflexion sur la place qu’il assigne à la morale dans son discours. Faut-il qu’il évoque le bien et le mal ? Ce problème ne se pose pas pour la mémoire qui garde un rapport direct avec les valeurs, qui est souvent elle-même valeur. J’y reviendrai à propos de l’enseignement. L’histoire de la Shoah est un moment où on fait- le mot "morale" est-il adapté ? - de l’Éthique, de l’Éducation civique, où on ne fait pas seulement de l’Histoire. Les professeurs qui sont là ne me démentiront pas, je crois. Et on ne sait pas faire autrement ! Cette impossibilité d’éviter l’approche éthique particularise fortement l’histoire de la Shoah.
Mais il y a d’autres préalables : de qui fait-on l’Histoire ? De quoi fait-on l’histoire ? Quel est le projet de l’historien ? Toute histoire s’inscrit dans un temps, dans un espace, dans une communauté humaine, l’ignorer c’est biaiser, voire subvertir. Une histoire paresseuse qui ne se pose pas ces questions préalables risque de limiter l’enquête au face à face entre bourreaux et victimes, à l’affrontement nazis/juifs. Non pas qu’il faille occulter ce face à face, bien entendu mais s’y limiter c’est se tromper d’analyse, se tromper d’éclairage, se tromper d’échelle.
Inscrire dans le temps : il est important de dire que la mise en œuvre de la Solution finale est contemporaine de l’entrée en guerre avec l’URSS. D’autre part, si on remonte dans le temps, il ne faut pas laisser croire que la Shoah est présente dès les premiers textes d’Hitler. Il n’y a pas de déterminisme absolu et la Shoah n’est pas née comme cela d’une seule volonté. Je fais ici allusion, et une allusion beaucoup trop schématique, au débat qui oppose, parmi les historiens du nazisme, les "intentionnalistes" et les "fonctionnalistes". Pour les "intentionnalistes", c’est un groupe d’homme, les nazis, qui ont mené à bien le génocide, alors que pour les "fonctionnalistes", c’est davantage la bureaucratie, le système qui a permis le crime.

Inscrire dans le temps : le fait que l’on n’évoque pas suffisamment l’histoire des Juifs avant la Shoah me choque. Dans la conscience des élèves, les Juifs sont toujours des victimes, et c’est dramatique. Alors que, quand on lit le dernier livre de Michel Winock, "La France et les Juifs" [5], on voit que globalement, depuis la Révolution, l’installation des Juifs en France peut être dite heureuse, malgré l’Affaire Dreyfus, malgré ici ou là des problèmes. Je crois qu’il ne faut pas l’oublier et pas seulement en France, en Angleterre et dans d’autres pays, sans parler des États-Unis. En 1914, les juifs étrangers établis en France se précipitent en masse comme volontaires pour combattre avec son armée. Les pogroms c’était plutôt à l’Est, en Russie, en Pologne. Ce n’est pas un hasard, me semble t-il, si les camps d’extermination sont majoritairement en Pologne, une Pologne depuis longtemps antisémite. Même si, bien sûr, ils ont été imposés aux Polonais.

Inscrire dans un espace : il faut inscrire une histoire qui est celle des Juifs, et pas seulement en 1941-42, dans l’histoire plus longue de l’Europe, dans l’histoire du Monde. Je pense que la Shoah est un événement européen. On le réduit trop au problème de la responsabilité allemande. S’interroge-t-on assez sur la continuité, ou l’absence de continuité entre les divers antisémitismes européens et la Shoah ? Chacun sait, par exemple, que, sous Vichy, l’antisémitisme français, le vieil antisémitisme maurassien, n’est pas de même nature que l’antisémitisme nazi, même s’ils ont été complices. Mais est-ce suffisant de dire cela ?
Il s’agit donc de replacer la Shoah dans un temps plus long et dans des espaces plus vastes, il s’agit de tenter une histoire plus globale de l’Europe et des Juifs.
Quelques pistes sont déjà mises au jour : on sait que la Seconde guerre mondiale plonge ses racines dans la guerre de 14, dans les traumatismes multiples de la guerre, sans parler de ses effets directs sur l’Allemagne. Les travaux récents sur l’influence de la guerre, sur ce qu’un historien américain5 a appelé la "brutalisation" de la guerre de 14, tendent à le montrer. Ce n’est pas un hasard si Hitler était un ancien combattant !
Donc, il me semble que pour essayer de comprendre, on ne peut se limiter à la simple succession d’événements tels qu’ils se déroulent dans l’espace germanique. Par exemple, en 1938, même avec la "Nuit de cristal", la Shoah n’est pas encore là. Il n’y a pas de lien absolu de l’un à l’autre. De même, avant les camps, et dès l’invasion de la Pologne, en 1939, ont commencé des massacres encore aveugles car "l’organisation scientifique" du crime dans des camps est une des spécificités de la Shoah.

C’est aussi dans le cadre de l’Europe, qu’il faut prendre en compte le livre de Browning sur les "hommes ordinaires" [6]. Ce travail permet de comprendre que des hommes ordinaires, bons pères de famille ou grands-pères, aimant leurs enfants ou leurs petits enfants, ont perpétré des massacres. Je ne peux m’empêcher de faire ici une digression pédagogique, c’est très important de dire aux élèves que les bourreaux peuvent être des gens ordinaires, qui n’ont pas forcément des bottes, des fouets et l’air méchant. L’imagerie "bourreaux-victimes" est dramatique parce qu’elle risque de ne pas laisser en éveil les vigilances.
Je crois aussi qu’il faut analyser la machine bureaucratique, la folie paperassière (qui a aussi permis de faire l’histoire de la Shoah, puisqu’elle a laissé de multiples traces : les trains, les comptages etc..), une machine paperassière perfectionnée ! On commet des crimes dans l’ordre (si je peux m’exprimer ainsi), dans un ordre voulu, calculé, pensé. Là se situent les caractéristiques de cette Histoire.
On ne devrait pas non plus faire l’histoire de la Shoah sans parler du ghetto de Varsovie, sans évoquer l’histoire de la libération des camps, le destin de survivants, sans tout un ensemble qu’on oublie trop souvent alors que c’est l’histoire de l’Europe. Cette histoire là, c’est enfin, celle des lendemains qui ne sont pas des lendemains qui enchantent.

Enseigner la Shoah

Et j’en arrive à la partie enseignement. Je vais utiliser ici un travail, inédit à ma connaissance, un rapport de recherche d’une équipe de l’Académie de Versailles qui s’intitule : "Entre mémoire et savoir, l’enseignement de la Shoah et des guerres de décolonisation".
Nous analyserons tout à l’heure les raisons de la présence des guerres de décolonisation. Attachons nous ici aux témoignages des enseignants que rassemble cette enquête. L’équipe a raisonné à partir de ces témoignages. Benoît Falaize qui travaille à la fois à l’IUFM de Versailles et à l’INRP, a réfléchi plus que d’autres à ces sujets là. Que remarque t-il ? J’y faisais une allusion rapide tout à l’heure, dans la réalité des classes, la Shoah est toujours assumée par des professeurs d’histoire le plus souvent, qui ne sont pas complètement à l’aise dans leur exposé, mais ces enseignants ont clairement conscience de contribuer à l’Éducation civique.
N’est-ce pas un problème de risquer de confondre histoire et éducation civique ? Ne risque-t-on pas de se retrouver dans la situation des enseignants du collège dont je vous parlais au début de mon propos où l’on a pratiqué en toute bonne fois la confusion des genres pour aboutir à une catastrophe ? D’autre part si, pour l’ensemble des enseignants interrogés par l’équipe, ils reproduisent naturellement ce que disent les instructions officielles, l’histoire de la Shoah doit servir à former aux valeurs citoyennes, n’est-il pas étrange de procéder à ces leçons éthiques et citoyennes en mettant en évidence la négation des valeurs ? Je pose simplement ce grand débat : l’incitation au bien passe-t-elle par la description détaillée du mal ?
J’écarte bien sûr le danger, qui n’est pas toujours absent, des risques de fascination de l’horreur, avec parfois, ici où là, ce qui ressemble à de la morbidité. Je sais par exemple que, étrangement, le film « Nuit et Brouillard » [7] sert toujours dans les classes, à n’en plus finir. Or il n’y a pas de Juifs [8], et il date d’une période encore sans mémoire ! Je suis sûr qu’il ne faut pas passer "Nuit et Brouillard" à des élèves du primaire, ni même sans doute à des collégiens. Les risques de fascination de l’horreur [9] sont considérables. On voit bien ce que cela peut provoquer… Mesure-t-on les assimilations avec les jeux vidéo et leurs massacres ? Mesure-t-on, en ce domaine la frontière entre le réel, l’imaginaire, le fantasmé ?

Il y a aussi le risque "d’invocation mécanique". J’appelle "invocation mécanique" le "plus jamais ça" ressassé, de classe en classe. On répète : "Voilà, c’est épouvantable."
Un autre exemple : dans un lycée, peu importe où en France, récemment, il y a eu un problème de gamin de sixième coupable d’une insulte grave, "sale juif". Convoqué dans le bureau du responsable de l’établissement, on lui a expliqué qu’il ne fallait pas dire "sale juif" parce qu’il y avait eu la Shoah. Que voulez-vous qu’un gamin de sixième comprenne à ce discours ! C’est absurde. L’argument "il faut aimer les juifs parce qu’ils ont été malheureux" entre dans une démarche qui ne convient pas. Vous en voyez les risques considérables ; ce sont tous les risques d’un moralisme immédiatement appliqué au présent. La Shoah n’est pas dans le présent. Même si la Mémoire évoque la Shoah dans le présent, l’Histoire la met à sa place dans le passé. La mise à distance est le début de la raison. Et même si, pour paraphraser Croce, « toute histoire est contemporaine » l’histoire n’autorise pas le mélange des temps. Elle doit même aider à les distinguer.

Un autre risque, dont nous avons des témoignages multiples, repose dans ce que Benoît Falaize appelle la saturation. A présenter la Shoah systématiquement, à longueur de cours, dans le primaire, puis au collège, puis au lycée, il y a un risque réel de saturation, on risque de banaliser l’événement, et surtout de présenter indéfiniment les juifs en victimes.
Notre enseignement, j’emprunte cette phrase, du moins en substance, à Jacqueline Costa-Lascoux, "aime beaucoup trop les victimes", les valorise trop systématiquement. Si dans les classes du 93 ou d’ailleurs, on exalte les victimes, on a le choc en retour immédiat : "Nous musulmans, on est bien plus victimes que vous, et on est victimes maintenant." Il faut bien mesurer ce risque là qui est une réalité des établissements. C’est bien pour cela qu’il ne faut pas mélanger le présent et le passé. C’est l’histoire de tout à l’heure, de la pierre pour la Paix. La Shoah est dans l’Histoire et doit le rester.

Que peut-on faire ? Que sait-on faire ?
Il faut d’abord afficher la volonté d’être historien, expliquer que comprendre n’est pas justifier. Si on ne cherche pas à comprendre, on inverse la pensée de Primo Levi quand il cite la réponse épouvantable des SS aux questions des détenus : "Ici, il n’y a pas de pourquoi.". Car si on répète après eux : "Il n’y a pas de pourquoi", si on n’explique pas, on leur donne raison. Je le crois profondément qu’il faut donner tort à ceux qui dans les camps disaient "Ici, il n’y a pas de pourquoi" et cherchaient à éteindre, à tuer tout regard critique.
Il faut tenir à l’Histoire et à la critique, il faut avoir recours aux témoins et aux "lieux" pour passer à l’Histoire. Bien dire que le témoin n’est pas l’historien est fondamental. Le témoin raconte son passé, celui des hommes qu’il a vus, il ne raconte pas l’Histoire, il accompagne l’Histoire. Les témoins et les lieux sont des passeurs d’Histoire.

Il est indispensable d’utiliser le comparatisme. Et, ce n’est pas, comme on le dit, nier l’unicité, la spécificité absolue de la Shoah. Comparer, c’est dire que la Shoah est sans doute unique. Mais c’est après qu’on peut le dire, pas avant ! Elle est unique dans son intention et sa volonté de nier absolument ce qu’il y a d’humain dans l’homme, fondamentalement. Cela Hannah Arendt l’a dit depuis longtemps.
Il s’agit de comparer dans ce grand thème que sont en Histoire les rapports des hommes entre eux, les rapports aux autres qui sont aussi des semblables. Cette démarche fonde le regard sur la Shoah : les nazis niaient fondamentalement que l’autre puisse appartenir à la même famille humaine, que l’autre puisse être un semblable. Tout passe par la dialectique de l’autre et du même.
Ce grand thème, qui fonde réellement l’enseignement de l’histoire (et sans doute tout enseignement), il faut le faire voyager : comment ce rapport à l’autre était-il compris, vécu dans l’Antiquité qui acceptait l’esclavage ? Comment a-t-il été compris, vécu au moment de la traite ? Et dans les tranchées de la guerre de 1914 ? Ainsi faudrait-il, c’est un des apports de l’enquête de Benoît Falaize et de ses collègues, ne pas laisser en panne l’Histoire des guerres coloniales et de l’immigration. On commence à en prendre conscience, le grand projet de musée de l’immigration, dont Jacques Toubon est le président, en est un des témoignages. Autrement dit l’histoire doit prendre en charge l’ensemble des mémoires.

Dans les classes, fait-on une place suffisante à la culture et à l’Histoire d’une partie des Français, qui sont français depuis une ou deux générations seulement ? La mémoire de la colonisation doit aussi passer par l’histoire et pas seulement sous un "angle colonisation-décolonisation" ; il est indispensable d’analyser les relations entre colonisateurs et colonisés sous l’angle du rapport « le même » et « l’autre ». Même insuffisance pour l’Histoire de l’immigration, c’est pourtant par cette histoire que l’on rencontre l’histoire des Juifs. Vous voyez l’intérêt qu’il y aurait à montrer comment beaucoup de Juifs sont venus en France et sont devenus Français ! L’Histoire, très longue, de l’immigration jusqu’à nos jours permettrait, je crois, de re-situer l’ensemble de ces problèmes.

J’arrive au terme de ce que je voulais dire. Chacun l’aura compris : il ne s’agit surtout pas d’opposer Histoire et Mémoire mais il s’agit de voir à quoi renvoient l’une et l’autre. Il s’agit aussi de ne pas prendre la mémoire comme un bloc intangible, que l’on ne pourrait toucher sans accomplir un geste sacrilège. La mémoire, comme nous l’avons vu pour l‘histoire, mais plus charnellement encore, se rapporte à des personnes, à des communautés. Mémoire de qui ? Mémoire de quoi ? Ainsi la « mémoire juive » est-elle uniforme ? Dans la communauté juive en France, la mémoire séfarade et la mémoire ashkénaze de la Shoah sont-elles identiques ? Si on met à part les Juifs de Salonique qui ont été massacrés, la majorité des Séfarades, qui résidaient en Afrique du Nord, ont échappé à l’extermination. Alors mémoire de qui ? De l’ensemble de la communauté ? Plus difficile encore à penser et à exprimer : la Mémoire de la Shoah que peut proposer l’État d’Israël peut-elle être considérée comme une sorte de mémoire officielle ? On voit la difficulté même de cette expression. Récemment, des envoyés du gouvernement israélien ont proposé qu’on envoie des enseignants de France se former en Israël à l’enseignement de la Shoah. Israël ne détient pas la maîtrise absolue de l’enseignement de la Shoah, ce n’est pas une propriété d’Israël, c’est une histoire européenne. Nous sommes dans cette histoire, Juifs et non Juifs. Que la mémoire juive soit personnellement plus vive, bien évidemment, cela nous le respectons tous profondément, comme on respecte toutes les Mémoires blessées. Ces quelques approches qu’il faudrait étayer et approfondir, dont on me pardonnera le caractère interrogatif, fragmentaire, inachevé disent seulement que la mémoire ne saurait être normative, modélisante contraignante. La mémoire vit, se confronte, se heurte parfois à d’autres mémoires.

Je voudrais, en terminant, revenir au livre de Ricœur [10], nous avons besoin de sa conclusion : "Il est un privilège qui ne saurait être refusé à l’Histoire, celui, non seulement d’étendre la mémoire collective au delà du souvenir effectif (cela veut dire qu’à partir du souvenir effectif, l’Histoire crée une mémoire collective), mais de corriger, de critiquer, voire de démentir, la Mémoire d’une communauté déterminée lorsqu’elle se replie et se referme sur ses souffrances propres au point de se rendre aveugle et sourde aux souffrances des autres communautés." Et en ce sens, l’Histoire soigne les Mémoires blessées. Mon vieux maître Alphonse Dupront disait : "L’Histoire est thérapie".

L’Histoire soigne les mémoires blessées, et apprend aux mémoires qu’elles sont multiples et concurrentes. Les mémoires ne doivent pas se refermer sur elles mêmes. Elles doivent aussi regarder les autres. Les mémoires, enfin, ont besoin de l’histoire.

Pour en savoir plus :

« Nous avons conçu Nuit et Brouillard comme un "dispositif d’alerte". »

Il y a nous qui regardons sincèrement ces ruines comme si le vieux monstre concentrationnaire était mort sous les décombres, qui feignons de reprendre espoir devant cette image qui s’éloigne, comme si on guérissait de la peste concentrationnaire, nous qui feignons de croire que tout cela est d’un seul temps et d’un seul pays, et qui ne pensons pas à regarder autour de nous et qui n’entendons pas qu’on crie sans fin.

"Dans le ciel indifférent de ces sèches images, il y a, menaçantes, les nuées toujours en mouvement du racisme éternel. [...]
Et c’est alors que Nuit et Brouillard devient non seulement un exemple sur lequel méditer, mais un appel, un "dispositif d’alerte" contre toutes les nuits et tous les brouillards qui tombent sur une terre qui naquit pourtant dans le soleil, et pour la paix."
Jean Cayrol, Les Lettres Françaises, 606, Février 1956

Nuit et Brouillard, Alain Resnais, Texte de Jean Cayrol, déporté résistant, dit par Michel Bouquet, 1956, 32 min.

Les mémoires de la Seconde Guerre mondiales sont multiples.
De la Mémoire à l’Histoire
Une histoire héroïque de la Résistance va entrer dans toutes les mémoires jusqu’à ce que surgissent du passé des souvenirs enfouis, donnant naissance à de nombreuses mémoires.

Une mémoire disputée : les fluctuations de la Mémoire
1-La mémoire de la Résistance :
La mémoire communiste : le parti des fusillés
Le mythe gaullien de la Résistance :
Jean Moulin et le discours de Malraux 1964
2- La mémoire de la Déportation
le retour des camps
3-La mémoire de Vichy :
du bouclier à la collaboration d’Etat
Le chagrin et la pitié, 1971,
La France de Vichy , Robert Paxton, 1973
4-Les mémoires du Génocide
le temps des refoulements
le temps des procès :
1987 procès Barbie, 1994 Touvier, 1997-1998 Papon

Le temps de la repentance et des commémorations :
discours de J. Chirac sur la Rafle du Vél’ d’Hiv’ ( 16 juillet 1944)
le temps des enfants
la Libération des camps
le retour des déportés

Les diverses formes d’antisémitisme
De l’antijudaïsme à l’antisémitisme raciste (1)
L’antisémitisme français de l’affaire Dreyfus à Vichy (2)

  • Des livres
    FINKELSTEIN Norman, L’industrie de l’Holocauste. Réflexions sur l’exploitation de la souffrance des Juifs, Paris, La Fabrique, 2001.
    FRANK Robert, " La mémoire empoisonnée ", dans La France des années noires, 2. De l’Occupation à la Libération, Seuil, " Points histoire ", 2000.
    NOVICK Peter, L’Holocauste dans la vie américaine, Paris, Gallimard, 2001.
    NORA Pierre, " Entre mémoire et histoire ". Les Lieux de mémoire, I. La République, Gallimard, 1984
    OESER Alexandra, Enseigner Hitler. Les adolescents face au passé nazi en Allemagne, Paris, Maison des Sciences de l’Homme, 2010.
    PESCHANSKI Denis (dir.), Mémoire et mémorialisation. De l’absence à la représentation, Paris, Hermann, Vol1, 2013.
    RICŒUR Paul, La Mémoire, l’Histoire et l’Oubli, Seuil, 2003, 689 p.
    WIEVIORKA Annette, Déportation et Génocide. Entre la mémoire et l’oubli, Hachette, " Pluriel ", 2003, [1992], 506 p.
    WIEVIORKA Annette, L’Ère du témoin, Hachette, " Pluriel ", 2002, [1998],186 p.

CR NM

[1Howard Fast, Spartacus, traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean Rosenthal, Nouvelle édition. Édition originale : 1951, renouvelé en 1979. Agone, 2016

[2Primo Levi, Si c’est un homme écrit entre décembre 1945 et janvier 1947, édité en italien en 1958, publié en français en 1987, Julliard-Pocket – Robert Laffont avec un texte de Philippe Roth 1996

[3Claude Lanzmann, Shoah, 1985

[4Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d’Europe, [1961], éd. Fayard, 1988, 3 ème édition, trois volumes, Gallimard, « Folio »-histoire, 2006

[5Michel Winock, La France et les Juifs de 1789 à nos jours, Seuil 2004, qui vient de paraître (mais la bibliographie est abondante dans ce domaine)

[6Christopher R. Browning, Des hommes ordinaires. Le 101e bataillon de réserve de la police allemande et la Solution finale en Pologne, Préface de P. Vidal-Naquet. Postface inédite en réponse à D. Goldhagen. Traduit de l’anglais [1992] par E. Barnavi, Les Belles Lettres, 1994, 4ème édit 2004, 332 p.

[7Sylvie Lindeperg, Nuit et Brouillard. Un film dans l’histoire, Odile Jacob, 2007

Sylvie Lindeperg "Nuit et brouillard, Récit d’un tournage" ( L’histoire 294, p. 54-56)

[8mais on ne voit qu’eux. "Stern, juif d’Amsterdam."

[9"Les images de Bergen-Belsen ont changé de signification : au moment de Nuit et Brouillard, elles témoignaient de la barbarie nazie face aux déportés politiques. Depuis, dans la mémoire collective, elles expriment plutôt l’horreur du génocide."

[10Paul Ricoeur, La mémoire, l’histoire, l’oubli, éd. Seuil, 2000.


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