Inauguration de la place Robert Waitz à Strasbourg
Depuis le vendredi 24 novembre 2011, une place de Strasbourg porte le nom de Robert Waitz (1900-1978). Cérémonie sobre et émouvante. La plaque fut dévoilée conjointement par sa fille Francine Waitz, son petit-fils Patrick Lévy-Waitz et le sénateur-maire Roland Ries, rendant ainsi hommage au professeur de médecine, résistant, déporté comme juif à Auschwitz-Monowitz, et créateur de l’Ensemble hématologique de Strasbourg devant lequel cette place est située.
Nous étions quatre du Cercle d’étude, venues spécialement pour représenter le Cercle d’étude et l’UDA, à l’occasion de cet hommage rendu à l’ancien président de l’Amicale d’Auschwitz et ancien président du Comité international d’Auschwitz : deux déportées, Ginette Kolinka et Yvette Lévy et deux professeurs, Marie-Paule Hervieu et moi-même, Maryvonne Braunschweig. Étaient aussi présents à cette cérémonie deux déportés des convois 60 et 76, alors adolescents, internés dans le camp de Monowitz et sauvés par Robert Waitz, Jacques Zylbermine et Robert Wajcman. Après le dévoilement de la plaque en fin d’après-midi, la cérémonie s’est poursuivie dans la salle des fêtes des hôpitaux universitaires, située à proximité, où furent prononcés quatre brèves interventions, celle de Georges Hauptmann, professeur de médecine, ancien assistant de Robert Waitz, la mienne, celle de Patrick Lévy-Waitz et celle du sénateur-maire.
Yvette Lévy et Ginette Kolinka juste avant les discours à la salle des fêtes des hôpitaux de Strasbourg
Mon intervention faite au nom de l’UDA et du Cercle d’étude voulait rappeler l’engagement de Robert Waitz, après son retour des camps de Monowitz et Buchenwald, à la tête de l’Amicale d’Auschwitz et signifier que l’on doit sortir de l’oubli cet homme d’exception, laissant les autres intervenants rappeler les actions et mérites de Robert Waitz, tant dans la Résistance et les camps nazis, que dans le monde scientifique. Patrick Lévy-Waitz rappela des souvenirs personnels et émouvants de son grand-père, décédé alors qu’il n’avait que onze ans et le souhait de sa grand-mère que le nom soit conservé dans la famille ; aujourd’hui il porte un double patronyme, gardant ainsi vivant le nom de son grand-père.
Le public pendant les discours qui ont suivi l’inauguration de la place Robert Waitz, à proximité de cette place, dans la salle des fêtes des hôpitaux universitaires. Au premier rang du public Marie-Paule Hervieu, le professeur Georges Hauptmann, Jacques Zylbermine (3e rang sa tête à droite de la tête de Georges Hauptmann), à droite le professeur Alain Beretz, professeur de pharmacologie et président de l’université de Strasbourg, les bras croisés.
Signalons aussi que nos amis alsaciens se sont mis en quatre pour nous accueillir, Liliane et François Amoudruz, (président de la FNDIRP et de l’ADIRP du Bas-Rhin), ainsi que Marie-Claire Allorent (membre du Cercle d’étude et présidente de l’AFMD-67), nous conduisant au Struthof pour une visite rapide, avant la cérémonie d’inauguration, afin de découvrir le Centre européen du résistant-déporté où nous attendait de façon fort sympathique et chaleureuse, avec une collation, la nouvelle directrice du CERD, Madame Frédérique Neau-Dufour.
De gauche à droite, Liliane Amoudruz, Ginette Kolinka, François Amoudruz (président de la FNDIRP), Yvette Lévy, Marie-Paule Hervieu, Marie-Claire Allorent (présidente de l’AFMD-67). Les Amoudruz et Marie-Claire Allorent nous ont préparé la journée du 24 novembre et servi de guides et chauffeurs. Nous sommes au Struthof.
François Amoudruz nous informait de l’autre cérémonie prévue le lendemain, comme chaque 25 novembre, à l’Université de Strasbourg, en hommage à tous les étudiants et professeurs alsaciens arrêtés, fusillés, déportés entre 1940 et 1945, triste anniversaire du 25 novembre 1943, jour de la grande rafle de l’Université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand : 1 200 personnes interpellées et 130 déportées (Robert Waitz, lui, avait été arrêté dès le 3 juillet 1943). Et nous avons été impressionnées par la tenue de cette cérémonie dans l’aula, le magnifique hall de l’Université, avec des professeurs en toge, en présence de madame le Recteur. Dans l’entrée une plaque immense rappelle le martyr des universitaires strasbourgeois dont le plus célèbre, sans doute, est le résistant Marc Bloch. Quelques belles interventions avec, cette année, un hommage plus particulier à la mémoire du jeune et brillant mathématicien mort en déportation, Jacques Feldbau, un beau poème d’Aragon dit par une étudiante et un chant très émouvant exécuté par la chorale de l’Université.
L’après-midi nous avons encore participé à un colloque international sur « recherche médicale et guerres mondiales » organisé par notre ami Georges Hauptman, suite logique de l’inauguration, la veille, de la place Robert Waitz. Nous avons ainsi pu assister à deux exposés très intéressants ; l’un par un médecin de l’université de Strasbourg, Raphaël Toledano qui analysa les expériences infectantes réalisées à Buchenwald sur 800 cobayes humains auxquels le professeur Haagen avait inoculé le typhus et directement responsables de 148 morts ; l’autre par Claude Romney, professeur honoraire de littérature française à l’université de Vancouver et fille du Dr Jacques Lewin, déporté du premier convoi parti de France, médecin au Revier d’Auschwitz I puis de Rajsko, ami de Robert Waitz, avant et après la guerre ; elle fit une conférence sur l’attitude des médecins déportés face aux expérimentations des médecins nazis, soulignant celle remarquable et bien connue du Dr Adélaïde Hautval refusant de participer aux expériences de stérilisation. Difficile de résumer ces interventions mais des contacts ont été pris qui pourraient permettre un jour prochain de tenir une conférence-débat à Paris dans le cadre des activités du Cercle d’étude.
Deux journées bien remplies et d’une grande richesse, et encore un grand merci à Georges Hauptmann, sans qui cette pose de plaque n’aurait pas eu lieu.
Maryvonne Braunschweig, Photos et commentaires Maryvonne Braunschweig
Article extrait du bulletin de l’UDA, Après Auschwitz, n°321, décembre 2011
Pour en savoir plus sur le professeur Waitz :
Petit cahier n° 15 du cercle d’étude : Robert WAITZ, médecin résistant dans les camps d’Auschwitz III(Buna-Monowitz) et Buchenwald
Cf. conférence :
Robert Waitz, résistant, déporté, témoin au procès de Nuremberg, par Georges Hauptmann
mise en ligne N.M.26 janvier 2012