Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

L’Azerbaïdjan, un vieux pays de refuge pour les juifs

mardi 24 janvier 2023

Des Juifs ont coexisté avec le peuple azerbaïdjanais.

Caucase
photo UH

L’Azerbaïdjan a été un pays de refuge pour les juifs aux époques tsariste et soviétique. Les Juifs du Caucase bénéficièrent d’une plus grande tolérance que les autres régions de l’URSS.
Des Juifs ashkénazes se sont installés à Bakou. Fuyant les persécutions, des juifs russes se réfugient à Bakou, à partir des années 1870, comme les parents de la mère de Catherine Clément [1]. Une communauté juive y a prospéré dans les années 1880. Les juifs pratiquent l’agriculture et ses transformations, sont commerçants, artisans, travaillent dans les tissus. Ils font le lien entre le Proche-Orient et l’Europe orientale pour le commerce. Des familles juives sont intégrées à la population musulmane.
Au XIX e, la Russie découvre les richesses en pétrole du pays.
À Bakou, la ville du naphte, la Compagnie Caspienne-Mer Noire, sociétés pétrolières de l’Empire russe, a été créée par la famille Rothschild.

Gouba, Quba. UH

Des synagogues ont été construites à Bakou et dans sa banlieue à la fin du XIXe siècle. La région abrite la plus grande communauté d’Azerbaïdjan de "Juifs des montagnes" (Juifs du Caucase oriental), dans la communauté Krasnaya Sloboda ("Commune libre") située juste en face de la ville de Quba, un grand centre de peuplement juif de la région.
Pendant la seconde guerre mondiale, des juifs venant de Russie, d’Ukraine et de Biélorussie sont venus se réfugier en Azerbaïdjan.

Il subsiste une diaspora juive géorgienne à Bakou. Des juifs kurdes ont été expulsés.
Quba a vu sa population partir vers Bakou, puis émigrer en Israël. Les communautés se sont affaiblies. Les synagogues sont peu fréquentées. Avec le système soviétique, le culte était de la sphère privée. Le commerce se fait avec la Chine, Kazakhstan, Russie,Turquie. La frontière avec le Daghestan est très surveillée et considérée comme zone dangereuse.

À Guba, la Pâque juive et Novrouz (Printemps) sont les deux grandes fêtes. On retrouve les influences iraniennes, la culture persane et caucasienne.

Ticha be Av  : Le jour de la destruction du Temple, les Juifs des montagnes vont prier sur les tombes de leurs parents.

Cimetière juif sur les hauteurs au dessus de Guba
photo UH

Hanouka, la fête des lumières est à nouveau célébrée.

Pourim : Fête du renversement du Sort. Fête très populaire.

 [2]
Institut français d’études anatoliennes, 2007, Licence OpenEdition Books

Les Djougoutes

Parmi les juifs du Caucase, de l’autre côté de la mer Caspienne, des groupes déportés de Perse, des Djugutes, Djugutis ou Jugutis.
Pour Abdol-Hossein Sardari Qajar, un diplomate iranien d’origine azerbaïdjanaise, de la dynastie azerbaïdjanaise des Qajar. les Jugutis sont en fait des Perses assimilés par la culture et les mariages mixtes et ne doivent pas être considérés comme des Juifs.
Sardari réussit à persuader les responsables allemands que les Juifs iraniens n’étaient pas les mêmes que les Juifs européens, qu’ils n’étaient pas juifs, qu’ils étaient de sang aryen. Ils devaient bénéficier d’une protection spéciale. Des "experts en pureté raciale" étaient chargés d’étudier si cette secte iranienne était bien aryenne.
Sardari Qajar a commencé à délivrer de nouveaux passeports iraniens aux Juifs, en France. Les parents du père de Nicole Dorra [3] avaient un passeport iranien Djugutis ou Djougoutes, son père un passeport syrien. Ils étaient réfugiés à Nice, puis début 1944 en Isère, son père avait rejoint les FFL.

A Paris, Sardari a utilisé son influence pour obtenir des exemptions des lois raciales nazies pour plus de 2 000 Juifs iraniens, considérés comme aryens.
Scarlett Epstein témoigne que sa famille a été sauvée.

Fariborz MOKHTARI, In the Lion’s Shadow : The Iranian Schindler and his homeland in the Second World War (Dans l’ombre du lion : le Schindler iranien et sa patrie pendant la Seconde Guerre mondiale), History, 2013
Abdol Hossein Sardari (1895–1981) : The Iranian consul who saved French Jews
https://encyclopedia.ushmm.org/content/en/article/abdol-hossein-sardari-1895-1981

Le génocide arménien
Les Juifs en Turquie, immigration et sauvetage

NM

[1Catherine Clément, L’Allemand de ma mère, Seuil, février 2023, 208 p