Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Transit, film de Christian Petzold, 2018

d’après un roman d’Anna Seghers
samedi 28 avril 2018

"Une construction du présent et du passé... tout au fond de nous, le réfugié, c’est notre identité", dans Marseille, aujourd’hui.

« Transit », film réalisé par Christian Petzold, All./F, 2018, v.o.s.t.fr., 101 min.

Transit

En 1940, Georg, un réfugié allemand qui a fui le nazisme, quitte Paris devant l’avance allemande, se retrouve coincé à Marseille où il prend l’identité d’un écrivain mort, sans le vouloir. Il veut profiter de son visa pour partir vers le Mexique. Il croise une femme qui cherche quelqu’un à la brasserie Mont Ventoux. Ils jacassaient tous, sans arrêts, parlant de transits, de passeports périmés, des eaux territoriales et du cours du dollar, du visa de sortie, et encore et toujours du transit.

Il tombe amoureux de cette femme, Marie en quête désespérée de l’homme qu’elle aime sans lequel elle ne partira pas, ou est-ce parce qu’il a les visas ...

À l’entrée des troupes allemandes dans Paris, le 14 juin 40, l’écrivain allemand en exil Ernst Weiss [1] s’entaille les veines. Anna Seghers s’en serait inspiré dans Transit.

Christian Petzold, Maison Heine, 23 avril 2018, UH

Christian Petzold a présenté son film à la Maison Heine, il a adapté librement le roman d’Anna Seghers publié en 1944, il raconte une variante intemporelle de l’histoire de l’exil.
Petzold qui avait ce texte en projet depuis longtemps avec son ami Harun Farocki, ne veut plus tourner de film historique. Il a eu l’idée de transposer le présent vers le passé, pour dénoncer la situation absurde faite aux réfugiés.

L’histoire se passe à Marseille, une ville atypique, de nos jours, sur fond de rafles, de policiers omniprésents, de suicides, de courses angoissantes pour avoir des papiers.
Dans cette ville portuaire, complexe, Petzold filme ses personnages au milieu de la vie quotidienne.
Petzold est fasciné par cette époque, la solidarité devant la persécution.
Une voix off dit des passages du livre de Seghers.
L’Allemagne a l’obligation d’accueillir tous ceux qui demandent l’asile depuis Helmut Kohl.

https://www.transit-der-film.de/

Transit, Anna SEGHERS, Konstanz, C. Weller ; Stuttgart, H. Fink, 1949. Berlin est, Aufbau-Verlag, 1951, 1974,1985, etc. Traductrice Jeanne Stern, La Bibliothèque française, 1947, avec une préface de Christa Wolf, Aix-en-Provence, Alinéa, 1986 ; 1990, Autrement, 1995, 2005, 2018 préface de Christa Wolf devenue post-face, un propos de Nicole Bary.

Une brochure pédagogique en allemand :
https://www.transit-der-film.de/downloads/artwork-texte/transit-film-Medienp%C3%A4dagogisches-Begleitmaterial.pdf
en particulier sur les principaux personnages du film : Georg, Marie, Richard, Driss.

  • Anna Seghers est née Netty Reiling, en 1900, à Mayence. Elle a étudié à Cologne et à Heidelberg. Elle a épousé Laszlo Radvany, un Hongrois communiste. Elle fuit les nazis en passant par la Suisse, puis la France.
    Son mari est interné au camp du Vernet. Elle se retrouve avec ses enfants à Marseille. Elle obtient un visa du consul Gilberto Bosques et fuit sur le bateau Capitaine-Paul-Lemerle qui passe par la Martinique, New York, Vera Cruz et le Mexique. Elle a l’idée du roman sur le bateau, dit son fils.
    Adrien Bosc, Capitaine, Stock, 2018
    Capitaine-Paul-Lemerle d’Adrien Bosc, fuite vers l’Amérique

Autres films :
Fluchtweg nach Marseille, documentaire, Ingemo Engström, Gerhard Theuring, Anna Seghers, aut. du texte ; Rüdiger Vogler, act. ; Ida et Vladimir Pozner, Alfred Kantorowicz, Ernst Erich Noth, Peter Gingold, 1977, 210 min
Fluchtweg nach Marseille,

Le film vient d’être restauré par la Cinémathèque de Berlin. Première présentation en France mardi 6 novembre à Marseille
http://www.aplv-languesmodernes.org/spip.php?article7236

Transit, René Allio, 1991, 125 min.
Transit d’Anna Seghers adapté au cinéma par René Allio (1924-1995).

Marseille, années 40, Mary Jane Gold

Varian Fry, "l’homme des visas"

SEGHERS Anna, La Septième Croix (Das siebte Kreuz, 1942, Etats-Unis), Traduit par Françoise Toraille, éditions Métaillé, 2020

N.M.