Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Raymond Gurême, voyageur, manouche

vendredi 29 juin 2012

Raymond Gurême se définit comme voyageur (différent de nomade), roulottier, circassien, descendant de Manouches.
27, 28, 29 mars 2015
http://www.depechestsiganes.fr/internement-et-genocide-tsiganes-un-week-end-riche-en-evenements-autour-de-la-memoire-et-des-liens-entre-passe-et-present/

Raymond Gurême

Raymond Gurême est né en 1925 à Meigneux en Seine et Marne. Son père avait un cinéma ambulant et un chapiteau. Lui, il était circassien, acrobate. Ils tournaient en France, un peu en Belgique et en Suisse. Ils étaient des voyageurs, français depuis des générations. Ils ont le statut de forains en 1912.
Le carnet anthropométrique est institué par la loi de 1912 sur les nomades, pour les Tsiganes, Roms et Manouches installés en France.
 [1]

Raymond Gurême. photo NM

"Un ancien résistant de 89 ans agressé chez lui par les policiers "
http://communismeouvrier.wordpress.com/2014/09/25/arpajon-violences-policieres-contre-raymond-gureme/

Le 6 avril 1940 les forains n’ont plus le droit de circuler, interdiction signée par Albert Lebrun, président de la IIIe République.
Le décret stipulait que les nomades, recensés par la loi du 16 juillet 1912 comme étant gens sans domicile et sans profession définie, devaient être parqués sous surveillance de la Police dans une commune par département. "

Le 4 octobre 1940 [2], à Petit-Couronne, en Normandie, la gendarmerie arrête tout le monde, les emprisonne à Darnetal dans le camp de rassemblement des nomades, puis les transfère à Sotteville-lès Rouen, et de là, entassés dans des wagons à bestiaux, ils vont jusqu’à Brétigny-sur-Orge. Les gendarmes et les policiers les conduisent dans la soirée à travers bois et champs à
Linas-Montlhéry dans l’Essonne.

Il y a là les familles Delage, Toupin, Demestre, Demeter... Ils sont dans le dénuement le plus complet : pas de lait pour les gosses, pas de feu, pas d’électricité, pas d’hygiène. Des bébés sont morts de froid et de faim dans le camp.

Son frère a écrit au préfet mais ses lettres sont restées sans réponse.

Après diverses évasions, arrestations, prisons et camps jusqu’en Allemagne pour faits de résistance, dans des camps disciplinaires, au AEL Arbeitserziehungslager, à Heddernheim et au camp de Oberürsel, près de Francfort, Raymond Gurême réussit à rentrer en France avec l’aide de cheminots français qui le cachent dans leur locomotive, là où ils mettent le charbon.

Il retrouve sa famille en Belgique seulement en 1952. Ils ont été libérés sans rien. De retour à Darnetal, le père n’a rien retrouvé, ni l’argent, les bijoux, les caravanes, le matériel, tout a disparu. Ils n’ont eu aucune aide, aucune compensation.
Son père est reparti à pied en Belgique, il a été retrouver son frère à Houille.

Raymond Gurême déplore le carnet de circulation (qu’il faut faire tamponner tous les trois mois par la police ou la gendarmerie) auquel les Tsiganes sont encore soumis. En faisant référence à la situation actuelle des Roms [3], souvent rejetés, Raymond Gurême conclut qu’il faut combattre les préjugés en éduquant les jeunes pour éliminer la discrimination et le racisme.

GURÊME Raymond, LIGNER Isabelle, Interdit aux nomades, Calmann-Lévy, 2011, 240 p.

CR Interdit aux nomades

L’internement des Tsiganes en France 1940-1946, la mémoire et l’oubli

Hubert Falco a reconnu dans le discours du 18 juillet 2010, "que les nomades avaient été internés pour des motifs raciaux sur le territoire français, grâce au concours des autorités françaises."
"Suspectés a priori de collusion avec l’ennemi, les gens du Voyage furent internés dès le mois d’avril 1940... Après l’armistice, les Tsiganes furent regroupés dans des camps disséminés sur tout le territoire national. Saliers, Montreuil-Bellay, Gurs, Septfonds ou encore Rivesaltes restent, pour tous les Tsiganes de France, des noms d’épouvante.
Ils furent plus de 6 000 à être internés dans des conditions horribles, souvent sans hygiène et sans assez de nourriture, enfants et vieillards mourant les uns après les autres.
Plusieurs centaines d’entre eux finirent dans les camps de concentration, déportés depuis la France ou arrêtés en Allemagne alors qu’ils y avaient été envoyés par l’Etat français au titre du Service du Travail Obligatoire.
"

Les Tsiganes dans l’Europe occupée : entre persécutions et génocide

Raymond Gurême a reçu la médaille des Arts et Lettres en 2012

Portrait de Raymond Gurême par Francine Mayran :
http://www.fmayran.com/sitev3/galerie.php?cat=7

Raymond Gurême, TV Rouen :
http://www.seinemaritime.tv/linternement-tsigane-de-1939-a-1946/inclassable/

Festival de Cinéma de Douarnenez 2013 : 23-31 août :
http://blogs.mediapart.fr/blog/dzfestival/210813/raymond-gureme-lhomme-revolte

Il est mort le 24 mai 2020 à Arpajon.

Pour en savoir plus sur les Tsiganes :
http://clioweb.canalblog.com/tag/tsiganes

FARHI Moris-Mussa, Les Enfants du Romanestan (Children of the Rainbow, Londres, Saqi Books, 2001), aux éditions Bleu autour (Traduction française : Martine Chard-Hutchinson & Agnès Chevallier), 2016, 352 p.

NM complété mars 2015

[1La loi de 1969 abroge le carnet anthropométrique :
. Le livret spécial A : sur l’exercice des activités économiques ambulantes . Le livret spécial B pour les salariés
. Le carnet de circulation visé tous les 3 mois, pour ceux qui n’ont pas une activité salariée fixe.

[2demande allemande d’internement des Tsiganes en zone nord, Zigeuner,Tsigane étant traduit par nomade

[3Le terme générique "Rom" désigne toutes les communautés tsiganes d’Europe, mais il est contesté par certains


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