Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Clara Weintraub

« A5564. De Auschwitz à Bergen-Belsen »
samedi 21 janvier 2012

« Il faut, et cela est un devoir, que le monde sache, que des êtres ont souffert dans leur chair et dans leur âme. »
5564, il fallait le dire en polonais : « pienchejo, pienche, segechont stere ».
Le 27 janvier 2013 le livre de Clara Weintraub sera en téléchargement libre
pendant toute la semaine au lendemain de la journée internationale en mémoire des victimes de l’holocauste.
http://www.leseditionsdunet.com/lang-en/histoire-et-actualites/651-a5564-lustik-jacques-9782312006710.html
Son livre, comme son initiative de téléchargement gratuit, corroborent sa volonté forte de mémoire pour les générations futures.

« Je suis née le 7 février 1920, à Vernajoul, dans le département de l’Ariège. »

Née d’une famille originaire de Roumanie, (Weintraub, c’est le nom du mari de sa mère, qui l’a adoptée), Clara Weintraub chantait dans des opérettes ou des revues sous le nom de Many May, en particulier au Music hall « Eve ».

Sa mère victime de la Rafle, est déportée en 1942. Clara abrite des Juifs dont l’arrestation est mouvementée. Elle est dénoncée par sa concierge et arrêtée en mai 1944 mais ni son mari, ni son fils, sont circoncis. Transférée à Drancy, elle est déportée à Auschwitz, depuis la gare de Bobigny, par le convoi n° 74 du 20 mai 1944.

« Nous avons été amenées ensuite dans des Blocks où se trouvaient, ce qui allait nous tenir lieu de lit, les coyas, des planches de bois recouvertes de paille, sur lesquelles allaient devoir tenir 5 personnes, serrées les unes contre les autres. »

Ce récit est intéressant car il apporte des compléments aux témoignages que nous connaissons. Chaque témoignage est unique.
Malgré les conditions, les coups, la faim, le ton est drôle par moment quand elle décrit le Scheisskommando où elle manie des excréments malodorants, ou le vol d’un Kibble (chaudron) de patates à une Stubowa...

« Ce travail en tant que Auskommando, ou Scheisskommando, ou quelque travail que ce soit, même s’il était suffisamment dégradant, n’avait pas réussi à me faire perdre mon moral, et ma bonne humeur. »

Après avoir survécu à divers travaux faits pour tuer, lors de l’évacuation du camp le 18 janvier 1945, elle effectue la Marche de la mort vers Bergen-Belsen. Sa description de la marche de la mort, de la neige est très réaliste.
« Nous mangions de la neige, nous buvions de la neige, tout n’était que neige ».
Elle mentionne la solidarité qui existait entre elles, elles se soutenaient les unes les autres pour s’encourager à tenir le coup.
Bergen-Belsen, c’est dantesque. Les forces l’abandonnent. Elle a attrapé le typhus, est envahie de vermine.

Elle est libérée par les Anglais le 15 avril 1945, elle pesait 27 kilos.
Quand elle revient, elle a du mal à retrouver sa place, elle est un peu oubliée, en plus elle sa voix s’est altérée dans l’enfer des camps.

Cependant, écarté les défauts de la typographie et l’absence de repères historiques, la volonté de vivre de Clara, son humour, touche le lecteur.

 Clara WEINTRAUB, A5564, De Auschwitz à Bergen-Belsen, la traversée de l’enfer. Une histoire vécue dans les camps de la mort. Editions du Net, 2012

Elle est partie le 11 avril 2016,à l’âge de 96 ans nous écrit son fils Jacques Lustik.

Merci à Maryvonne pour ses recherches sur le convoi 74 :
Clara Weintraub dit que dans son wagon on parlait d’Auschwitz.
« Pas impossible, peu de gens en ont entendu parler mais le nom a été dit à la BBC dès 1942, et est paru dans certains journaux de la Résistance. Par ailleurs les Juifs de Vittel qui eux savent, arrivent à Drancy le 18-19 ou 20 avril 1944 et sont déportés le 29 avril convoi 72 ; et par la deuxième rafle (du 16 mai) ils arrivent le 16-17 ou 18 mai et sont déportés le 30 mai par le convoi 75. Elle arrive à Drancy le 18 mai, d’après son carnet de fouille. Elle a le numéro matricule à Drancy : 22126, la dernière Juive polonaise de Vittel a le numéro 22115 soit 9 numéros d’écart. Il est donc possible, voir vraisemblable qu’elle se soit trouvée dans le bureau d’accueil en même temps que ces Juifs polonais qui eux savaient. Peut-être a-t-elle parlé avec eux (quelques-uns parlaient français surtout après un an à Vittel). »

N.M. Janvier 2013


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