Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Sam et Rosine Radzynski

résistants
dimanche 8 janvier 2006

Sam Radzynski, ancien du lycée Turgot, résistant à la MOI, déporté, travailleur forcé dans les mines de charbon de Jawischowitz, évadé pendant la Marche de la mort.
Rosine Pytkiewicz, résistante « Nuit et brouillard »

 Sam Radzynski

Sam est né le 9 septembre 1923 en Pologne à Koszyce mais il émigre très jeune à Paris. Il a une soeur aînée et quatre « petits » frères. Sam avait un fort accent ... de « titi parisien ». Il s’est engagé très jeune en politique puisqu’à 13 ans il adhère à une organisation communiste [1]. Il est toujours resté fidèle à cet idéal. En 1937, lors de l’expo internationale, il est subjugué par le tableau de Picasso « Guernica » exposé dans le pavillon espagnol. Il en gardera pour toujours une passion pour la peinture en particulier et les arts en général. Il est parmi les manifestants du 11 novembre 1940. Le 20 août 1941 la police française et la police allemande encerclent le XIème arrondissement [2] et viennent arrêter à domicile le père de Sam ; celui est décédé depuis le 2 septembre 1940 ! En « remplacement », Sam est emmené à Drancy dont il fait l’ouverture dans des conditions catastrophiques : en dix semaines il perd 18 kg. Le 4 novembre 1941 les plus âgés, les malades et les moins de 18 ans sont libérés. Sam, bien que très légèrement plus âgé, sort et reprend ses activités de résistance dans la M. O. I. (Main-d’oeuvre immigrée) (avec, entre autres, Henri Krasucki). Il était avant FTPF.
Clandestin, il ne remet plus les pieds au domicile familial ; il « planque » sa famille. Il a souvent raconté sa jouissance de voir des gens ramasser et lire les tracts qu’il avait jetés depuis le métro aérien. Sur dénonciation, Sam « le Rouquin » est arrêté le 27 mars 1943 par la Brigade spéciale avec d’autres camarades de son groupe dans la première affaire dite des jeunes de la M.O.I. ; il passe 15 jours à la préfecture de police puis deux mois et demi au secret à Fresnes. Il est torturé puis de nouveau envoyé à Drancy pour quelques heures avant d’être déporté le 23 juin 1943. Son jeune frère est mort le 10 mars rrêtés.
https://www.youtube.com/watch?v=5rQRd14W1Cc

Résistant, il avait eu entre les mains des tracts évoquant l’envoi à la mort de gens dans des camps et un certain « Ossevits », mais Sam précisait : « ceux qui savaient ce qui allait arriver ne pouvaient pas le croire ». Il arrive à Birkenau le 26 juin 1943. 1018 personnes (dont 400 enfants) font partie de son convoi : 150 étaient encore en vie 48 heures plus tard. Sam devient le numéro 126170.
https://www.youtube.com/watch?v=Upc3yAp35Kk
Il travaille au camp de Jawischowitz dans des mines de charbon (16 heures chaque jour au fond de la mine, affamé, soumis aux caprices des Kapos, souvent battu) puis est affecté au Kommando très dur des câbles. En 1944, il est muté comme « spécialiste électro-mécanicien » au camp de Monowitz-Auschwitz III.
Les camarades de la Résistance arrivent à le faire travailler à l’ « hôpital » du camp. Sam a toujours répété que « seul il aurait succombé, broyé par la machine infernale et inhumaine du nazisme exterminateur ».
Il évoquait aussi de « bons » moments comme ce 9 septembre où des camarades ont volé un oeuf pour son anniversaire, mangé à 12 !!!
Sam s’évade pendant la Marche de la mort partant du camp de Gleiwitz, avec un camarade le 21 janvier 1945. Il parcourt 50 km dans la neige, sans nourriture avec pour tout vêtement le « pyjama » rayé des déportés.
Après diverses péripéties ils sont libérés le 1er février et rentrent en France le 18 juillet 1945. Sam pèse alors 32 kg ! Il a du mal à réaliser qu’il est libre ; il lui faut retrouver des habitudes, reconstruire une vie. Il est allé brûler ses habits de déporté avant son retour dans la chaufferie d’un puits de mine.

Sam se marie avec Rosine, née Rajzla Pytkiewicz à Varsovie, résistante déportée ; leur fille, Annie et leurs deux petits-enfants sont la plus éclatante victoire sur Hitler. Inlassables militants des Droits de l’homme, ils ont multiplié les interventions dans les établissements scolaires jusqu’à ce que Sam soit victime d’une attaque cérébrale. Le décès de Rosine en décembre 2004 le laisse dans une profonde solitude sans qu’il laisse paraître son désarroi. Sam nous a quittés le 20 décembre 2005, un an et 10 jours après sa femme Rosine.

 Rosine Pytkiewicz

Rosine, née Rajzla Pytkiewicz est arrivée à Paris, venant de Varsovie, avec sa mère et ses frères, en 1925 ; elle n’avait pas cinq ans.
C’est en juillet 1940 que commence son engagement dans la résistance, au sein de groupes clandestins de la jeunesse communiste. Le 8 novembre 1940, elle participe à la manifestation de protestation contre l’arrestation du professeur Langevin et le 11 novembre à la marche sur les Champs-Elysées.
Elle distribue des tracts et journaux clandestins.
Dénoncée, Rosine est arrêtée, ainsi que son frère Bernard, au domicile familial le 9 mai 1942. Elle est internée à la prison de la Santé et, chose peu fréquente, jugée le 29 mai 1942 par le tribunal de guerre allemand de Paris. Elle est condamnée à dix ans de travaux forcés pour « aide et intelligence avec l’ennemi ». Les hommes de son réseau sont fusillés.
« Nacht und Nebel » NN. [3] elle quitte la gare de l’Est, le 21 juin 1942, transport en wagon cellulaire où elle ne peut ni s’asseoir ni s’allonger, sans eau et sans nourriture ! Elle est emprisonnée à Aurath (frontière germano-hollandaise), à Lübeck, puis près de Breslau. Là, elle doit fabriquer pour la société Siemens des bobinages électriques de moteur pour bombes à retardement. Avec dix autres camarades, Belges et Françaises, elles refusent de faire ce travail, contraire aux conventions de Genève, ce qui leur vaut d’être enfermées, chacune dans un cachot, avec pain sec et eau, sans couverture. Après trois semaines, elles reviennent au Kommando, décidées à trouver une autre forme de résistance !
Le 28 janvier 1945, elle est évacuée de la prison de Jauer (Jawor) et, au cours du transfert, s’évade avec deux camarades [4].

Elle réussit, après un parcours de près de mille kilomètres à retrouver la liberté en Tchécoslovaquie.

Rentrée à Paris le 29 mai 1945, elle a l’immense douleur d’apprendre que ses parents et sa sœur ont été arrêtés le 16 juillet 1942 et assassinés à Auschwitz.

Martine Giboureau

Sam Radzynski, « La résistance dans les camps d’Auschwitz » in Après Auschwitz n° 268 (octobre 1998)
http://w
ww.anti-rev.org/temoignages/Radzynski98a/body.html

LANGEOIS Christian, Mineurs de charbon à Auschwitz, Jawischowitz 15 août 1942-18 janvier 1945, éditions du Cherche midi, 2014.
Henri Krasucki, Samuel Radzinski et Roger Trugnan, jeunes FTP MOI parisiens sont déportés à Jawischowitz de juin 1943 à janvier 1945.
Les FTP- MOI, ces étrangers qui ont combattu pour la France

Mineurs de charbon à Auschwitz-Jawischowitz de Christian LANGEOIS

[1Le 30 mars 1939, 250 « lycéens de Paris, pour la liberté et la culture » tiennent congrès, suivi par le professeur Henri Wallon et par le philosophe et économiste Georges Politzer.

[3Le décret du 7 décembre 1941, signé par Keitel, ordonne la déportation secrète de tous les ennemis ou opposants du Reich.
A. Les prisonniers disparaîtront sans laisser de trace
B. Aucune information ne sera donnée sur leur lieu de détention ou sur leur sort.

[4« Les aventures de trois évadées » (Marie Altorfer, Suzanne Delcroix et Rosine Pytkiewicz) et « Simone Harrand raconte son évasion » , récits publiés en annexe de l’étude de l’abbé Joseph de La Martinière, Évacuation et libération de la prison de Jauer (Jawor), document dactylographié, [1986].


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