Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Survivre dans Berlin, Regina Steinitz

Une enfance détruite
mardi 21 janvier 2020

Vivre après avoir survécu.

Regina STEINITZ et Regina SCHEER autrices, Uwe Neumärke et Leonore Martin éditrices, Zerstörte Kindheit und Jugend : Mein Leben und Überleben in Berlin, Verlag Stiftung Denkmal für die ermordeten Juden Europas, 2014, 176 p.

Regina et Ruth Anders, des jumelles, sont nées en 1930 à Berlin, à l’hôpital de la Charité. Elles vont à l’école Berliner Auguststraße, dans leur quartier, à Mitte. Regina se souvient du pogrom du 9 novembre 1938, quand la Grande synagogue a brûlé, Oranienburger Straße. "Alles brannte". Elle a aidé à sauver des livres de sa synagogue Ahawas Scholaum, dans la petite Auguststraße. Ils ont été mis à l’abri dans la chambre noire de leur père, photographe. Elle se souvient du pillage des boutiques juives, des débris partout dans les rues.

Leur père, Simon Welner quitte l’Allemagne en 1938, mais il ne parvient pas à les faire suivre aux États-Unis. Leur mère décède en 1940 de la tuberculose. Orphelines, elles sont hébergées dans une maison d’enfants juive, Fehrbelliner Straße jusqu’en 1942. Après la fermeture de cet établissement, les jumelles ont été placées dans une famille d’accueil juive. En 1943, les SS viennent les chercher pour les amener au camp de rassemblement de la Gestapo, Großen Hamburger Straße, avant la déportation dans un ghetto, pensent-elles.

Groupe de personnages de Will Lammert 1985, photo U.Schmoll

Après leur arrestation, un oncle non juif, Robert, le frère de leur mère, vient les récupérer en disant qu’il ne savait rien du père. Les deux fillettes vont alors vivre cachées, l’une chez l’oncle, l’autre chez leur grand mère. Quand il y a un bombardement, Regina ne descend pas à la cave par peur de la Gestapo qui écume les caves à la recherche de Juifs.
Après la guerre, Regina va au théâtre, au cinéma, assiste à des concerts.

Il y avait aussi des Juifs forcés par la Gestapo à dénoncer d’autres Juifs. Regina a connu Stella Goldschlag  [1] à la maison d’enfants de la Fehrbelliner Straße. Elle est devenue une Greiferin une donneuse. Après la guerre, son enfant lui a été enlevé et conduit à Niederschönhausen, dans la maison d’enfants où Regina travaillait. Elle a plus tard raconté à la "petite Yvonne" que sa mère avait trahi pour sauver ses parents qui étaient enfermés au centre de la Hamburger Straße, mais pour "Yvonnchen", sa mère était une criminelle.

Benno leur demi-frère, survivant d’Auschwitz part en Palestine où il emmène les jumelles. Le plus jeune Theo, a été envoyé grâce à Kindertransport en Angleterre.

Les jumelles continuent leurs études et se marient en Israël. Regina revient souvent à Berlin où elle participe à des témoignages avec son mari Zwi, décédé il y a peu.
Elle a trop de souvenirs à Berlin qui lui donnent la nausée et parfois, elle ne peut plus parler.
Elle a retrouvé Sylvia Wagenberg de la maison d’enfants, qui était à Auschwitz dans l’orchestre de femmes où elle joue avec sa soeur Carla, de la flute et a survécu, alors que la plupart de ces enfants ont été assassinés.
Les sanglots longs des violons de la mort, Violette Jacquet

Regina a participé avec son mari à un film réalisé avec les élèves de l’école professionnelle Georg-Mendheim-Oberstufenzentrum
http://www.gmosz.de/index.php?page=360

Leben nach dem Überleben - Regina und Zwi Steinitz, Fachoberschülerinnen und Fachoberschüler des Georg-Mendheim-Oberstufenzentrums, Oranienburg, 2011
Die Püppchen aus der Auguststraße. Eine Zwillingskindheit in Berlin, Sally Musleh Jaber, Nadja Tenge, 30 Min., 2015

Inge FRANKEN, Gegen das Vergessen : Erinnerungen an das jüdische Kinderheim Fehrbelliner Straße 92 Berlin-Prenzlauer Berg, Text.Verl. Ed. Berlin, Berlin 2010
https://www.juedische-allgemeine.de/allgemein/alles-brannte/

https://www.berliner-zeitung.de/politik-gesellschaft/juedin-regina-steinitz-nazizeit-mein-liebling-auch-du-haettest-dein-maul-gehalten-li.5067

Peter WYDEN, Stella Goldschlag. Eine wahre Geschichte, Steidl Verlag, Göttingen, 2019

Mémoires de Berlin par Etienne François

Commémoration de la "Nuit de cristal", pogroms du 9 novembre 1938

Adela Korn-Szerman, Las Mamás belgas

NM janvier 2020